“La logique des femmes”, à voir et plus que de raison !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
« La logique des femmes » est la nouvelle comédie d’Antoine Beauville, un peu dans la même veine que la dernière, « Madame croque monsieur ! » Loin de disséquer les travers du sexe dit faible, il brosse un portrait équilibré et tendre de la femme d’aujourd’hui qui se veut l’égal de l’homme en tout, quitte à en payer le prix le plus fort : perdre l’homme aimé. Loin des facilités et des poncifs éculés, le texte pétille de finesse et d’inventivité, et surtout de bienveillance. L’humour est rond et gouleyant comme un bon vin, il réchauffe et suspend cet état de grâce divertissant jusqu’au tomber de rideau. L’humour est servi irrévérencieusement par deux acteurs irrésistibles. Les répliques claquent et s’entrechoquent avec des étincelles de plaisir. Virginie Stevenoot en femme amoureuse éplorée et Dominique-Pierre Devers en providentiel moine à soutane forment un duo détonant et facétieux

“La nuit s’évapore”, Laureline Amanieux

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Dans son recueil de nouvelles “La nuit s’évapore”, dix métamorphoses de l’être s’entrelacent avec bienveillance pour n’en façonner qu’une seule, positive et éclatante, celle de la narratrice. Laureline Amanieux s’est mise en quête de témoignages sur cet élan de vie qui peut surgir après l’épreuve, une résilience formidable qui génère une métamorphose lente ou progressive, venant chahuter les certitudes ou recentrer l’être sur l’essentiel. Focalisée sur cette prise de conscience, l’auteure ne s’est intéressée qu’à ces bouleversements intimes qui se sont mués en renaissance. Avec son écriture sensible et nue dans son authenticité, Laureline Amanieux immerge le lecteur dès la première page dans une mer de douceur insoupçonnée, poétique et inspirante.

“Fragments d’Elle”, un face-à-face en métamorphose

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Avant de s’envoler à Avignon, pour le Festival OFF, Jeanne Feydel a présenté en avant-première sur la scène du Ciné XIII son premier seule-en-scène, « Fragments d’Elle ». Jeune comédienne et déjà réalisatrice d’un court-métrage, elle se passionne pour l’écriture, vraie, écorchée, à la poésie violente. C’est l’écriture des tripes, celle qui fait du mal et du bien à la fois, et qui donne au jeu un réalisme confondant. Avec Jeanne Feydel, l’émotion est dénudée, vive, déflagrante, généreuse. Sous les attraits d’une lune ronde, une fenêtre de l’âme s’ouvre. Suffisant à la jeune femme en souffrance pour basculer du côté de la face cachée de l’être, cet intérieur fantasmé qui bouillonne d’envies et de non-dits. La magie lunaire opérant, Olympe/Jeanne ramène des profondeurs de l’enfance une amie imaginaire, un paon aux plumes exubérantes et aux yeux perçants qui entend reconduire sur le chemin de la liberté son double égaré.

“Illégitime”, Patrick Vilbert

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
“Illégitime” est le sursaut libérateur d’un homme qui a tardé à parcourir le chemin de sa reconnaissance. L’auteur, Patrick Vilbert, est avocat au barreau de Paris, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et conseil de producteurs et d’artistes. Un métier à la croisée d’un monde artistique dans lequel son père, Henri Rollan, cet inconnu illustre, a brillé. Ce comédien au théâtre et au cinéma avait l’âge d’être son grand-père quand il l’a conçu une nuit de Noël avec Suzanne, aussi comédienne. Puis l’a oublié, happé par ses rôles et ses succès. Ce livre magnifique, puissant, délicat, décrit le chemin intérieur d’un fils essayant de dessiner les traits d’un homme, à défaut d’un père, derrière le comédien. Cet acte symbolique vient apposer un baume non pas sur son illégitimité administrative, mais sur ce sentiment paradoxal d’illégitimité vécu de l’intérieur qui l’a poussé longtemps à nier tout héritage : son histoire.

