“Les Filles de la section Caméléon”, Martine Marie Muller

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Un roman comme je les aime, mêlant l’histoire de l’humanité à celle des hommes qui la composent tout en abordant un aspect méconnu. « Les Filles de la section Caméléon » (Les Presses de la Cité), de Martine Marie Muller, nous transporte dans les coulisses de la guerre 14-18, vécues à travers le quotidien d’ouvrières, une communauté formée de veuves, d’orphelines, de filles-mères sans logis et d’une ribambelle d’enfants. Elles n’avaient pour toute richesse que leurs souffrances et leur courage. Elles deviendront expertes dans l’art du camouflage en intégrant la Section Caméléon sous la direction du peintre Lucien-Victor Guirand de Scévola, de décorateurs de théâtre et de l’illustrateur Joseph Pinchon (Bécassine). Chapitre de l’histoire peu connu, le camouflage militaire a sauvé nombre de soldats au front qui, pantalon garance et capote bleue, étaient des cibles de choix pour l’ennemi. Il a fallu toute l’ardeur et la ténacité du peintre Scévola pour faire accepter au haut commandement toute la valeur tactique de son invention face à l’hécatombe. Un roman passionnant, fouillé, documenté, s’attachant à la véracité des faits, même si quelques licences parsèment le récit ici ou là pour colorer la grande histoire des émotions, des sentiments, des valeurs constitutives de notre humanité. Un bel hommage qui fait passer un très bon moment.

« Isabeau de Limeuil, la scandaleuse », Isabelle Artiges

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec ce dernier roman historique, « Isabeau de Limeuil, la scandaleuse », aux éditions De Borée, Isabelle Artiges plonge son héroïne en pleine guerre de religion. Au-delà du destin prodigieusement romantique d’Isabeau de Limeuil, ce sont les fractures intestines d’un peuple français désuni devant Dieu qui sont décrites. L’écriture imagée, cinématographique, nous donne à visualiser les scènes, les plus torrides comme les plus cruelles. Les hommes sont des loups entre eux, c’est bien connu. Mais, dans ce roman, la scission religieuse apparaît comme une scission plus politique – notamment la guerre sans merci que se sont livrés les de Guise et les Condés – qui a provoqué des milliers de morts, des gens de hautes lignées comme de pauvres quidams. Racontée à deux voix, en alternance entre le narrateur et Isabelle, la servante et également sœur de lait d’Isabeau, l’histoire se construit dans une temporalité double et progressive entre 1550 et 1610. Enlevé, documenté et passionnant, ce roman maintient l’intérêt jusqu’au bout, donnant du grain à moudre à la curiosité qu’il suscite. Que l’on soit familier ou pas de cette époque particulière de la Renaissance, on ne peut qu’être happé par la grande et la petite histoire qui s’enchâssent si bien.

“Napoléon, la nuit de Fontainebleau”, duel éblouissant entre l’Empereur et son humanité

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
À la Folie théâtre, jusqu’au 31 juillet 2021, se livre un duel à l’acmé de l’art scénique entre l’immortelle légende et l’homme mortel. Napoléon Bonaparte est à l’agonie dans sa chambre de Fontainebleau, où il est tenu à résidence après sa première abdication. Nous sommes dans la nuit du 12 au 13 avril 1814, à un virage décisif pour l’Empereur vaincu qui a décidé de mourir cette nuit-là. « Napoléon, la nuit de Fontainebleau » est un huis clos historique véridique éblouissant par la singularité du sujet, la force du verbe et l’authenticité du jeu des comédiens. La grande histoire en tremblerait presque dans ses fondations tant elle est bousculée par la puissance de feu éruptive du héros déchu et la portée philosophique sur la mort qui le transcende. Tel un homme au service de sa grandeur. La salle est en surchauffe émotionnelle tandis que Napoléon grelotte de douleur. En évoquant ce pan méconnu de l’histoire napoléonienne, l’auteur et metteur en scène Philippe Bulinge nous gratifie d’une nuit inoubliable qui condense jusqu’à l’extrême l’essence d’une fresque vivante aussi adulée que haïe. Mais, surtout, qui donne à voir l’homme derrière l’être exceptionnel qu’il fût et que l’Histoire a porté aux nues. En cette terrible nuit décisive, l’homme éreinté, abandonné de presque tous, sans armée, sans perspective de conquête, parviendra-t-il à faire taire l’Empereur qui tambourine au seuil de la mort pour ausculter sa vie d’homme ?

