“L’amour est dans le prix”, du vécu à revendre !

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
La petite salle du théâtre du Gymnase Marie-Bell voit débarquer du vendredi au dimanche l’explosive troupe de comédiens qui s’éclate dans « L’amour est dans le prix ». Écrite comme une comédie sentimentale satirique par Thierry Boudry, la pièce inspirée de sa vie personnelle est surtout une comédie de mœurs. Non sans autodérision, elle retrace le parcours chaotique d’un éternel amoureux et de son évolution au fil des ans et des gifles à poings fermés. Car, le mariage n’est-il pas un vaste ring et les conjoints, des partenaires qui se muent en adversaires ? Brandissant le parti d’en rire par des réparties qui claquent à chaque reprise, l’auteur sublime ses amours et ses séparations à travers trois couples de comédiens qui donnent tout, de la dernière chemise à la petite culotte ! Ces six personnages vont se croiser, s’aimer et s’entre-déchirer à une période déterminée, qui semble être la même, jusqu’au surprenant gong final. L’auteur ne vous promet ni du sang ni des larmes, quoique… Mais du rire, de la nostalgie, de la cruauté, du cynisme, de l’infidélité, de l’amour vache folâtrant dans un pré carré entouré de paravents en plexiglas. Une pièce sous haute sobriété scénique où tout est suggéré. L’entreprise de pompes funèbres, le restaurant, le ring de boxe et la galerie de peinture : on s’y croirait !

“Moi, papa ?”, ou la magie de la paternité

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
S’il n’y a pas d’école pour apprendre à être papa, le one-man-show d’Arthur Jugnot est un bel avant-goût humoristique sur cette étape de la vie de couple conjuguée à trois. « Moi, papa ? », au théâtre du Splendid, raconte la transformation d’un jeune adulte libre et bien dans ses baskets d’ado boboïfié en un père responsable et accro à son fils. Mais combien d’épreuves et d’actes d’amour faut-il pour y parvenir ? Arthur Jugnot porte l’enseigne du vécu, tous feux de détresse allumés, derrière chaque trait d’humour et mimique, qui n’est pas sans rappeler l’inspiration du père. À la fin du spectacle, il remercie son fils de quatre ans et demi qui lui a permis d’être un père et un artiste comblé. Pour son premier seul-en-scène, Arthur Jugnot est vraiment à l’aise. Il rayonne, éructe et s’attendrit avec autant d’intensité et de charme. Sa personnalité volcanique au grand cœur fait de ce show une réussite que magnifie l’ingéniosité de la mise en scène de Sébastien Azzopardi et de la scénographie de Juliette Azzopardi.

“Diva sur Divan”, la voix du bonheur

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Assez  ! Céline  Bognini en a eu Assez  ! Elle ne voulait plus se contenter d’être la femme de, la fille de ou même la mère de. Avant de gagner le titre vénérable de grand-mère de, elle se devait de réagir  ! Le spectacle qu’elle écrira, “Diva sur Divan”, sera sa voie du bonheur retrouvé et l’Aktéon le théâtre de sa rébellion. Là, sous les yeux ébahis d’un public tour à tour ému et heureux, se rejoue une séance de musicothérapie aussi originale que bouleversante au cours de laquelle la diva en devenir s’étend sur le divan pour livrer ses névroses, ses aspirations enfouies, ses besoins niés. Le psy pianiste, interprété par Patrick  Laviosa, va guider les réflexions de sa patiente sur ses envies en l’incitant à chanter de grands airs, de Mozart à Satie, de Michel Legrand à Barbara. Peu à peu, sur le tempo d’une comédie lyrique, le public assiste à la transfiguration musicale d’une diva intimidée par son art qui trouve sa clé du bonheur et nous la chante, toute à sa joie de renaître de ses rêves intimidés. 

Fabrice Luchini, serviteur des mots sur un plateau d’argent

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Si l’argent rend fous les gens selon Émile Zola, Fabrice Luchini égaie cette folie en la décryptant au travers d’auteurs résidant au Panthéon du génie. Avec son nouveau spectacle, Les auteurs parlent d’argent, au théâtre de la Michodière, puis aux Bouffes Parisiens, ce passionné extatique des mots et de leur ordonnancement se surpasse. Chaque spectacle, par l’incarnation possédée des lectures, de leurs commentaires facétieux et des improvisations hilarantes, est une prouesse de l’intelligence et du corps. Sous les couleurs de l’argent, ce show-là prend littérairement aux tripes. Si par tradition le sujet fâche, Fabrice Luchini est le médiateur par excellence. Il a rassemblé des textes éminemment connus, mais aussi des trésors oubliés évoquant la perception de l’argent par leurs auteurs. En semant au vent inspirateur des Zola, Marx, Shakespeare, Cioran, Péguy, Céline, Hugo, Freud, Ferenczi, Guitry, Cau, Fabrice Luchini provoque la ruée vers l’enrichissement de l’esprit et du cœur.

