« Isabeau de Limeuil, la scandaleuse », Isabelle Artiges

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec ce dernier roman historique, « Isabeau de Limeuil, la scandaleuse », aux éditions De Borée, Isabelle Artiges plonge son héroïne en pleine guerre de religion. Au-delà du destin prodigieusement romantique d’Isabeau de Limeuil, ce sont les fractures intestines d’un peuple français désuni devant Dieu qui sont décrites. L’écriture imagée, cinématographique, nous donne à visualiser les scènes, les plus torrides comme les plus cruelles. Les hommes sont des loups entre eux, c’est bien connu. Mais, dans ce roman, la scission religieuse apparaît comme une scission plus politique – notamment la guerre sans merci que se sont livrés les de Guise et les Condés – qui a provoqué des milliers de morts, des gens de hautes lignées comme de pauvres quidams. Racontée à deux voix, en alternance entre le narrateur et Isabelle, la servante et également sœur de lait d’Isabeau, l’histoire se construit dans une temporalité double et progressive entre 1550 et 1610. Enlevé, documenté et passionnant, ce roman maintient l’intérêt jusqu’au bout, donnant du grain à moudre à la curiosité qu’il suscite. Que l’on soit familier ou pas de cette époque particulière de la Renaissance, on ne peut qu’être happé par la grande et la petite histoire qui s’enchâssent si bien.

“La Correction”, Guillaume Lafond (Intervalles)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Premier roman de Guillaume Lafond, aux éditions Intervalles, « La Correction » n’est pas la fessée brandie comme menace pour faire tenir un enfant sage – quoi que ! –, mais un passionnant roman qui propulse le lecteur dans un monde bien réel, aux mains d’une organisation mythologique. Tels les dieux de l’Olympe, les Augustes et les Justes interviennent dans la vie de pauvres mortels pour leur faire prendre conscience de leur moralité douteuse, de leur déchéance prochaine. Les premiers, le parti qui gouverne, sont pour la méthode douce ; les seconds, le camp adverse, prône la manière forte. Ce sont les élections, et le second parti a désormais toutes les chances de s’imposer aux urnes des électeurs de l’au-delà. Dans cette attente, la politique de l’institution du Schéma visant à corriger l’homme par la peur du pire entre en action. Elle va se charger du destin de cinq anonymes, tous liés de près ou de loin par des intérêts communs. Cinq personnages à corriger, dont l’auteur nous donne à comprendre les névroses qui les poussent à n’être que le reflet de ce qu’ils pourraient être. Le dénominateur commun étant la peur de manquer. D’argent, d’amour, de reconnaissance… ? Peu importe. Le manque non conscientisé, non verbalisé, non sublimé conduit à la faillite personnelle et, par effet papillon, collective. Et Guillaume Lafond nous le donne à ressentir d’une façon originale et homérique.

“Vivre se conjugue au présent”, Alejandro G. Roemmers

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec son deuxième livre « Vivre se conjugue au présent », paru chez City Editions, Alejandro G. Roemmers prône l’introspection, une pause avec soi pour mieux entreprendre son examen de conscience au bénéfice du bien commun. Le respect et la préservation de la nature sont la trame sur laquelle les personnages interagissent, progressent et remodèlent leur pensée. L’évolution personnelle est le prétexte qui soutient l’intrigue, sans toutefois en être la colonne vertébrale. Elle apparaît comme le résultat et non la cause de cette histoire de transmission… de la vie, dans son sens le plus large. La vie, c’est Fernando, un journaliste qui ne répond pas aux attentes de son père, un ingénieur réputé. C’est Ron Davies, un milliardaire qui met tout en œuvre pour se racheter une conduite, dans son immense propriété de Patagonie. C’est aussi Michael, le fils de Ron qui vit loin de son père, en harmonie avec sa conscience. Autour gravitent deux femmes (Alexia et Vicky) qui se révéleront être le lien entre les trois hommes et les dépositaires d’une mémoire et d’une promesse. « Vivre se conjugue au présent » n’est ni un conte de fées, ni un roman d’amour à l’eau de rose, ni un récit d’initiation, mais c’est un peu tout cela à la fois. L’écriture est fluide, sage, bienveillante, sans aspérité. Le plaisir de lecture n’en est pas moins réel.