“Le Tigre, le Vert Galant, la perfide Albion et les autres… Les surnoms au fil de l’histoire”, Daniel Lacotte (Christine Bonneton Éditions)

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
On pense avoir fait le tour de la langue française et de ses thématiques. C’était sans compter sa richesse infinie et l’imagination espiègle de Daniel Lacotte. Pour notre plus grande joie, le lexicographe écrivain publie son dernier ouvrage « Le Tigre, le Vert Galant, La Perfide Albion et les autres… – Les surnoms au fil de l’histoire », aux éditions Christine Bonneton. Ce nouvel opus, aussi érudit que ludique, fourmille de renseignements sur les surnoms des « grands » de ce monde à travers les siècles et qui sont remontés jusqu’à nous. L’auteur passe en revue, par ordre alphabétique, les qualificatifs, les surnoms et autres sobriquets d’immenses personnages de l’histoire non seulement française, mais aussi universelle. Daniel Lacotte prend un malin plaisir à rétablir la vérité de ces personnages et également de ces époques ou lieux, comme les « Trente Glorieuses », la « Belle Époque » ou la « Perfide Albion ». Il nous régale d’anecdotes, de connaissances, jamais superfétatoires tant le plaisir d’apprendre est nourri tout au long des pages.

“Déjà, l’air fraîchit”, Florian Ferrier (Plon)

Couverture de "L'air fraîchit déjà"

Temps de lecture : 4 min LITTERATURE
Scénariste de bande dessinée et réalisateur de séries télévisées jeunesse, Florian Ferrier est aussi un écrivain confirmé qu’il faut absolument lire. Avec son dixième ouvrage, « Déjà, l’air fraîchit », chez Plon, il commet un roman remarquable par le thème, l’angle et la structure de l’histoire. Hardi et talentueux, l’auteur a franchi avec le Rhin la frontière de l’horreur pour nous faire remonter le temps de la Seconde Guerre mondiale. Son œil scrutateur et sa verve narrative se sont intéressés au parcours d’une jeune Allemande, innocente… enfin, pas tant que cela si on considère sa nature cruelle. À travers ce personnage complexe, Florian Ferrier décrit à merveille les trois temps du nazisme : l’embrigadement de la population, l’avènement triomphateur et la débâcle finale. Adossé à une documentation fournie, ce roman se lit comme une leçon d’histoire et de mœurs émouvante et passionnante, où les sentiments d’amour comme de haine sont exacerbés. On se glisse peu à peu dans la peau d’Elektra, on se prend à lui trouver des circonstances atténuantes avant de s’insurger contre cette idée rebutante. Une lutte s’engage en sourdine en soi, tandis que l’histoire nous tire par la manche. On est prisonnier du style qui prend aux tripes et du suspense qui s’instaure ; oui, prisonnier, à l’instar d’Elektra qui doit rendre des comptes aux Alliés, après la défaite du IIIe Reich. Elle encourt la peine de mort. Dans l’attente de son jugement, elle est interrogée sur les crimes qu’elle aurait pu commettre, même si sa tâche n’a consisté qu’à confisquer, déporter et tuer… des livres. Enfin…, c’est ce qu’elle ne cesse répéter.