Avec Madame Marguerite, Stéphanie Bataille donne beaucoup et jusqu’à la folie !

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La pièce Madame Marguerite et l’interprète du rôle-titre produit une rencontre artistique détonante, passionnelle et militante. Après Annie Girardot, c’est au tour de Stéphanie Bataille de la vivre en se mesurant au personnage d’institutrice de CM2, dont l’obsession est l’éducation, sans hypocrisie ni tabou. Madame Marguerite n’occulte rien de la vie, elle ne dit à ses élèves que la réalité et rien que la réalité, aussi crue et violente soit-elle, avec une méthode sans filtre. Créée en 1974, la pièce de l’auteur brésilien Roberto Athayde a été scéniquement actualisée par une mise en scène d’Anne Bouvier plus démonstrative, aux émotions plus extériorisées, soulignant la folie. Comme en 1974, il y a un tableau noir mais les inscriptions sont plus crues. L’extravagance d’une jupe-tailleur assortie de baskets a fait place à la décontraction plus neutre d’un pantalon et d’une chemise blanche.

« Laurent Gerra sans modération », une cuvée très spéciale !

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Les shows de Laurent Gerra se suivent et se réinventent sans cesse. On connaît les voix et les gestes, on reconnaît les personnages, les anciens et les nouveaux, on attend l’humour grinçant et le verbe qui n’a peur de rien, comme une Madeleine de Proust. Bref, on sait ce que l’on va voir. Et pourtant, dès qu’il entre sur scène, c’est comme si on découvrait tout pour la première fois. Mais comment fait-il ? Avec son spectacle « Sans modération », millésimé « inédit », cette magie inexplicable est renforcée par le cadeau que l’artiste fait à son public pour fêter ses cinquante ans et ses presque trente ans de carrière. Il ouvre son album photo familial et livre des anecdotes, comme l’enfant qui ne rêvait que de monter sur scène. Il avait cinq ans en 1972 et déjà il imitait Michel Sardou sur sa chanson Les Bals populaires. Si la cuvée 2018 est exceptionnelle par ce double anniversaire, elle devient aussi mémorable par cette pointe de tendresse qui remonte d’une enfance heureuse, dont il émaille son spectacle. Un Laurent Gerra inattendu, surprenant, émouvant.

“Rendez-vous place Gandhi”, un show tout en voix éco-responsables

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Le mercredi 16 mai 2018, au théâtre de L’Archipel, Xavier Fagnon et Christophe Lemoine vous embarquent dans une aventure écologique décoiffante, onirique et drôle. Dans l’ambiance musicale et colorée d’une Inde du futur, aussi enchanteresse que polluée, l’imitateur vous fera vivre intensément, et non sans ironie, une course de l’extrême façon “Pékin Express”, mais dans une version éco-responsable. Lors de ce jeu de télé-réalité, les participants, quatre binômes de personnalités célèbres, sont censés dépasser leurs limites dans le respect écologique, ce qui n’est pas gagné ! Un contre-la-montre dantesque où Xavier Fagnon emprunte leur voix et parodie leurs chansons, avec la complicité du musicien pince-sans-rire Sébastien Jan qui campe “Ravi”, un impassible hindou au turban chatoyant. Le spectacle démarre le jour de la finale. Mais d’ici la transmission du prime time en direct de l’arrivée des concurrents sur la place Gandhi, il reste une journée et tout peut arriver. Bien entendu, tout arrive ! Pour notre plus grand plaisir !

