« Un si petit territoire », Marc Bressant

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Estampillé roman, “Un si petit territoire”, de Marc Bressant, aux éditions De Fallois, est bien plus encore. À mi-chemin entre l’essai et la chronique historique, ce petit bijou de plus de quatre cents pages passionne l’érudit en herbe qui sommeille en chacun. C’est un ouvrage résolument moderne, mais qui emprunte au passé ses plus beaux vestiges. Une langue belle, sans fioritures, un rien académique, un ton joliment caustique, un livre tel qu’aurait pu l’écrire un écrivain du siècle visité. L’auteur, diplomate de carrière, élève le territoire de Moresnet au rang de héros autour duquel gravitent des générations d’hommes et de femmes investis et imaginatifs. Tous n’auront qu’un seul but : donner à cette minuscule terre neutre, riche et désolée, un destin surprenant, hors norme, et pourtant historiquement vrai : celui de devenir l’embryon d’un plus grand territoire soudé qu’on appellerait Europe. Et ce rêve qui commence en juin 1816, un an après Waterloo, va prendre corps et âme le lecteur impressionné et touché. Une préfiguration stupéfiante de l’Europe du XXe siècle… vouée à être engloutie par l’Empire allemand en 1914.

“Maria Deraismes”, Fabienne Leloup

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Voici un personnage de biographie qui vaut le détour ! Il s’agit de Maria Deraismes (1828-1894), une féministe journaliste qui fonda en 1893, avec George Martin, la loge du « Droit humain » qui accueillait indifféremment hommes et femmes. Cette femme de caractère, grande lettrée et infatigable travailleuse malgré une maladie incurable alors méconnue (la maladie de Cronh), est tirée de l’ombre dans une biographie romancée, grâce à Fabienne Leloup, agrégée de lettres, professeur de français et écrivain. Cette femme érudite du XXIe siècle, qui se plaît dans les domaines « marginaux » du savoir, ne pouvait que se passionner pour le parcours franc-maçonnique de Maria Deraismes et réparer l’injustice de l’oubli. « Maria Deraismes, Riche, féministe et franc-maçonne » (éditions Michel de Maule) est un bel hommage littéraire qui plonge le lecteur dans une époque où la place naturelle de la femme n’était pas dans les cénacles politiques ou à la tribune en maître de conférences.

“Toutes ces choses à te dire”, Frédérique Volot

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
L’immersion est profonde et émouvante. Frédérique Volot trempe une plume légère et romanesque dans l’encre réaliste de la vie douloureuse et mouvementée d’Ettore et de Lucie. L’auteure retrace avec une verve saisissante leur trajectoire différente qui va les réunir en 1930, puisant dans leurs origines, leur enfance, leur apprentissage de la vie, entre débrouillardises et audace. Elle leur fait traverser en parallèle des moments personnels éprouvants et des événements historiques tragiques qui vont édifier leur coup de foudre en un amour puissant, indestructible.

“Ma grand’mère d’Arménie”, Anny Romand

Temps de lecture : 3 min Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Quand l’histoire d’une jeune Arménienne se confond avec la grande et tragique Histoire, quand une petite-fille s’imprègne des souffrances de sa grand-mère, quand un récit relie ces deux générations de femmes, se produit un miracle de lecture. Un témoignage saisissant, sans excès, en simplicité cruelle. Anny Romand, déjà connue pour ses talents d’actrice et de traductrice, signe d’une plume pudique, animée par la rondeur et la délicatesse de l’enfance, sans le fard outrancier de l’horreur, un récit authentique sur l’« Askor », le Massacre, le génocide arménien, par la voix de sa grand-mère Serpouhi Hovaghian qui « a besoin de mâcher tout ça, pour essayer de l’avaler, encore et encore ».

Pin It on Pinterest