“17 fois Maximilien”, et plus encore !

Temps de lecture : 2 min

 

THÉÂTRE & CO 

Avis de PrestaPlume “Coup de cœur”

17 fois Maximilien, Nikola Parienty, Studio HébertotTous les mardis, au Studio Hébertot, on assiste à une performance intimiste qui allie finesse et force de jeu. Dans cette pièce à flux tendu, à l’écriture ciselée de son complice Richard Charest, Nikola Parienty se transforme en Maximilien, un être imbu de lui-même, à la désinvolture affectée, qui entreprend une analyse pour asseoir sa légitimité d’acteur. Au fil des dix-sept séances chronométrées par un thérapeute imaginaire, ce quarantenaire va peu à peu déjouer l’ascendance de l’adulte brillant en société pour laisser émerger cet enfant qui hurle son manque d’affection depuis l’enfance et que pourtant personne n’a jamais entendu. Lui, le meilleur ami des mots, va trouver dans son passé ces mots dits ou non dits, qui l’empêchent d’être heureux, tout simplement, et de dormir sans insomnie. Nikola Parienty incarne à la perfection cet être détestable en l’enveloppant d’une grâce attachante qui émeut tout en faisant rire. Au-delà des manières hautaines, les provocations et la suffisance de son personnage, il donne à voir, à entendre et à ressentir une belle âme à la sensibilité heurtée, à qui il aura manqué chaque soir la main apaisante d’une maman sur sa tête d’enfant. Soudain projeté dans le fauteuil du thérapeute, le public est tout ouïe durant les 17 fois Maximilien.

De séance en séance, qu’une sonnerie interrompt abruptement, Max – pour les intimes – évoque une mère indifférente qui l’oublie au rayon Parfumerie où elle travaille ; d’où sa détestation des odeurs ! Il compare son père au nougat dur qui finit par s’attendrir ; il se souvient de son chien à trois pattes, Zéro, qui s’est fait écraser par son voisin ; il se remémore son énurésie et ses peurs nocturnes quand il était enfant, transformées en insomnie chronique une fois adulte. Tout en s’interrogeant sur le bien-fondé d’une analyse, il ravive pas à pas des souvenirs enfouis dont il se distancie avec le panache artificiel des désespérés. Il libère une parole qui remonte des profondeurs de l’enfance 17 fois Maximilien, Nikola Parienty, Studio Hébertotétouffée, amplifiée par l’exubérance des gestes. Il s’étend sans plus de retenue sur ses états d’âme dans un fauteuil rose, les pensées tristes s’échappant en volute de fumée de cigarette. Parviendra-t-il à casser toutes ces chaînes traumatiques qui entravent son sommeil et sa véritable nature ?

Le regard hypnotique, la voix profonde, le corps bavard, Nikola Parienty est un être vibrant. Il ne se contente pas de jouer, de se mouvoir, de vitupérer, de s’esclaffer, de penser dans un murmure langoureux, il glorifie la vie par sa présence intense. Son jeu est éloquent dans les silences et exalte les sentiments universels qui traversent l’homme depuis la nuit des temps pour les exposer avec simplicité et humilité. Contraste éclatant entre un Maximilien égocentrique et hâbleur et un Nikola modeste et sincère. Parler de talent serait superfétatoire, car il l’habille avec naturel, sans suivre de mode. Son style est unique, discret, et pourtant il crève l’évidence. Chanteur, comédien, coach et metteur en scène, cet artiste aux multiples casquettes livre avec « 17 fois Maximilien » une fiction théâtrale ahurissante teintée de réalisme. Il donne tant l’impression de faire partie de soi qu’il parvient à réinventer la relation artiste/public. Un pur moment de communion forte et vraie qu’on aurait envie de revoir au moins 17 fois…

Nathalie Gendreau




« 17 fois Maximilien »

Distribution
Avec : Nikola Parienty

Créateur
Auteur : Richard Charest

 

Tous les mardis à 21 heures, jusqu’au 26 juin 2020.

Au Studio Hébertot, 78 Boulevard des Batignolles, Paris 75017.

Durée : 1 h 10.

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