“La domestication”, Nuno Gomes Garcia

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
Au risque de me fourvoyer dans un lieu commun, « La domestication » est un ovni littéraire, balançant entre l’expérimental et la réalité. Le troisième roman de Nuno Gomes Garcia (Editions iXe) joue dans la cour de l’anticipation sans y être vraiment. Il est résolument contemporain par les termes abordés, mais original par leur traitement. L’auteur imagine un monde inversé, où la femme l’emporte sur le masculin en tout, aussi bien dans le quotidien que sur la scène politique. Mais surtout dans le langage. L’auteur privilégie le pronom personnel féminin, une émasculation nette et sans bavure, dans les règles de l’art grammatical. Il imagine une société matriarcale en construction, après le Grand Fléau et l’avènement de la Nouvelle République. Dans cette société, les hommes sont éduqués à « L’Institut des maris » pour devenir un mari au foyer, effacé et obéissant. Pour sortir, ils sont accompagnés et portent un cache-tout (semblable à la burqa). Ils possèdent dans leurs gènes modifiés la sensibilité autrefois attribuée aux femmes. Ainsi tanguent-ils entre la peur et les pleurs. Les femmes ont tout pouvoir sur ces maris ravalés au rang d’objet. Dans cette société, la gestation est entre les mains de la science et la « fornication » est prohibée. Enfin, la peine de mort est réservée aux hommes. Une société autoritaire et sans saveur qui préfigurent un extrémisme, certes différent, mais plausible, tant la domination est inhérente à l’être humain, qu’il soit il, elle ou iel.

Critique – “Pour rien au monde”, Ken Follett (Robert Laffont)

Couverture Pour rien au monde Ken Follett Edition Robert Laffont

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Pour rien au monde l’escalade. Pour rien au monde une troisième guerre mondiale. Pour rien au monde la fin du monde. Faire paraître un roman de géopolitique fiction quelques mois avant l’invasion russe en Ukraine relève d’une coïncidence extraordinaire ou d’une prémonition qui ne l’est pas moins. « Pour rien au monde » (éd. Robert Laffont) est une projection dans un futur rapproché. Si proche avec l’actualité qu’il en devient un présent fantasmé. Avec ses nombreux personnages, Ken Follett nous embarque dans une aventure, folle, rythmée, intense, risquée. Avec lui, nous parcourons les quatre coins d’une planète qui n’a l’air ni plus ni moins malade qu’aujourd’hui, mais dont la maladie est dans l’air du temps. Il nous immisce dans les secrets des alcôves gouvernementales, des états-majors, des théâtres d’opération militaire, de la diplomatie, du renseignement et des réseaux d’espionnage luttant contre le terrorisme. Tous les ingrédients sont convoqués pour faire de ce récit apocalyptique un roman passionnant.

“Vivre se conjugue au présent”, Alejandro G. Roemmers

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec son deuxième livre « Vivre se conjugue au présent », paru chez City Editions, Alejandro G. Roemmers prône l’introspection, une pause avec soi pour mieux entreprendre son examen de conscience au bénéfice du bien commun. Le respect et la préservation de la nature sont la trame sur laquelle les personnages interagissent, progressent et remodèlent leur pensée. L’évolution personnelle est le prétexte qui soutient l’intrigue, sans toutefois en être la colonne vertébrale. Elle apparaît comme le résultat et non la cause de cette histoire de transmission… de la vie, dans son sens le plus large. La vie, c’est Fernando, un journaliste qui ne répond pas aux attentes de son père, un ingénieur réputé. C’est Ron Davies, un milliardaire qui met tout en œuvre pour se racheter une conduite, dans son immense propriété de Patagonie. C’est aussi Michael, le fils de Ron qui vit loin de son père, en harmonie avec sa conscience. Autour gravitent deux femmes (Alexia et Vicky) qui se révéleront être le lien entre les trois hommes et les dépositaires d’une mémoire et d’une promesse. « Vivre se conjugue au présent » n’est ni un conte de fées, ni un roman d’amour à l’eau de rose, ni un récit d’initiation, mais c’est un peu tout cela à la fois. L’écriture est fluide, sage, bienveillante, sans aspérité. Le plaisir de lecture n’en est pas moins réel.

