“Maître, vous avez la parole”, haro sur les clichés pour le bonheur d’en rire !

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Lors d’une soirée exceptionnelle au théâtre BO Saint-Martin, à Paris, et en prévision du Festival Off d’Avignon, Sébastien Wust nous a présenté avec brio son « one-avocat-show » original et hilarant, « Maître, vous avez la parole ». Avec ce spectacle dédié à la justice qu’il a écrit en 2018, l’avocat et comédien démonte les clichés et les fantasmes que véhicule ce métier, notamment à travers les séries de télévision. « Suits – Avocats sur mesure » ne reflète évidemment pas la réalité ! Pour nous le prouver ou nous en convaincre, Sébastien Wust use d’un arsenal redoutable : l’intelligence, l’autodérision, le rire, la légèreté et un soupçon de gaudriole. Nous voici soudain public d’une salle d’audience, projeté dans une salle du tribunal, attendant la tenue du procès « Pivert contre Iceberg ». Être pris en otage de ces confidences est un ravissement. Nous passons un magnifique moment avec cet avocat de droit civil depuis vingt ans qui s’amuse sans complexe à égratigner la profession, en commençant par lui-même.

“Benjy Dotti, The Late Comic Show​”, le trublion du rire ultra

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« En toute simplicité et pour pas cher ! », tel est le mantra de Benjy Dotti dans son dernier spectacle « The Late Comic Show », à l’Alhambra, lieu culte du Music-hall. Seriné à l’envi, repris par un public embarqué dans son délire, cette litanie en clin d’œil annonce les sketchs suivants. Pendant un peu plus d’une heure, l’artiste multicarte tend à prouver – par dérision bien entendu – qu’il peut remplacer les plus grands du showbiz, avec le même effet et à moindres frais ! Ne déviant pas de cette colonne vertébrale, il valse entre imitations et caricatures, chansons et détournements de vidéos, parodiant notamment l’actualité (le pass vaccinal, la Covid-19, la SNCF…). Les vannes sont corrosives, décalées, impudentes, grivoises. On adore rire de tout, mais surtout du pire ! C’est bien connu. Avec Benjy Dotti, on est servi à volonté. L’énergie et le mordant en « open bar », il professe un humour qui n’attente à aucune pudeur, si ce n’est les fausses… quoi que. Les sketchs très variés s’enchaînent en rythme et en rupture, notamment par des adresses aux spectateurs qui en prennent aussi pour leur grade… surtout celui qui a été désigné comme étant le benêt d’un soir qui comprend les blagues à retardement. On ressort content de cette immersion en milieu déjanté. Mais surtout content de ne pas avoir été le bouc émissaire d’un soir, même pour rire !

“Les mots s’improsent” et riment avec virtuose

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« Les mots s’improsent », au théâtre des Mathurins jusqu’au 1er avril 2020, est un spectacle de Félix Radu d’une audace artistique inédite, un ovni littéraire en orbite autour du sens de la vie qui se déploie en plusieurs dimensions de compréhension. Son seul-en-scène ne ressemble à rien de connu et pourtant il nous est étrangement familier. C’est peut-être parce qu’il sait nous parler de l’essentiel avec une langue qui châtie bien. Son texte de haute tenue est truffé de traits d’esprit et de réflexions philosophiques. Il émeut, interroge, éclaire, induit des répercussions émotionnelles et intellectuelles. Tout le long de la performance du jeu scénique, revu par le metteur en scène Julien Alluguette, il n’y a pas d’éclats de rire, mais un feu nourri d’éclats de pensée et de sourires intérieurs. Ce n’est ni un récit austère ni un conte fantasque, mais une variation poétique d’un vieux monde que le comédien essaye de comprendre, une introspection élargie à l’univers, avec l’impertinence de la jeunesse et la tempérance de la sagesse. Les mots fusent, se chamaillent, s’entrechoquent ou se confondent, se mettent à nu pour revêtir de nouveaux habits de lumière. Ainsi, la poésie philosophique de Félix Radu surgit d’entre les mots dans un ballet aérien et pétillant d’humour et de sens, pour la plus grande joie d’un public conquis.

