“L’enfant dormira bientôt”, François-Xavier Dillard

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Son domaine de prédilection est la parentalité, l’enfance… et, par capillarité, la maltraitance. Son genre, polar et thriller. Pour son nouvel opus, « L’enfant dormira bientôt » (éd. Plon), François-Xavier Dillard met le curseur de la tension/l’attention à son maximum. L’évocation macabre, qui n’est pas sans rappeler l’affaire des « bébés congelés » et du syndrome du « déni de grossesse », si difficile à se le figurer, est puissante et prégnante tout au long de la lecture. De multiples personnages se croisent, semblent évoluer sans accointance, mais leurs histoires singulières et tumultueuses sont autant de petits torrents déferlant la montagne qui se rejoignent pour chuter en cataracte saisissante. Du suspense d’un bout à l’autre et une chute renversante. Des larmes, on n’en verse pas. Pas le temps. Le style est un courant nerveux qui vous entraîne dans ses tourbillons. L’histoire aux moult rebondissements aspire toutes les émotions pour les concentrer en un sentiment : la sidération.

“L’affaire Clara Miller”, Olivier Bal

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Après ses deux opus fantastiques sur la maîtrise des rêves, Olivier Bal se lance dans le pur polar, du noir qui révèle la face grise d’êtres qui se débattent dans leurs rêves : de gloire, de reconnaissance, de liberté. Reprenant une construction qu’il manie d’une main de maître, l’auteur propose dans « L’affaire Clara Miller », aux éditions XO, un roman choral à rebondissements et à double temporalité d’une grande efficacité. L’intrigue à plusieurs niveaux de lecture est bien charpentée, tout se tient. Les personnages sont attachants malgré leurs travers, car la psychologie de chacun est finement travaillée en ce sens. Les chapitres courts et denses se donnent le témoin dans cette course au dénouement haletant. Tout commence par des jeunes femmes retrouvées noyées en deux ans sur les berges du lac rebaptisé « le Lac aux Suicidées ». Parmi ces malheureuses, Clara Miller, une journaliste que Paul Green a connue sur les bancs de la Fac et dont il était amoureux en secret. Il ne croit pas à la thèse du suicide. Ce journaliste, reporter de presse people, est persuadé que le tueur est Mike Stilth, une rock star à la renommée internationale qui vit non loin, dans une forteresse appelée Lost Lakes, avec ses deux enfants reclus.

“La Petite mort de Virgile”, Christian Rauth

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
On connaît Christian Rauth comme comédien (« Père et Maire » sur TFI ou ses rôles dans des séries comme « Navarro »), on connaît moins bien l’écrivain. C’est fort dommage. Son quatrième roman, « La Petite mort de Virgile », paru aux Editions De Borée, est un réel plaisir de lecture tant par l’histoire finement conçue que par l’écriture cinématographique. Son thriller ne joue pas seulement la carte du suspense, puisque la dernière de couverture en dit beaucoup… peut-être trop. Pour ne pas le déflorer, gardez-vous de cette curiosité, somme toute légitime, et plongez-vous sans réserve dans les 432 pages qui passent beaucoup trop vite. Dès le premier chapitre, vous serez happé par l’histoire de trois hommes dont les chemins se croisent. Dans ce triangle, Gina Santos. Pour elle, les hommes sont prêts à lui offrir les preuves d’amour les plus folles. Elle est si belle qu’elle provoque l’embrasement des cœurs, mais aussi réveille les instincts les plus vils.

« Jours de glace », Maud Tabachnik

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Dans son dernier opus « Jours de glace », Maud Tabachnik nous emporte avec force et humour noir dans une série de meurtres sauvages, à l’image des lieux les plus reculés, hostiles et farouches, du Canada, où se passe l’action. Woodfoll est une petite ville sans histoires de 25 000 habitants, aux confins du Manitoba, où le thermomètre ne dépasse pas les moins quinze degrés la moitié de l’année. Extrême le climat ! C’est pourtant cette atmosphère d’isolement et de glace que recherchait Louise Grynspan, dite Lou, pour se remettre d’une peine de cœur cuisante. En s’y installant, elle était loin de s’imaginer qu’elle vivrait à la fois les pires heures sanglantes de sa carrière et un coup de foudre aussi beau qu’inattendu, ou inespéré. Rudement et énergiquement mené, « Jours de glace » est un thriller haletant au suspense entretenu par moult rebondissements et chausse-trappes. L’horreur et la terreur, la sauvagerie et la mort sont omniprésentes, les quelques lumières du roman provenant d’un amour naissant entre Lou et Julia et la solidarité entre partenaires.

