“Les mots s’improsent” et riment avec virtuose

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
« Les mots s’improsent », au théâtre des Mathurins jusqu’au 1er avril 2020, est un spectacle de Félix Radu d’une audace artistique inédite, un ovni littéraire en orbite autour du sens de la vie qui se déploie en plusieurs dimensions de compréhension. Son seul-en-scène ne ressemble à rien de connu et pourtant il nous est étrangement familier. C’est peut-être parce qu’il sait nous parler de l’essentiel avec une langue qui châtie bien. Son texte de haute tenue est truffé de traits d’esprit et de réflexions philosophiques. Il émeut, interroge, éclaire, induit des répercussions émotionnelles et intellectuelles. Tout le long de la performance du jeu scénique, revu par le metteur en scène Julien Alluguette, il n’y a pas d’éclats de rire, mais un feu nourri d’éclats de pensée et de sourires intérieurs. Ce n’est ni un récit austère ni un conte fantasque, mais une variation poétique d’un vieux monde que le comédien essaye de comprendre, une introspection élargie à l’univers, avec l’impertinence de la jeunesse et la tempérance de la sagesse. Les mots fusent, se chamaillent, s’entrechoquent ou se confondent, se mettent à nu pour revêtir de nouveaux habits de lumière. Ainsi, la poésie philosophique de Félix Radu surgit d’entre les mots dans un ballet aérien et pétillant d’humour et de sens, pour la plus grande joie d’un public conquis.

“Les Faux British”, de l’absurde à pleurer de rire

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
« Les Faux British » à l’affiche du théâtre Saint-Georges poursuit fièrement sa cinquième saison, après 2 000 représentations en décembre 2019, soit plus de 500 000 spectateurs à Paris et 120 000 en tournée. Cette parodie du théâtre amateur, que le metteur en scène Gwen Aduh (fondateur de la Compagnie des Femmes à barbe en 1999) a rapporté d’Édimbourg dans ses bagages en 2013, est une machine à rire infernale qui ne cesse sa délicieuse et extravagante torture zygomatique qu’au tomber de rideau. La loufoquerie gagne là ses lettres de noblesse grâce à cet étonnant scénario de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields qui met en scène un sang-froid et un pragmatisme à toute épreuve d’une troupe d’amateurs de roman noir s’inventant acteurs d’un jour pour jouer un hypothétique polar méconnu de Conan Doyle devant les membres de leur association… c’est-à-dire le public. L’amateurisme des personnages et leur opiniâtreté à poursuivre malgré les maladresses et les imprévus successifs, au prix souvent de leur intégrité physique, est à s’étouffer de rire. Jerry Lewis, sortez de ces corps ! On se prendrait presque de pitié pour les sept comédiens, inouïs et ultra crédibles dans leur jeu qui consiste à être mauvais. On a mal pour eux jusqu’au bout, mais on en redemande !

“Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage”, Promesse tenue !

Temps de lecture : 2 min THÉÂTRE & CO
Au théâtre du Marais, Marc Tournebœuf reprend son « Récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage » tous les lundis jusqu’au 30 mars 2020. Un joli minois en stand up n’est pas d’une originalité folle. En revanche, un joli minois incarné où transparaissent candeur et vivacité d’esprit, c’est un excellent début qui — brisons le suspense dès à présent — tient sa promesse : poétique et pas chiant. L’humoriste nous fait partager son histoire d’amour avec une jeune fille portugaise, rencontrée lors d’une soirée parisienne. C’est le point de départ à croquer la société dans laquelle il vit, avant de nous entraîner au Portugal où il a décidé de rejoindre sa dulcinée un peu distante dans tous les sens du terme. Avec l’espoir attendrissant d’un amour partagé, il s’affranchit courageusement de sa timidité pour rencontrer le père, qui l’écrase de son autorité. Pour plaire, Marc acquiesce à tout, contraint de s’asseoir sur sa dignité. Ce voyage aux couleurs de l’amour fané sera également initiatique, car il découvrira d’autres couleurs, plus vives et plus odorantes, d’un pays où tous parlent français avec l’accent si reconnaissable en « ouèche ». Mais, au-delà de ces blagues comparatives France-Portugal, l’humoriste nous donne aussi à entendre avec passion Fernando Pessoa. Selon l’écrivain et poète, « Aimer, c’est se lasser d’être seul : c’est donc une lâcheté et une trahison envers soi-même ». Une rencontre qui vaut bien toutes les déclarations d’amour, n’est-il pas ?