“L’Été des quatre rois”, Camille Pascal

Temps de lecture : 4 min CHRONIQUE
Le confinement est propice au temps long, ce temps qui se savoure sans précipitation. Il permet de se jeter à l’assaut d’un poids lourd de littérature, au propre comme au figuré : « L’Eté des quatre rois », de Camille Pascal, paru chez Plon. Cette fresque historique passionnante de 643 pages, à lire comme un polar, s’est vu récompensée par le Grand Prix du roman de l’Académie française 2018. En droite ligne des mémorialistes, cet agrégé d’histoire et haut fonctionnaire français signe un ouvrage d’une précision d’horloger sur la révolution de 1830 connu sous le nom des « Trois Glorieuses ». Il relate par le menu et par le prisme de nombreux personnages historiques (politiques, écrivains, journalistes, diplomates…) ce temps extrêmement court – un été caniculaire –, mais d’une intensité insensée, où le peuple français se soulève en juillet 1830 contre son roi Charles X. Par la convergence des manigances politiques et de la main malicieuse du hasard, Louis-Philippe d’Orléans, fils de Philippe-Égalité (le régicide ayant prononcé la peine capitale de son cousin Louis XVI), devient-il lieutenant général du royaume avant d’accepter, presque contraint et forcé, les deux héritages antagonistes de la monarchie et de la République… après l’abdication de Charles X, de son fils Louis XIX et de son petit-fils Henri V.

“L’Affaire des Heurlières”, Joël Pénicaud

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
« L’affaire des Heurlières », de Joël Pénicaud, est un roman de terroir qui plonge ses racines paysannes dans les secrets d’une famille du Maine angevin. Cette saga familiale qui touche deux générations met en lumière la filiation, le poids des silences et les bouleversements d’une confession aux dernières heures de la vie. Grâce à un traitement digne d’un bon polar, le lecteur s’immerge d’emblée dans le quotidien des Heurlières, cette ferme éponyme du bourg du bout du monde, proche de La Flèche. Et est projeté au centre de l’intrigue romanesque et criminelle en accompagnant Clémence et Julien, un jeune couple adultère qui s’aime et veut s’enfuir, loin de l’enfer que lui fait vivre la « vieille », Thérèse Langlois. Nous sommes en 1919 et Fernand Langlois, le violent mari de Clémence, qui a fini par revenir des tranchées, n’entend pas se laisser déposséder de son bien le plus précieux : sa belle épouse. Soutenue par une mère revêche, connue dans le village pour méchante et grippe-sous, Fernand assure une surveillance de chaque instant pour surprendre les fautifs… jusqu’au jour où le malheur vient frapper à la porte des Heurlières et bouleverser le cours de l’histoire.

“Gustave Eiffel, En fer et contre tous”, impossible n’est pas Eiffel

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Avec « Gustave Eiffel En fer et contre tous », le temps des grands rêves a établi son camp de base au Théâtre Le bout. La biographie théâtralisée qu’Alexandre Delimoges a consacré à Gustave Eiffel est une première d’une longue série de parcours hors normes. La prochaine sur Joséphine Baker étant en cours de rédaction. Une série que l’on ne manquera pas de suivre si l’écriture et l’interprétation sont d’aussi bonne qualité que ce petit bijou retraçant l’œuvre d’un visionnaire pragmatique, aux idées fécondes, et qui avait l’intelligence instinctive de céder à ses rêves, même les plus fous. Ce « seul en scène biographique », joué en alternance par Alexandre Delimoges et Valentin Giard, est une réussite sur tous les plans. Elle captive d’emblée, nous arrachant de notre condition figée de celui ou de celle qui écoute, car cette pièce-là transporte, insuffle une force, élève les idéaux. Elle va jusqu’à ranimer ses propres rêves égarés sur la voie de la raison.

“L’Épicerie”, Marie d’Hauthuille

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Si vous cherchez un bon roman du terroir pour égayer vos vacances d’été, je vous conseille une petite halte en Dordogne, délicieuse, dépaysante et singulière, sous la plume voyageuse de Marie d’Hauthuille. Son premier roman, “L’Épicerie”, nous entraîne dans une histoire fantastique où passé et présent se confondent grâce à une curieuse épicerie, dont la belle devanture de bois peint est classée. Elle se situe à Saint-Cybard, une charmante bastide avec son église aux vestiges remarquables, sa placette sous les couverts avec un puits au centre, le café des Cornières sous les arcades et des habitants soudés par un secret : tout originaire de cette bourgade est projeté au temps de l’Occupation, dès qu’il franchit le seuil de l’épicerie. Les étrangers de Saint-Cybard, eux, peuvent pénétrer dans ce magasin transformé en supérette flambant neuve pour y faire leurs emplettes. Une malédiction ? Plutôt un appel à la réparation d’un destin contrarié en 1945.

“Adieu Monsieur Haffmann”, une pièce d’orfèvrerie !