“Mensonges inavouables”, Jacqueline Winspear (City Éditions)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Outre-Manche, les enquêtes de Maisie Dobbs sont aussi connues que celles de Sherlock Holmes et Miss Marple. Depuis la naissance de son héroïne, Jacqueline Winspear tisse ses intrigues dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres. Maisie Dobbs est une femme peu commune, avec une intelligence au-delà de la moyenne, très perspicace, car aussi logique qu’observatrice, avec des qualités ultra-sensitives, pour ne pas dire médiumniques. Bien qu’issue de la classe ouvrière, elle reçoit une solide éducation grâce à son employeur qui a discerné en elle un potentiel prometteur. En 1914, elle rejoint le front français comme infirmière, où elle connaît l’amour véritable, mais au destin tragique. Après la guerre, son mentor l’incite à s’installer comme détective à Londres. Seizième opus de la série policière historique, l’enquête dans « Mensonges inavouables » se situe presque dix ans après la fin de la Première Guerre mondiale. On suit Maisie Dobbs avec plaisir et intérêt. On ne peut que s’attacher à ce personnage exceptionnel dans ses aptitudes, son éthique rigoureuse et la force sereine qu’elle dégage. Efficace et passionnant !

“Derrière les grilles de Summerhill”, Nikola Scott

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
« Derrière les grilles de Summerhill », aux éditions City, est un hymne à l’amour dans toutes ses composantes. Fidèle à ces précédents ouvrages, des sagas familiales aux secrets bien gardés, l’auteure Nikola Scott nous présente un roman du même genre, à deux voix et sur deux temps différents. Madeleine, alias Maddy, et Chloe, en apparence, n’ont rien en commun, si ce n’est le livre pour enfants, Les extraordinaires aventures de Foxy le Grand, que la première a publié avec sa sœur Georgiana et que la seconde a adoré, par la voix de son père qui le lui lisait avant de s’endormir. Une madeleine de Proust, en quelque sorte ! Dont la jeune Chloe va se saisir avec l’avidité d’une naufragée et une reconnaissance éperdue pour cette main tendue. Le roman esquisse avec acuité des personnages aux traits bien caractérisés, qui traversent les remous du destin et doivent se réinventer pour gagner la paix du cœur. Une paix si chèrement payée. Madeleine en sait quelque chose, elle qui a perdu sa raison d’être la veille de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Nikola Scott signe là un roman choral de femmes émouvant, prenant et actuel en évoquant les violences faites aux femmes.

“La messagère de l’ombre”, Mandy Robotham

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Sur le même thème de son premier roman « L’Infirmière d’Hitler » (Ed. City – 2019), Mandy Robotham récidive avec « La Messagère de l’Ombre », chez le même éditeur. Cette fois-ci, elle noue son intrigue à Venise, au temps de l’oppression allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce roman choral relate l’histoire d’une journaliste anglaise, Luisa, qui, au décès de sa mère, en 2017, part en quête de ses origines italiennes dont elle ne sait rien. Elle se souvient à peine de Stella et de Giovanni, ses grands-parents. En parallèle des recherches de Luisa, nous découvrons la vie de Stella, une jeune journaliste recrutée par la Résistance italienne pour écrire nuitamment dans le journal clandestin, Venezia Liberare. Le jour, elle est traductrice pour le haut commandement nazi, le quartier général du Reich, où elle glane de précieuses informations pour la Résistance. Dans ce roman, les jours et les événements se répètent, comme une marée montante et descendante, sans véritablement d’actions ni de surprises. Pourtant, l’auteure parvient à maintenir une tension suffisante jusqu’au dénouement qui submerge, mais sans étonner, tel l’Acqua Alta, cette forte marée qui se rappelle régulièrement au bon souvenir de la Cité des Doges.