“Adopte un mentaliste”, et la magie tu trouveras !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Si je devais faire court, je dirais « prodigieux ». Mais je ne sais pas faire court. Encore moins quand le spectacle proposé embarque toute la salle pour un autre monde qu’il serait bien banal de dénommer surnaturel. « Adopte un mentaliste », co-écrit avec Sylvain Vip et maxime Schucht, est le dernier-né de Giorgio qui se produit les samedis 8, 15 et 29 juillet, à l’Apollo Théâtre, dans l’attente d’une nouvelle salle pour la rentrée. Le mentaliste a une grande ambition pour vous, celle de vous faire rencontrer le grand amour, votre moitié qui vous correspond en tous points… ou presque. Et, accessoirement, aux siens car il se dit cœur à prendre… Allez savoir si ce cœur est facile à conquérir, son esprit, lui, est insaisissable ! Et, au bout d’un temps qui file bien trop vite entre les neurones, c’est le public qui est conquis. Giorgio l’Amoroso ? Peut-être bien… Mais s’il subjugue le cœur par sa dextérité à se jouer avec humour de la logique, il chatouille aussi la raison par sa facilité à deviner l’autre. Sans se tromper, en jouant sur le registre du charmeur à l’esprit vif-argent, il déroule son scénario à la vitesse de la lumière, nous enveloppe dans son halo de bienveillance et de merveilleux et nous emmène là où il le désire.

“Meurtres en haut lieu”, Hubert Letiers

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
La jeune maison d’édition ReadMyBook frappe juste avec son premier thriller “Meutres en haut lieu”, d’Hubert Letiers. Ce roman policier plonge le lecteur dans les arcanes du pouvoir et de ses abus. EOS, un justicier informatique, entend faire un ménage anticorruption radical dans les hautes sphères de l’État. Il a dans son viseur pas moins de trente-deux personnages publics dont il a prédit la mort dans un manuscrit. Pour nous raconter l’enquête, Hubert Letiers brise les codes et en réinvente d’autres, façon 3.0. Il donne le pouvoir absolu au tueur en série, un don d’ubiquité informatique qui lui permet de mener le jeu, d’inciter celui de ses adversaires, de parer tous leurs mauvais coups et de leur infliger un “échec et mat” retentissant… et définitif. Un récit original dans sa conception, avec un style narratif direct et nerveux, qui sait susciter la curiosité et maintenir la tension. Une réussite de bout en bout, jusqu’à une fin qu’on aimerait temporaire.

“Mémé Casse-bonbons – Petits arrangements avec la vie”, une grand-mère qu’on adore détester

Mémé Casse-bonbons

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Ça tanguait de rire et d’émotions au « Nez Rouge » ! En tournée dans toute la France avec son « Mémé Casse-Bonbons – Petits arrangements avec la vie », mis en scène par Alexandre Delimoges, Anne Cangelosi a déposé ses valises pour sa dernière date de saison sur le bateau-théâtre de Gérald Dahan. Dès l’apparition de la comédienne en vieille femme acariâtre et caustique, la magie opère. L’accent marseillais, les remarques acerbes, les mimiques tordantes, tout accroche l’intérêt. Sans être inédit, le personnage de Joséphine est unique, attachant et tellement crédible que l’on aimerait grimper sur scène pour la réconforter. Nous aussi, public ému, on veut bien être son amie !

“La sœur du Roi”, Alexandra de Broca

La sœur du roi roman historique Alexandra de Broca

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Avec “La sœur du Roi”, Alexandra de Broca continue de faire fructifier avec bonheur le terreau de l’Ancien régime, sa période de prédilection. Après deux romans (*), l’un sur Marie-Thérèse de France, la fille de Marie-Antoinette et du roi Louis XVI, et l’autre sur la vie de la princesse de Lamballe, l’amie fidèle de la reine de France Marie-Antoinette, l’historienne ravive aujourd’hui, sous une plume royalement inspirée, la vie de Madame Élisabeth, la plus jeune sœur de Louis XVI. Attendrie par la personnalité complexe de son sujet, l’auteure revient sur la période troublée de la Révolution française avec une biographie documentée, qu’elle agrémente d’une histoire d’amour platonique intense à l’avenir incertain. Elle nous livre deux vies, l’une réelle et l’autre inventée, qui cheminent en parallèle dans de courts chapitres jusqu’à la rencontre fortuite qui embrasera des cœurs trop entiers pour fuir un destin capricieux.

