« Bécaud, on revient te chercher », Jacques Pessis et Claude Lemesle (♥♥♥♥)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Gilbert se croyait immortel. Bécaud l’est devenu. L’artiste aux 400 chansons, auquel même Piaf assurait qu’il chantait faux, a cassé la baraque de tous les superlatifs, par son sens du rythme, un travail acharné, un besoin viscéral d’être sur scène, d’être aimé de son public, et une énergie électrique qui soulevait la ferveur. « Monsieur 100 000 volts », l’avait surnommé un journaliste américain. L’homme qui pensait mourir centenaire s’est éteint le 18 décembre 2001, à l’âge de 74 ans. Pour commémorer les vingt ans de sa disparition, Jacques Pessis et Claude Lemesle ont uni leur tendresse pour cet immense chanteur, pianiste et compositeur en rédigeant à quatre mains une biographie tendre et éclairante, aux Éditions de l’Archipel. Le premier a été son ami pendant plus de trente ans et le second l’un de ses paroliers pendant plus de vingt ans. Estimant qu’il n’y avait pas eu jusque-là de réelle biographie, ils nous proposent de découvrir l’homme derrière le chanteur à la carrière incroyable. Ils nous le donnent à voir au quotidien, en coulisses, dans l’effervescence de la création, dans son appétit de vivre et d’aimer, dans ses angoisses aussi.

“5 jours de la vie d’une femme”, Evelyne Dress (♥♥♥♥)

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
Il y a toujours beaucoup d’Évelyne Dress dans ses écrits. Que ce soit dans ses romans, mais aussi dans « Mes chats » un bref éloge des félins qui l’ont choisie et accompagné sa vie et « Pour l’amour du Dauphiné », un récit amoureux sur cette région qu’elle affectionne. Dans son dernier roman, « 5 jours de la vie d’une femme », aux éditions Glyphe, l’auteure revient sur le thème de l’amour, mais à un âge réputé vénérable. 70 ans, est-ce la fin du désir et des douces palpitations de cœur ? Peut-on ou plutôt doit-on croire encore à la survenue d’un être rêvé ? Vous savez, celui qui vous arrache à la torpeur du quotidien et efface, par magie, toutes les désillusions ? À ses 70 ans, la narratrice fait le compte : une union désunie, des enfants ingrats, une ménopause qui renverse la vapeur, un miroir qui reflète trop bien la réalité et un cœur désespérément vide de sens. Au terme de ce constat, elle fait un choix complètement irréfléchi : elle part passer le réveillon de Noël au prestigieux Hôtel du Palais, à Biarritz. Il ne reste plus que la suite ? Qu’importe ! C’est une fortune pour ses revenus maigrichons, mais cette folie l’aiguillonne comme une évidence. Sa libido est à ce prix-là !

« Les saveurs du parler populaire – Florilège de mots croustillants et festifs », Daniel Lacotte

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
Un ouvrage de Daniel Lacotte, c’est comme une hirondelle qui revient chaque printemps. On l’attend avec impatience parce qu’elle annonce le renouveau. Avec « Les saveurs du parler populaire – Florilège de mots croustillants et festifs », paru chez Christine Bonneton, ce renouveau réside dans les mots et leurs associations qui forment les bons mots, qui nous rappellent, s’il le fallait, que notre langue est belle et vivante. Elle vivra encore longtemps, si on se donne la peine de la conserver au fronton de notre culture. Le français est en constante construction, se bâtissant à coups de néologismes, de dialectes, de patois et même de barbarismes. Parce qu’ils sont trop anciens, certains ont été mis au ban des cours d’école. Parce qu’ils sont trop récents, d’autres font des coudes pour prendre leur place…

