« Surtout ne regardez pas mon jardin », Stéphane Guérin

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Stéphane Guérin est parolier, scénariste et l’auteur d’une dizaine de textes de théâtre. Avec “Surtout ne regardez pas mon jardin”, aux éditions Dacres, il donne dans la tragi-comédie shakespearienne à laquelle il insuffle une modernité crue et cruelle, où rire et grincement de dents font bon ménage… ou déménagent. Prenez des personnages du grand dramaturge anglais, conférez-leur des sentiments opposés à ceux de l’œuvre, invitez-les dans une maison de famille qui sera le point de convergence de toutes les folies, placez les intrigues dans le futur… Un futur assez proche pour emporter l’actualité du monde et assez éloigné pour éviter que le lecteur rédige ses dernières volontés sur-le-champ. Et vous obtenez un texte drôle qui tranche net la langue de bois et laisse proliférer les mauvaises langues. Un texte qui ose, sans fard, ni filtre, ni mesure. Un régal sans complexe et sans ponctuation !

“9 mois de bonheur”, l’humour à haute dose !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
“9 mois de bonheur” est un bonheur qui dure. Après l’Apollo Théâtre, il s’installe désormais au Comedy Club tous les vendredis et samedis soirs, pour une heure trente tendre et tonitruante. C’est un accouchement de pure intensité et de belles surprises. Les deux parents sont des comédiens incroyablement lumineux et sympathiques. Lola Zidi et Oumar Diaw éblouissent par leur énergie comique et par moult autres talents scéniques. Leur jeu funambule évolue, avec grâce, justesse et jubilation, provocant un rire sans fin. Le texte d’Oumar Diaw et Fonzie Meatoug, valorisé par une mise en scène minimaliste et virevoltante de Noom Diawara, revisite le lieu commun des neuf mois de grossesse pour en tricoter une nouvelle version. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers et un petit ton inédit donnent au point mousse de la comédie une élégance « déjantément » neuve…

“Jacqueline… Reviens !”, tout Maillan en truculence

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
« Une troupe passionnée et très active ! » promet Corinne Zarzavatdjian, la metteuse en scène de « Jacqueline… Reviens ! », pièce dans laquelle elle joue également avec Laurent Pariente et Jonathan Bouchoucha, à La Comédie Saint-Michel. La passion est de mise, assurément. Cette comédie ultra vitaminée puise dans le répertoire du vaudeville de Feydeau, de Courteline et de bien d’autres, une inspiration et une imagination qui débordent d’une saine nostalgie et d’une pétaradante énergie. L’hommage à Jacqueline Maillan et au spectacle qui venait frapper à notre poste de télévision avec son rituel « Au théâtre ce soir », de 1966 à 1986, est hurlant de vérité et assourdissant de tendresse.

« Le Jeu de l’amour et du hasard », du classique aux couleurs sixties

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
La pièce de Marivaux “Le Jeu de l’amour et du hasard” est l’un des classiques les plus joués à la Comédie-Française, et l’on comprend pourquoi quand on la découvre ou la redécouvre. L’écriture belle et percutante est une valeur sûre, la garantie d’un très bon moment. Et quand les comédiens allient plaisir et talent et que la mise en scène de Salomé Villiers se teinte d’une modernité rétro, le plaisir s’aiguise. L’audace scénique, saupoudrée ici et là, pimente l’ensemble d’une saveur nouvelle, plus croustillante. Cette version remasteurisée sixties est une création de la Compagnie La boîte aux Lettres, qui avait déjà monté cette pièce en 2013. Les fondateurs de cette compagnie (Salomé Villiers, François Nambot et Bertrand Mounier), également comédiens, ont été bien inspirés d’avoir repris le chemin des planches le 12 avril dernier dans le joli théâtre Michel. Les amoureux de Marivaux et des belles lettres y trouveront de l’originalité à l’original.

“Camille contre Claudel”, deux cœurs pour un hommage ardent

Hélène Zidi Camille contre Claudel

Temps de lecture : 4 min ÉVÉNEMENT/ACTU
Camille Claudel est un personnage gravé dans la mémoire collective comme une artiste prodigieuse, étouffée par son mentor et amant Auguste Rodin, et comme une femme réduite au dénuement par sa famille. Avec la publication de sa pièce “Camille contre Claudel”, aux éditions Dacres, Hélène Zidi vient rendre justice à cette artiste spoliée, alors même que l’année 2017 célèbre la commémoration du centième anniversaire de la mort de Rodin. Telle une pichenette insolente à l’omnipotence du sculpteur, ce texte qui élève Camille Claudel aux nues de son art va être rejoué cette année au Festival d’Avignon, après un succès remarqué lors de ce même festival, en 2016. Le public pourra y retrouver une Camille dédoublée s’exprimant à deux stades d’une vie chaotique. Pour y parvenir, il fallait deux femmes aux traits ressemblants, à la même énergie créatrice, à la même sensibilité aiguisée. Une mère et sa fille étaient la combinaison idéale pour embrasser une immense artiste à l’aube et au crépuscule de sa destinée.

« Le Génie du vin », un cru sorti de derrière les fagots !