Blanche Raynal dans un seul-en-scène libératoire

Temps de lecture : 5 min PORTRAIT PASSION
Depuis le 4 avril dernier, le mardi, Blanche Raynal propose au théâtre du Marais un seul-en-scène détonant, joyeusement nostalgique et optimiste. Avec « Carte Blanche », qui relate sa vie d’artiste avec un humour tantôt taquin tantôt tendre, la comédienne joue avec le public, tire son énergie de cette proximité nourricière, et s’amuse telle une enfant libérée de la pesanteur de l’enfance volée. Un jeu qui frappe par sa sincérité et son intensité. Pourtant, qui aurait parié que cette jeune fille timide, introvertie et rêveuse ferait une carrière dans un art qui expose au regard et aux critiques ? Étouffée par la possessivité d’une mère et étranglée par la sévérité d’un père, Blanche partait avec un handicap certain. Mais sa victoire contre l’anorexie a été sa meilleure alliée pour déjouer les projections parentales. Retour sur une longue quête de soi et de libération

“Quatre saisons avec Roberto Alagna”, Jacqueline Dauxois

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Quatre saisons en dix-huit mois. Quatre saisons entre rêve et labeur pour l’auteure Jacqueline Dauxois. Quatre saisons pour observer et partager la vie trépidante du célèbre ténor français contemporain sans aucun doute le plus adulé, Roberto Alagna. Avec “Quatre saisons avec Roberto Alagna”, la journaliste littéraire à la trentaine d’ouvrages à son actif ne nous propose pas une biographie ordinaire, mais un reportage sur le vif, documenté et vivant. Pendant dix-huit mois, de 2014 à 2016, l’ordi sous le bras, elle a accompagné le ténor dans les coulisses, les loges, les studios et les scènes des plus grands Opéras du monde. Elle nous donne à entendre un homme passionné et passionnant, une tornade chantante menant une vie à l’agenda étranglé, entre New York et Vienne, entre Milan et Paris, entre Berlin et Bilbao. Elle l’interroge sur sa conception du métier et le regarde travailler jusqu’à l’extrême fatigue pour placer la note parfaite, cherchant à percer le mystère de cette forte nature qui comprend si bien les œuvres qu’il redonne vie à ses héros. Une vie hors norme, relatée d’une plume nerveuse, tantôt lyrique tantôt journalistique. L’écriture est directe, parfois parlée, ce qui déstabilise au premier abord, mais veut souligner le caractère exceptionnel de cette proximité.

“Monsieur Nounou”, une fanfaronnade endiablée !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Imaginez-vous au fin fond de la campagne… à Courbevoie, à l’ère naissant du téléphone, dans une maison bourgeoise avec maître et domestiques aux mœurs coquines. “Monsieur Nounou !”, une pochade signée par Georges Feydeau et Maurice Desvallières, revient en fanfaronnade sur les planches du théâtre Rive Gauche. Comédie délirante en un acte, Luq Hamett a opté pour une mise en scène respectueuse d’un XIXe siècle finissant en jouant avec les inconvénients de la modernité, comme les pannes d’électricité ou l’installation d’une baignoire sans eau courante et placée sous le téléphone. L’adaptation d’Emmanuelle Hamet confère à un texte déjà drôle et enlevé une dimension moderne. Les artistes, quatre hommes déjantés face à une femme survoltée, s’amusent follement. L’humeur est à la gaudriole, à la démoralisation des mœurs… et ça fait un bien fou !

« Moïse d’Égypte – L’Enfant des trois Livres », Nathalie Beaux

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
De la vie de Moïse, que peut-on savoir de plus ? À l’évocation de ce prophète, je revois se dérouler devant mes yeux d’enfant ébahis un film culte, “Les Dix Commandements”, réalisé par Cecil B. DeMille en 1956. Le livre de Nathalie Beaux, “Moïse d’Égypte – L’Enfant des trois Livres”, non seulement ressuscite ce souffle épique et romanesque de mes souvenirs, mais restitue au personnage biblique une dimension d’homme à plusieurs stades de sa vie. Et, ô miracle !, elle parvient dans sa fiction romanesque à nous détacher de l’image entêtante de Charlton Heston pour cheminer vers un Moïse vierge de toutes projections. Pour dépeindre ce Moïse dépouillé, l’auteure égyptologue s’appuie sur les textes fondateurs des trois religions (juive, chrétienne et musulmane), imprégnant ainsi sa plume de la Lumière de l’Histoire. En restituant le verbe juste à cette figure symbolique, elle commet un ouvrage documenté fascinant, poétique et très instructif.

