“Authentique”, l’autodérision faite Clémence Baron

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Premier seule-en-scène de Clémence Baron, « Authentique » est le miroir de sa vie, déformé à l’humour et à l’autodérision. Pendant une heure, la jeune auteure et comédienne présente au théâtre Mélo d’Amélie un récit tendre et caustique, où fourmille une ribambelle de personnages qu’elle aime et brocarde avec malice. C’est que la famille Baron compte des membres remarquables ! Un père un rien raciste qui voit d’un très mauvais œil le mariage de sa fille avec un Africain musulman, trois frères collants et imprévisibles, dont deux sont de joyeux trisomiques et des copains très envahissants en période Covid-19. Sans friser la caricature, Clémence Baron tord toutefois allégrement tous ces personnages. Sans s’épargner, elle raconte son enfance avec des frères insupportables qu’elle adore, son homosexualité avortée, son nez épaté, sa rencontre avec son futur mari, leur cérémonie de mariage épique et leur voyage de noces à domicile, parce qu’en plein confinement avec deux, voire quatre personnes de plus dans son petit 50 mètres carrés. Que d’excellentes raisons pour trépigner d’impatience ou de colère ! Clémence a choisi d’écrire ces meilleurs moments d’agacement et d’exaspération pour les rejouer… pour rire. Bien lui en a pris ! Le spectacle passe par l’arc-en-ciel des émotions, qui illuminent sans nul doute le cœur de sa famille, mais aussi égayent les soirées du public.

“La Loi du Talon”, le féminisme en aiguillon

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On ne présente plus Sandrine Sarroche, on la suit, on l’attend, on l’espère : à Paris Première, dans l’émission de Zemmour et Naulleau et, depuis la rentrée 2019, sur RTL dans l’équipe de Stéphane Bern, où elle tient de désopilantes chroniques hebdomadaires sur l’actualité, tout en esprit et chansons parodiques. Jusqu’à la fin de l’année 2019, elle nous donne aussi rendez-vous au Palais des Glaces, où sa verve corrosive et ses pastiches vocaux font un triomphe. Une merveille qui ne se dévore pas en dix minutes comme elle l’évoque, par ironie, pour le livre de Christine Angot, mais en une heure trente qu’on aimerait prolonger jusqu’à plus rire. Dans son quatrième spectacle, « La Loi du Talon », one woman show mis en scène par Éric Théobald, l’humoriste nous livre une autobiographie sous le signe de la saine dérision et du jeu de mots assassins.

“Chiche !”, Caroline Loeb se livre en chanteuse de cabaret (Reprise)

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Elle en rêvait depuis longtemps, elle l’a fait ! Caroline Loeb remonte sur la scène pour un spectacle musical façon Cabaret, suave et très enlevé. Dans « Chiche ! », cette artiste complète (chanteuse, auteure, metteuse en scène, comédienne…) se livre en chansons sur les planches du théâtre de l’Archipel, avec la complicité des musiciens Stéphane Corbin, Yorfela et Benjamin Corbeil et une mise en scène punchy de Stephan Druet. « Chiche ! » est la synthèse punk, poétique et désinhibée du parcours de vie follement mouvementé de Caroline Loeb et de son précédent spectacle, « Françoise par Sagan ». C’est aussi un pari qui matérialise toute l’ardeur opiniâtre de sa créatrice à regarder droit devant pour créer, encore et toujours, selon ses envies et ses passions. Après l’écriture du magnifique spectacle sur Sagan, où elle parvient avec brio à se glisser dans les mots et la gestuelle de l’écrivaine, et le disque « Comme Sagan » qu’elle lui a consacré avec la participation d’autres auteurs (Pierre Grillet, Pascal Mary, Pierre Notte, etc.), c’est encore à travers Sagan et son bel esprit que Caroline Loeb ose se dévoiler, enfin. Dans ce biopic intimiste chic et choc, elle évoque entre chansons et anecdotes les moments forts d’une vie librement vécue et ravive l’époque faste des années 80 marquée par l’effervescence de la créativité. Une belle époque que les générations suivantes n’ont pu connaître.

“Radio active”, au cœur de l’atome “ripollique”

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Sur la scène du théâtre du Splendid surgit un phénomène illuminé, s’apparentant à l’as des as de la chanson, rompue à l’exercice dans l’émission télévisée de Naguy « N’oubliez pas les paroles ». Elle s’appelle Magali Ripoll et ce qu’elle propose est une escapade musicale, truffée de rebondissements et de sauts dans le temps. Sorte de comédie musicale à elle toute seule, elle incarne différents personnages – tous loufoques – pour conter en chansons une vie rocambolesque, passant de Vladivostok à Harlem et de Rihanna à Jean-Jacques Goldman avec une facilité déconcertante et surtout une énergie forcenée. On dit d’elle que c’est la seule femme qui peut rencontrer Pablo Escobar, Jean-Luc Godard et Nelson Mandela en une seule vie… et réunir Booba, Michael Jackson et Dalida dans un même medley. C’est confirmé, il y a tout cela, mais plus encore. Les fans de chansons et de l’émission vivront là – en direct live – un moment de grâce en montant avec elle dans l’express de sa vie.