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
Au théâtre du Gymnase Marie Bell se joue un “wine woman show” chaleureux, généreux et effervescent. Le Génie du vin est une comédie imaginée sous le signe de Bacchus, par l’artiste Sylvie Malys et le metteur en scène Michel Thibaud. Sylvie Malys, seule en scène, s’impose en hôtesse des lieux, la crinière flamboyante, la lèvre boudeuse, les yeux malicieux, la robe rouge écarlate qui agrippe le regard. La scène dans un chai. Le ton capiteux. Les gestes infatigables. La comédienne exaltée campe trois femmes, outrées au burlesque, sans s’emmêler les ceps de vigne. Une farce viticole d’origine contrôlée originale, bourrée de jeux de mots vinaires, qui excite d’abord les papilles du public, avant de le conduire à l’ivresse des arômes dans le bar à vin du coin avec une dégustation de vins d’Alsace offerte par la cave de Turckheim. Crémant de dieu !

« Mascarades », pour vaincre la solitude !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
La pièce “Mascarades”, qui se joue au théâtre Galabru, se distingue par les thèmes abordés, réalistes et toujours d’actualité : la vieillesse solitaire et le poids du mensonge dans une existence. Sur ce sujet ambitieux et lourd de sens, l’écriture ciselée et enlevée de la jeune Marina Gauthier, attisant le froid et le chaud, frappe par sa maturité. Performance à relever, “Mascarades” étant sa première pièce ! Le cadencement entre comédie et drame, qui alterne rires et émotions, ajoute à la puissance du propos narratif. Si l’humour grinçant domine dans ce huis clos intense, venant atténuer les répliques corrosives, la légèreté de la jeunesse et sa joie invasive soufflent sur la scène un vent d’espérance en l’âme humaine. La confrontation passé/présent de deux anciennes amies (Roselyne Geslot et Lydie Rigaud) est explosive et touchante. Et laisse le public pantois devant l’enchaînement des répliques qui se précipitent, inéluctablement, vers le drame final… Quoique !

« L’aigle à deux têtes », l’essor des cœurs mêlés

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
“L’aigle à deux têtes” est un drame historico-fantastique de Jean Cocteau qui a été joué pour la première fois au théâtre en 1946. Touché par la volonté farouche des personnages à rester maîtres de leur destin, le metteur en scène Issame Chayle, assisté d’Aurélie Augier, propose un nouvel écho passionné à cette pièce peu connue qui rend hommage à un texte nerveux et lyrique. Pour cette œuvre inspirée des drames de la maison d’Autriche de la fin du XIXe siècle, le théâtre du Ranelagh était l’écrin idéal. Les magnifiques boiseries se prêtent aux envolées tragiques, et les lourdes tentures rouge sang au drame qui se tisse avec le fil du souvenir d’un fantôme. Delphine Depardieu et Alexis Moncorgé y campent une reine “anarchiste” grave et mystérieuse et un anarchiste “royal” vibrant de haine et d’amour. Des acteurs superbes qui sont portés par leurs personnages au tempérament vif qui se confrontent, s’aiment, se manipulent pour une fin délibérée… hors d’une destinée tracée.

« Ça déménage ! », entre mesure et démesure…

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Depuis le 3 février dernier, Ça déménage à la Folie Théâtre, à Paris, plutôt deux fois qu’une ! Quatre jeunes comédiens (Alexandra Feignez/Jessica, Karine Malleret/Juliette, Guillaume Marien/Pedro et Antoine Rabault/Ludo), bien rodés au jeu de l’improvisation, se déchaînent sur les planches pour cette reprise, incarnant avec véhémence et un soupçon de démesure le texte de Ludovic Gutierrez. Au mot près ? Que nenni, ce serait trop simple. Un baiser volé, subrepticement, et avec un rien de malice, laisse supposer que ce quatuor survolté s’amuse à corser une mise en scène (orchestré par l’auteur) renversante en intensité physique et vocale.

« Ben Hur, la parodie », liker et mourir de rire !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Un titre de spectacle intrigant, s’il en est. Qui aura vu Ben Hur dans son enfance s’interroge sur la course de chars mythique qui l’a marqué à vie. Comment faire entrer sur la scène du Théâtre de Dix heures un stade bondé et ses fringants chevaux en donnant la même impression de puissance que dans le film de 1960 ? C’était sans compter le talent des auteurs Hugues Duquesne et Olivier Mag et du metteur en scène Luc Sonzogni. Trois heures trente ramassées en soixante minutes de folie joyeuse, d’énergie tendue, de répliques drôles et fines, de références détournées de l’actualité, de surprises aussi qui donnent une grande envie de revoir l’orignal… ne serait-ce que pour vérifier que tout y est ? Eh bien, après un bain de jouvence avec Charlton Heston, figurez-vous que tout y est ! Le tour de force est complet ! Je « like » !