“Les Limbes”, Olivier Bal

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
“Les limbes”, aux éditions De Saxus, est un thriller fantastique d’Olivier Bal, efficace et troublant. Ce premier roman très inventif conduit sans ménagement le lecteur jusqu’aux origines du monde brutales et sauvages par l’entremise des rêves. Il met en scène une jeune recrue gravement blessée par balle pendant la guerre du Vietnam. Sa vie devient un enfer : dans son sommeil, James Hawkins peut entrer dans le rêve des personnes sur le point de trépasser. La douleur et la mort sont omniprésentes. Trop heureux à l’idée de comprendre ce qui lui arrive, il accepte – mais avait-il le choix ? – d’embarquer à bord d’un projet fou, financé par l’État, de contrôle des rêves, au risque de le transformer en arme de destruction choisie pour le compte de la CIA. D’apprentissage en zèle, le soldat devenu cobaye de laboratoire va malencontreusement réveiller les ténèbres. Mené à un train d’enfer, le roman empoigne par le col le lecteur qui ne peut plus s’extirper des aventures passionnantes de James Hawkins. Il se prendrait presque pour un Christophe Colomb de l’imaginaire qui ouvrirait une nouvelle voie de navigation. Il se sent même prêt à signer pour en « chier », par procuration bien entendu, avant de s’incliner humblement face aux épreuves endurées. Car il y a toujours un prix à payer quand on franchit l’interdit !

« Un bon écrivain est un écrivain mort », Guillaume Chérel

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Mystères et parodie pour un roman qui vient de paraître chez J’ai lu. Dans « Un bon écrivain est un écrivain mort», Guillaume Chérel affûte sa plume à l’inspiration railleuse. S’il est amoureux des livres et des auteurs… dont l’Histoire dorlote les œuvres, rien n’est moins sûr pour ce qui est des auteurs vivants ! Avec une franche et facétieuse liberté, le journaliste brocarde dix écrivains contemporains très médiatiques, non sans tordre astucieusement leur patronyme. Parité oblige, cinq femmes et cinq hommes sont invités à participer à une conférence dans un ancien monastère devenu une résidence d’auteurs. Leur hôte milliardaire ménage le mystère sur son identité que renforce son absence. Dans une atmosphère balançant entre « Le Nom de la rose » et « Le mystère de la chambre jaune », ce roman confronte les célébrités de la plume à leurs travers jusqu’à ce que mort s’ensuive… ou pas ! À travers ce brûlot, dans lequel il ne s’épargne pas, Guillaume Chérel commet là un roman gonflé, très drôle et original mais qui, en filigrane, interroge l’enjeu originel de l’écriture.

“La disparition de Stephanie Mailer”, Joël Dicker

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Joël Dicker était très attendu avec son quatrième roman, La disparition de Stephanie Mailer, paru aux éditions de Fallois. Après La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, en 2012, l’immense succès transposé en série par Jean-Jacques Annaud, et Le livre de Baltimore en 2015, l’auteur suisse revient vers les terres connues du thriller qui cultive un style limpide et efficace, et une intrigue à multiples rebondissements. Roman dense aux multiples voix qui se répondent à travers le temps, sa construction astucieuse tricote et détricote les coupables potentiels. L’auteur nous balade, en lâchant ici ou là, au détour d’un lac marécageux ou d’un bar interlope, d’infimes indices qui détournent les trois enquêteurs Jesse, Derek et Anna du véritable chemin qui conduit à la solution. Ce trio efficace reprend en 2014 une enquête conduite en 1994, à Orphea, une charmante localité dans les Hamptons, dans l’État de New York, à la suite de l’étrange disparition de Stephanie Mailer. Étrange car cette brillante journaliste est persuadée que l’auteur du quadruple meurtre arrêté à l’époque par Jesse et Derek était innocent. Se seraient-ils trompés de coupable ?

“Là-haut les anges”, Chris Roy

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Là-haut, les anges sont des bienheureux. Ici-bas, ces anges en devenir sont confrontés à la tentation, la dérive, l’impudeur, la superficialité. En tout cas, le prédateur imaginé par Chris Roy dans son thriller “Là-haut les anges”, aux éditions Inspire, y croit et entend y remédier en aidant les jeunes filles, victimes de leur insouciance, à rejoindre le ciel pour les laver de leurs péchés… devenus mortels. Pour parvenir à ses fins, le pédophile utilisera les réseaux sociaux. Pour son premier roman, l’auteure a mis les moyens de son ambition : un récit psychologique prenant, une intrigue policière bien construite, une écriture simple, un rythme mitraillette, une focalisation multiple, un tueur en série qui relate dans un journal ses “missions divines” avec une froide précision et un lyrisme dément. La construction de ce policier n’est pas sans rappeler le troublant roman La mésange et l’ogresse, d’Harold Cobert, sur l’affaire Fourniret, où le lecteur découvre la personnalité de l’épouse du tueur à travers ses pensées.