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Dans une atmosphère bleu nuit dépouillée d’artifice, le drame se devine sur la scène du Petit Montparnasse. « Adieu Monsieur Haffmann » nous projette à l’époque sombre de l’Occupation allemande et de la collaboration, des propos antisémites diffusés à la radio TSF et des privations. L’étoile jaune qui ponctue le « i » de « Adieu » sur l’affiche éclaire les escaliers qui mènent à la cave de la demeure de Monsieur Haffmann. L’histoire commence au lendemain de la rafle du Vél’ d’Hiv’. Joseph Haffmann ne peut plus fuir afin de rejoindre sa femme et ses quatre enfants réfugiés en Suisse. Aussi il propose à Pierre Vigneau, son talentueux tailleur de pierre, de lui confier la gestion de sa bijouterie s’il accepte de le cacher. Si la gravité du sujet promet de l’émotion et de la tension, la pièce de Jean-Philippe Daguerre surprend par cette brise comique qui décuple la force des sentiments ressentis. Son écriture vibrionne de décalages qui conduisent la pesante gravité à valser avec un humour souvent satirique. Cette union inattendue est le socle de la réussite de cette création bouleversante, qui est très bien servie par les cinq comédiens impliqués, complices et terriblement présents. Une pièce qui pourrait se voir consacrée, le 28 mai prochain, lors de la remise des Molières 2018, où elle est en lice dans six catégories, dont le « Meilleur spectacle du théâtre privé ».

“Entrez dans la danse”, Jean Teulé

Entrez dans la danse, éditions julliard, chronique littéraire, Jean Teulé

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Jean Teulé n’a pas son pareil pour donner au sordide et à l’horreur une dimension poétiquement démentielle. Dans la lignée des “Mangez-le si vous voulez” ou “Héloïse, ouille !”, son nouveau roman “Entrez dans la danse”, aux éditions Julliard, gratte le fonds des casseroles de l’Histoire, afin de la réinventer en une fable cynique et irrévérencieuse, triviale et recherchée. On reconnaît la signature stylistique de l’auteur qui n’aime rien tant que de reconnaître de la beauté en du vulgaire… à moins que cela soit l’inverse ! Là encore, il vient donc exhumer des archives une chronique alsacienne de 1519 qui décrit un événement hallucinant, à une époque de grande famine et d’extrême pauvreté. Des habitants de Strasbourg réduit à la misère noire se mettent à danser jusqu’à ce que mort s’ensuive. Une danse macabre qui se répand comme une épidémie, l’épidémie de la misère quand le néant remplace l’avenir. Une réflexion sur le désespoir, détonante et critique.

“L’Ordre du jour”, Éric Vuillard

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Les écrits d’Éric Vuillard sont régulièrement distingués par des prix. Avec le dernier en date, “L’Ordre du jour” chez Actes Sud, il décroche le prix Goncourt, le Saint Graal des auteurs, alors même qu’il n’était pas favori. Le thème et le style ont emporté l’adhésion de la majorité du jury ; ils plairont à coup sûr à ceux qui n’ont pas encore lu ce petit bijou d’orfèvrerie littéraire. L’auteur s’est penché sur le thème de la Seconde Guerre mondiale, mais circonscrit au financement du parti national-socialiste et à l’Anschluss. Sujet ambitieux s’il en est par la rareté des ouvrages sur ce pan délicat, mais fondamental, de l’Histoire. Car, au début, il y a toujours l’argent ! Sans financement, y aurait-il eu l’annexion de l’Autriche ? Hitler aurait-il eu les moyens de sa démesure ? L’auteur met brillamment en perspectives l’envers de cette invasion loin d’être aussi glorieuse que ce que la propagande nazie a voulu faire croire. Il nous l’explique avec la précision d’un compte-à-rebours inéluctable. Les dates se répondent entre elles et se répercutent dans la promesse de la fureur. Le déroulement des préparatifs de guerre est la funeste conséquence de ce fameux ordre du jour qui a validé le versement de dons substantiels dans les caisses du parti.

