“Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi”, Camille Andrea

Temps de lecture : 2 min

“Coup de cœur

Avec « Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi » (éd. Plon), Camille Andrea signe un récit tendre et émouvant, aussi léger que profond, d’une grande humanité et qui intrigue d’un bout à l’autre. À l’image du titre qui est une invitation à l’ouverture d’esprit. L’auteure met en présence deux êtres que tout oppose, qui vont s’apprivoiser, s’apprécier, se nourrir l’un de l’autre, puis se perdre de vue sans s’oublier. La rencontre n’est pas banale. Noah D’Amico, 10 ans, métis, veut devenir président des États-Unis. Bien sûr, il n’a pas l’âge. Raison de plus pour commencer de bonne heure ! Ce jeune garçon ambitieux au talent d’orateur hors pair sait que « l’on se fait une idée des gens en quatre secondes et cinquante centièmes ». C’est court et décisif. Qu’importe ! L’espoir accroché à sa détermination, il s’en va quêter des signatures. Il en a besoin d’au moins mille. Après celle du clochard du coin de la rue, il convaincra Jacob Stern, un vieux monsieur frappé de solitude depuis le décès de sa femme Hannah, dont les souvenirs s’effacent inexorablement. S’installe alors un rituel de rencontres entre ces deux êtres si différents autour d’un Donut au chocolat et d’un verre de lait, où il est question de refaire le monde, de « mettre un grand coup de pied dans les préjugés et les conventions, montrer que quelque chose de différent est possible ».

Empruntant au récit philosophique, « Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi » entraîne peu à peu le lecteur dans l’implacable réalité. D’une gentille farce, le conte se déploie lentement, étire ses ailes de compréhension, s’ébroue de toute naïveté. La métamorphose est progressive, sa lenteur en dévoile toute la subtilité. L’écriture légère de Camille Andrea n’annonce pas l’effroyable secret de Jacob Stern… La réussite de ce roman réside dans l’art de surprendre, à commencer par la dichotomie entre le ton et le fond qui s’entrechoque, et par les retournements de situation. Sans vouloir trop en dire, pour garder toute la saveur des révélations, il est question de l’Holocauste, de trahison, de vengeance et d’oubli. Pour se rappeler ce qu’il a été, Jacob Stern a rédigé ses souvenirs dans cinq cahiers d’écoliers, qu’il fait promettre à Noah de brûler à sa mort, avec interdiction absolue de les lire. Un malheureux incendie les rendra à la postérité et provoquera l’arrestation du vieil homme. Des années plus tard, l’amitié qui a lié Jacob et Noah refera surface d’une bien étrange manière, prenant les traits d’une justice immanente. Bouleversant et juste. Un roman à découvrir absolument.

Nathalie Gendreau

Éditions Plon, 19 mai 2022, 224 pages, à 18 euros.


1 réflexion au sujet de « “Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi”, Camille Andrea »

  1. Magnifique critique ou chronique, je ne saurais le dire, si bien écrite sans en dire, qu’elle donne envie de lire le livre. Merci

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