“La croisière, ça use”, une pêche miraculeuse

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La nouvelle comédie d’Emmanuelle Hamet “La croisière, ça use !” est un voyage au long court chahuté de rires et de surprises. Un skipper de pacotille doit convoyer un voilier de Tanger à Ibiza. C’est ainsi que deux marins d’eau douce et deux passagères aux personnalités bien tranchées se retrouvent sur le Hakuna Matata, en pleine tempête, sans eau, sans vivres et sans radio. Bâtie sur un scénario basique, la pièce prend toute sa valeur avec les réparties qui claquent aux vents contraires. La mer démontée fait chavirer le scénario dans l’enchaînement des catastrophes. Les passagers, chacun arrimé à son objectif de départ, vont traverser la tempête dans un déferlement de situations loufoques et irrésistibles, jusqu’au point de rupture. Une croisière, ça use forcément à ce rythme de tous les diables. Sous une mise en scène énergique et synchrone de Luq Hamett (également Directeur du théâtre), Éric Massot, Marie-Aline Thomassin, Émilie Marié, Lionel Laget souquent ferme et bien, sans perdre le nord. Cette pêche d’enfer tient du miracle. Alors, plus d’hésitation, embarquement immédiat au théâtre Edgar !

Avec Manon Lepomme, c’est du merveilleux à croquer !

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Une boule d’énergie surgit sur la scène du Point Virgule. Elle rougeoie, pétille et claironne en même temps. Elle s’appelle Manon Lepomme, elle est belge et refuse d’aller chez le psy. Pourquoi y irait-elle d’ailleurs ? Le rire ne permet-il pas de tout surmonter, même les galères qui accostent toujours au même port ? Manon Lepomme a le rire bien ancré en elle, et c’est tant mieux, car elle a essuyé bien des tempêtes lorsqu’elle était professeure. Ça vous prépare à toutes les avaries l’Éducation nationale ! Abandonnant la salle de classe, Manon Lepomme a choisi un terrain de jeu plus ludique : la scène ! Bien lui en a pris. Elle se donne à mille pour cent et, visiblement, c’est l’éclate totale pour elle. “Non, je n’irai pas chez le psy !” est un one-woman-show survitaminé, qui redonne la pêche et l’envie de dévorer du merveilleux !

“Meilleurs alliés”, duel magistral au sommet de l’Histoire

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Avec “Meilleurs alliés”, c’est une page d’un épisode déterminant de l’Histoire de France qui se tourne et se retourne au Théâtre du Petit Montparnasse, où deux monstres sacrés s’affrontent dans un dernier combat patriotique. Le 4 juin 1945, à Londres, Winston Churchill annonce à Charles de Gaulle le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie prévu le surlendemain, mais sans la France. L’auteur Hervé Bentégeat imagine cette rencontre où se dispute une joute oratoire hors norme qui use de l’humour caustique et des escarmouches de l’esprit avec la même dextérité. Il a trempé sa plume dans la mythologie des deux personnages pour leur redonner vie et les opposer de façon magistrale. Pascal Racan et Michel de Warzée ne se contentent pas de se glisser dans leur uniforme, ils projettent une autorité légitime et naturelle. L’impression est telle que ce rendez-vous semble se jouer pour la première fois, et seulement pour soi.

“Ramsès II”, où la perversion sublimée

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Être fou ou ne pas l’être, telle est la question que l’on se pose au sortir de Ramsès II, une pièce tragi-comique qui se donne aux Bouffes Parisiens. La question est claire, les réponses sont troubles. Habitué des scénarios torturés, d’apparence sans queue ni tête, l’auteur Sébastien Thiéry s’est encore surpassé en empruntant au monde de l’absurde une situation hitchcockienne perturbante. Bon sang ! Mais qui est fou dans l’histoire ? Les personnages ? L’auteur ? Ou les spectateurs ahuris, sonnés, désorientés ? Ont-ils vraiment vu ce qu’ils ont vu ? Si oui, pourquoi les personnages font-ils semblant ? Y a-t-il vraiment manipulation ? La perversité qui se dévoile jusqu’à l’outrance est-elle réelle ? On raisonne, on se raisonne, on veut résister à la déraison. Mais le drame familial qui déclenche des émotions contradictoires, entre rires et horreur, arraisonne les évidences, brouille la lucidité, et finit par échouer votre raison sur une plage d’insondables perplexités. Un coup de génie !

“Les Goguettes en trio (mais à quatre) : Merci Macron !”, les mousquetaires du Verbe heureux

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Au théâtre de Trévise, le groupe de chansonniers Les Goguettes en trio (mais à quatre) vous embarque dans un détournement immédiat des plus grands tubes français pour épingler l’actualité et surtout ceux qui la font. “Merci Macron” est la dernière version de la rentrée 2017 ! Les si spirituels Stan, Aurélien Merle, Valentin Vander et la merveilleuse pianiste Clémence Monnier éclipsent le temps dans leurs habits de scène rouges et noirs. Ils ont le geste passionné, l’œil frétillant de malice et la complicité volubile. Ces quatre mousquetaires, prêts à en découdre sous la bannière fédératrice de l’humour, ont affûté leur tranchant à l’actualité, si généreuse en scandales politiques et en attentats aux bonnes mœurs. Sur ce terreau fertile et inépuisable, ces fines lames du verbe touchent juste et bien, jusqu’à mort (de rire) s’en suive.