“Avant que j’oublie !”, que des maux d’amour !

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Tel Rocky, Sébastien peut mettre le genou à terre sur le ring de la compétition médiatique, il se relève toujours, car le petit Patrick, grâce à son cartable à malices, transforme les maux bleus en maux d’amour. Alors, avant que de tout oublier, de ces années bonheur aux années tristesse, l’inclassable artiste doué pour rallier à son panache clownesque les plus grands talents a décidé de tout balancer “les yeux dans les yeux” avec son nouveau spectacle “Avant que j’oublie !”…

“Blanc & Hétéro”, de l’humour en eaux troubles

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Que les oreilles chastes s’abstiennent ou défaillent ! Volontairement provocant, délicieusement indécent, prodigieusement irrévérencieux, le one-man-show d’Arnaud Demanche, « Blanc & Hétéro », programmé tous les mardis à l’Apollo Théâtre, ne fait pas dans la demi-mesure. L’humoriste s’amuse avec les codes et les susceptibilités, comme un chat avec sa souris préférée. Il entre dans la chair du politiquement incorrect avec un esprit affilé et sans tabous sur notre société consumériste et intolérante. Tout est bon à dire, tant qu’on en rit…

“Business Show”, le monde du travail au pilori du rire

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Dans « Business Show », à la Comédie Bastille, Esteban démontre par l’exemple personnel le danger d’être soi-même au travail. Si l’hypocrisie ou la retenue prudente n’a pas été acquise au berceau, c’est l’assurance de déconvenues pouvant jeter le pauvre être biologiquement sincère, « trop sensible » ou « trop susceptible », dans la gueule des pervers narcissiques. Porté par un texte acide et ironique de Gaëlle Thomas et de lui-même, Esteban rembobine pour nous un bout de carrière passée en entreprise à courir après les promotions et à s’essouffler, freiné par des vents contrariants… jusqu’au fatidique, inéluctable, prévisible burn out. Loin d’être un effet de mode, ce mal du travail serait plutôt l’effet d’une acculturation professionnelle outrancière, au point de confondre l’avoir et l’être. Peut-être aurait-on trop tendance à penser que le premier serait la clé du bonheur du second, de ce paradoxal développement personnel au travail ?

“La vie à l’envers”, pour redresser les torts

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Au théâtre de Dix-heures, Jo Brami propose un one-man-show ambitieux : revenir de l’au-delà pour rebrousser le chemin de sa vie, en toute connaissance de cause. Ainsi pourrait-on éviter les erreurs, les blessures, les facilités et jouir du temps présent avec ceux que l’on aime. Idée tentante, n’est-il pas ? L’humoriste Jo Brami relève le défi et rejoue à l’envers cette vie qui passe trop vite dans l’ignorance du lendemain certes, mais aussi du présent. L’esprit vagabondant souvent à son aise, sans retenue ni laisse. Ce soir-là, à la faveur d’un début entrecoupé d’interpellations d’un spectateur excité du bocal, Jo Brami donne sa pleine mesure d’improvisateur, gérant par l’humour et la fermeté une situation risquant de dégénérer. Une fois l’exclusion de l’élément perturbateur, le show a pu se poursuivre sans heurts ni arrêts intempestifs. Cette mésaventure – qui prête à rire après coup – aura eu l’avantage de déclencher un vent d’empathie pour cet humoriste qui n’en finissait pas de mourir pour rejoindre le Paradis, ce même Paradis où il proposera à Dieu de refaire le chemin à l’envers.

