“Enfin vieille !”, la revanche du talent

Temps de lecture : 2 min

 

THÉÂTRE & CO 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥


Quelle jubilation et quelle générosité ! Le One Woman Show de Laura Elko, “Enfin vieille !”, raconte une histoire drôle et sensible sur l’itinéraire d’un destin contrarié par le temps qui se défile. L’écriture intelligente sur le jeunisme et la peur de toute une génération de se voir rattrapée par la suivante se nourrit d’une bonne dose d’autodérision. L’interprétation juste et intense des multiples personnages relève de l’exploit physique. L’humoriste ne se contente pas d’être désopilante à nous faire vieillir prématurément, elle use et abuse avec délice de ses différents talents qui sont autant de flèches qu’elle décoche avec un plaisir non feint. Elle alterne avec une aisance déconcertante aussi bien les airs d’opéra que la variété française. Bien évidemment, comme tout artiste qui se respecte, elle danse et sait jouer de plusieurs instruments, mais, art plus rare, elle nous livre un numéro de ventriloquie à couper le souffle !

On s’attache forcément à cette petite Laura qui se rêve chanteuse ou comédienne et qui, dès ses cinq ans se voit refoulée derrière son désir le plus cher par la conseillère d’orientation. À chaque étape de sa vie, Laura sera toujours stressée par ce temps qui passe trop vite et qui la disqualifie toujours, et souvent in extremis. Cette fatalité du temps révolu la talonne sans relâche jusqu’à ce jour merveilleux où un producteur voit en son âge très avancé la parfaite héroïne de son prochain blockbuster “Wonder Mamie”. Une vraie revanche !

On dit que la valeur n’attend pas le nombre des années. Laura Elko en est l’illustration parfaite. À peine sortie de la fleur de l’âge artistique, l’humoriste époustoufle tant par la virtuosité des talents exprimés que par sa présence scénique, naturelle et lumineuse. On découvre par intermittence la voix snob de la conseillère d’orientation obnubilée par les bilans de compétences et l’accent hongrois d’une sémillante grand-mère juive. Puis survient le ton coincé d’une professeur de chant qui projette son amertume sur ses jeunes élèves et la modulation érayée d’une personne à l’âge canonique. Quant à sa marionnette bleue aux yeux tristes et nez rose, elle ravivera le cœur d’une génération qui a grandi avec le “Muppets Show” et surtout avec les personnages de “1, rue Sésame“, émission enfantine des années 70 qui s’en est inspiré. Il s’agit de Glover qu’elle a rebaptisé Aldalbert, son doudou blagueur et cruellement réaliste qui l’accompagne dans les moments difficiles.

Avec Laura Elko, c’est l’assurance d’une très bonne soirée. Elle nous propose du rêve et de la joie, et l’on se retrouve plongé avec délice dans un temps suspendu, où curieusement il ne pense plus à filer ou à parader. Il est dans l’instant plaisant, pur et cristallin. Et dire que j’ai failli passer à côté de cette humoriste, et de ses talents qui ne cesseront de s’affirmer en gardant, je lui souhaite, toute la fraîcheur et le naturel d’une âme d’enfant. C’est un temps magique que je vous conseille de ne pas laisser filer ! Petit conseil… si vous vous installez au premier rang, vous aurez droit à une part de son gâteau traditionnel hongrois, préparé par ses soins. Et beaucoup d’autres surprises émouvantes vous attendent…


« Enfin vieille ! »


One Woman Show de et avec Laura Elko
Mise en scène de Lauri Lupi et Isabelle Turschwell


Tous les jeudis de juin à 20 heures à partir du 8 juin, au Théâtre B.O. Saint-Martin, 19 Boulevard Saint-Martin, 75003 Paris

Durée : 1 h 15

Au BO d’Avignon, tous les jours du 7 au 30 juillet à 12 heures, relâche le mercredi.

Crédit photo/Eric Massaud.

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