“Nouvelle Babel”, Michel Bussi

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Le roman de Michel Bussi est toujours très attendu. Pour le suspense. Pour la variété des personnages. Pour la complexité de l’intrigue et la fin toujours surprenante. Avec « Nouvelle Babel » (éditions Les Presses de la Cité), le lecteur est royalement servi, avec un petit supplément réjouissant : le voyage ! Géographe de formation, l’auteur s’amuse à nous promener autour de cette belle Terre à coups de téléportation. Est-ce l’heureuse conséquence des confinements successifs ? Quoi qu’il en soit, il nous plonge dans un monde utopique, en 2097, qui ne connaît plus la peur ni la guerre, depuis la nouvelle constitution mondiale établie en 2058, dont la devise est « Une seule Terre, un seul peuple, une seule langue ». Et la téléportation est l’assurance d’une liberté absolue, sans danger, car Panguaïa, la base de données des déplacements, y veille. Mais un jour, dix terriens retraités sur une île paradisiaque sont retrouvés assassinés. Les trois enquêteurs dépêchés sont sidérés par la violence des faits, mais surtout par la manière dont les tueurs ont opéré : froide, consciencieuse. De vérifications en investigations, l’enquête laisse présumer un coup d’État à venir. Ce qui n’arrange pas les affaires de Galileo Nemrod, le chef d’orchestre de ce monde idéal qui s’apprête à parachever la construction d’une tour de presque un kilomètre de haut pour fêter le centenaire de la téléportation. Son ambition ? Y rassembler la totalité de la population mondiale en un clic !

“Les Écuries de Diomède”, Sylvain Larue

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec son sixième tome historico-policier, « Les Écuries de Diomède » (éd. De Borée), Sylvain Larue nous plonge dans l’univers du cirque sous le Second Empire. Le vol d’un étalon, l’enlèvement d’un enfant et trois assassinats amènent nos agents très spéciaux, Léandre Lafforgue, alias le Goupil, et Phèdre du Teil, à infiltrer le milieu du cirque. L’idée est excellente, le résultat passionnant. Le roman prend toute son ampleur et de sa saveur lorsque nos deux héros se muent en saltimbanques pour démasquer le ou les coupables parmi la troupe. Leur efficacité en tant que policiers n’étant plus à prouver, les voici qui s’illustrent avec entrain dans les arts circassiens. À travers eux, l’auteur nous donne à voir et comprendre le quotidien de ces nomades au XIXe siècle. Avec force détails historiques, il nous entraîne dans les coulisses de la vie d’un cirque et soulève le toit du chapiteau, où règnent solidarité et entraide, mais aussi jalousie et coups bas. Fait particulier de cette époque, l’exposition de curiosités humaines (des sœurs siamoises, un homme-tronc, un homme-crocodile, une femme sans bras…) qui faisaient le bonheur des badauds avant le spectacle.

« Espèces menacées », une mallette qui vaut son pesant de rire !

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Que feriez-vous si vous trouviez une mallette remplie à ras de petites coupures ? Iriez-vous la rapporter au poste de police le plus proche ? M’enfin… C’est quand même 7,350 millions d’euros ! Une somme qui peut aiguiser tous les appétits ! Du reste, ça sent le blanchiment à plein nez. Yvon Lemoual (Laurent Ournac), lui, y voit la formidable occasion de tout quitter : son petit pavillon, sa petite vie de comptable et ses amis qu’il a invités à dîner. Mais rien ne se passe comme prévu. Au lieu de toucher à la liberté espérée, il s’enferme dans ses mensonges de plus en plus grossiers. « Espèces menacées » est une comédie burlesque du dramaturge britannique Ray Cooney créée en 1994 sous le titre original « Funny money ». Adaptée avec brio par Michel Blanc et Gérard Jugnot (d’autant que ce dernier l’a déjà joué en 1998 avec Martin Lamothe), la pièce est une succession de jeux de mots, de quiproquos et de revirements, avec des réparties incisives. De manière sous-jacente, la gaudriole déjantée questionne aussi la valeur des rapports humains quand l’appât du gain s’immisce dans les relations. L’ensemble abolit le temps mort, l’effervescence est à son comble, laissant jaillir de purs éclats de plaisir ! Dirigés par Arthur Jugnot, les huit comédiens tiennent leur rôle à bout de bras, sans jamais faillir, partageant bonne humeur, complicité et vitalité. Profitez-en ! Ouvert tout l’été, le théâtre de la Renaissance maintient à l’affiche jusqu’au 11 septembre 2021 cette comédie irrésistible et surprenante du début à la fin.