“Nouvelle Babel”, Michel Bussi

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Le roman de Michel Bussi est toujours très attendu. Pour le suspense. Pour la variété des personnages. Pour la complexité de l’intrigue et la fin toujours surprenante. Avec « Nouvelle Babel » (éditions Les Presses de la Cité), le lecteur est royalement servi, avec un petit supplément réjouissant : le voyage ! Géographe de formation, l’auteur s’amuse à nous promener autour de cette belle Terre à coups de téléportation. Est-ce l’heureuse conséquence des confinements successifs ? Quoi qu’il en soit, il nous plonge dans un monde utopique, en 2097, qui ne connaît plus la peur ni la guerre, depuis la nouvelle constitution mondiale établie en 2058, dont la devise est « Une seule Terre, un seul peuple, une seule langue ». Et la téléportation est l’assurance d’une liberté absolue, sans danger, car Panguaïa, la base de données des déplacements, y veille. Mais un jour, dix terriens retraités sur une île paradisiaque sont retrouvés assassinés. Les trois enquêteurs dépêchés sont sidérés par la violence des faits, mais surtout par la manière dont les tueurs ont opéré : froide, consciencieuse. De vérifications en investigations, l’enquête laisse présumer un coup d’État à venir. Ce qui n’arrange pas les affaires de Galileo Nemrod, le chef d’orchestre de ce monde idéal qui s’apprête à parachever la construction d’une tour de presque un kilomètre de haut pour fêter le centenaire de la téléportation. Son ambition ? Y rassembler la totalité de la population mondiale en un clic !

« La Mort en partage », Thierry Rocher

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
On connaît Thierry Rocher comme comédien, chroniqueur et humoriste français, notamment sur Paris Première à La revue de Presse, mais pas encore comme écrivain. Malgré le titre qui peut le laisser supposer, « La Mort en partage » n’est ni un thriller ni un polar. C’est un roman psychologique sur la perte d’êtres chers de manière abrupte, l’itinéraire d’une reconstruction qui en fait détruit. Pierre Chalet a perdu sa femme et sa fille unique lors d’un attentat perpétré par des terroristes islamistes. Lui qui appelait à ne pas faire d’amalgames s’enferre peu à peu dans une position radicale contre les musulmans tout en s’attachant à une musulmane, Jenna, une jeune comique talentueuse qui le pousse dans ses retranchements émotionnels. Pierre Chalet n’est pas à un paradoxe près…

“Les Écuries de Diomède”, Sylvain Larue

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec son sixième tome historico-policier, « Les Écuries de Diomède » (éd. De Borée), Sylvain Larue nous plonge dans l’univers du cirque sous le Second Empire. Le vol d’un étalon, l’enlèvement d’un enfant et trois assassinats amènent nos agents très spéciaux, Léandre Lafforgue, alias le Goupil, et Phèdre du Teil, à infiltrer le milieu du cirque. L’idée est excellente, le résultat passionnant. Le roman prend toute son ampleur et de sa saveur lorsque nos deux héros se muent en saltimbanques pour démasquer le ou les coupables parmi la troupe. Leur efficacité en tant que policiers n’étant plus à prouver, les voici qui s’illustrent avec entrain dans les arts circassiens. À travers eux, l’auteur nous donne à voir et comprendre le quotidien de ces nomades au XIXe siècle. Avec force détails historiques, il nous entraîne dans les coulisses de la vie d’un cirque et soulève le toit du chapiteau, où règnent solidarité et entraide, mais aussi jalousie et coups bas. Fait particulier de cette époque, l’exposition de curiosités humaines (des sœurs siamoises, un homme-tronc, un homme-crocodile, une femme sans bras…) qui faisaient le bonheur des badauds avant le spectacle.

“Ce prochain amour”, Nora Benalia

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Ne vous fiez pas au titre. L’eau de rose ne coule pas entre les lignes de « Ce prochain amour », paru aux éditions Hors d’atteinte. Dans son premier roman, Nora Benalia évoque dans une crudité prononcée, sans filtre, la femme et sa relation à l’homme, à l’amour, au sexe, et tous les rôles qui lui sont assignés par la société depuis la nuit des temps. L’auteure ouvre grand les vannes de l’audace et du réalisme brutal dans les réflexions et les mots choisis. Les pensées-fleuve de la narratrice sur la condition des femmes, et notamment des femmes au foyer, charrient de la révolte contre les violences contre le sexe dit faible, les stéréotypes, les sacrifices consentis, la misère affective, la volatilité de l’amour. Avec trois enfants à élever seule, désargentée, sans travail, la narratrice a la rage et le dit crûment au travers d’un texte féministe et critique, porté par l’indépendance de la femme, à l’image des piliers fondateurs de la maison d’édition Hors d’atteinte. Ouvrage surprenant par la verdeur de sa verve et touchant par la vigueur du remue-ménage intérieur.