“Goodbye Wall Street”, du rire en barre

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Au Théâtre du Petit Gymnase, le Studio Marie Bell retentit d’éclats d’une vie de trader passée à jongler avec l’argent des autres avec habileté et réussite. « Goodbye Wall Street » est un fringant one-man-show théâtralisé, dopé au bonheur de Fouad Reeves d’être à sa place, sur les planches. De son passé de trader sous pression, le comédien a conservé l’énergie électrique, poussé au paroxysme mais sans jamais disjoncter… complètement, qu’il polarise au profit du show. Et quel show, du grand art ! Pour relater son parcours depuis ses rêves d’enfance jusqu’aux salles de marchés à Paris et New York, il incarne à deux cents à l’heure quatorze personnages dans leurs travers caricaturés à l’outrance éloquente. Si les traits sont grossis à la loupe déformante, ils sont servis par des mots qui ne sont jamais grossiers. Ceux-ci sont plutôt aiguisés à la meule de l’intelligence pour toucher juste et bistournés de leur sens pour créer jeux de mots et situations déjantées. La performance d’artiste complet et l’intensité du texte sont amplifiées grâce à la juste folie d’une mise en scène millimétrée de Dominique Coubes.

“17 fois Maximilien”, et plus encore !

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Tous les mardis, au Studio Hébertot, on assiste à une performance intimiste qui allie finesse et force de jeu. Dans cette pièce à flux tendu, à l’écriture ciselée de son complice Richard Charest, Nikola Parienty se transforme en Maximilien, un être imbu de lui-même, à la désinvolture affectée, qui entreprend une analyse pour asseoir sa légitimité d’acteur. Au fil des dix-sept séances chronométrées par un thérapeute imaginaire, ce quarantenaire va peu à peu déjouer l’ascendance de l’adulte brillant en société pour laisser émerger cet enfant qui hurle son manque d’affection depuis l’enfance et que pourtant personne n’a jamais entendu. Lui, le meilleur ami des mots, va trouver dans son passé ces mots dits ou non dits, qui l’empêchent d’être heureux, tout simplement, et de dormir sans insomnie. Nikola Parienty incarne à la perfection cet être détestable en l’enveloppant d’une grâce attachante qui émeut tout en faisant rire. Au-delà des manières hautaines, les provocations et la suffisance de son personnage, il donne à voir, à entendre et à ressentir une belle âme à la sensibilité heurtée, à qui il aura manqué chaque soir la main apaisante d’une maman sur sa tête d’enfant. Soudain projeté dans le fauteuil du thérapeute, le public est tout ouïe durant les 17 fois Maximilien.

“Point de rupture”, le militant au cœur vaillant

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Seul sur scène avec “Point de rupture”, Nicolas Koretzky incarne, au théâtre de l’Archipel, une variété de personnages qui croisent le chemin de Noé, un jeune militant, pétri de colère contre la société consumériste, égoïste et inconsciente de ses mauvais choix. L’idéaliste veut changer ce monde qui court à sa perte, quitte à faire la révolution. La comédie de mœurs, satirique à souhait, est habilement mise en scène par Thierry Harcourt, la sobriété sous-tendant l’efficacité du geste et la focalisation sur le texte des deux auteurs, Nicolas Koretzky et Franck Lee Joseph. Le comédien jouit ainsi de tout l’espace pour nous faire entrer dans son monde qu’il réduit à l’échelle de l’actualité. Ce monde est combatif et revendicatif, armé de slogans et d’indignations, volontairement caricaturé par ses contradictions, pour le plaisir d’en sourire. Car le rire est tiraillé entre pudeur et réflexion, le public s’implique trop dans les questionnements et les inquiétudes de Noé pour s’esclaffer.

