« Bécaud, on revient te chercher », Jacques Pessis et Claude Lemesle (♥♥♥♥)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Gilbert se croyait immortel. Bécaud l’est devenu. L’artiste aux 400 chansons, auquel même Piaf assurait qu’il chantait faux, a cassé la baraque de tous les superlatifs, par son sens du rythme, un travail acharné, un besoin viscéral d’être sur scène, d’être aimé de son public, et une énergie électrique qui soulevait la ferveur. « Monsieur 100 000 volts », l’avait surnommé un journaliste américain. L’homme qui pensait mourir centenaire s’est éteint le 18 décembre 2001, à l’âge de 74 ans. Pour commémorer les vingt ans de sa disparition, Jacques Pessis et Claude Lemesle ont uni leur tendresse pour cet immense chanteur, pianiste et compositeur en rédigeant à quatre mains une biographie tendre et éclairante, aux Éditions de l’Archipel. Le premier a été son ami pendant plus de trente ans et le second l’un de ses paroliers pendant plus de vingt ans. Estimant qu’il n’y avait pas eu jusque-là de réelle biographie, ils nous proposent de découvrir l’homme derrière le chanteur à la carrière incroyable. Ils nous le donnent à voir au quotidien, en coulisses, dans l’effervescence de la création, dans son appétit de vivre et d’aimer, dans ses angoisses aussi.

« Lettre à Moïse – Itinéraire contourné d’un juif de Hongrie », Rémi Huppert

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Parvenu à un stade de son existence, le besoin de regarder en face le passé est irréfrénable. La plume démange. Les idées affluent. L’émotion submerge. Quand le moment se présente en toute humilité, il est juste. L’écriture en devient fluide et la lecture prend une saveur toute particulière. Dans « Lettre à Moïse – Itinéraire contourné d’un juif de Hongrie », aux Éditions du Petit Pavé, l’écrivain et essayiste français Rémi Huppert se plie au délicat exercice de ce retour sur soi, sur sa branche paternelle. Pour lui, il s’agissait de « se hâter de bien faire ». En quête de ses origines, l’auteur revient sur son ascendance et plus particulièrement sur les traces de son grand-père Moïse, en Hongrie. Grâce à ces recherches patientes et opiniâtres et aux témoignages d’une famille éclatée aux États-Unis et en Europe, il redessine le parcours de cette fratrie des Huppert aux trajectoires d’exilés si différentes, fuyant « les rejets xénophobes ». Il découvre à cette occasion que son patronyme est un nom d’emprunt au XIXe siècle. À la lecture de ce cri d’amour pour les siens, on ne peut qu’être ému et reconnaissant à l’auteur d’avoir partagé un roman familial douloureux, en toute délicatesse et authenticité.

“Belle-fille”, Tatiana Vialle

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Pour se lancer dans l’écriture de soi, il faut une bonne dose de courage mêlé au désir ardent pour éclipser l’appréhension de ce voyage au long court sur le film de sa vie. Tatiana Vialle, d’abord actrice, puis directrice de casting et metteur en scène, a saisi au vol la proposition des éditions du Nil de nourrir avec son histoire personnelle la collection « Les affranchis ». Une requête qui a dû tomber à point nommé tant l’auteure a su imprimer sa voix tendre et profonde à son récit autobiographique dit « romancé », “Belle-fille” aux éditions Nil. L’héroïne se nomme Natacha et non Tatiana. Un dernier bastion de la pudeur sans doute qui l’autorise à écrire cette fameuse lettre à son beau-père, Jean Carmet : un être aussi attendrissant dans ses films que tyrannique dans son foyer. Avec ce livre touchant, c’est le silence que rompt Tatiana Vialle. Un silence sur sa position inconfortable et détestée de belle-fille, qui la pousse à se taire. Avec application, entêtement… et timidité.

“Henri de Rothschild, un humanitaire avant l’heure”, Nadège Forestier

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Issu de la branche anglaise de la famille Rothschild, Henri (1872-1947) avait un chemin tout tracé : la finance, toute la finance et rien que la finance ! Pourtant, son cœur généreux et enthousiaste, son ouverture d’esprit philanthropique et l’éducation stricte de sa mère l’ont tendu avec constance et force vers un autre destin : la santé et le bien-être de son prochain. Prenant pleinement à son compte la devise des Rothschild « Concordia, Integritas, Industria » (Union, honnêteté, travail), ce médecin collectionneur d’art et mécène a dédié sa fortune et dépensé son énergie sans compter tant pour le progrès social et humain que pour la création littéraire et artistique. Ainsi, sous le nom d’André Pascal, il a écrit pas moins de 39 pièces de théâtre, il a dirigé le théâtre Antoine et fait construire le théâtre Pigalle ! Malgré cela, l’œuvre, la personnalité, le nom de ce visionnaire à la vie si riche de sens est tombé dans l’oubli. Injustice que son arrière-petite-fille, la journaliste Nadège Forestier (Le Figaro, Paris Match…), a souhaité réparer en écrivant « Henri de Rothschild – Un humanitaire avant l’heure », une passionnante et instructive biographie parue aux éditions Cherche Midi.