“La plus secrète mémoire des hommes”, Mohamed Mbougar Sarr

Temps de lecture : 3 min « Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. » Cette réflexion de l’ami du narrateur Diégane Latyr Faye dans « La plus secrète mémoire des hommes » (coédition Philippe Rey/Jimsaan) éclaire à elle seule l’ambition de ce flamboyant roman initiatique. Mohamed Mbougar Sarr annonce donc la couleur, met ses influences littéraires et tout son être sur table et remporte la mise de la notoriété. La trame naît d’un écrivain malien, Yambo Ouologuem, qui a été accusé de plagiat après avoir reçu le prix Renaudot en 1968 pour « Le Devoir de violence ». Dans son quatrième ouvrage, le lauréat du prix Goncourt 2021 transpose ce fait via le parcours d’un jeune auteur fictif, T.C. Elimane, surnommé le « Rimbaud nègre » à la parution de son ouvrage « Le labyrinthe de l’inhumain » en 1939 et conspué pour plagiat. Fasciné, Diégane Latyr Faye entreprend de retracer la vie de cet écrivain fantôme, marchant dans ses pas aux quatre coins du monde, de piste en piste. Au fil des pages et du temps rebroussé, Mohamed Mbougar Sarr nous immerge dans les tourmentes historiques du XXe siècle. Traversé par une force évocatrice, soutenu par une prose nerveuse et un suspense savamment entretenu, « La plus secrète mémoire des hommes » est tel un fil tendu au-dessus d’un précipice où l’audace et l’imagination exultent, battent d’un même cœur. Ce passionnant plaidoyer pour la littérature africaine et la reconnaissance des écrivains africain est aussi un bel hommage à l’essence même d’écrire, à l’humanité, à la vie… à la naissance d’une œuvre.

“Le Bazar du zèbre à pois”, Raphaëlle Giordano

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Encore un titre qui fait frisotter les neurones de plaisir par l’image suggérée. À l’instar du « Jour où les lions mangeront de la salade verte », « Le Bazar du zèbre à pois » (éd. Plon) entrebâille une porte, sinon l’ouvre grand, pour laisser filtrer l’énergie créatrice dans notre imaginaire. Plus ludique qu’un ouvrage de développement personnel, plus enthousiasmant qu’un conte moral, ce roman sur l’être et l’état d’esprit s’inscrit dans la lignée des fables, teintées de romanesque et de philosophie. Sans prétendre changer nos vies, il interroge nos choix, notre ouverture au changement, nos rêves abandonnés ou avortés, et notre capacité à pratiquer « l’audacité ». Ce mot-valise constitué de l’audace et de la ténacité est une clé qui déverrouille les peurs, une incitation à élargir le champ des possibles, sans pensées castratrices. Auteure à la poésie omniprésente, au style leste, à l’imagination foisonnante, Raphaëlle Giordano nous régale avec ce roman qui se dévore des yeux, avant de laisser infuser en soi l’écho des phrases. À la fin, vous voudrez, vous aussi, aiguiser votre regard pour ne plus privilégier tel ou tel hémisphère de votre cerveau, mais de l’envisager comme ambidextre. La clé de l’harmonie en soi.

“Les Meilleures intentions du monde”, Gabriel Malika

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Du petit village de pêcheur créé au XVIIIe siècle, Dubaï a écrit son mythe à l’or noir. Au fil des années et des projets architecturaux pharaoniques, la capitale des Émirats arabes unis s’est enrichie, se déployant dans la démesure, la grandeur et le faste, repoussant sans cesse les limites du désert et de la mer Persique. Depuis son jaillissement, cette oasis de verre et de béton attire comme un aimant toutes les nationalités. À l’occasion de l’exposition universelle de Dubaï, qui s’achève le 31 mars 2022, « Les Meilleures intentions du monde » (éd. Intervalles) reparaît en édition de poche. Témoin privilégié de ce rêve fou devenu réalité sidérante, Gabriel Malika nous livre dans ce roman à suspense et immersif une vision critique, personnelle et passionnée, toujours d’actualité. L’auteur prend le prétexte d’un événement imprévisible et destructeur pour dépeindre dix figures représentatives de la population cosmopolite de cette ville arabe où l’argent coule à flots… pour qui sait entreprendre. On y saisit les enjeux financiers et culturels de cette capitale qui fait office à la fois de carrefour, où transite tout ce qui peut être vendu et acheté, et de symbole d’un monde arabe en mutation. Une visite guidée en mots et en images éloquente !

