“Diva sur Divan”, la voix du bonheur

Temps de lecture : 2 min

 

THÉÂTRE & CO 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

Assez  ! Céline  Bognini en a eu assez ! Elle ne voulait plus se contenter d’être la femme de, la fille de ou même la mère de. Avant de gagner le titre vénérable de grand-mère de, elle se devait de réagir  ! Le spectacle qu’elle écrira, Diva sur Divan, sera sa voie du bonheur retrouvé et l’Aktéon le théâtre de sa rébellion. Là, sous les yeux ébahis d’un public tour à tour ému et heureux, se rejoue une séance de musicothérapie aussi originale que bouleversante au cours de laquelle la diva en devenir s’étend sur le divan pour livrer ses névroses, ses aspirations enfouies, ses besoins niés. Le psy pianiste, interprété par Patrick  Laviosa, va guider les réflexions de sa patiente sur ses envies en l’incitant à chanter de grands airs, de Mozart à Satie, de Michel Legrand à Barbara. Peu à peu, sur le tempo d’une comédie lyrique, le public assiste à la transfiguration musicale d’une diva intimidée par son art qui trouve sa clé du bonheur et nous la chante, toute à sa joie de renaître de ses rêves intimidés. 

En pleine séance de musicothérapie, la patiente raconte son mal-être, tiraillée entre son envie de monter sur les planches et sa vie de femme au foyer aux petits soins pour son mari qui ne se préoccupe que de son propre talent. Elle s’apostrophe de “chianteuse” à force de se débattre dans une vie dépouillée de ce qui la fait vibrer. Elle confie que son vide affectif est aussi abyssal que le trou de la sécurité sociale. C’est dire  ! Au fil de ses prises de conscience, la soliste en mal de reconnaissance se donnera tous les moyens de s’affranchir de la célébrité de sa moitié dans le but de se confronter au public et le conquérir. N’est-ce pas le prix pour gagner sa propre estime  ? Alors, emportée par un air de Mozart, “Voy que sapete” (Les Noces de Figaro), la chianteuse ose projeter sa voix comme on se jette à l’eau, dans un sursaut héroïque, avec l’espoir arrimé au fond de la gorge qu’une force insoupçonnée va la révéler à elle-même. Chaque confidence sur le divan sera ponctuée d’un air qui l’aidera à avancer dans sa thérapie. En prenant l’assurance d’une diva révélée, elle entraînera même dans son sillage les épanchements filiaux de son musicothérapeute pianiste. 

Diva sur Divan est une bouffée d’airs purs qui infuse le plaisir. On le doit aux blessures intimes de Céline  Bognini qu’elle transcende sur scène à force de talent, d’humilité et de courage. L’artiste lyrique, ici attendrissante, là hilarante, fait tourbillonner les notes, évoquant la sensualité de La Diva de l’Empire (Satie), l’émotion d’Une Petite cantate (Barbara), l’énergie rafraîchissante de La mélodie du bonheur (Rodgers). Sa voix à la fois cristalline et suave est l’instrument de ses émotions qu’elle libère avec l’intensité d’une première fois. En piochant à 99,99 % dans sa vie personnelle, elle ne pouvait que restituer justesse et authenticité. Mais elle ne se contente pas de chanter avec une gaîté propre à contaminer tout cœur chagrin, elle joue la gradation d’une renaissance que la dextérité du pianiste comédien Patrick  Laviosa magnifie. Les deux artistes forment un duo harmonieux sur scène avec ce spectacle sincère et très distrayant. Si pour Céline  Bognini le chant lyrique est une seconde naissance, pour le public, il offre l’éternité d’un instant magique. 

Nathalie Gendreau

Soirée dîner théâtre organisée par Auclair de Lune.

©Nathalie Gendreau


Distribution

Avec : Céline Bognini et Patrick Laviosa.

Créateurs

Auteur et interprète : Céline Bognini

Mise en scène : Jean-Philippe Bêche

Piano : Patrick Laviosa 

Le mercredi et le jeudi à 20 heures, jusqu’au 22 mars 2018.

Relâche 7 mars.

À l’Aktéon Théâtre, 11 rue Général Blaise, Paris 75011.

Durée : 1h10.

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