Owen, l’enfant autiste devenu le héros de sa vie animée

Temps de lecture : 7 min ÉVÉNEMENT/ACTU
Lundi 30 janvier dernier, à Paris, le Théâtre de l’Atelier, par essence réceptacle privilégié d’émotions, a ouvert grand ses portes à la cause de l’autisme. C’était une première pour ce théâtre qui offrait une Générale « livresque » pour le lancement en France de « La vie animée » (éditions Saint-Simon), un puissant et touchant témoignage de Ron Suskind, journaliste réputé (lauréat du prix Pulitzer) et écrivain américain. L’auteur y relate le combat de sa famille dont la vie a été irrémédiablement bouleversée par l’autisme régressif du cadet, Owen, âgé de trois ans, en 1993. Afin d’élargir le débat sur la diversité de l’autisme, la comédienne Sandrine Bonnaire a évoqué sa sœur, Sabine, qui vit depuis 48 ans avec le syndrome d’Asperger. Était aussi conviée Myriam Perrin, psychanalyste à Rennes, qui promeut en France la méthode que Ron Suskind et son épouse Cornelia ont développé avec une réussite exemplaire et inattendue, la « thérapie par affinité », c’est-à-dire une approche fondée sur les passions des autistes. Elle a ainsi organisé le premier colloque international sur le sujet à l’université de Rennes 2, en 2015.

“Comédies urbaines.com”, Alexandre Tsypkine

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
L’acuité dans la perception. La causticité dans l’humour. La finesse dans le style. La promesse du “Beigbeder russe” est tenue. Comédies urbaines.com d’Alexandre Tsypkine est un cocktail de plaisirs de l’esprit, d’une grande modernité, mêlant piquant et tendresse. Une fois secoué avec énergie dans le shaker des idées, le breuvage exquis, agrémenté d’un zeste de malice, détone et n’épargne personne. Les femmes, les hommes, les riches, les pauvres, la jeunesse débridée qui ne respecte plus rien, la vieillesse qui s’accroche aux traditions. Cet écrivain journaliste ne s’oublie pas dans le décorticage satirique des mœurs russes, principalement moscovites et Saint-Pétersbourgeoises. Il tourne en dérision ses faits de guerre devant la gent féminine et les scuds encaissés avec une bravoure stoïque admirable.

Macha Publishing, l’envol des livres

Temps de lecture : 5 min PORTRAIT PASSION
Agence éditoriale depuis 2009, Macha Publishing rejoint le cénacle des éditeurs en septembre 2015. L’amour des livres libres de toute attache partisane, une curiosité pour les auteurs à la plume authentique, nuancée, incisive, un intérêt sincère pour l’amitié historique franco-russe. Dotées de ces qualités, la directrice de Macha Publishing Marie Renault ne tardera pas à s’imposer dans l’arène de l’édition avec ses propositions d’ouvrages, sur des sujets d’actualité ciselés, des beaux livres en “réalité augmentée”, des romans contemporains ouverts sur le monde et des textes coquins oubliés d’écrivains classiques français.

“Crazy in love”, Lauren Chapman

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Ponctuée de “Boum… Boum… Boum…” et de “Connard… Connard… Connard”, l’histoire “Crazy in love” dévoile une passion exacerbée qui défie l’entendement. Le propre de la passion est la déraison. Certes ! L’auteure, Lauren Chapman, s’est d’ailleurs inspirée d’une rencontre de cette force émotionnelle pour écrire cette histoire de possession charnelle. Mais faut-il pour autant se perdre au point d’en oublier de construire une histoire attachante ? Hélas, l’addiction ne vaut que pour les deux personnages entre eux, le lecteur exigeant risque de se lasser de l’immaturité immuable de Mélodie et de la perversité excessive de Ryan. Les 464 pages laissaient espérer un souffle romanesque décoiffant. Hélas ! Hélas ! Hélas !

