“Enfin vieille !”, la revanche du talent

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
Quelle jubilation et quelle générosité ! Le One Woman Show de Laura Elko, “Enfin vieille !”, raconte une histoire drôle et sensible sur l’itinéraire d’un destin contrarié par le temps qui se défile. L’écriture intelligente sur le jeunisme et la peur de toute une génération de se voir rattrapée par la suivante se nourrit d’une bonne dose d’autodérision. L’interprétation juste et intense des multiples personnages relève de l’exploit physique. L’humoriste ne se contente pas d’être désopilante à nous faire vieillir prématurément, elle use et abuse avec délice de ses différents talents qui sont autant de flèches qu’elle décoche avec un plaisir non feint. Elle alterne avec une aisance déconcertante aussi bien les airs d’opéra que la variété française. Bien évidemment, comme tout artiste qui se respecte, elle danse et sait jouer de plusieurs instruments, mais, art plus rare, elle nous livre un numéro de ventriloquie à couper le souffle !

« Un petit jeu sans conséquence », les hasards du désamour

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
La belle lumière de la comédie de Jean Dell et de Gérald Sibleyras, “Un petit jeu sans conséquence”, ne faiblit pas avec les années. La mise en scène d’Éric Laugérias (metteur en scène, mais aussi comédien, auteur, scénariste, homme de radio) prolonge le charme croustillant qui avait fait de ce texte savoureux un vrai succès en 2003. Le Molière de la meilleure pièce à sa création ne saurait le démentir ! Produite par la Compagnie des Hauts de Scène, la pièce “Un petit jeu sans conséquence” se renouvelle au théâtre Le Mélo d’Amélie, à Paris, avec de jeunes comédiens surprenants de sincérité et de vivacité.

« Pasolini Musica », la pensée sublimée

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Force, caractère et volupté se dégagent du nouveau spectacle d’André Roche, de la Compagnie L’Arsenal d’Apparitions qui se produira dès janvier 2017 au Théâtre de Ménilmontant. Pier Paolo Pasolini, le plus sulfureux et prolixe des artistes en résistance, est mis en musique et en scène dans un spectacle autour de trois comédiens impliqués et sensibles. “Pasolini Musica” réunit un homme (Miguel-Ange Sarmiento) et trois femmes (les chanteuses Stéphanie Boré et Éva Kovic, et la violoniste et pianiste Solène Ménard), des artistes qui incarnent avec ardeur et talent la pensée de cette figure controversée de l’anticonformisme, qui a été tout à la fois romancier, poète, scénariste, pamphlétaire, auteur dramatique, réalisateur et acteur.

« Le syndrome du Playmobil », la contagion du rire

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S’il y a un syndrome dont on aimerait être frappé, c’est bien celui du Playmobil ! Il faut quand même réunir plusieurs conditions pour y parvenir. Choisissez par exemple Élodie Poux, une jeune humoriste pétillante comme ces petites bulles de champagne qui éclatent de plaisir dans la tête. Puisez votre inspiration dans une source intarissable que sont les enfants, de préférence en maternelle. Ajoutez-y un soupçon de délire généré par le comportement excessif des parents. Une dernière touche avec des glaçons colorés de cynisme et vous obtenez un spectacle sur l’éducation qui se savoure comme un cocktail renversant. Le sourire béat du Playmobil ne vous quitte plus.

« Au bord du lit », où l’amour sous toutes les coutures

Pièce de théâtre Maupassant au bord du lit Jacquot

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Parmi les trois cent soixante-cinq pièces proposées chaque jour à Paris, ou à peu près, il y en a une qu’il serait malséant de bouder ou de négliger. Elle dure une heure, une délicieuse heure qui éclipse le quotidien dès la première seconde jusqu’à la dernière, avec un texte où chaque mot rime qui avec joliesse, qui avec délicatesse, qui avec allégresse. Il suffit de se laisser porter par le rythme enjoué et la verve malicieuse de Guy de Maupassant. « Au bord du lit » est une comédie adaptée par Frédéric Jacquot à partir de cinq nouvelles méconnues et délicieuses de cet immense écrivain prolixe en la matière.

« L’Adieu à la scène », que tombent les masques !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Une nouvelle invraisemblable déferle dans les rues de ce Paris du XVIIe siècle, en 1677. C’est un cataclysme qui traverse les âges et qui se joue jusque sur les planches de l’Espace Roseau Teinturiers sous la forme d’une pièce intense de Jacques Forgeas, nommée L’Adieu à la scène. Jean Racine (Baptiste Caillaud) renonce à écrire pour le théâtre pour devenir l’historiographe du Roi Louis XIV. Jean de La Fontaine (Léo Dussollier), son cousin, entend convoquer l’homme qui l’évite, au prix d’un stratagème audacieux. Il dépêche deux jeunes femmes, Clarisse (Emmanuelle Bouaziz) et Sylvia (Chloé Stefani), pour inciter le tragédien à revenir sur les pas de ses succès et de ses amours cachées, une loge de l’Hôtel de Bourgogne. Le piège fonctionne, il se referme sur un huis clos palpitant jusqu’à la dernière révérence.