“La Nuit des aventuriers”, Nicolas Chaudun (Plon)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Curieusement, étrangement, étonnamment, « La Nuit des aventuriers », qui relate la conjuration du 2 décembre 1851 visant à faire du Prince-président Louis Napoléon Bonaparte (1808-1873) l’Empereur du Second Empire, dépeint, sous certains aspects, la curieuse, étrange et étonnante époque que nous vivons. Au fil des pages, le parallèle saute aux yeux, laissant accroire – s’il le fallait – que l’Histoire n’est qu’une suite de répétitions d’un scénario bien rodé, impliquant des personnages différents. Dans ce roman vrai d’un coup d’État à l’objectif atteint, mais non honorable dans son exécution expéditive, Nicolas Chaudun raconte l’aventure d’une victoire improbable, mais surtout incertaine quant à son issue. Cette incertitude est renforcée par l’égrenage des heures qui distillent les informations du « front » parisien, mais aussi des fronts régionaux, où des villes et des villages se soulèvent de manière erratique. Le vocabulaire châtié, les portraits tranchants, les formules subtiles, le ton sarcastique servent utilement un récit historique précis et fort documenté. Le déroulé millimétré met en scène une conquête aussi épique que laborieuse. C’est ce qui en fait toute la saveur, toute la truculence et surtout tout le plaisir d’en savoir un peu plus sur cette incroyable nuit des aventuriers.

“Pour unique soleil”, Joseph Agostini

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Dans son dernier roman, Joseph Agostini nous parle de la fascination qu’exercent des personnes médiatiques sur leurs « fans ». Celle qui peut virer à l’obsession, et même à un entrelacement d’obsessions. « Pour unique soleil » (Éd. Envolume) aurait pu s’intituler « Pour le miroir au soleil » – comprendre miroir aux alouettes » – tant l’objet de la fascination se démultiplie, provoquant des imbroglios à répétition. L’auteur, également psychologue clinicien, élabore sa trame comme un jeu de dupes où les trois personnages se passent la balle autour du fantasme représenté par Daniela Lumbroso, laquelle ignorera jusqu’à la fin avoir été l’enjeu d’un trio névrotique. D’un côté, deux femmes qui l’idolâtrent et de l’autre une troisième qui emprunte son identité. La construction est assez astucieuse pour susciter le suspense et renforcer son intime conviction que ce jeu dramatique ne pourra durer une éternité. C’est le match psychologique et son résultat qui font tout le sel de ce roman qui aborde un fait de société intemporel : le pouvoir des uns sur les autres. Brillant et captivant.

“Rien n’est écrit”, Sandrine Catalan-Massé

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Si vous étiez parent et qu’il vous restait peu de temps à vivre, que feriez-vous ? Dans son deuxième roman, Sandrine Catalan-Massé s’est posé la question et y répond avec délicatesse, sensibilité et drôlerie. « Rien n’est écrit », paru cet été en version poche, aborde le sujet douloureux de la perte, de la peur de ne plus exister, de la tristesse de laisser une vie inachevée et des proches aimés. L’auteure a réussi à transcender la pesanteur de ce thème en créant un univers fantastique, à la frontière entre réel et irréel. Un entre-deux où le lien mère-fils peut perdurer par la force de cet amour fusionnel qui les unissait. Ne concevant pas l’idée de ne pouvoir lui transmettre ses valeurs, Daisy planifie l’après pour son fils qui devra grandir sans elle. Dans une sorte de pied de nez à la mort, elle écrit de son vivant cinq lettres qui lui seront remises à des anniversaires charnières, jusqu’à ses 25 ans. L’âge de l’autonomie ? Au-delà du cheminement vers le deuil de ceux qui restent et de cette nécessaire résilience pour affronter les durs lendemains, l’auteure touche à la corde sensible de l’éducation et de nos propres projections sur nos enfants. Qu’elles soient conscientes ou inconscientes.

“La Riposte”, Jean-François Hardy

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Dans “La Riposte”, de Jean-François Hardy (Éditions Plon), la tragédie humaine s’exprime à travers le sombre quotidien de 2030. Une fois le roman reposé, son réalisme glaçant poursuit le lecteur. À lui seul, le titre apparaît comme une intrigante invitation à découvrir l’histoire, loin de s’imaginer la noirceur ambiante que le récit exsude à chaque page. En effet, qu’est-ce qu’une riposte, si ce n’est qu’une réaction vive et immédiate à une attaque ? Celle de Jean-François Hardy est tout autre chose. C’est un embrasement, une émeute, un soulèvement… une répression ! Que des termes qui parlent fortement à l’imaginaire. Jean-François Hardy nous dresse un tableau terrifiant d’un monde en fusion, nourri par les pénuries et les violences. Dans cet enfer ordinaire, un couple s’aime et se déchire. Jonas prépare sa fuite dans un pays du Nord pour y gagner un avenir meilleur. Khadija, jeune révoltée prête à tout pour sauver le monde, refuse cet exil et veut l’enrôler. Choix cornélien pour Jonas balancé entre fuir et rester. Ce thriller d’anticipation se dévore avant de murir en soi. Le contexte happe, bouleverse, inquiète. L’histoire emporte, passionne, interroge. L’écriture claque, empoigne, captive. À lire de toute urgence, avant que l’actualité ne rattrape la fiction !