Dernière parution : “Norman, mon fils”

Temps de lecture : 4 min “L’originalité de ce livre est la démarche des auteurs de donner enfin des mots, les leurs peut-être… mais qui sait, à Norman pour qu’il puisse nous dire SA version de sa trajectoire. Ce récit père-fils transcende la vulnérabilité de Norman en une sorte de puissance surprenante et tellement Humaine. Avec un grand H.”
“Le Magazine positif” de Catherine Schmidt Maillet (01/09/2019)

“Ces jours qui ne sont plus”, Françoise d’Origny

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Avec “Ces jours qui ne sont plus”, Françoise d’Origny pose un regard sincère et lucide, mais aussi amusé et sans concession, sur une vie personnelle intense et l’évolution d’une époque fastueuse révolue. Aristocrate, sportive et artiste-peintre, l’auteure a suivi le sillage de ses parents (anciens résistants de la première heure) qu’elle vénérait comme des dieux en faisant montre de fidélité à ses principes, de courage, de devoir… et de caractère. Son frère Henri et elle n’ont pas été étouffés de baisers, mais ont reçu une éducation stricte qui ne tolérait aucun manquement. Ce dont elle les remercie. Cette éducation lui a permis d’affronter une vie très exigeante faite de conventions, de protocoles et de bienséance. Mais aussi surprenante et rocambolesque. Devenue Comtesse d’Harcourt, après un mariage plus teinté d’entente cordiale que d’amour, Françoise d’Origny a osé divorcer pour rencontrer quelques années plus tard l’amour dans les beaux yeux d’un scientifique.

« Les Favorites du Renégat », Alain de Savigny

Roman Les favorites du Rénégat

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
“Faire partie des dirigeants d’une grande nation, ceux qui ont une influence sur la marche d’un empire ou d’un royaume.” C’est ce à quoi a aspiré toute sa vie le Comte de Bonneval. Ce converti à l’islam, par la force du destin et un sens de l’honneur chatouilleux, a laissé nombre traces de ses faits de guerre et de ses trahisons qui ont fait de lui un bel aventurier, autant adulé que haï. Avec “Les favorites du Renégat”, Alain de Savigny porte un regard différent sur ce héros historique. Se refusant à écrire une énième biographie, exacte ou fantasmée, l’auteur raconte la vie de ce héros guerrier au travers du regard de six femmes qui l’ont aimé follement. Une approche certes originale, mais qui donne à celui qui deviendra Ahmed Pacha dans l’Empire ottoman une dimension humaine et humaniste forte. Pour un homme qui n’aura vécu que pour les conquêtes, cet ultime assaut de la vérité venant des alcôves, passionnément divertissant et instructif, lui rend un très bel hommage.

“Maria Deraismes”, Fabienne Leloup

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Voici un personnage de biographie qui vaut le détour ! Il s’agit de Maria Deraismes (1828-1894), une féministe journaliste qui fonda en 1893, avec George Martin, la loge du « Droit humain » qui accueillait indifféremment hommes et femmes. Cette femme de caractère, grande lettrée et infatigable travailleuse malgré une maladie incurable alors méconnue (la maladie de Cronh), est tirée de l’ombre dans une biographie romancée, grâce à Fabienne Leloup, agrégée de lettres, professeur de français et écrivain. Cette femme érudite du XXIe siècle, qui se plaît dans les domaines « marginaux » du savoir, ne pouvait que se passionner pour le parcours franc-maçonnique de Maria Deraismes et réparer l’injustice de l’oubli. « Maria Deraismes, Riche, féministe et franc-maçonne » (éditions Michel de Maule) est un bel hommage littéraire qui plonge le lecteur dans une époque où la place naturelle de la femme n’était pas dans les cénacles politiques ou à la tribune en maître de conférences.

“Lucrèce n’est pas une femme”, Pascal Aquien

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
“Lucrèce n’est pas une femme”, de Pascal Aquien, paru à la jeune maison d’éditions les indés, est une biographie consacrée à un homme qui se sentait femme. Évoluant dans les cabarets comme artiste travesti, André se prénommait Lucrèce. Un prénom qu’il revêtait “naturellement” à la scène comme à la ville, et qu’il conserve encore précieusement aujourd’hui, alors âgé de 86 ans. Pour mettre en lumière cette vie de strass et de condition de transgenre assumée, aussi bien en tant qu’artiste qu’en tant que “femme manquée”, l’auteur a opté pour un récit construit par mots clés qui découpent la vie de Lucrèce en pièces de puzzle, invitant ainsi le lecteur à la reconstituer. Ce glossaire alphabétique et thématique, à la manière du “dictionnaire amoureux”, est un astucieux procédé… si le lecteur décide de picorer les mots-clés au gré de sa curiosité. En linéaire, la lecture perd en fluidité.