« À droite à gauche », la politique d’en rire

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Pour les “quinze irrévocables”, après plus de 250 représentations depuis 2016, la comédie de Laurent Ruquier “À droite à gauche » réunit un duo improbable qui évolue et interagit comme des inséparables, deux artistes magnifiques dont la rencontre devient une évidence artistique. D’un côté Francis Huster jouant le rôle de Franck Tierson, un acteur riche et célèbre, divorcé et seul, étendard de la gauche caviar triomphante et qui le revendique… par solidarité avec les gens du peuple. De l’autre Régis Laspalès, alias Paul Caillard, chauffagiste en déplacement pour réparer une chaudière dans un luxueux appartement. Naïf par humanité et homme de bon sens, il assure être de droite “n’ayant pas les moyens de voter à gauche”. La situation, cocasse et inattendue, digne du pur boulevard, prépare à une conversation surréaliste qui abolit la langue de bois. Enfin !

« Avec vous jusqu’au bout ! », une comédie funéraire sans temps mort !

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« Avec vous jusqu’au bout ! » est une comédie funéraire qui apprête la mort en grande pompe avec des atours décalés, insolents, jubilatoires. La dédramatiser par le rire, c’est très tentant ! Officiée par deux croque-morts enjoués et délirants, on y accourt ! Mais avec une écriture percutante en prime, alors là, c’est du chocolat en barre ! Ça tombe bien, Jean-Pierre et Sylvain Bugnon nous viennent de Suisse. C’est dire s’ils s’y connaissent ! Frères dans la vie, au spectacle ils se transforment en collègues au chômage qui doivent réviser leur examen d’ordonnateur des pompes funèbres. C’est une profession qui aura toujours de très beaux jours devant elle… si tant est que le professionnalisme de l’officiant soit reconnu ! Ce qui n’est pas gagné avec nos apprentis ! L’examen approche et l’un des deux n’est absolument pas prêt…

« L’éveil du chameau » : Cap Paternité !

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Quand une femme bourrée de principes rencontre un homme sans principe, la confrontation promet du grand spectacle. Embarquez les yeux fermés à bord de ce superbe vaisseau qui tangue sous des vents contraires. Une situation périlleuse provoquée par Murielle Magellan, une auteure aussi talentueuse que malicieuse et à l’humour corrosif. Et ouvrez les écoutilles ! “L’éveil du chameau” est une bourrasque, un tourbillon… que dis-je ? Une tempête initiatique qui secoue le théâtre de l’Atelier. Les répliques claquent tantôt en force tantôt en subtilité, impertinentes et provocatrices, piquantes et vives, et toujours justes. Le trio de comédiens (Pascal Elbé, Barbara Schulz, Valérie Decobert) est sur le pont avec ardeur et conviction, ne lâchant rien. Une grande complicité transparaît de leur jeu sincère et fluide. Des accalmies éclairent les failles des personnages qui en deviennent plus émouvants. La mise en scène de Anouche Setbon est fine, sobre et suggestive. Les jeux de lumière marquent une temporalité qui chemine main dans la main avec l’évolution des caractères.

« Et pendant ce temps, Simone veille ! », un humour résolument engagé

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Au théâtre de la Contrescarpe, on rit à gorge déployée dans une salle bondée. Un public largement féminin vibre en accord majeur avec les quatre comédiennes. Il y a comme une entente tacite, instinctive, une communion solidaire, des expériences partagées qui résonnent de concert entre toutes les femmes. D’où vient cette magie ? Du thème proposé, pardi ! « Et pendant ce temps, Simone veille » est une comédie sur l’évolution de la condition féminine en France depuis les années 50 jusqu’à nos jours. Un vaste programme rétrospectif qui peut freiner l’élan tant le sujet est rebattu. Mais c’est sans compter la magnifique énergie des comédiennes, campant une bourgeoise, une ouvrière et une femme de classe moyenne, en outrant le trait, provoquant des situations drolatiques qui voisinent avec le burlesque, volontairement, qui laissent cependant percer un certain dépit vis-à-vis des mœurs qui n’avancent pas aussi vite que les idées et les bonnes volontés.

« Fabrice Luchini et moi », où le frisson par le verbe

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On vient rêvant d’un Luchini en fête, on repart avec du Sauton en tête. Un génie pour le prix de deux. Une technicité gestuelle et vocale hal-lu-ci-nante ! Des traits d’esprits qui font mouche, qui scandalisent avec ravissement et démontent les lieux communs avec une arme fatale : la langue française. Le spectacle écrit, mis en scène et joué par Olivier Sauton, au théâtre de l’Archipel, est une exaltation de l’esprit. L’admiration du comédien pour le maître du verbe résonne dans une symphonie solitaire, mais peuplée de talents, avec justesse et tendresse, pour que l’ivresse soit.

“Anquetil tout seul”, la victoire d’une équipe

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« L’excellence se joue dans la solitude. » La phrase du texte de Paul Fournel, tirée du livre « Anquetil tout seul » (Éditions du Seuil/Éditions Points) résout-elle à elle seule l’énigme Anquetil ? Deux mots clés qui définissent pourtant si bien le monstre sacré du cyclisme de 1953 à 1969, le champion de la froideur et du professionnalisme, l’homme timide avec le public et exigeant avec lui, qui ne se courbait que devant le guidon. L’homme divisait qui les foules, le sportif qui ratissait les victoires. Mais dont la « passion » ne se laisse toujours pas distancer par l’oubli. Elle est toujours, vive, venant talonner la roue de ce vélo qui fend l’air, avalant les heures d’efforts, de travail, d’audace, de défis, de douleurs, jusqu’au bout de lui-même, pour ressusciter au Studio Hébertot.

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