« Échanges avec les ascendants – Décodez votre masque social », de Elke Faraone

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
En ce début d’année 2022, bas le masque social ! Pas celui imposé par les autorités sanitaires pour enrayer la circulation d’un virus rétif, mais celui de l’ascendant. Votre ascendant. Quoi de mieux que la période des vœux pour mettre en avant un guide éclairant votre personnalité à l’aune de votre ascendant astral ? « Échanges avec les ascendants – décoder votre masque social », de Elke Faraone, paru aux éditions Pygmalion, fait suite en toute logique à « Dialogue avec les signes du zodiaque », paru en août 2020, chez le même éditeur. Ce deuxième opus vulgarisateur et didactique n’est pas un ouvrage prédictif, mais qui ramène le lecteur à sa personnalité intrinsèque. Il explique ce qu’est l’ascendant, son influence forte ou relative selon le mariage avec votre signe astral. Il revient brièvement sur les fondamentaux pour ensuite exposer finement toutes les combinaisons possibles de cette union signe natal/ascendant. Sous forme de questions/réponses, les portraits dévoilent les comportements types de chacun des ascendants à l’appui de nombre de situations. Avec ce guide ludique et instructif, vous allez directement à l’information recherchée sans devoir lire les plus de 900 pages pour décoder – ou d’essayer de décoder – votre personnalité et mieux comprendre votre rapport aux autres.

“Tiki, une année de chien”, Fred Leclerc et David Azencot

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
Les éditions La boîte à bulles publie “Tiki, une année de chien”, un roman graphique sur l’adoption d’un animal et les déboires pouvant en découler, si l’on n’est pas vraiment prêt à l’accueillir. Pour Fred Leclerc, ce fut l’horreur. Ce directeur artistique dans la publicité, qui rêvait dans sa jeunesse de faire de la bande dessinée, s’est saisi de ses mésaventures avec sa chienne Tiki pour transcender avec le dessin le cataclysme émotionnel que sa présence a déclenché, faisant de son quotidien une épreuve insurmontable. Sur ce chemin de l’écriture graphique – quasi thérapeutique, – il s’est associé à David Azencot, auteur et humoriste notamment à Canal+ et chroniqueur à Rires & Chansons. Cet ouvrage est leur première incursion dans le genre. Une incursion plaisante, outre le message non subliminal qui illustre de manière édifiante les conséquences d’une adoption « coup de cœur », comme on le ferait d’un objet. Peut-être pour remplir un vide… ou faire plaisir.

“La cabane de l’Anglais”, Marc Bressant (éd. Herodios)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Dans « La cabane de l’Anglais » (éd. Herodios), Marc Bressant revient sur ces jeunes années sous forme d’un roman initiatique touchant dans une authenticité épurée. Le regard est à la fois tendre comme son âge d’alors et réaliste sur la vie d’un village de la Brie, où sa famille s’était réfugiée début 1944. Les trois cousins (âgés de 11, 9 et 7 ans), leurs deux mères et la grand-mère ont quitté Paris pour se réfugier près de Lésigny, à La Dame blanche, une vieille ferme plantée au milieu d’un parc et proche d’un bois. Un environnement idéal pour mieux se nourrir et se protéger des bombardements. Ce roman sur une jeunesse, pas si insouciante, donne à voir par des yeux innocents l’attitude de ces enfants face à l’occupation allemande – héroïques dans l’intention –, mais aussi le comportement des villageois face à l’occupant. Des résistants armés, on n’en voit guère, même s’ils étaient actifs dans cette région. En revanche, nous découvrons la résistance passive de certains. Et notamment celle de ces enfants qui décident de construire une cabane, à l’insu de tous, pour recueillir et cacher les pilotes anglais abattus par la DCA (la défense antiaérienne allemande).

