“Mensonges inavouables”, Jacqueline Winspear (City Éditions)

Temps de lecture : 3 min

Extrait (page 32)
“Il n’y avait pas que Priscilla et sa famille qui occupaient les pensées de Maisie tandis qu’elle se frayait un chemin dans la circulation londonienne. Elle était préoccupée par son entretien avec sir Cecil Lawton, par cette affaire qui pourrait bien se révéler lucrative mais qui semblait lourde d’équivoque. Elle aimait bien clore définitivement ses affaires, pour savoir que ses notes pouvaient être classées sans détails inexpliqués. Elle n’avait pas manqué de remarquer qu’Agnes Lawton avait explicitement demandé à son époux de retrouver leur fils, tandis que Lawton avait chargé Maisie de prouver qu’il était mort, une distinction qui indiquait qu’il risquait de lui poser plus de problèmes que la plupart de ses clients. Elle espérait qu’il déciderait de renoncer à cette enquête.”

“Mensonges inavouables”, Jacqueline Winspear

Avis de PrestaPlume ♥♥♥

Outre-Manche, les enquêtes de Maisie Dobbs sont aussi connues que celles de Sherlock Holmes et Miss Marple. Depuis la naissance de son héroïne, Jacqueline Winspear tisse ses intrigues dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres. Maisie Dobbs est une femme peu commune, avec une intelligence au-delà de la moyenne, très perspicace, car aussi logique qu’observatrice, avec des qualités ultra-sensitives, pour ne pas dire médiumniques. Bien qu’issue de la classe ouvrière, elle reçoit une solide éducation grâce à son employeur qui a discerné en elle un potentiel prometteur. En 1914, elle rejoint le front français comme infirmière, où elle connaît l’amour véritable, mais au destin tragique. Après la guerre, son mentor l’incite à s’installer comme détective à Londres. Seizième opus de la série policière historique, l’enquête dans « Mensonges inavouables » se situe presque dix ans après la fin de la Première Guerre mondiale. On suit Maisie Dobbs avec plaisir et intérêt. On ne peut que s’attacher à ce personnage exceptionnel dans ses aptitudes, son éthique rigoureuse et la force sereine qu’elle dégage. Efficace et passionnant !

Résumé

Par l’entremise d’un ami, Maisie Dobbs se voit confier une mission inattendue et déstabilisante. Sir Lawton, un éminent avocat, la prie de prouver que son fils, un aviateur, a bien disparu pendant la guerre, comme l’armée l’a affirmé. Non pas qu’il en doute, mais sa défunte femme était convaincue du contraire, jusqu’à son décès prématuré. Sur le lit de mort de son épouse, Sir Lawton lui a promis de poursuivre ses recherches. Mais, l’enquêtrice comprend vite qu’il préfère savoir son fils mort plutôt que vivant. Ne pas s’entendre avec son fils ne suffit pas, selon elle, à l’espérer bel et bien mort dans le crash d’un avion. Se sentant cependant obligée moralement d’enquêter, elle se lance dans la recherche de preuves du décès du fils Lawton. Dans le même temps, sa meilleure amie lui demande d’entreprendre des investigations pour connaître les circonstances de la mort de son frère au front. De fil en aiguille, d’incohérences en mensonges, la détective échappe plusieurs fois à la mort. Quels secrets à ce point inavouables pousseraient donc quelqu’un à tuer ? Loin de renoncer, Maisie Dobbs traverse la Manche pour revenir là où tout – et son cortège d’horreurs – a commencé.

Pour approfondir

Journaliste et romancière vivant aujourd’hui en Californie, Jacqueline Winspear nous régale avec cette enquête qui touche à un pan de notre histoire mondiale si douloureuse. Émue par le vécu de son grand-père pendant la Première Guerre mondiale, l’auteure consacre son œuvre romanesque à ce conflit et aux multiples échos traumatiques. Son personnage, elle-même héroïne de guerre par son engagement et les perturbations psychiques qui en ont découlé, est d’une grande maturité, parfois intransigeante, mais attachante par ses blessures que le temps n’a pu réparer. Outre le grand intérêt de l’enquête elle-même, Jacqueline Winspear donne à ressentir et à comprendre l’empreinte traumatique d’une guerre, inédite par les armes massives imaginées et la dévastation provoquée. « Mensonges inavouables » met également en lumière une guerre encore plus souterraine que celle des tranchées, celle des services spéciaux et des espions qui ont officié avec courage et abnégation. Un bel hommage à ces aïeux d’un autre temps, mais que l’Histoire ne saurait oublier.

Nathalie Gendreau

City Éditions, 4 octobre 2021, 432 pages, à 18,50 euros.

1 réflexion au sujet de « “Mensonges inavouables”, Jacqueline Winspear (City Éditions) »

  1. Sherlock Holmes et Miss Marple voilà deux références qui s’ajoutent à la recommandation de Nathalie Gendreau pour découvrir Daisy Dobbs l’héroïne de Jacqueline Winspear. La visite du Londres de 1925 est un plus pour les amateurs de cet art de vivre inimitable.

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