“Les Affranchis”, Jean Monville

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Une fois à la retraite, l’ex-président de SPIE (*) Jean Monville écrit l’histoire de son entreprise, puis « Puzzle », un roman qui relate des tranches de vies qui se croisent. Dans la même lignée, “Les Affranchis” est une chronique qui raconte l’histoire de trois amis d’enfance. En convoquant leurs souvenirs, Édouard, Henri et Jean-Charles vont raviver un réel révolu mais qui va ressurgir avec plus d’acuité. À la fin de leurs études d’ingénieur, ces hommes qui rêvaient de réussite professionnelle se sont affranchis d’une vie conventionnelle. Refusant toute attache, ils préféraient l’aventure et les grands espaces à une vie amoureuse et familiale routinière. Ils y gagneront des émotions fortes, des amours trahies et des regrets secrets. À l’image du film de Marc Esposito, « Le cœur des hommes », le roman de Jean Monville guide le lecteur avec justesse jusqu’au cœur de ces hommes qui s’interrogent et se livrent en toute honnêteté sur la façon dont ils ont vécu les événements marquants de leur vie, leur rapport aux femmes et leurs erreurs.

“Molière malgré moi”, le théâtre en majesté

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Il est des pièces qui divertissent, il en est d’autres qui enrichissent. Molière malgré moi est un attrape-bonheur qui dispense l’un et l’autre d’un égal talent. Francis Perrin en est l’heureux créateur, le metteur en scène inspiré et l’âme sœur incarnée quand il raconte les quinze dernières années de vie et de scène du « premier farceur de France » et explique l’homme dans la force de l’âge et de l’imagination. Comment ne pas être fasciné, à son tour, par ce grand Monsieur du théâtre à la fois travailleur infatigable et chef de troupe créatif ? Il a été l’un des rares, sinon le seul, pourvoyeur de plaisirs dans le cœur du Roi, de la Cour et du Peuple avec une constante égalité. Sa carrière cheminant avec raison gardée, Francis Perrin s’est attaché à Jean-Baptiste Poquelin, comme à un frère de comédie. Au fil de centaines de représentations des pièces de Molière, il a goûté aux vers merveilleux, frappés au coin de l’humour railleur et aux tournures grisantes qui émoustillent l’esprit et entretiennent la joie. Avec ce seul en scène né de cette évidente appartenance familiale, il est parti à la conquête d’un public affamé de beau. Tant et si bien qu’une troisième saison de Molière malgré moi a redémarré ce printemps 2017, sous les « quinquets » électriques du théâtre de la Gaîté-Montparnasse et la lueur vive et rieuse des yeux de Francis Perrin, en digne héritier de Molière.

“Les exilés du Paradis”, Brigitte Adès

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
“Les exilés du Paradis” est un récit à mi-chemin entre le document et le roman, qui jette des passerelles entre l’Orient et l’Occident, entre l’islamisme éclairé et le fanatisme religieux. L’auteure Brigitte Adès est journaliste, spécialisée dans la politique internationale. C’est dire si elle maîtrise son sujet qu’elle vulgarise au travers d’une histoire inspirée de la réalité politique. Son intention se révèle au fil des pages : faire savoir l’envers du décor, au-delà de la perception fragmentaire ou monolithique que l’on peut avoir sur l’exil, l’intégration, l’islamisme, le fanatisme. En cela, Brigitte Adès réussit à informer tout en sollicitant l’implication émotionnelle du lecteur. Alors, forcément, on s’attache aux personnages, on veut en savoir plus, mais le ton didactique du récit l’éloigne des rivages du romanesque pour le rapprocher du reportage informatif.

“La logique des femmes”, à voir et plus que de raison !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
« La logique des femmes » est la nouvelle comédie d’Antoine Beauville, un peu dans la même veine que la dernière, « Madame croque monsieur ! » Loin de disséquer les travers du sexe dit faible, il brosse un portrait équilibré et tendre de la femme d’aujourd’hui qui se veut l’égal de l’homme en tout, quitte à en payer le prix le plus fort : perdre l’homme aimé. Loin des facilités et des poncifs éculés, le texte pétille de finesse et d’inventivité, et surtout de bienveillance. L’humour est rond et gouleyant comme un bon vin, il réchauffe et suspend cet état de grâce divertissant jusqu’au tomber de rideau. L’humour est servi irrévérencieusement par deux acteurs irrésistibles. Les répliques claquent et s’entrechoquent avec des étincelles de plaisir. Virginie Stevenoot en femme amoureuse éplorée et Dominique-Pierre Devers en providentiel moine à soutane forment un duo détonant et facétieux