“Révélations sur 50 ans d’humour”, René-Marc Guedj

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400 pages sur plus de 350 humoristes, agrémentées de 300 liens à scanner qui renvoient vers des vidéos. C’est la référence quasi encyclopédique que nous propose « Révélations sur 50 ans d’humour », aux Éditions du Net. Se faisant l’éloge d’un temps fécond où l’humour gagnait ses lettres de noblesse, René-Marc Guedj ne se prive pas d’égratigner ici ou là quelques humoristes, à commencer par Anne Roumanoff qui n’a jamais réussi à le faire rire. Aujourd’hui sur tous les supports médiatiques, ces artistes confirmés ou en devenir sont partout. Ils se servent de leur personnalité décapante ou se cachent derrière un personnage hilarant, s’inventant railleurs de la société et de ses mœurs, de la politique et du quotidien, mettant même en scène leur vie et leurs expériences. Certains – les plus chanceux ? les plus travailleurs ? – sont considérés par le grand public comme des stars. Il arrive même qu’ils soient courtisés par le cinéma et la télévision. Avec ce besoin de témoigner aux tripes, ayant vaincu il y a peu un cancer, celui qui a vécu au centre de cette merveilleuse aventure de l’ascension de l’humour consacre, avec toute la subjectivité de sa passion, un livre instructif sur l’histoire de l’humour à travers la carrière de 350 comiques, introduite par une autobiographie professionnelle de l’auteur lui-même.

“La Loi du Talon”, le féminisme en aiguillon

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On ne présente plus Sandrine Sarroche, on la suit, on l’attend, on l’espère : à Paris Première, dans l’émission de Zemmour et Naulleau et, depuis la rentrée 2019, sur RTL dans l’équipe de Stéphane Bern, où elle tient de désopilantes chroniques hebdomadaires sur l’actualité, tout en esprit et chansons parodiques. Jusqu’à la fin de l’année 2019, elle nous donne aussi rendez-vous au Palais des Glaces, où sa verve corrosive et ses pastiches vocaux font un triomphe. Une merveille qui ne se dévore pas en dix minutes comme elle l’évoque, par ironie, pour le livre de Christine Angot, mais en une heure trente qu’on aimerait prolonger jusqu’à plus rire. Dans son quatrième spectacle, « La Loi du Talon », one woman show mis en scène par Éric Théobald, l’humoriste nous livre une autobiographie sous le signe de la saine dérision et du jeu de mots assassins.

“La convivialité”, ou la fabuleuse épopée de l’orthographe

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Avec « La convivialité ou la faute de l’orthographe », Arnaud Hoedt et Jérôme Piron secouent nos certitudes sur l’écriture de notre langue. Leur ambition ? Libérer notre esprit critique trop enkysté dans des règles établies une fois pour toutes par les moines copistes, l’Académie française et l’usage ! Le succès renouvelé de cette conférence créée en mars 2015 dans un format de 25 minutes a incité ces deux professeurs belges, respectivement de français et de religion catholique, à la transformer en une version plus longue. Produit par Alex Vizorek pour le théâtre Tristan Bernard, à Paris, et mis en scène par Dominique Bréda et Clément Thirion (Kosmocompany, Bruxelles), ce spectacle fait passer à la vitesse de la lumière une heure non-stop de désacralisation humoristique de la langue écrite. Le contenu est riche, à l’instar de la langue et de sa complexité. Que les défenseurs du dogme orthographique s’accrochent bien, leurs idées risquent de gîter vers l’acceptation à la discussion. Ces deux amoureux de la langue française entendent défendre l’écriture, non pas la révolutionner, mais l’ouvrir justement aux pourquoi : pourquoi le son « s » peut-il s’écrire de douze façons différentes ? Pourquoi Molière écrivait-il son Misanthrope sans « h » ? Pourquoi certains mots commençant par « ap » ne prennent-ils pas deux « pp » ? Vous le saurez grâce à Arnaud Hoedt et Jérôme Piron qui font rimer l’orthographe et la réflexion avec humour, plaisir et bon sens !