Le Benjamin Show, un cru 2017 sous le signe du don de soi

Temps de lecture : 5 min ÉVÉNEMENT/ACTU
Mission accomplie pour Benjamin Zeitoun ! Le 3I mai dernier, son Benjamin Show a fait salle comble au théâtre de l’Alhambra. Pour la troisième année consécutive, le grand ordonnateur de cet événement caritatif a mobilisé chanteurs et humoristes au bénéfice de la Fédération des Aveugles de France. C’est à l’issue de ce show qu’un chèque de 10 000 euros a été remis par ce dirigeant d’entreprise passionné d’optique et de spectacle vivant au président de l’association, Vincent Michel. Un beau succès et un concentré d’émotions pour couronner le centenaire de cette association !

« Surtout ne regardez pas mon jardin », Stéphane Guérin

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Stéphane Guérin est parolier, scénariste et l’auteur d’une dizaine de textes de théâtre. Avec “Surtout ne regardez pas mon jardin”, aux éditions Dacres, il donne dans la tragi-comédie shakespearienne à laquelle il insuffle une modernité crue et cruelle, où rire et grincement de dents font bon ménage… ou déménagent. Prenez des personnages du grand dramaturge anglais, conférez-leur des sentiments opposés à ceux de l’œuvre, invitez-les dans une maison de famille qui sera le point de convergence de toutes les folies, placez les intrigues dans le futur… Un futur assez proche pour emporter l’actualité du monde et assez éloigné pour éviter que le lecteur rédige ses dernières volontés sur-le-champ. Et vous obtenez un texte drôle qui tranche net la langue de bois et laisse proliférer les mauvaises langues. Un texte qui ose, sans fard, ni filtre, ni mesure. Un régal sans complexe et sans ponctuation !

Didier Gustin, comme un air de renouveau

Temps de lecture : 5 min PORTRAIT PASSION
Trente ans déjà que Didier Gustin fait de l’imitation sa passion, son art, son métier. Comment mieux fêter cet anniversaire qu’en compagnie des chansons de Claude Nougaro ? « Ah tu verras ! », son nouveau spectacle musical enchante par son originalité et les dernières dates à Paris ont affiché complet. Mais ce n’est que le début d’une belle aventure avec le public, puisque l’artiste se produit au Off d’Avignon en juillet. Et, dès septembre, il se partagera entre une tournée en France et la scène à Paris. Après une traversée du désert médiatique, l’homme à la voix caméléon évoque ses rêves, son univers poétique et les coulisses de « Ah tu verras ! »

« Demain, Territoire de tous les possibles », sous la direction de Michel Levy-Provençal

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
“Vous ne changez pas les choses en combattant la réalité existante mais en proposant un nouveau modèle qui rend l’ancien obsolète”, écrit Santiago Siri, l’un des trente et un contributeurs à l’ouvrage collectif “Demain, territoire de tous les possibles”, sous la direction de Michel Levy-Provençal. Cette phrase à elle seule résume l’ambition de cet ouvrage : l’homme doit être à la hauteur de la tâche qui l’attend pour éviter de faire de ce monde au futur certain du “tout connecté” dominé par la science un monde incertain où les bonnes innovations finissent par être dévoyées… tôt ou tard. Cette innovation exponentielle, qui n’en est encore qu’aux frémissements aux dires de ces chercheurs en êtres vivants et en algorithmes, ne doit plus être pensée par thématiques séparées mais croisées… Bref, interconnecter les connaissances pour créer cette innovation “au service du bien commun”. Ainsi serons-nous mieux préparés à cette révolution scientifique qui est en marche !

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