“Un cerveau sain dans un monde toxique”, John Gray

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥
Vingt-quatre ans séparent “Un cerveau sain dans un monde toxique” du best-seller “Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus”. De conseiller conjugal et coach, John Gray s’est depuis transformé en chercheur. Atteint de la maladie de Parkinson, l’écrivain s’est intéressé de plus près à l’origine de son affection, dont il connaissait, pour en avoir été témoin près de lui, l’issue fatidique. À savoir l’oxydation du cerveau… dont il s’est guéri. Une guérison en dehors des frontières de la médecine traditionnelle ne pouvait qu’enthousiasmer et titiller la curiosité sur ce “miracle”.

“Comme par magie – Vivre sa créativité sans la craindre”, Elizabeth Gilbert

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Après un best-seller, est-il possible d’écrire de nouveau ? Le simple fait de se demander si une réussite peut se renouveler est déjà, en soi, assez angoissant… n’est-il pas ? À partir de cette question, Elizabeth Gilbert déploie une large réflexion autour de la créativité et la manière dont devrait le vivre la personne, c’est-à-dire sans la craindre. Avec humour et le parler franc qui ont fait son succès, en 2008, dans « Mange, prie, aime », l’auteure redéfinit ce qu’est la création à travers ses propres expériences d’écrivain et celles de ses amis ou connaissances, avec la simplicité qui la caractérise.

“L’homme qui voulait toucher le ciel”, Tanis Rideout

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Tanis Rideout souffle à son héros, George Mallory, les mots de Dante, alors qu’il retrouve sa montagne, le mont Everest, enfin : « Avant moi, rien n’a jamais été créé qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement ». Tout est dit de la passion que porte l’alpiniste pour la plus haute et encore vierge cime de l’Himalaya. L’auteure signe avec « L’homme qui voulait toucher le ciel » une épopée à cisailler le souffle, menée avec finesse jusqu’à l’acmé du suspense.

“Boston girl”, Anita Diamant

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Avec son dernier roman, Boston girl, Anita Diamant nous immerge dans la période passionnante du début du siècle dernier dans la ville de Boston, aux États-Unis. L’atmosphère y est intimiste, empruntée à la confidence d’une biographie. Addie, une grand-mère pétillante, transmet avec tendresse et honnêteté son histoire de vie à sa petite-fille Ava, alors adulte, qui l’a interrogée sur ce qui a fait d’elle ce qu’elle est. Grande question ! Qui n’a jamais osé la poser à l’un de ses grands-parents ? Difficile de s’imaginer qu’il a été jeune avec des envies et des rêves qui frémissent jusqu’au bout des doigts, prêt à l’imprudence et à la désobéissance pour s’élever dans la société. C’est cet accomplissement que propose l’auteur avec bonheur.

“Les Traversées”, Solange Delhomme

Temps de lecture : 2 min Avis de PrestaPlume ♥♥
Les traversées est un premier roman avec l’élément « eau » en toile de fond. Le tangage est assuré. Tout au long de l’histoire, on s’accroche aux mots comme à des bouées pour retrouver la terre ferme, la solidité, la raison. L’évitement est impossible, on est pris au piège dans le ressac des troubles psychologiques de trois générations de femmes qui submerge et laisse pantois.

“Avant de t’oublier”, Rowan Coleman

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥♥
Avec Avant de t’oublier, l’auteur nous livre avec force et rythme une histoire bouleversante, nous immergeant avec délicatesse dans l’univers d’une maladie qui terrifie. Elle décrit et décrypte avec justesse la dégénérescence, cette traîtresse qui surprend dans ses allers et retours, et conte le monde intérieur de Claire qui jamais n’oublie la maladie tout en ne sachant plus à quoi sert une fermeture Éclair.

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