Les Darons osent tout, et plus encore !

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Plus de vingt ans d’amitié, ça se célèbre dignement. Avec ces cinq larrons-là… euh pardon ! Avec ces cinq darons-là, elle se fête dans l’insolence comique et l’humeur grivoise. Fred Bianconi, Frédéric Bouraly, Olivier Mag, Emmanuel Donzella et Luc Sonzogni se mettent en cinq pour vous proposer du rire débité en tranches croustillantes et sans interruption. Unis comme les cinq doigts de pied, ils vibrent d’une même excitation pour glorifier l’amitié, solide et stable, qui les a menés vers ce projet à la démesure enivrante. Car, avec Les Darons, leur grain de folie complice, gonflé aux hormones du plaisir, fait craquer toutes les coutures de la bienséance. Tenez-le-vous pour dit ! La bienséance est boutée hors les murs du Café de la Gare. Place nette aux sketches décalés et aux chansons à texte bousculées, à cette profonde irrévérence qui se permet tout, le pire comme le meilleur, et surtout ce pire qui donne toute la saveur au meilleur. Sous la collaboration artistique de Michèle Bernier, la bande des Darons frappe furieusement les esprits et les cœurs emballés, jusqu’à l’insoutenable légèreté des mœurs.

“Les jumelles”, du rire à la paire

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Dans cette récolte automnale record d’humoristes à l’affiche, un duo women show se distingue par l’entrain et le capital sympathie qu’il dégage, mais aussi par une caractéristique inédite. Anne et Sophie Cordin sont jumelles ! Les deux humoristes jouent de leur charme dédoublé et de leurs blagues en stéréo pour conquérir le cœur des spectateurs. Ce sont deux rayons de soleil qui se lèvent tous les lundis dans la petite salle du Gymnase, pour procéder à un effeuillage en règle de notre société grande consommatrice d’éphémère et de superficialité. À coups de blagues et de jeux de mots absurdes, décalés, déjantés, elles en croquent à pleines dents les contours tapageurs et les travers fondamentaux.

“Fausse note”, un passé coupable en point d’orgue

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Quand une note de musique emprisonne une vie dans la mémoire meurtrie, l’écho de ce passé libéré ressurgit au présent sur un air de requiem. C’est la gravité et la beauté, en communion, qui battent le rythme au théâtre Michel. « Fausse Note » est une pièce écrite de façon magistrale. Didier Caron nous avait habitués aux comédies, il nous livre ici un drame qui se déroule presque à notre insu tant l’écriture captive et l’interprétation saisit. Les deux solistes que sont Christophe Malavoy et Tom Novembre jouent leur partition comme si leur vie en dépendait. Leur jeu, intrigant et trouble, réveille la mémoire collective sur un passé à fleur de peau. L’émotion prend au col, serre fort et ne relâche sa pression que pour permettre de battre des mains tout aussi fort, comme pour rompre un charme bien trop intense et suspendu dans les méandres de l’Histoire.

Fred Zeitoun, en chanteur enchanté

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Depuis le 24 septembre dernier, un ovni en chanteur se pose chaque dimanche soir à L’Alhambra vers 18 heures. Une heure entre chien et loup qui assombrit curieusement le moral de certaines personnes devant reprendre leurs activités le lendemain. Pour remédier à ce coup de blues, deux options s’offrent aux micro-dépressifs du dimanche soir : travailler le dimanche ou venir découvrir Fred Zeitoun en chanteur. En tout cas, c’est ce qu’il propose en ouverture de son spectacle, le sourire large et mutin de l’impatient qui prépare une surprise. Il entend offrir à son public qu’il chérit une heure quinze de pure autodérision démêlant une vie en dix-neuf chansons. À l’image d’un parcours jalonné de combats et de rires, Fred Zeitoun s’improvise chanteur pour piétiner les préjugés (Comme tout le monde), se moquer des imbéciles curieux (Le Monsieur de la télé), louer l’amour de sa vie (Vie peu commune) et partager son immense bonheur d’être père (Depuis que tu m’as adopté).

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