« Lettre à Moïse – Itinéraire contourné d’un juif de Hongrie », Rémi Huppert

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Parvenu à un stade de son existence, le besoin de regarder en face le passé est irréfrénable. La plume démange. Les idées affluent. L’émotion submerge. Quand le moment se présente en toute humilité, il est juste. L’écriture en devient fluide et la lecture prend une saveur toute particulière. Dans « Lettre à Moïse – Itinéraire contourné d’un juif de Hongrie », aux Éditions du Petit Pavé, l’écrivain et essayiste français Rémi Huppert se plie au délicat exercice de ce retour sur soi, sur sa branche paternelle. Pour lui, il s’agissait de « se hâter de bien faire ». En quête de ses origines, l’auteur revient sur son ascendance et plus particulièrement sur les traces de son grand-père Moïse, en Hongrie. Grâce à ces recherches patientes et opiniâtres et aux témoignages d’une famille éclatée aux États-Unis et en Europe, il redessine le parcours de cette fratrie des Huppert aux trajectoires d’exilés si différentes, fuyant « les rejets xénophobes ». Il découvre à cette occasion que son patronyme est un nom d’emprunt au XIXe siècle. À la lecture de ce cri d’amour pour les siens, on ne peut qu’être ému et reconnaissant à l’auteur d’avoir partagé un roman familial douloureux, en toute délicatesse et authenticité.

« L’Affaire Pavel Stein », de Gérald Tenenbaum (Editions Cohen & Cohen)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Gérald Tenenbaum est un mathématicien, chercheur et professeur. Sa spécialité, les probabilités. Son credo, le dessous des nombres, avec lesquels il entretient une relation fusionnelle, les amadouant, les cajolant, les imaginant avec une fonction différente de celle d’additionner, de soustraire ou d’échafauder des statistiques. Y aurait-il dans l’essence des nombres et leur union kabbalistique – ou tibétaine – la naissance universelle d’une autre voie qui conduirait l’être pensant à se considérer autrement ? Peut-être comme l’élément d’un tout, à moins que cela soit la duplication d’un tout… ? « L’Affaire Pavel Stein », paru chez (Cohen & Cohen), est une curiosité littéraire mystique qui révèle toutes les interrogations d’un homme à la spiritualité exacerbée, cherchant à concilier le hasard et la rationalité. « Faire le vide est une source de sens », fait-il dire à son personnage Pavel Stein, un cinéaste reconnu pour ses œuvres sur la mémoire, le manque, l’absence, le vide et, fatalement, la mort. Une phrase qui donne la tonalité d’un livre puissant, nécessitant une exigence d’ouverture de la part du lecteur à la hauteur de l’exigence de la pensée de l’auteur. L’histoire d’amour bâtie en parallèle est le révélateur qui donne de la couleur à cet instantané philosophique. L’intrigue avance doucement, glissant presque comme des patins sur le parquet, se faisant à la fois caresse et décapage. Une belle leçon de lenteur qui fait du lecteur gourmand un gourmet.