“La nuit s’évapore”, Laureline Amanieux

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Dans son recueil de nouvelles “La nuit s’évapore”, dix métamorphoses de l’être s’entrelacent avec bienveillance pour n’en façonner qu’une seule, positive et éclatante, celle de la narratrice. Laureline Amanieux s’est mise en quête de témoignages sur cet élan de vie qui peut surgir après l’épreuve, une résilience formidable qui génère une métamorphose lente ou progressive, venant chahuter les certitudes ou recentrer l’être sur l’essentiel. Focalisée sur cette prise de conscience, l’auteure ne s’est intéressée qu’à ces bouleversements intimes qui se sont mués en renaissance. Avec son écriture sensible et nue dans son authenticité, Laureline Amanieux immerge le lecteur dès la première page dans une mer de douceur insoupçonnée, poétique et inspirante.

“Fragments d’Elle”, un face-à-face en métamorphose

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Avant de s’envoler à Avignon, pour le Festival OFF, Jeanne Feydel a présenté en avant-première sur la scène du Ciné XIII son premier seule-en-scène, « Fragments d’Elle ». Jeune comédienne et déjà réalisatrice d’un court-métrage, elle se passionne pour l’écriture, vraie, écorchée, à la poésie violente. C’est l’écriture des tripes, celle qui fait du mal et du bien à la fois, et qui donne au jeu un réalisme confondant. Avec Jeanne Feydel, l’émotion est dénudée, vive, déflagrante, généreuse. Sous les attraits d’une lune ronde, une fenêtre de l’âme s’ouvre. Suffisant à la jeune femme en souffrance pour basculer du côté de la face cachée de l’être, cet intérieur fantasmé qui bouillonne d’envies et de non-dits. La magie lunaire opérant, Olympe/Jeanne ramène des profondeurs de l’enfance une amie imaginaire, un paon aux plumes exubérantes et aux yeux perçants qui entend reconduire sur le chemin de la liberté son double égaré.

“Illégitime”, Patrick Vilbert

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
“Illégitime” est le sursaut libérateur d’un homme qui a tardé à parcourir le chemin de sa reconnaissance. L’auteur, Patrick Vilbert, est avocat au barreau de Paris, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et conseil de producteurs et d’artistes. Un métier à la croisée d’un monde artistique dans lequel son père, Henri Rollan, cet inconnu illustre, a brillé. Ce comédien au théâtre et au cinéma avait l’âge d’être son grand-père quand il l’a conçu une nuit de Noël avec Suzanne, aussi comédienne. Puis l’a oublié, happé par ses rôles et ses succès. Ce livre magnifique, puissant, délicat, décrit le chemin intérieur d’un fils essayant de dessiner les traits d’un homme, à défaut d’un père, derrière le comédien. Cet acte symbolique vient apposer un baume non pas sur son illégitimité administrative, mais sur ce sentiment paradoxal d’illégitimité vécu de l’intérieur qui l’a poussé longtemps à nier tout héritage : son histoire.

“Adopte un mentaliste”, et la magie tu trouveras !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Si je devais faire court, je dirais « prodigieux ». Mais je ne sais pas faire court. Encore moins quand le spectacle proposé embarque toute la salle pour un autre monde qu’il serait bien banal de dénommer surnaturel. « Adopte un mentaliste », co-écrit avec Sylvain Vip et maxime Schucht, est le dernier-né de Giorgio qui se produit les samedis 8, 15 et 29 juillet, à l’Apollo Théâtre, dans l’attente d’une nouvelle salle pour la rentrée. Le mentaliste a une grande ambition pour vous, celle de vous faire rencontrer le grand amour, votre moitié qui vous correspond en tous points… ou presque. Et, accessoirement, aux siens car il se dit cœur à prendre… Allez savoir si ce cœur est facile à conquérir, son esprit, lui, est insaisissable ! Et, au bout d’un temps qui file bien trop vite entre les neurones, c’est le public qui est conquis. Giorgio l’Amoroso ? Peut-être bien… Mais s’il subjugue le cœur par sa dextérité à se jouer avec humour de la logique, il chatouille aussi la raison par sa facilité à deviner l’autre. Sans se tromper, en jouant sur le registre du charmeur à l’esprit vif-argent, il déroule son scénario à la vitesse de la lumière, nous enveloppe dans son halo de bienveillance et de merveilleux et nous emmène là où il le désire.