Dominic Lamblin, survivant de la Stones fascination

Temps de lecture : 9 min PORTRAIT PASSION
Dominic Lamblin et les Rolling Stones, deux destins scellés dans un même amour de la musique, de la vie de jet-setter, du travail acharné et de la fureur de survivre à tous les excès. Deux trajectoires au parcours parallèle aussi bien dans l’ascension des sommets que dans les traversées du désert. La confiance qui s’instaurera dès leur première rencontre en octobre 1964 ne se démentira pas durant quatre décennies de collaboration intense et enfiévrée. La longévité de Dominic Lamblin et du groupe rock est un miracle, merveilleux ou sulfureux, c’est selon, que l’auteur fait revivre avec joie et prodigalité dans son livre « Satisfaction – Comment j’ai survécu à 40 années avec les Rolling Stones », paru en octobre 2016, aux éditions Larousse. Portrait d’un homme fataliste et chanceux, dont la seule constante dans la vie a été les Rolling Stones. Un mariage musical inclassable !

Denis Doria, chasseur d’Art et d’histoires

Temps de lecture : 6 min PORTRAIT PASSION
Vibrant d’un feu intérieur raisonné et alimenté en continu par la passion, Denis Doria a la joie discrète et réservée, tout comme son modèle. L’architecte d’intérieur et grand collectionneur d’art décoratif moderne vient de publier une œuvre monumentale sur l’œuvre tout aussi monumentale d’un architecte de renom : Pierre Chareau. Voici douze ans que ce chercheur infatigable fait preuve de persévérance et de pugnacité dans la reconstitution de la vie du créateur de l’emblématique Maison de Verre. Une chasse au trésor avec son lot d’énigmes et de clés, et ses portes qui s’ouvrent sur un pan de vie oubliée dans des archives jusqu’au hasard d’une rencontre miraculeuse avec un photographe. Avec « Pierre Chareau – Un architecte moderne de Paris à New York », aux éditions Michel de Maule, c’est une voix qui ressurgit de l’injuste oubli et qui rend hommage au créateur phare de l’Union des Artistes Modernes (UAM). Un devoir de vulgarisation et de transmission qui s’accomplit enfin.

“Ma grand’mère d’Arménie”, Anny Romand

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Quand l’histoire d’une jeune Arménienne se confond avec la grande et tragique Histoire, quand une petite-fille s’imprègne des souffrances de sa grand-mère, quand un récit relie ces deux générations de femmes, se produit un miracle de lecture. Un témoignage saisissant, sans excès, en simplicité cruelle. Anny Romand, déjà connue pour ses talents d’actrice et de traductrice, signe d’une plume pudique, animée par la rondeur et la délicatesse de l’enfance, sans le fard outrancier de l’horreur, un récit authentique sur l’« Askor », le Massacre, le génocide arménien, par la voix de sa grand-mère Serpouhi Hovaghian qui « a besoin de mâcher tout ça, pour essayer de l’avaler, encore et encore ».

“Sylvia Bataille”, Angie David

Biographie Sylvia Bataille

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥
Quelle bien troublante biographie que voilà ! La couverture affriolante suggère liberté de ton et liberté de mœurs. En cela, le contenu est conforme à la photographie. Mais rien ne prépare le lecteur à ce maelström délicieusement infernal qui ne cesse qu’avec le mot fin.

Biographie “Ainsi fut fait”

Temps de lecture : 3 min Résumé
Samy, convalescent, mène une vie solitaire dans un hôtel de La Baule. Une lettre de la petite-fille d’une femme qu’il a connue pendant la guerre vient bouleverser son quotidien, en lui rappelant son passé. Ce roman épistolaire, inspiré de la vie de Samuel Szajner, rescapé des camps, nous raconte l’histoire de cet ancien déporté, dénoncé à la milice, alors qu’il avait trouvé refuge dans les Pyrénées et devait passer aux États-Unis. À quel prix doit-on sa survie? Samy s’interroge et met peu à peu son âme à nu au fil de la correspondance. S’ouvre la voie d’une réconciliation avec soi-même et l’humanité. Nathalie Gendreau signe là un premier roman historique en donnant une respiration littéraire à la vie de S. Szajner.

Biographie “Léa et ses sœurs” (Prête-plume)

Temps de lecture : 4 min Résumé
Ce 25 décembre 2005 a réuni Léa, Judic et Annie Cohen. L’émotion est palpable entre les trois femmes, trois sœurs que le vent de l’histoire avait séparées. Vivre ces retrouvailles est un cadeau inespéré. Pour répondre aux questions d’Annie, Léa revient sur ces soixante années où elle a vécu comme amputée d’une partie d’elle-même. La famille Cohen, déjà éprouvée par la mésintelligence du ménage, est définitivement brisée par la guerre. À la Libération, Judic et Léa ne retrouvent qu’une grand-tante, employée au Cirque d’Hiver Bouglione. Dès lors, Léa entame une carrière de trapéziste. L’histoire des sœurs Cohen est incroyable, d’un romanesque à couper le souffle que seule la réalité peut encore nous apporter.

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