“La Danse de la tarentule”, Claire Blanchard

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Claire Blanchard est professeur de français et auteure jeunesse. Avec “La Danse de la tarentule”, elle nous conte l’emprise dans sa plus pure et terrifiante expression. Celle d’une mère vis-à-vis de ses enfants, Émilie et Jean-Baptiste. À la fois puissant et déchirant, ce roman se lit d’une traite, dans un souffle haletant, où l’espoir point à chaque rebondissement. À l’image de la petite Émilie qui balance entre adoration et détestation de cette mère qu’elle appelle « instance maternelle », le lecteur oscille entre peine et admiration pour cette fillette qui aspire à la tendresse. On s’attend, comme elle, à ce que la raclée soit la dernière et que la mère, sincèrement contrite, ne lèvera plus la main sur ses enfants. L’auteure décrit dans le menu avec une crudité désarmante l’escalade de la perversité d’une mère, issue d’une famille non moins malsaine, et son comportement erratique aux humeurs changeantes soudaines et violentes incompréhensible pour une enfant affamée d’amour, prête à tout pour satisfaire une mère vindicative, névrotique. Si le sujet de ce roman est lourd et perturbant, la lecture n’en reste pas moins agréable, car l’enfant met en place un système de défense inventif et énergique. Si parfois l’adolescente qu’elle est devenue se dresse face à l’injustice, calquant les réactions éruptives de sa mère, elle transcende la douleur affective et physique à travers des passions artistiques. Si la lecture est aussi agréable et passionnante, c’est parce que l’auteure déploie un arsenal de délicatesse et de pudeur dans son écriture.

“Le premier amour est-il éternel ?”, Geneviève Senger (Les Presses de la Cité)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Selon une étude britannique en 2016 rapportée par le site Passeport Santé, six personnes sur dix pensent encore souvent à leur premier amour et quatre sur dix auraient même conservé « des sentiments » pour lui ou pour elle. Le dernier roman de Geneviève Senger, « Le premier amour est-il éternel ? », aux Éditions Les Presses de la Cité, se penche justement sur la force d’un premier amour après l’usure du temps et de l’absence. Par définition, un premier amour est grand, unique, éblouissant, exclusif, inoubliable. Toujours idéal et magnifique, surtout a posteriori. L’auteure, fidèle à son écriture sur la richesse et la diversité des relations humaines, surfe sur plusieurs thèmes porteurs comme les secrets de famille et la vie de couple, sur ce qu’est le véritable amour, ce que vaut la raison quand les souvenirs exultent, malgré soi, à la faveur d’une facétie du destin. L’écriture virevolte dans un tourbillon de bons sentiments. On se laisse facilement emporter par le mal-être de l’héroïne qui nous attache à elle au fur et à mesure des révélations. Sans parler de suspense, la tension est maintenue jusqu’au bout et tient en haleine le lecteur. Devinez la fin n’enlève rien à la qualité de l’histoire, à la profondeur des personnages et à l’envie d’aller jusqu’au bout de cet amour éternel qui vient réparer le passé.

“Pour l’amour de : le Dauphiné”, Évelyne Dress (Éditions Magellan & Cie)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Dans ce dernier opus « Pour l’amour de : le Dauphiné », aux éditions Magellan & Cie, Évelyne Dress s’invite chez vous pour vous susurrer à l’oreille la beauté de sa région, le Dauphiné. Habitués de ses romans, fortement ancrés dans la terre et ses racines familiales, les lecteurs fidèles ne seront pas dépaysés par cet essai touristique qui, loin d’être un pensum de l’Office du tourisme, a été construit comme une balade dans les souvenirs et sur les chemins chers au cœur d’enfant de cette auteure prolixe. Cet ouvrage, très léger dans un sac de plage, est la lecture idéale sur les lieux de vacances, que l’on soit à la montagne, en campagne ou à la mer… Il vous fera voyager sur cette route Napoléon que l’auteure affectionne tant et qu’elle vous propose de parcourir en sa compagnie, en mêlant savamment souvenirs personnels et histoire de France. Un pari osé, qui ne relève ni du narcissisme ni de l’opportunisme. C’est au contraire un chemin détourné par lequel l’expression « école buissonnière » prendrait une connotation positive. N’apprend-on pas mieux loin des balises du conformisme qui vous dicte quoi et surtout la manière d’apprendre ? Avec Évelyne Dress, on se sent en terrain ami pour découvrir l’histoire et la géographie de son berceau familial qui fut rattaché à la France en 1349. C’est donc une belle et longue histoire d’amour qu’il vous est proposé de découvrir !

