Critique de « Les mots d’Électre » : une tragi-comédie moderne et captivante (♥♥♥♥♥)

Les mots d'Electre théâtre de l'Atelier

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Faut-il choisir entre la résonance funeste des mots tus et leur verbalisation dévastatrice ? Si tant est qu’on ait le choix ! Si tant est qu’on puisse les dire ! Les mots sont ravageurs, parfois tueurs, à petit feu ou à boulet rouge. La pièce tragi-comique « Les mots d’Electre » (au Théâtre de l’Atelier, à Paris), montée par La compagnie hors du temps, en est un magistral exemple. Ces mots sont ceux d’Électre qui trame pour que la vérité fût, quitte à provoquer un cataclysme, et qui diffuse sa haine contre une mère manipulatrice. Ce sont ceux d’Oreste qu’il oppose à sa sœur pour la convaincre de renoncer à sa vindicte et, ainsi, éviter d’être son bras vengeur. Ponctuant ce duel fraternel, un autre langage s’intercale, fade, euphémique, trompeur. Celui du langage stéréotypé du corps médical, de l’Église, de la politique. Fourbisseur hors pair d’éléments de langage, Oreste écrit des discours prêt-à-porter, sans chair ni consistance. À l’écouter, les promesses non tenues ne seraient pas des mensonges. À croire le Diacre, il faudrait prier, faute de comprendre. On se raconte bien des histoires pour ne pas les entendre, ces mots qui disent la vérité, qui font mal, mais qui portent en eux la délivrance, la renaissance… Que de mots, que de mots, me direz-vous ! Mais ceux de La compagnie hors du temps nous élèvent autant qu’ils nous réjouissent.

“Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures”, spectaculaire, ludique et si vivant

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
L’historien et critique d’art dit n’avoir jamais été déçu par la peinture. Les œuvres lui ont toujours été fidèles. Empli d’une reconnaissance absolue, Hector Obalk partage depuis 2013 sur scène (notamment au théâtre de l’Atelier) cet amour inconditionnel qu’il voue à la peinture au travers de son spectacle-conférence « Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures », accompagné d’un violoncelliste, d’un violoniste et d’une soprano. Auteur sur l’art et réalisateur de la série Grand’Art sur Arte, l’homme connaît son affaire et sait faire valoir son opinion sans concessions. La fibre pédagogique, un brin d’humour dans sa besace à malices, la connaissance en majesté, Hector Obalk devient en un temps record votre meilleur ami. Vous savez, celui qui vous initie au lieu de pontifier sur un tableau qui vous faire sentir minable. Ce spectacle qui décrypte sept siècles de l’histoire de la peinture n’est pas chose impossible à qui sait en retirer l’essentiel des époques, des courants, des progrès, de la technique, des manies, de la couleur, des détails. Tout cela imperceptible à qui regarde sans voir. Comme un profiler, ce spécialiste en beauté sait faire parler le tableau, il en délivre les secrets. Il nous montre comment trouver ces anomalies qui ne sont pas « anomaliques », des facéties du peintre qui donne de la personnalité à son œuvre, mais aussi une caractéristique unique ou répétitive qui porte un éclairage original et édifiant sur le peintre « incriminé ». Le néophyte y gagne la révélation ; le connaisseur, un autre regard.

Michel Legrand, le musicien de l’éternelle jeunesse

Temps de lecture : 8 min PORTRAIT PASSION
Les décennies se suivent. Les styles musicaux s’enchaînent. À peine Michel Legrand parvient-il au port du succès qu’il repart vers d’autres mers de la création, au bras de sa maîtresse de toujours : la musique. Une musique plurielle qui le possède et lui impose ses rythmes, et qui, sous la virtuosité de l’homme amoureux, est sublimée. La grâce est toujours fugitive, mais elle retient l’éternité. Une éternité à laquelle le public pourra goûter lors de deux représentations le dimanche 29 octobre prochain, au Théâtre de l’Atelier, à 15 heures et 20 heures. En pleine traversée mondiale pour son “Grand tour 85”, l’artiste a voulu cette parenthèse intimiste, comme une escale entre amis, baignée de ses plus grands airs arrangés façon jazzy. Pour PrestaPlume, il revient sur plus de quatre-vingts ans de vie commune avec sa musique.

Owen, l’enfant autiste devenu le héros de sa vie animée

Temps de lecture : 7 min ÉVÉNEMENT/ACTU
Lundi 30 janvier dernier, à Paris, le Théâtre de l’Atelier, par essence réceptacle privilégié d’émotions, a ouvert grand ses portes à la cause de l’autisme. C’était une première pour ce théâtre qui offrait une Générale « livresque » pour le lancement en France de « La vie animée » (éditions Saint-Simon), un puissant et touchant témoignage de Ron Suskind, journaliste réputé (lauréat du prix Pulitzer) et écrivain américain. L’auteur y relate le combat de sa famille dont la vie a été irrémédiablement bouleversée par l’autisme régressif du cadet, Owen, âgé de trois ans, en 1993. Afin d’élargir le débat sur la diversité de l’autisme, la comédienne Sandrine Bonnaire a évoqué sa sœur, Sabine, qui vit depuis 48 ans avec le syndrome d’Asperger. Était aussi conviée Myriam Perrin, psychanalyste à Rennes, qui promeut en France la méthode que Ron Suskind et son épouse Cornelia ont développé avec une réussite exemplaire et inattendue, la « thérapie par affinité », c’est-à-dire une approche fondée sur les passions des autistes. Elle a ainsi organisé le premier colloque international sur le sujet à l’université de Rennes 2, en 2015.

Murielle Magellan, l’exploratrice des rêves

Temps de lecture : 7 min PORTRAIT PASSION
Au faîte du succès avec sa pièce « L’éveil du chameau », Murielle Magellan reste sous le feu des projecteurs avec la parution d’une nouvelle sur le thème de « Lolita » et l’adaptation pour la télévision de « Illettré », un roman de Cécile Ladjali. La romancière, scénariste, dramaturge et metteur en scène porte en elle encore beaucoup de projets en gestation. La petite fille aux origines juives d’Algérie, qui a grandi avec la valeur travail et qui ne s’est jamais découragée, a fait de son rêve d’enfant une réalité. Avec son nom d’emprunt qui évoque le voyage, Murielle Magellan se taille une voilure ambitieuse qu’aucun vent contraire ne semble pouvoir abattre. Mais quelle est donc cette brise qui la pousse vers la lumière ?

« L’éveil du chameau » : Cap Paternité !

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
Quand une femme bourrée de principes rencontre un homme sans principe, la confrontation promet du grand spectacle. Embarquez les yeux fermés à bord de ce superbe vaisseau qui tangue sous des vents contraires. Une situation périlleuse provoquée par Murielle Magellan, une auteure aussi talentueuse que malicieuse et à l’humour corrosif. Et ouvrez les écoutilles ! “L’éveil du chameau” est une bourrasque, un tourbillon… que dis-je ? Une tempête initiatique qui secoue le théâtre de l’Atelier. Les répliques claquent tantôt en force tantôt en subtilité, impertinentes et provocatrices, piquantes et vives, et toujours justes. Le trio de comédiens (Pascal Elbé, Barbara Schulz, Valérie Decobert) est sur le pont avec ardeur et conviction, ne lâchant rien. Une grande complicité transparaît de leur jeu sincère et fluide. Des accalmies éclairent les failles des personnages qui en deviennent plus émouvants. La mise en scène de Anouche Setbon est fine, sobre et suggestive. Les jeux de lumière marquent une temporalité qui chemine main dans la main avec l’évolution des caractères.

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