“L’enfant dormira bientôt”, François-Xavier Dillard

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Son domaine de prédilection est la parentalité, l’enfance… et, par capillarité, la maltraitance. Son genre, polar et thriller. Pour son nouvel opus, « L’enfant dormira bientôt » (éd. Plon), François-Xavier Dillard met le curseur de la tension/l’attention à son maximum. L’évocation macabre, qui n’est pas sans rappeler l’affaire des « bébés congelés » et du syndrome du « déni de grossesse », si difficile à se le figurer, est puissante et prégnante tout au long de la lecture. De multiples personnages se croisent, semblent évoluer sans accointance, mais leurs histoires singulières et tumultueuses sont autant de petits torrents déferlant la montagne qui se rejoignent pour chuter en cataracte saisissante. Du suspense d’un bout à l’autre et une chute renversante. Des larmes, on n’en verse pas. Pas le temps. Le style est un courant nerveux qui vous entraîne dans ses tourbillons. L’histoire aux moult rebondissements aspire toutes les émotions pour les concentrer en un sentiment : la sidération.

“Tueurs en série sur le divan”, Jean-Benoît Dumonteix et Joseph Agostini

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Dans « Tueurs en série sur le divan » (éd. Envolume), Joseph Agostini et Jean-Benoît Dumonteix reviennent sur quatre affaires aussi sordides que sidérantes du XXe siècle. Dans cet essai passionnant, très fouillé et documenté, ces deux psychologues cliniciens et psychanalystes décryptent les itinéraires criminels de Michel Fourniret, de Marcel Petiot, de Guy Georges et de Thierry Paulin, leurs ressorts psychologiques et la bascule dans leur passage à l’acte. Avec sa collection « Sur le divan », l’objectif des éditions Envolume est « de rendre une certaine forme de pensée accessible à tous ». À travers ces études de cas, l’essai remplit assurément toutes les cases, qu’il s’agisse de l’intérêt du sujet ou de l’accessibilité aux rouages de la pensée perverse. Dans un langage globalement accessible (hormis quelques passages conceptuels ardus), les auteurs livrent des analyses édifiantes sur la construction mentale de ces individus incapables d’éprouver le moindre sentiment d’empathie ni de respecter l’intégrité de l’autre. Certes, déplier la carte du cerveau pervers d’un tueur en série n’est pas sans susciter des émotions dérangeantes, pouvant alterner entre le dégoût et l’horreur. Mais, rapidement, une saine curiosité – celle de l’intellect – s’empare du sujet dans son plus noble projet qui est de s’instruire et de comprendre… voire de mieux repérer les formes plurielles de la perversité lorsqu’elle montre son sourire le plus engageant.

« Premier sang », Amélie Nothomb

Premier Sang Amélie Nothomb

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Trentième livre d’Amélie Nothomb, « Premier sang » (éd. Albin Michel) vient de recevoir le prestigieux prix littéraire Renaudot. Elle y évoque son père sous forme d’instantanées de vie depuis son enfance jusqu’à la prise d’otages de Stanleyville au Congo en 1964, qui a retenu plus de 1 600 personnes prisonnières pendant trois mois et demi. Une semaine après sa première affectation, le jeune diplomate se retrouve ainsi confronté à la mort, suspendue par le bon vouloir de rebelles congolais avec lesquels il est censé négocier. Repasse-t-on son histoire lorsque la vie ne tient plus qu’à une flexion de doigt sur la détente d’une arme ? La romancière belge l’imagine en se glissant dans la peau de son père. Au-delà de la qualité intrinsèque de ce roman d’amour filial, tissé d’intensité, de cocasseries et d’émotions teintées d’humour, c’est un témoignage d’amour universel qui est transmis, dans lequel chacun se reconnaîtra. L’hommage à ce père disparu le premier jour du confinement à l’âge de 83 ans ne peut que raisonner dans le cœur de tous ceux qui n’ont pu faire leurs adieux à leurs proches partis en parfait anonyme. Les exigences sanitaires condamnant au manque irrémédiable.

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