« Edmond », où comment Rostand donne vie à Cyrano

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Voilà, c’est fait ! L’appréciation “Inclassable” est entérinée avec “Edmond”. La pièce écrite et mise en scène par Alexis Michalik au Théâtre du Palais-Royal propose un scénario subtil et joyeux qui s’insère avec bonheur dans l’œuvre d’Edmond Rostand. Quelle merveilleuse idée de nous raconter les événements (réels et fantasmés) qui ont présidé à l’acte de naissance de Cyrano de Bergerac ! Pourtant, il est bien périlleux de réunir une œuvre et son auteur, surtout quand il s’agit d’un texte aussi puissant et joué jusqu’à la corde sans l’user. Alexis Michalik relève le défi avec classe en revêtant Cyrano d’une aura originale et en donnant de la chair à Rostand, alors jeune poète inconnu de 29 ans, moqué par ses pairs, qui passe de l’ombre impécunieuse à la lumière argentée à l’issue de la première triomphale de son Cyrano de Bergerac en décembre 1897. Avec “Edmond”, c’est l’assurance de passer deux heures inouïes qui bercent nos émotions au rythme du vertige et de l’exultation, et les poussent du rire aux larmes.

« Légende d’une vie », ou la tyrannie du secret

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
La jeune compagnie Étincelle, fondée par Caroline Rainette en 2012 puise des textes forts dans l’œuvre d’auteurs incontournables. Stefan Zweig en est une magnifique illustration. Traduite et adaptée par Caroline Rainette, la pièce « Légende d’une vie » plonge le spectateur ravi dans la « sempiternelle » question du père et le besoin viscéral de le tuer symboliquement pour enfin respirer son propre air. Un thème puissant et une interprétation passionnée pour une pièce qui a été éligible aux Petits Molières 2017 et qui joue les prolongations du 4 février au 25 mars 2018 au Théo Théâtre et du 23 mai au 26 août au Lucernaire.

“Enfin vieille !”, la revanche du talent

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
Quelle jubilation et quelle générosité ! Le One Woman Show de Laura Elko, “Enfin vieille !”, raconte une histoire drôle et sensible sur l’itinéraire d’un destin contrarié par le temps qui se défile. L’écriture intelligente sur le jeunisme et la peur de toute une génération de se voir rattrapée par la suivante se nourrit d’une bonne dose d’autodérision. L’interprétation juste et intense des multiples personnages relève de l’exploit physique. L’humoriste ne se contente pas d’être désopilante à nous faire vieillir prématurément, elle use et abuse avec délice de ses différents talents qui sont autant de flèches qu’elle décoche avec un plaisir non feint. Elle alterne avec une aisance déconcertante aussi bien les airs d’opéra que la variété française. Bien évidemment, comme tout artiste qui se respecte, elle danse et sait jouer de plusieurs instruments, mais, art plus rare, elle nous livre un numéro de ventriloquie à couper le souffle !

Murielle Magellan, l’exploratrice des rêves

Temps de lecture : 7 min PORTRAIT PASSION
Au faîte du succès avec sa pièce « L’éveil du chameau », Murielle Magellan reste sous le feu des projecteurs avec la parution d’une nouvelle sur le thème de « Lolita » et l’adaptation pour la télévision de « Illettré », un roman de Cécile Ladjali. La romancière, scénariste, dramaturge et metteur en scène porte en elle encore beaucoup de projets en gestation. La petite fille aux origines juives d’Algérie, qui a grandi avec la valeur travail et qui ne s’est jamais découragée, a fait de son rêve d’enfant une réalité. Avec son nom d’emprunt qui évoque le voyage, Murielle Magellan se taille une voilure ambitieuse qu’aucun vent contraire ne semble pouvoir abattre. Mais quelle est donc cette brise qui la pousse vers la lumière ?

« Un petit jeu sans conséquence », les hasards du désamour

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
La belle lumière de la comédie de Jean Dell et de Gérald Sibleyras, “Un petit jeu sans conséquence”, ne faiblit pas avec les années. La mise en scène d’Éric Laugérias (metteur en scène, mais aussi comédien, auteur, scénariste, homme de radio) prolonge le charme croustillant qui avait fait de ce texte savoureux un vrai succès en 2003. Le Molière de la meilleure pièce à sa création ne saurait le démentir ! Produite par la Compagnie des Hauts de Scène, la pièce “Un petit jeu sans conséquence” se renouvelle au théâtre Le Mélo d’Amélie, à Paris, avec de jeunes comédiens surprenants de sincérité et de vivacité.

« Pasolini Musica », la pensée sublimée

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Force, caractère et volupté se dégagent du nouveau spectacle d’André Roche, de la Compagnie L’Arsenal d’Apparitions qui se produira dès janvier 2017 au Théâtre de Ménilmontant. Pier Paolo Pasolini, le plus sulfureux et prolixe des artistes en résistance, est mis en musique et en scène dans un spectacle autour de trois comédiens impliqués et sensibles. “Pasolini Musica” réunit un homme (Miguel-Ange Sarmiento) et trois femmes (les chanteuses Stéphanie Boré et Éva Kovic, et la violoniste et pianiste Solène Ménard), des artistes qui incarnent avec ardeur et talent la pensée de cette figure controversée de l’anticonformisme, qui a été tout à la fois romancier, poète, scénariste, pamphlétaire, auteur dramatique, réalisateur et acteur.

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