“Adieu Monsieur Haffmann”, une pièce d’orfèvrerie !

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Dans une atmosphère bleu nuit dépouillée d’artifice, le drame se devine sur la scène du Petit Montparnasse. « Adieu Monsieur Haffmann » nous projette à l’époque sombre de l’Occupation allemande et de la collaboration, des propos antisémites diffusés à la radio TSF et des privations. L’étoile jaune qui ponctue le « i » de « Adieu » sur l’affiche éclaire les escaliers qui mènent à la cave de la demeure de Monsieur Haffmann. L’histoire commence au lendemain de la rafle du Vél’ d’Hiv’. Joseph Haffmann ne peut plus fuir afin de rejoindre sa femme et ses quatre enfants réfugiés en Suisse. Aussi il propose à Pierre Vigneau, son talentueux tailleur de pierre, de lui confier la gestion de sa bijouterie s’il accepte de le cacher. Si la gravité du sujet promet de l’émotion et de la tension, la pièce de Jean-Philippe Daguerre surprend par cette brise comique qui décuple la force des sentiments ressentis. Son écriture vibrionne de décalages qui conduisent la pesante gravité à valser avec un humour souvent satirique. Cette union inattendue est le socle de la réussite de cette création bouleversante, qui est très bien servie par les cinq comédiens impliqués, complices et terriblement présents. Une pièce qui pourrait se voir consacrée, le 28 mai prochain, lors de la remise des Molières 2018, où elle est en lice dans six catégories, dont le « Meilleur spectacle du théâtre privé ».

“En attendant Bojangles”, le sacre pour trois cœurs fidèles

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Pour ceux qui ont dévoré le livre, la fidélité est l’impression qui prédomine en découvrant la pièce de théâtre, au théâtre de la Pépinière. La fidélité au texte brillant, la fidélité aux émotions suscitées, la fidélité à l’intensité des personnages. « En attendant Bojangles » vous invite à entrer dans la danse entraînante de l’auteur Olivier Bourdeaut, adaptée et mise en scène avec talent et respect par Victoire Berger-Perrin. Il faut être mû par une grande humilité pour ne pas essayer d’imposer son tempo, mais au contraire de mettre en musique des mots qui contiennent l’essence de la vie ! Quant aux trois acteurs, ils donnent aux personnages une consistance bouleversante et une force remarquable. Le père (Didier Brice), la mère (Anne Charrier) et l’enfant (Victor Boulenger) évoluent sous l’air de Nina Simone et tourbillonnent avec élégance sous le souffle dramatique. Le panache est tel que l’on s’identifie aux personnages divinement fous et follement divins !

« Un petit jeu sans conséquence », les hasards du désamour

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
La belle lumière de la comédie de Jean Dell et de Gérald Sibleyras, “Un petit jeu sans conséquence”, ne faiblit pas avec les années. La mise en scène d’Éric Laugérias (metteur en scène, mais aussi comédien, auteur, scénariste, homme de radio) prolonge le charme croustillant qui avait fait de ce texte savoureux un vrai succès en 2003. Le Molière de la meilleure pièce à sa création ne saurait le démentir ! Produite par la Compagnie des Hauts de Scène, la pièce “Un petit jeu sans conséquence” se renouvelle au théâtre Le Mélo d’Amélie, à Paris, avec de jeunes comédiens surprenants de sincérité et de vivacité.

“Le sommeil le plus doux”, de Anne Goscinny

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
“Le sommeil le plus doux”, de Anne Goscinny, est un roman qui brille par son élégance. L’élégance des mots alliée à l’élégance de l’esprit. L’alliance est magnifiée par des phrases à la musique poétique chargées d’émotions et d’images aux couleurs pastel. L’écriture délicate est une lente respiration, celle de deux femmes d’abord, d’une mère et de sa fille qui s’acheminent vers une séparation définitive, sous l’œil compatissant d’une grand-mère qui s’égare dans ses tendres souvenirs. Puis celle d’un homme qui s’interroge sur sa relation avec sa femme qui s’éloigne dans son monde intérieur, éclaboussé de peintures abstraites.

“Locataire”, Tudual Akflor

Temps de lecture : 4 min CHRONIQUE PLUS
Il s’en passe de belles à Kermaro ! Dans ce petit village du Finistère vivote un couple de retraités, les Kazec. Ils ont une retraite maigrelette, de bons légumes du jardin et du tord-boyaux à volonté. Enfin, ça, c’était la belle vie d’avant… avant l’arrivée d’un olibrius de Paris qui a loué pour une semaine de vacances leur “pennty”, une maisonnette au charme limité au fond du jardin. Dès la prise de possession des clés jusqu’à leur remise explosive, la relation entre Jean-Luc Kazec et John Canari est étrange, insaisissable, dérangeante. Au fil des jours, elle prend des allures de guérillas disproportionnées, où tous les coups sont permis, surtout ceux qui viennent l’air de rien, coiffés d’amabilités vengeresses.

“Tango Loft”, Véronique Sauger

Temps de lecture : 4 min CHRONIQUE PLUS
Ils s’aiment, un peu, beaucoup, passionnément… à la folie. Un loft aux parois de verre glacées. Un couple de danseurs de tango en fusion amoureuse. Suzy, si affriolante dans ses chaussures noires à talon haut. Jean, torse bombé de tendresse et de lâcheté. Et, entre les deux, s’incruste dans cette danse langoureusement mortelle un enfant de 34 ans rejeté par un couple de médecins inquiétants. Un peu dérangé, un matheux qui compte, la nuit, s’adressant aux étoiles et à la lune, qui leur récite des vers bancals, sans tête ni queue, sans fin. On l’appelle Brume.

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