Exemple
« Les saveurs du parler populaire – Florilège de mots croustillants et festifs », Daniel Lacotte
“Ponte (n. m., tout début XVIIIe siècle)
Dans certains jeux de table (baccara, roulette, jeux de hasard), le ponte représente chacun des joueurs qui affronte le banquier. Quant au ponte voltigeur, c’est le complice du banquier.
Dans son acception usuelle : personnage très influent. Une dérive du terme “pontife”, ministre du culte dans l’Antiquité romaine et haut dignitaire catholique (souverain pontife : le pape).”
Critique express ♥♥♥♥
Un ouvrage de Daniel Lacotte, c’est comme une hirondelle qui revient chaque printemps. On l’attend avec impatience parce qu’elle annonce le renouveau. Avec « Les saveurs du parler populaire – Florilège de mots croustillants et festifs », paru chez Christine Bonneton, ce renouveau réside dans les mots et leurs associations qui forment les bons mots, qui nous rappellent, s’il le fallait, que notre langue est belle et vivante. Elle vivra encore longtemps, si on se donne la peine de la conserver au fronton de notre culture. Le français est en constante construction, se bâtissant à coups de néologismes, de dialectes, de patois et même de barbarismes. Parce qu’ils sont trop anciens, certains ont été mis au ban des cours d’école. Parce qu’ils sont trop récents, d’autres font des coudes pour prendre leur place. Quand les dictionnaires décident d’en jeter ou d’en ajouter, c’est toujours la sempiternelle question du bienfondé. La langue moderne, au risque d’être éphémère, doit-elle primer la langue fleurie qui a fait les belles heures de nos ancêtres, qu’elle nous soit parvenue crue ou cuite et recuite ? Qui peut trancher ? Mais surtout, doit-on trancher sans avoir eu le plaisir de prononcer ces mots près de tirer leur révérence ? L’ouvrage de Daniel Lacotte vous permettra de faire votre propre opinion tout en parcourant les quelque 400 pages de termes qui n’attendent que vous les ayez en bouche pour délivrer toute leur saveur.
Pour approfondir
Si vous goûtez à ce livre, aux pointes épicées, voire effilées, vous plongerez dans un monde merveilleux qui met à la portée de tous les parlers familiers ou populaires, comme l’argot, le canut, le faria, le jargon, le largonji, le louchébem, le verlan, et bien d’autres… Classés par thèmes, ces mots évoquent la fête, la sexualité, le travail, les vêtements, les voyous, l’homosexualité, les armes, la prostitution… et l’argent bien entendu ! Au bout de cette lecture instructive et délicieuse, où cocasserie et extravagance se prennent une biture (s’enivrer) au plaisir, vous n’auriez pas besoin de vous triturer l’esprit pour savoir si vous êtes un bidard (chanceux) ou un chétif du gousset (avare) quand vous vous affutez les crochets (manger) ou que vous vous rincez les crochets (boire) aux frais de la princesse. De toute façon, que vous ne pataugiez plus dans la boue jaune (ne plus être riche) ou que vous ayez mangé la grenouille (dépenser son épargne), personne ne souhaite becter à la table qui recule (vivre dans le dénuement)… sauf, bien entendu, si elle ne propose qu’une infâme tambouille ou une indigne ragougnasse. Heureusement, les mots croustillants et malicieux que l’historien du langage, Daniel Lacotte, nous met sur un plateau sont tous bons à se mettre sous la dent, sans barguigner ! À bon jouisseur de cette langue plurielle et imagée, santé et bombance !
Nathalie Gendreau
Éditions Christine Bonneton, 27 janvier 2022, 400 pages, à 17,90 euros.
Journaliste, biographe, auteure et critique culturel, je partage avec vous mes articles et avis. Si vous aimez, abonnez-vous !
Merci Nathalie Gendreau de nous signaler cet ouvrage qui semble bien être plus qu’un livre, mais une réelle obligation d’achat pour mieux connaître les étonnantes richesses de la langue française.