“L’affaire Clara Miller”, Olivier Bal

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Après ses deux opus fantastiques sur la maîtrise des rêves, Olivier Bal se lance dans le pur polar, du noir qui révèle la face grise d’êtres qui se débattent dans leurs rêves : de gloire, de reconnaissance, de liberté. Reprenant une construction qu’il manie d’une main de maître, l’auteur propose dans « L’affaire Clara Miller », aux éditions XO, un roman choral à rebondissements et à double temporalité d’une grande efficacité. L’intrigue à plusieurs niveaux de lecture est bien charpentée, tout se tient. Les personnages sont attachants malgré leurs travers, car la psychologie de chacun est finement travaillée en ce sens. Les chapitres courts et denses se donnent le témoin dans cette course au dénouement haletant. Tout commence par des jeunes femmes retrouvées noyées en deux ans sur les berges du lac rebaptisé « le Lac aux Suicidées ». Parmi ces malheureuses, Clara Miller, une journaliste que Paul Green a connue sur les bancs de la Fac et dont il était amoureux en secret. Il ne croit pas à la thèse du suicide. Ce journaliste, reporter de presse people, est persuadé que le tueur est Mike Stilth, une rock star à la renommée internationale qui vit non loin, dans une forteresse appelée Lost Lakes, avec ses deux enfants reclus.

“Le puzzle du chat”, Michael Freund

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Premier roman de l’enseignant-chercheur Michael Freund, « Le puzzle du chat » joue au chat et à la souris avec notre raisonnement. Comment une étudiante a-t-elle pu vouloir mourir après la réussite d’un examen ? C’est ce que Stani, professeur de logique à l’université d’Orléans, et le commissaire Bellot cherchent à élucider, chacun de son côté, dans un roman qui met en équation l’émoi amoureux en sursis, une énigme à double inconnue et un raid vengeur pour honorer la mémoire d’un père juif humilié. Le récit de Michael Freund s’installe lentement, la suspicion s’amorce très vite et l’intrigue prend une ampleur inattendue, se démultipliant jusqu’au dénouement en suspens. Deux histoires en parallèle qui, contre toute logique géométrique, finissent par se rencontrer grâce au dénominateur commun : le commissaire Bellot, un enquêteur opiniâtre jeté aux oubliettes des « has been » par ses supérieurs dans l’attente d’une mise à la retraite imposée.

« Un bon écrivain est un écrivain mort », Guillaume Chérel

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Mystères et parodie pour un roman qui vient de paraître chez J’ai lu. Dans « Un bon écrivain est un écrivain mort», Guillaume Chérel affûte sa plume à l’inspiration railleuse. S’il est amoureux des livres et des auteurs… dont l’Histoire dorlote les œuvres, rien n’est moins sûr pour ce qui est des auteurs vivants ! Avec une franche et facétieuse liberté, le journaliste brocarde dix écrivains contemporains très médiatiques, non sans tordre astucieusement leur patronyme. Parité oblige, cinq femmes et cinq hommes sont invités à participer à une conférence dans un ancien monastère devenu une résidence d’auteurs. Leur hôte milliardaire ménage le mystère sur son identité que renforce son absence. Dans une atmosphère balançant entre « Le Nom de la rose » et « Le mystère de la chambre jaune », ce roman confronte les célébrités de la plume à leurs travers jusqu’à ce que mort s’ensuive… ou pas ! À travers ce brûlot, dans lequel il ne s’épargne pas, Guillaume Chérel commet là un roman gonflé, très drôle et original mais qui, en filigrane, interroge l’enjeu originel de l’écriture.

“Là-haut les anges”, Chris Roy

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Là-haut, les anges sont des bienheureux. Ici-bas, ces anges en devenir sont confrontés à la tentation, la dérive, l’impudeur, la superficialité. En tout cas, le prédateur imaginé par Chris Roy dans son thriller “Là-haut les anges”, aux éditions Inspire, y croit et entend y remédier en aidant les jeunes filles, victimes de leur insouciance, à rejoindre le ciel pour les laver de leurs péchés… devenus mortels. Pour parvenir à ses fins, le pédophile utilisera les réseaux sociaux. Pour son premier roman, l’auteure a mis les moyens de son ambition : un récit psychologique prenant, une intrigue policière bien construite, une écriture simple, un rythme mitraillette, une focalisation multiple, un tueur en série qui relate dans un journal ses “missions divines” avec une froide précision et un lyrisme dément. La construction de ce policier n’est pas sans rappeler le troublant roman La mésange et l’ogresse, d’Harold Cobert, sur l’affaire Fourniret, où le lecteur découvre la personnalité de l’épouse du tueur à travers ses pensées.

“Meurtres en haut lieu”, Hubert Letiers

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
La jeune maison d’édition ReadMyBook frappe juste avec son premier thriller “Meutres en haut lieu”, d’Hubert Letiers. Ce roman policier plonge le lecteur dans les arcanes du pouvoir et de ses abus. EOS, un justicier informatique, entend faire un ménage anticorruption radical dans les hautes sphères de l’État. Il a dans son viseur pas moins de trente-deux personnages publics dont il a prédit la mort dans un manuscrit. Pour nous raconter l’enquête, Hubert Letiers brise les codes et en réinvente d’autres, façon 3.0. Il donne le pouvoir absolu au tueur en série, un don d’ubiquité informatique qui lui permet de mener le jeu, d’inciter celui de ses adversaires, de parer tous leurs mauvais coups et de leur infliger un “échec et mat” retentissant… et définitif. Un récit original dans sa conception, avec un style narratif direct et nerveux, qui sait susciter la curiosité et maintenir la tension. Une réussite de bout en bout, jusqu’à une fin qu’on aimerait temporaire.

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