“Pour l’amour de : le Dauphiné”, Évelyne Dress (Éditions Magellan & Cie)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Dans ce dernier opus « Pour l’amour de : le Dauphiné », aux éditions Magellan & Cie, Évelyne Dress s’invite chez vous pour vous susurrer à l’oreille la beauté de sa région, le Dauphiné. Habitués de ses romans, fortement ancrés dans la terre et ses racines familiales, les lecteurs fidèles ne seront pas dépaysés par cet essai touristique qui, loin d’être un pensum de l’Office du tourisme, a été construit comme une balade dans les souvenirs et sur les chemins chers au cœur d’enfant de cette auteure prolixe. Cet ouvrage, très léger dans un sac de plage, est la lecture idéale sur les lieux de vacances, que l’on soit à la montagne, en campagne ou à la mer… Il vous fera voyager sur cette route Napoléon que l’auteure affectionne tant et qu’elle vous propose de parcourir en sa compagnie, en mêlant savamment souvenirs personnels et histoire de France. Un pari osé, qui ne relève ni du narcissisme ni de l’opportunisme. C’est au contraire un chemin détourné par lequel l’expression « école buissonnière » prendrait une connotation positive. N’apprend-on pas mieux loin des balises du conformisme qui vous dicte quoi et surtout la manière d’apprendre ? Avec Évelyne Dress, on se sent en terrain ami pour découvrir l’histoire et la géographie de son berceau familial qui fut rattaché à la France en 1349. C’est donc une belle et longue histoire d’amour qu’il vous est proposé de découvrir !

“Kiosque”, Jean Rouaud

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Bravant l’interdit maternel : « Tout sauf le commerce ! », Jean Rouaud devint kiosquier. Non pas par contradiction ou bravade, mais par nécessité alimentaire. C’était dans les années 80, il était apprenti écrivain en recherche de style, d’éditeur, de lecteurs, de reconnaissance. Avant “Les Champs d’honneur” premier roman et Prix Goncourt en 1990, nombre de ses manuscrits avaient été impitoyablement refusés. Son style n’étant pas dans l’air du temps. Ces sept années à vendre les journaux au 101 rue de Flandre dans le XIXe arrondissement de Paris formeront la matière génitrice de personnages aussi singuliers qu’attachants dans leurs fêlures épidermiques et leur intempérance verbale…

“La vie est plus belle en musique”, Claire-Marie Le Guay

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Claire-Marie Le Guay en est convaincue : la vie est plus belle en musique ! La volée de notes sur la couverture illustre l’enthousiasme qui se répand au fil des pages en une variation de rythmes sous la baguette passionnée d’une virtuose du piano et des sensations. Balayés les a priori ou la retenue, ce livre brillant n’est pas fait que pour les initiés ! « La vie est plus belle en musique » est un ouvrage didactique à la portée de toutes les émotions, qui réussit à concilier tous les publics et à captiver tant le mélomane averti que le profane complexé. La musique classique parle à tous, mais son universalité n’embrasse que ceux qui lui prêtent l’oreille. C’est ce que propose humblement la pianiste concertiste. À travers les œuvres citées, Claire-Marie dévoile aussi la femme passionnée et engagée, au gré des notes de musique qui égrènent les siècles sans perdre de leur force ni de leur poésie. C’est un livre précieux à garder toujours près de soi, tel un remède aux maux de l’âme, dans lequel puiser sans fin selon les humeurs et les envies.

“Avec toutes mes sympathies”, Olivia de Lamberterie

Temps de lecture : 9 min CHRONIQUE PLUS
« Où es-tu ? » s’interroge Olivia de Lamberterie, tout au long de son récit « Avec toutes mes sympathies », primé Prix Renaudot de l’essai 2018. Cette interrogation est un cri silencieux, digne et terriblement vivant qui vient souffler sur les braises de l’amour fraternel. Son frère adoré, qu’elle qualifie de flamboyant et de mélancolique, s’est jeté du pont Jacques-Cartier à Montréal le 14 octobre 2015. Enfant, il était choyé au milieu de ses trois sœurs. Adulte, il avait tout pour être heureux : une femme et des enfants merveilleux, un métier de directeur artistique chez Ubisoft à Montréal qui comblait sa créativité exubérante. Alors d’où lui venait ce mal-être qu’il combattait à mots nus, s’écorchant la vie jusqu’au sang ? Serait-il possible que l’hérédité y ait mis son grain sable ? Car, dans la famille de Lamberterie, le suicide est une fatalité qui touche les hommes, telle une maladie rare incurable ? Il se passera bien des consultations avant qu’un médecin pose un diagnostic irréfutable qui, sans expliquer son mal, lui donne une raison d’exister : la dysthymie, une forme de dépression chronique. En filigrane, ce récit pose la question des difficultés de prise en charge de ces maladies et les traitements appropriés.

