Extrait
“Le syndrome de Croyde, voyez-vous, est une pulsion de mort spontanée qui touche des individus sans aucun antécédent psychotique. Ce syndrome peut s’exprimer chez eux par une tentative intempestive de suicide : un jour, sans que l’on sache pourquoi, ils se jettent du haut d’un toit, ou d’un pont. Certains se propulsent sous les roues d’un train, d’un métro ou d’une voiture. Des suicides spontanés sans cause réelle. Mais souvent, le syndrome de Croyde se manifeste par des tentatives de meurtre, sorte d’homicides inexplicables et totalement gratuits. C’est une pathologie proche de la schizophrénie, mais qui en diffère par le fait qu’elle peut se déclencher à des âges avancés dans aucun signe avant-coureur. ce sont des individus tout à fait ordinaires qui en sont victimes, et la plupart vivent une vie normale jusqu’au jour où, de façon inexpliquée, ils passent à l’acte .”
Avis de PrestaPlume “Coup de cœur”
Le nouveau thriller de Marc Welinski, “Le Syndrome de Croyde 2 – L’état sauvage” n’est pas une suite, mais évoque le même thème puissant de l’instinct de mort. Pour l’auteur, le syndrome de Croyde serait une pathologie psychiatrique qui pousse les êtres normaux à commettre des meurtres spontanés, sans mobile. Si, dans le premier tome, les victimes sont poussées dans le métro, dans celui-ci elles chutent dans le vide, en pleine nature. Qui donc est ce tueur qui trucide au hasard des rencontres dans les hauteurs de la forêt de Chamonville ? Car, évidemment, quand des accidents sont trop nombreux et trop rapprochés dans le temps, la thèse de l’accident est vite jetée aux orties ! De sa plume reconnaissable, Marc Welinski envoûte l’esprit et tient au col le suspense jusqu’à la fin.
Une bourgade comme une autre, près de Paris, qui respire le bon air de la convivialité, loin de l’anonymat des grandes villes. Très vite, cette petite vie tranquille va être troublée par des événements qui vont générer la peur. Un camp de migrants qui se constitue dans la forêt et un premier accident dramatique d’une écolière. Tout Chamonville est ébranlé. Mais quand d’autres accidents surviennent, le désarroi fait place à la suspicion. La concomitance de l’installation des migrants et des accidents étranges fait monter la tension entre les habitants. Le directeur d’école, ancien gendarme, n’en démord pas. Il voit là la signature d’un meurtrier atteint du syndrome de Croyde, que peu connaissent. Il met dans la confidence le psychologue, un profil qui encourage la confiance. Il veut le convaincre d’enquêter pour lui. Le psychologue tergiverse, rationalise, ne veut pas y croire. Son esprit est bien trop préoccupé par ses propres émotions refoulées, sa carrière qu’il estime ratée et sa brillante femme qu’il admire et envie. Il est pourtant contraint de regarder la réalité en face et d’agir en conséquence.
Ce thriller à plusieurs voix met habilement en scène la gradation du suspense. Les soupçons sautent de l’un à l’autre, on se persuade du coupable jusqu’à son trépas. L’auteur réussit à surprendre dans cette forêt d’incertitude, de possibles et d’impensable. Ce petit jeu du chat et de la souris entre les personnages et le lecteur rend l’intérêt fébrile et impatient. La lecture en est que plus passionnante. Et le style, sans artifice, est tout simplement percutant. La magie opère. Sur les six romans de cet auteur, c’est le deuxième que je lis. Par deux fois l’enchantement s’est produit. Bien entendu, sitôt le livre refermé, on veut savoir si le syndrome de Croyde existe bel et bien. Mais, au-delà de cette curiosité toute légitime, une question, autrement vertigineuse, mérite d’être soulevée : l’auteur se serait-il inspiré d’une envie propre, subite et irrépressible ?
Éditions Daphnis et Chloé, avril 2017, 384 pages, 19 euros.
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La littérature est vraiment une source inépuisable d’imaginaire… Presta Plume confirme être une mine inépuisable de cadeaux… Merci…