“Bio et barge”, humour et dérision à foison !

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Entre bio et mojito, faut-il vraiment choisir ? La comédienne Stéphanie Jarroux est tiraillée tout le long de son one-woman-show inspiré de la vie très réelle d’une mère de famille comblée par ses trois enfants. Enfin… Comblée, c’est vite dit ! Car qui se met en tête de vivre 100 % “bio” tout en s’imbibant… d’expériences Vegan se complique l’existence à plein temps. “Bio et barge” est une bourrasque vivifiante qui, sous prétexte de prôner le bio en toutes occasions, balaye les bonnes intentions face aux réalités du terrain qui impose son inévitable dictature et qui a pour doux nom : le quotidien ! Stéphanie Jarroux rejoue pour nous, à coups d’outrance trash et humoristique, son quotidien de maman aux journées surchargées et de femme en quête d’épanouissement personnel. Sa première comédie est survoltée, sans tabous et décoiffe un max. Son texte est savoureux, stylé et percutant, et la mise en scène dynamique de Nathaly Coualy en fait une belle réussite ! Mais attention, les oreilles chastes risquent de tomber en pâmoison !

Avec Madame Marguerite, Stéphanie Bataille donne beaucoup et jusqu’à la folie !

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La pièce Madame Marguerite et l’interprète du rôle-titre produit une rencontre artistique détonante, passionnelle et militante. Après Annie Girardot, c’est au tour de Stéphanie Bataille de la vivre en se mesurant au personnage d’institutrice de CM2, dont l’obsession est l’éducation, sans hypocrisie ni tabou. Madame Marguerite n’occulte rien de la vie, elle ne dit à ses élèves que la réalité et rien que la réalité, aussi crue et violente soit-elle, avec une méthode sans filtre. Créée en 1974, la pièce de l’auteur brésilien Roberto Athayde a été scéniquement actualisée par une mise en scène d’Anne Bouvier plus démonstrative, aux émotions plus extériorisées, soulignant la folie. Comme en 1974, il y a un tableau noir mais les inscriptions sont plus crues. L’extravagance d’une jupe-tailleur assortie de baskets a fait place à la décontraction plus neutre d’un pantalon et d’une chemise blanche.

Avec Manon Lepomme, c’est du merveilleux à croquer !

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Une boule d’énergie surgit sur la scène du Point Virgule. Elle rougeoie, pétille et claironne en même temps. Elle s’appelle Manon Lepomme, elle est belge et refuse d’aller chez le psy. Pourquoi y irait-elle d’ailleurs ? Le rire ne permet-il pas de tout surmonter, même les galères qui accostent toujours au même port ? Manon Lepomme a le rire bien ancré en elle, et c’est tant mieux, car elle a essuyé bien des tempêtes lorsqu’elle était professeure. Ça vous prépare à toutes les avaries l’Éducation nationale ! Abandonnant la salle de classe, Manon Lepomme a choisi un terrain de jeu plus ludique : la scène ! Bien lui en a pris. Elle se donne à mille pour cent et, visiblement, c’est l’éclate totale pour elle. “Non, je n’irai pas chez le psy !” est un one-woman-show survitaminé, qui redonne la pêche et l’envie de dévorer du merveilleux !

« Le Génie du vin », un cru sorti de derrière les fagots !

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Au théâtre du Gymnase Marie Bell se joue un “wine woman show” chaleureux, généreux et effervescent. Le Génie du vin est une comédie imaginée sous le signe de Bacchus, par l’artiste Sylvie Malys et le metteur en scène Michel Thibaud. Sylvie Malys, seule en scène, s’impose en hôtesse des lieux, la crinière flamboyante, la lèvre boudeuse, les yeux malicieux, la robe rouge écarlate qui agrippe le regard. La scène dans un chai. Le ton capiteux. Les gestes infatigables. La comédienne exaltée campe trois femmes, outrées au burlesque, sans s’emmêler les ceps de vigne. Une farce viticole d’origine contrôlée originale, bourrée de jeux de mots vinaires, qui excite d’abord les papilles du public, avant de le conduire à l’ivresse des arômes dans le bar à vin du coin avec une dégustation de vins d’Alsace offerte par la cave de Turckheim. Crémant de dieu !

“Enfin vieille !”, la revanche du talent

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Quelle jubilation et quelle générosité ! Le One Woman Show de Laura Elko, “Enfin vieille !”, raconte une histoire drôle et sensible sur l’itinéraire d’un destin contrarié par le temps qui se défile. L’écriture intelligente sur le jeunisme et la peur de toute une génération de se voir rattrapée par la suivante se nourrit d’une bonne dose d’autodérision. L’interprétation juste et intense des multiples personnages relève de l’exploit physique. L’humoriste ne se contente pas d’être désopilante à nous faire vieillir prématurément, elle use et abuse avec délice de ses différents talents qui sont autant de flèches qu’elle décoche avec un plaisir non feint. Elle alterne avec une aisance déconcertante aussi bien les airs d’opéra que la variété française. Bien évidemment, comme tout artiste qui se respecte, elle danse et sait jouer de plusieurs instruments, mais, art plus rare, elle nous livre un numéro de ventriloquie à couper le souffle !

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