“Meurtres en haut lieu”, Hubert Letiers

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
La jeune maison d’édition ReadMyBook frappe juste avec son premier thriller “Meutres en haut lieu”, d’Hubert Letiers. Ce roman policier plonge le lecteur dans les arcanes du pouvoir et de ses abus. EOS, un justicier informatique, entend faire un ménage anticorruption radical dans les hautes sphères de l’État. Il a dans son viseur pas moins de trente-deux personnages publics dont il a prédit la mort dans un manuscrit. Pour nous raconter l’enquête, Hubert Letiers brise les codes et en réinvente d’autres, façon 3.0. Il donne le pouvoir absolu au tueur en série, un don d’ubiquité informatique qui lui permet de mener le jeu, d’inciter celui de ses adversaires, de parer tous leurs mauvais coups et de leur infliger un “échec et mat” retentissant… et définitif. Un récit original dans sa conception, avec un style narratif direct et nerveux, qui sait susciter la curiosité et maintenir la tension. Une réussite de bout en bout, jusqu’à une fin qu’on aimerait temporaire.

« Le Syndrome de Croyde 2 », Marc Welinski

Daphnis et Chloé Welinski

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Le nouveau thriller de Marc Welinski, “Le Syndrome de Croyde 2 – L’état sauvage” n’est pas une suite, mais évoque le même thème puissant de l’instinct de mort. Pour l’auteur, le syndrome de Croyde serait une pathologie psychiatrique qui pousse les êtres normaux à commettre des meurtres spontanés, sans mobile. Si, dans le premier tome, les victimes sont poussées dans le métro, dans celui-ci elles chutent dans le vide, en pleine nature. Qui donc est ce tueur qui trucide au hasard des rencontres dans les hauteurs de la forêt de Chamonville ? Car, évidemment, quand des accidents sont trop nombreux et trop rapprochés dans le temps, la thèse de l’accident est vite jetée aux orties ! De sa plume reconnaissable, Marc Welinski envoûte l’esprit et tient au col le suspense jusqu’à la fin.

“Locataire”, Tudual Akflor

Temps de lecture : 4 min CHRONIQUE PLUS
Il s’en passe de belles à Kermaro ! Dans ce petit village du Finistère vivote un couple de retraités, les Kazec. Ils ont une retraite maigrelette, de bons légumes du jardin et du tord-boyaux à volonté. Enfin, ça, c’était la belle vie d’avant… avant l’arrivée d’un olibrius de Paris qui a loué pour une semaine de vacances leur “pennty”, une maisonnette au charme limité au fond du jardin. Dès la prise de possession des clés jusqu’à leur remise explosive, la relation entre Jean-Luc Kazec et John Canari est étrange, insaisissable, dérangeante. Au fil des jours, elle prend des allures de guérillas disproportionnées, où tous les coups sont permis, surtout ceux qui viennent l’air de rien, coiffés d’amabilités vengeresses.

“Tango Loft”, Véronique Sauger

Temps de lecture : 4 min CHRONIQUE PLUS
Ils s’aiment, un peu, beaucoup, passionnément… à la folie. Un loft aux parois de verre glacées. Un couple de danseurs de tango en fusion amoureuse. Suzy, si affriolante dans ses chaussures noires à talon haut. Jean, torse bombé de tendresse et de lâcheté. Et, entre les deux, s’incruste dans cette danse langoureusement mortelle un enfant de 34 ans rejeté par un couple de médecins inquiétants. Un peu dérangé, un matheux qui compte, la nuit, s’adressant aux étoiles et à la lune, qui leur récite des vers bancals, sans tête ni queue, sans fin. On l’appelle Brume.

“La fille au 22”, Anna-Véronique El Baze

Temps de lecture : 2 min Avis de PrestaPlume – Coup de cœur
Une écriture qui capture, malmène, soumet, émerveille. Le lecteur est emporté par un souffle narrateur irrésistible, entre envolées lyriques et envolées cyniques. Il expérimente des sentiments contradictoires et finit par tituber, hagard, hésitant entre compassion et malaise. Anna-Véronique El Baze commet le tour de force de faire aimer “La fille au 22” qui de femme effacée se transforme en femme fatale, doublement fatale, avec pour seul ornement un rouge à lèvre rouge sang et une balle, celle qu’elle ira planter dans la nuque de l’être à qui elle a donné son corps insensible aux caresses. Seul le moment qui précède le tir et celui qui suit, ce moment où le corps de l’homme s’amollit à terre avec un filet de vie au coin de la bouche, la soulève dans une extase orgasmique.

“Les impliqués”, Zygmunt Miloszewski

Thriller Les impliqués

Temps de lecture : 3 min L’avis de PrestaPlume ♥♥♥
Un polar dans la pure tradition qui renouvelle pourtant le genre avec une dimension historique et psychologique. Suspense, intensité, humour, il y a tout ce qu’il faut pour vibrer et avaler les pages. Mais ce n’est pas tout. Le personnage principal est loin de ressembler aux canons de l’enquêteur désœuvré ou maudit.

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