“Le Jardin d’Orléans”, Catherine Saulieu

Temps de lecture : 4 min CHRONIQUE
“Le Jardin d’Orléans” relate la saga familiale des Legros-Magloire, de riches bourgeois dijonnais réfugiés à Oran dans un XIXe siècle finissant, après la ruine de leur fabrique de moutarde. Cette histoire privée aurait pu le rester si Catherine Saulieu ne s’était penchée sur les Mémoires de son grand-père Joseph Magloire, un récit d’un peu plus de trois cents pages, minutieusement reliées, qui s’étend de 1870 à 1945 et se déroule en France et en Algérie. L’héritière de cette histoire sur plusieurs générations ne se contente pas d’évoquer les événements familiaux, les convictions religieuses et politiques, et de dépeindre les personnalités tranchées et extrémistes des protagonistes, elle les examine à la loupe des mentalités d’alors pour mesurer l’aveuglement et le déni de ce grand-père dévot, antisémite et nationaliste. Ce récit bâti comme un docu-fiction est d’un intérêt sociologique et historique certain, car se faisant l’écho d’une société française d’expatriés par l’exposition d’un “cas d’école”.

“Ces jours qui ne sont plus”, Françoise d’Origny

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Avec “Ces jours qui ne sont plus”, Françoise d’Origny pose un regard sincère et lucide, mais aussi amusé et sans concession, sur une vie personnelle intense et l’évolution d’une époque fastueuse révolue. Aristocrate, sportive et artiste-peintre, l’auteure a suivi le sillage de ses parents (anciens résistants de la première heure) qu’elle vénérait comme des dieux en faisant montre de fidélité à ses principes, de courage, de devoir… et de caractère. Son frère Henri et elle n’ont pas été étouffés de baisers, mais ont reçu une éducation stricte qui ne tolérait aucun manquement. Ce dont elle les remercie. Cette éducation lui a permis d’affronter une vie très exigeante faite de conventions, de protocoles et de bienséance. Mais aussi surprenante et rocambolesque. Devenue Comtesse d’Harcourt, après un mariage plus teinté d’entente cordiale que d’amour, Françoise d’Origny a osé divorcer pour rencontrer quelques années plus tard l’amour dans les beaux yeux d’un scientifique.

“L’Ordre du jour”, Éric Vuillard

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Les écrits d’Éric Vuillard sont régulièrement distingués par des prix. Avec le dernier en date, “L’Ordre du jour” chez Actes Sud, il décroche le prix Goncourt, le Saint Graal des auteurs, alors même qu’il n’était pas favori. Le thème et le style ont emporté l’adhésion de la majorité du jury ; ils plairont à coup sûr à ceux qui n’ont pas encore lu ce petit bijou d’orfèvrerie littéraire. L’auteur s’est penché sur le thème de la Seconde Guerre mondiale, mais circonscrit au financement du parti national-socialiste et à l’Anschluss. Sujet ambitieux s’il en est par la rareté des ouvrages sur ce pan délicat, mais fondamental, de l’Histoire. Car, au début, il y a toujours l’argent ! Sans financement, y aurait-il eu l’annexion de l’Autriche ? Hitler aurait-il eu les moyens de sa démesure ? L’auteur met brillamment en perspectives l’envers de cette invasion loin d’être aussi glorieuse que ce que la propagande nazie a voulu faire croire. Il nous l’explique avec la précision d’un compte-à-rebours inéluctable. Les dates se répondent entre elles et se répercutent dans la promesse de la fureur. Le déroulement des préparatifs de guerre est la funeste conséquence de ce fameux ordre du jour qui a validé le versement de dons substantiels dans les caisses du parti.

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