“Meurtres en haut lieu”, Hubert Letiers

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
La jeune maison d’édition ReadMyBook frappe juste avec son premier thriller “Meutres en haut lieu”, d’Hubert Letiers. Ce roman policier plonge le lecteur dans les arcanes du pouvoir et de ses abus. EOS, un justicier informatique, entend faire un ménage anticorruption radical dans les hautes sphères de l’État. Il a dans son viseur pas moins de trente-deux personnages publics dont il a prédit la mort dans un manuscrit. Pour nous raconter l’enquête, Hubert Letiers brise les codes et en réinvente d’autres, façon 3.0. Il donne le pouvoir absolu au tueur en série, un don d’ubiquité informatique qui lui permet de mener le jeu, d’inciter celui de ses adversaires, de parer tous leurs mauvais coups et de leur infliger un “échec et mat” retentissant… et définitif. Un récit original dans sa conception, avec un style narratif direct et nerveux, qui sait susciter la curiosité et maintenir la tension. Une réussite de bout en bout, jusqu’à une fin qu’on aimerait temporaire.

“Mémé Casse-bonbons – Petits arrangements avec la vie”, une grand-mère qu’on adore détester

Mémé Casse-bonbons

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Ça tanguait de rire et d’émotions au « Nez Rouge » ! En tournée dans toute la France avec son « Mémé Casse-Bonbons – Petits arrangements avec la vie », mis en scène par Alexandre Delimoges, Anne Cangelosi a déposé ses valises pour sa dernière date de saison sur le bateau-théâtre de Gérald Dahan. Dès l’apparition de la comédienne en vieille femme acariâtre et caustique, la magie opère. L’accent marseillais, les remarques acerbes, les mimiques tordantes, tout accroche l’intérêt. Sans être inédit, le personnage de Joséphine est unique, attachant et tellement crédible que l’on aimerait grimper sur scène pour la réconforter. Nous aussi, public ému, on veut bien être son amie !

“La sœur du Roi”, Alexandra de Broca

La sœur du roi roman historique Alexandra de Broca

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Avec “La sœur du Roi”, Alexandra de Broca continue de faire fructifier avec bonheur le terreau de l’Ancien régime, sa période de prédilection. Après deux romans (*), l’un sur Marie-Thérèse de France, la fille de Marie-Antoinette et du roi Louis XVI, et l’autre sur la vie de la princesse de Lamballe, l’amie fidèle de la reine de France Marie-Antoinette, l’historienne ravive aujourd’hui, sous une plume royalement inspirée, la vie de Madame Élisabeth, la plus jeune sœur de Louis XVI. Attendrie par la personnalité complexe de son sujet, l’auteure revient sur la période troublée de la Révolution française avec une biographie documentée, qu’elle agrémente d’une histoire d’amour platonique intense à l’avenir incertain. Elle nous livre deux vies, l’une réelle et l’autre inventée, qui cheminent en parallèle dans de courts chapitres jusqu’à la rencontre fortuite qui embrasera des cœurs trop entiers pour fuir un destin capricieux.

Blanche Raynal dans un seul-en-scène libératoire

Temps de lecture : 5 min PORTRAIT PASSION
Depuis le 4 avril dernier, le mardi, Blanche Raynal propose au théâtre du Marais un seul-en-scène détonant, joyeusement nostalgique et optimiste. Avec « Carte Blanche », qui relate sa vie d’artiste avec un humour tantôt taquin tantôt tendre, la comédienne joue avec le public, tire son énergie de cette proximité nourricière, et s’amuse telle une enfant libérée de la pesanteur de l’enfance volée. Un jeu qui frappe par sa sincérité et son intensité. Pourtant, qui aurait parié que cette jeune fille timide, introvertie et rêveuse ferait une carrière dans un art qui expose au regard et aux critiques ? Étouffée par la possessivité d’une mère et étranglée par la sévérité d’un père, Blanche partait avec un handicap certain. Mais sa victoire contre l’anorexie a été sa meilleure alliée pour déjouer les projections parentales. Retour sur une longue quête de soi et de libération