“Moi, papa ?”, ou la magie de la paternité

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S’il n’y a pas d’école pour apprendre à être papa, le one-man-show d’Arthur Jugnot est un bel avant-goût humoristique sur cette étape de la vie de couple conjuguée à trois. « Moi, papa ? », au théâtre du Splendid, raconte la transformation d’un jeune adulte libre et bien dans ses baskets d’ado boboïfié en un père responsable et accro à son fils. Mais combien d’épreuves et d’actes d’amour faut-il pour y parvenir ? Arthur Jugnot porte l’enseigne du vécu, tous feux de détresse allumés, derrière chaque trait d’humour et mimique, qui n’est pas sans rappeler l’inspiration du père. À la fin du spectacle, il remercie son fils de quatre ans et demi qui lui a permis d’être un père et un artiste comblé. Pour son premier seul-en-scène, Arthur Jugnot est vraiment à l’aise. Il rayonne, éructe et s’attendrit avec autant d’intensité et de charme. Sa personnalité volcanique au grand cœur fait de ce show une réussite que magnifie l’ingéniosité de la mise en scène de Sébastien Azzopardi et de la scénographie de Juliette Azzopardi.

« Laurent Gerra sans modération », une cuvée très spéciale !

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Les shows de Laurent Gerra se suivent et se réinventent sans cesse. On connaît les voix et les gestes, on reconnaît les personnages, les anciens et les nouveaux, on attend l’humour grinçant et le verbe qui n’a peur de rien, comme une Madeleine de Proust. Bref, on sait ce que l’on va voir. Et pourtant, dès qu’il entre sur scène, c’est comme si on découvrait tout pour la première fois. Mais comment fait-il ? Avec son spectacle « Sans modération », millésimé « inédit », cette magie inexplicable est renforcée par le cadeau que l’artiste fait à son public pour fêter ses cinquante ans et ses presque trente ans de carrière. Il ouvre son album photo familial et livre des anecdotes, comme l’enfant qui ne rêvait que de monter sur scène. Il avait cinq ans en 1972 et déjà il imitait Michel Sardou sur sa chanson Les Bals populaires. Si la cuvée 2018 est exceptionnelle par ce double anniversaire, elle devient aussi mémorable par cette pointe de tendresse qui remonte d’une enfance heureuse, dont il émaille son spectacle. Un Laurent Gerra inattendu, surprenant, émouvant.

“Rendez-vous place Gandhi”, un show tout en voix éco-responsables

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Le mercredi 16 mai 2018, au théâtre de L’Archipel, Xavier Fagnon et Christophe Lemoine vous embarquent dans une aventure écologique décoiffante, onirique et drôle. Dans l’ambiance musicale et colorée d’une Inde du futur, aussi enchanteresse que polluée, l’imitateur vous fera vivre intensément, et non sans ironie, une course de l’extrême façon “Pékin Express”, mais dans une version éco-responsable. Lors de ce jeu de télé-réalité, les participants, quatre binômes de personnalités célèbres, sont censés dépasser leurs limites dans le respect écologique, ce qui n’est pas gagné ! Un contre-la-montre dantesque où Xavier Fagnon emprunte leur voix et parodie leurs chansons, avec la complicité du musicien pince-sans-rire Sébastien Jan qui campe “Ravi”, un impassible hindou au turban chatoyant. Le spectacle démarre le jour de la finale. Mais d’ici la transmission du prime time en direct de l’arrivée des concurrents sur la place Gandhi, il reste une journée et tout peut arriver. Bien entendu, tout arrive ! Pour notre plus grand plaisir !

“Les jumelles”, du rire à la paire

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Dans cette récolte automnale record d’humoristes à l’affiche, un duo women show se distingue par l’entrain et le capital sympathie qu’il dégage, mais aussi par une caractéristique inédite. Anne et Sophie Cordin sont jumelles ! Les deux humoristes jouent de leur charme dédoublé et de leurs blagues en stéréo pour conquérir le cœur des spectateurs. Ce sont deux rayons de soleil qui se lèvent tous les lundis dans la petite salle du Gymnase, pour procéder à un effeuillage en règle de notre société grande consommatrice d’éphémère et de superficialité. À coups de blagues et de jeux de mots absurdes, décalés, déjantés, elles en croquent à pleines dents les contours tapageurs et les travers fondamentaux.

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