“La Dame au cabriolet”, Guiou & Morales (Serge Safran éditeur)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Délicieux et réjouissant pastiche que nous offre le duo de chic et de choc, Dominique Guiou et Thomas Morales, avec « La Dame au cabriolet », aux éditions Serge Safran. Mademoiselle Yvonne Vitti – eh oui, Yvonne ça claque aussi bien qu’un Maigret ou un Rouletabille, n’est-il pas ? – est notre détective privée version « Old School », comme elle se décrit, engoncée dans l’indémodable tailleur Chanel bleu marine. Ancienne actrice qui n’a pu accéder à ses rêves d’immortalité, cette célibataire mollement endurcie s’est reconvertie dans ce métier avec la passion du débutant. Elle n’aime rien tant que sortir sa Saab 900 cabriolet jaune poussin, un coup de foudre qui n’a rien de discret pour une filature. Qu’importe quand on a l’ivresse de se jeter dans les emmerdes qui, pour lors, prennent la forme d’un « Bel Orlando » au corps de rêve et aux yeux de braise ! Prise entre la recherche du frère de ce beau gosse, qu’elle aimerait bien mettre dans son lit, et la filature d’un mari volage dont les écarts de conduite se révèleront bien plus corsés, voire dangereux, l’exubérante Yvonne ne sait où donner de la tête. Mais quand elle assiste à un règlement de compte dans des entrepôts à Montrouge et qu’elle subtilise une mallette remplie d’argent, là, elle la perd carrément. Guiou & Morales s’amusent tout en nous régalant avec ce polar enlevé et déjanté.

“Le Temps de l’enfance”, Yves Viollier (Les presses de la Cité)

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Le nouveau roman d’Yves Viollier est un petit bijou d’instantanés du passé, où la voix de l’enfant se marie avec celle de l’adulte. « Le Temps de l’enfance » se découvre au fil de neuf histoires d’hommes et de femmes qui ont aidé à faire grandir le petit Antoine. Pour lui, ils sont le socle de son ouverture au monde et aux petits riens de la vie qui font la sève des relations. En miroir de sa propre enfance, l’auteur rend hommage à celles et ceux qui, par leur façon d’être et leurs sentiments, ont eu une incidence directe ou indirecte sur sa vie balbutiante. Dans ce nouvel ouvrage, il dresse des portraits de personnages aux vies ordinaires, plus vraies que nature, simples et rustiques, sans jugement, avec la tendresse de la reconnaissance. L’écriture emporte le temps du présent et nous projette dans une sorte de bulle intemporelle, apaisante et réconfortante. La beauté du verbe et sa résonance sur soi s’y déploient sans rien perdre de sa force évocatrice.

“Le Tigre, le Vert Galant, la perfide Albion et les autres… Les surnoms au fil de l’histoire”, Daniel Lacotte (Christine Bonneton Éditions)

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
On pense avoir fait le tour de la langue française et de ses thématiques. C’était sans compter sa richesse infinie et l’imagination espiègle de Daniel Lacotte. Pour notre plus grande joie, le lexicographe écrivain publie son dernier ouvrage « Le Tigre, le Vert Galant, La Perfide Albion et les autres… – Les surnoms au fil de l’histoire », aux éditions Christine Bonneton. Ce nouvel opus, aussi érudit que ludique, fourmille de renseignements sur les surnoms des « grands » de ce monde à travers les siècles et qui sont remontés jusqu’à nous. L’auteur passe en revue, par ordre alphabétique, les qualificatifs, les surnoms et autres sobriquets d’immenses personnages de l’histoire non seulement française, mais aussi universelle. Daniel Lacotte prend un malin plaisir à rétablir la vérité de ces personnages et également de ces époques ou lieux, comme les « Trente Glorieuses », la « Belle Époque » ou la « Perfide Albion ». Il nous régale d’anecdotes, de connaissances, jamais superfétatoires tant le plaisir d’apprendre est nourri tout au long des pages.

“À sœur perdue”, Marion Jollès-Grosjean

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Pour son premier roman, la journaliste Marion Jolliès-Grosjean prend la voie de la justesse et de la délicatesse. Comme le titre le suggère, « À sœur perdue » est une intense histoire d’amour entre deux sœurs, différentes et fusionnelles, chacune enviant la vie de l’autre. Amélie et Marianne ont grandi sous le regard aimant de leurs parents. Une vie de famille comme on en rêverait, sans de réelles aspérités dans les relations, l’écoute et la compréhension étant les maîtres-mots des parents. Alternant récit et journal intime, l’auteure nous dévoile peu à peu les failles de ses personnages féminins du clan Darbois, les deux sœurs et la mère, liées par un amour immense, surprotecteur les unes envers les autres. Pourtant, un soir, personne ne répond à l’appel de la cadette, Amélie. Qui aurait pu deviner le drame qui se jouait ? Tout allait si bien… en apparence. En tout cas, rien annonçant l’acte fatidique. Le drame était entré chez les Darbois, bouleversant l’équilibre fragile de la famille, chacun vivant son deuil à l’aune de sa culpabilité. Tendre et bouleversant, ce roman sur les liens familiaux est une belle réussite.

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