“Quatre saisons avec Roberto Alagna”, Jacqueline Dauxois

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Quatre saisons en dix-huit mois. Quatre saisons entre rêve et labeur pour l’auteure Jacqueline Dauxois. Quatre saisons pour observer et partager la vie trépidante du célèbre ténor français contemporain sans aucun doute le plus adulé, Roberto Alagna. Avec “Quatre saisons avec Roberto Alagna”, la journaliste littéraire à la trentaine d’ouvrages à son actif ne nous propose pas une biographie ordinaire, mais un reportage sur le vif, documenté et vivant. Pendant dix-huit mois, de 2014 à 2016, l’ordi sous le bras, elle a accompagné le ténor dans les coulisses, les loges, les studios et les scènes des plus grands Opéras du monde. Elle nous donne à entendre un homme passionné et passionnant, une tornade chantante menant une vie à l’agenda étranglé, entre New York et Vienne, entre Milan et Paris, entre Berlin et Bilbao. Elle l’interroge sur sa conception du métier et le regarde travailler jusqu’à l’extrême fatigue pour placer la note parfaite, cherchant à percer le mystère de cette forte nature qui comprend si bien les œuvres qu’il redonne vie à ses héros. Une vie hors norme, relatée d’une plume nerveuse, tantôt lyrique tantôt journalistique. L’écriture est directe, parfois parlée, ce qui déstabilise au premier abord, mais veut souligner le caractère exceptionnel de cette proximité.

“Monsieur Nounou”, une fanfaronnade endiablée !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Imaginez-vous au fin fond de la campagne… à Courbevoie, à l’ère naissant du téléphone, dans une maison bourgeoise avec maître et domestiques aux mœurs coquines. “Monsieur Nounou !”, une pochade signée par Georges Feydeau et Maurice Desvallières, revient en fanfaronnade sur les planches du théâtre Rive Gauche. Comédie délirante en un acte, Luq Hamett a opté pour une mise en scène respectueuse d’un XIXe siècle finissant en jouant avec les inconvénients de la modernité, comme les pannes d’électricité ou l’installation d’une baignoire sans eau courante et placée sous le téléphone. L’adaptation d’Emmanuelle Hamet confère à un texte déjà drôle et enlevé une dimension moderne. Les artistes, quatre hommes déjantés face à une femme survoltée, s’amusent follement. L’humeur est à la gaudriole, à la démoralisation des mœurs… et ça fait un bien fou !

« Moïse d’Égypte – L’Enfant des trois Livres », Nathalie Beaux

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
De la vie de Moïse, que peut-on savoir de plus ? À l’évocation de ce prophète, je revois se dérouler devant mes yeux d’enfant ébahis un film culte, “Les Dix Commandements”, réalisé par Cecil B. DeMille en 1956. Le livre de Nathalie Beaux, “Moïse d’Égypte – L’Enfant des trois Livres”, non seulement ressuscite ce souffle épique et romanesque de mes souvenirs, mais restitue au personnage biblique une dimension d’homme à plusieurs stades de sa vie. Et, ô miracle !, elle parvient dans sa fiction romanesque à nous détacher de l’image entêtante de Charlton Heston pour cheminer vers un Moïse vierge de toutes projections. Pour dépeindre ce Moïse dépouillé, l’auteure égyptologue s’appuie sur les textes fondateurs des trois religions (juive, chrétienne et musulmane), imprégnant ainsi sa plume de la Lumière de l’Histoire. En restituant le verbe juste à cette figure symbolique, elle commet un ouvrage documenté fascinant, poétique et très instructif.

Le Benjamin Show, un cru 2017 sous le signe du don de soi

Temps de lecture : 5 min ÉVÉNEMENT/ACTU
Mission accomplie pour Benjamin Zeitoun ! Le 3I mai dernier, son Benjamin Show a fait salle comble au théâtre de l’Alhambra. Pour la troisième année consécutive, le grand ordonnateur de cet événement caritatif a mobilisé chanteurs et humoristes au bénéfice de la Fédération des Aveugles de France. C’est à l’issue de ce show qu’un chèque de 10 000 euros a été remis par ce dirigeant d’entreprise passionné d’optique et de spectacle vivant au président de l’association, Vincent Michel. Un beau succès et un concentré d’émotions pour couronner le centenaire de cette association !

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