“Volpi, Prince de la Venise moderne”, Bernard Poulet

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
« Volpi, Prince de Venise moderne », de Bernard Poulet, est un essai instructif et éloquent qui relate la biographie de l’industriel et politicien Giuseppe Volpi au temps du fascisme italien, mais aussi son combat passionné et passionnant pour redonner à Venise toute sa grandeur passée. Le journaliste s’emploie avec méthode à percer le « mystère Volpi », comme l’évoque dans sa préface Jean-Paul Kauffmann. C’est un homme de paradoxes qui navigue dans les eaux troubles d’un fascisme économique. L’auteur fait marcher, en parallèle et d’un même pas, Giuseppe Volpi et Venise comme deux inséparables. Il met en lumière les efforts constants de l’industriel pour faire immerger de la lagune la « Troisième Venise » qui s’intercalerait entre ceux qui la conjuguent au passé figé et ceux qui l’imaginent au futur dévastateur. Volpi et Venise, même destinée d’une flamboyance qui finira par déchoir. Le premier pour ne pas avoir eu le temps de se disculper, la seconde pour avoir été abandonnée aux mains d’un capitalisme effréné.

“Le Parlement des cigognes”, Valère Staraselski

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Le 27 mai 2018, Valère Staraselski s’est vu remettre le prix de la Licra 2018 pour ce petit bijou Le Parlement des cigognes, un récit court et puissant qui ravive par réaction un souffle vital jusqu’au tréfonds de l’âme. L’auteur connaît la valeur des mots simples qu’il appose comme un baume sur une plaie de l’Histoire, mais qu’il sait temporaire face à une cicatrisation utopique. On ne guérit pas de la Shoah, on se relève et on essaye de vivre pour transmettre… si on y parvient. “Le Parlement des cigognes” est le témoignage d’un vieil homme qui a échappé au camp de concentration de Plaszow, à Cracovie, en Pologne, mais pas au ghetto. Dans l’Europe de l’Est, la haine des Juifs a généré massacres en règle et persécutions pendant la guerre… et même peu après la victoire des Alliés sur les nazis.

“La sœur du Roi”, Alexandra de Broca

La sœur du roi roman historique Alexandra de Broca

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Avec “La sœur du Roi”, Alexandra de Broca continue de faire fructifier avec bonheur le terreau de l’Ancien régime, sa période de prédilection. Après deux romans (*), l’un sur Marie-Thérèse de France, la fille de Marie-Antoinette et du roi Louis XVI, et l’autre sur la vie de la princesse de Lamballe, l’amie fidèle de la reine de France Marie-Antoinette, l’historienne ravive aujourd’hui, sous une plume royalement inspirée, la vie de Madame Élisabeth, la plus jeune sœur de Louis XVI. Attendrie par la personnalité complexe de son sujet, l’auteure revient sur la période troublée de la Révolution française avec une biographie documentée, qu’elle agrémente d’une histoire d’amour platonique intense à l’avenir incertain. Elle nous livre deux vies, l’une réelle et l’autre inventée, qui cheminent en parallèle dans de courts chapitres jusqu’à la rencontre fortuite qui embrasera des cœurs trop entiers pour fuir un destin capricieux.

« Les Favorites du Renégat », Alain de Savigny

Roman Les favorites du Rénégat

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
“Faire partie des dirigeants d’une grande nation, ceux qui ont une influence sur la marche d’un empire ou d’un royaume.” C’est ce à quoi a aspiré toute sa vie le Comte de Bonneval. Ce converti à l’islam, par la force du destin et un sens de l’honneur chatouilleux, a laissé nombre traces de ses faits de guerre et de ses trahisons qui ont fait de lui un bel aventurier, autant adulé que haï. Avec “Les favorites du Renégat”, Alain de Savigny porte un regard différent sur ce héros historique. Se refusant à écrire une énième biographie, exacte ou fantasmée, l’auteur raconte la vie de ce héros guerrier au travers du regard de six femmes qui l’ont aimé follement. Une approche certes originale, mais qui donne à celui qui deviendra Ahmed Pacha dans l’Empire ottoman une dimension humaine et humaniste forte. Pour un homme qui n’aura vécu que pour les conquêtes, cet ultime assaut de la vérité venant des alcôves, passionnément divertissant et instructif, lui rend un très bel hommage.

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