“Recherche Belinda désespérément”, l’imitation dans sa plus belle expression

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« Tu étais formidaaaableee ! »Empruntons ce titre de Stromae, que Yann Jamet imite si justement, pour qualifier le nouveau spectacle, « Recherche Belinda désespérément », qui se joue jusqu’au 18 décembre, tous les mercredis, à l’Apollo Théâtre. Cet artiste, que l’on aimerait voir plus souvent tant il regonflerait le moral à un neurasthénique, a de la présence et un répertoire de voix à l’éventail panoramique. Même le crâne rasé, Yann Jamet incarne ses personnages. Il suffit d’une moue, d’un plissement de l’œil, d’une gestuelle imprimée dans notre banque de données iconiques pour nous le faire accroire mordicus…

“Zarzavatdjian, un nom à coucher dehors !”, une comédie vibrante sur l’identité

Un nom à coucher dehors Corinne Zarzavatdjian

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Quelle belle idée de consacrer un spectacle à ces noms imprononçables ou portant à rire ! Corinne Zarzavatdjian, auteure et comédienne d’origine arménienne, consacre un spectacle ciselé, drôle et émouvant sur ce nom qui lui a valu bien des déboires et a provoqué des situations cocasses tout au long de son existence. « Zarzavatdjian, un nom à coucher dehors », au théâtre Le Mélo d’Amélie, est un hommage à sa famille miraculée d’Arménie qui a façonné son avenir avec honneur et courage. C’est un nom que Corinne Zarzavatdjian élève comme un héritage inaliénable dans ce spectacle d’une force et d’une pureté bouleversante. La comédienne prend toute sa place dans cette vie riche de différences et d’anecdotes qu’elle revisite en comédie sous la direction attentive de l’animateur et auteur Thierry Beccaro qui signe là, avec la justesse du cœur, sa première mise en scène.

“Les chats mots- jeux de mots félins, charmeurs et chaleureux”, Daniel Lacotte et Pierre Fouillet

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Daniel Lacotte fait partie de ces auteurs pédagogues qui colorent d’une touche divertissante le savoir à transmettre. Son dernier-né, « Les chats mots », paru chez First Éditions, est un chatoyant hommage à cette race de félins « charmeurs et chaleureux » auxquels il prête des définitions qui font chavirer le sens, avec humour et poésie. Dans ce travail de recueil autour de l’animal « chat » et des mots et expressions incluant cette syllabe s’est associé le dessinateur de livres pour enfants, Pierre Fouillet (Magig-Majid, Les aventuriers du cubisme, Le Chat-Pelote). Ses coups de crayon donnent à la centaine de chats caricaturés un supplément de charme irrésistible. Qui ne voudrait en adopter un ? Que ce soit le « Chaplin », le « Chamarrant », la « Charentaise » ou encore le « Chat va bien » ? Tous plus craquants les uns que les autres, et avec tellement d’esprit ! Daniel Lacotte et Pierre Fouillet, deux compères à chat-luer pour leur si plaisant « chats mots ».

“Chacun son tour”, Mabille et Chevallier, le tandem de l’été

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Bernard Mabille et Philippe Chevallier, dans un décor de Paris-Plage sans les mouettes, se retrouvent du jeudi au samedi soir sur la scène du théâtre de l’Archipel entre billets d’humour et chroniques politiques bien senties. Ces deux trublions du verbe prolongent là ces délicieux moments passés le reste de l’année dans la Revue de presse,sur Paris Première, à s’écharper à coups de réparties, aussi caustiques que malicieuses. Sur scène, ils tentent de faire preuve d’égard l’un pour l’autre en multipliant les politesses pour un « Chacun son tour », l’un priant expressément l’autre de s’exprimer. Mais, faisant de cette courtoisie extrême un cheval de Troie, Bernard Mabille se délecte d’avoir laissé la parole à son compère pour mieux la lui couper, allégrement, à tout bout de champ, sans ménagement. Philippe Chevallier n’en perd cependant pas son latin, il surfe l’œil frisottant, le cheveu au vent et l’esprit léger sur les peaux de banane. Il revient inlassablement, sans lâcher sa bonne humeur, sur les mésaventures de son beau-frère qui lui sert de boussole dans la mer déchaînée des interruptions. Chacun ténor dans sa partie, le tandem de l’été s’amuse de tout et surtout des autres avec un public qui en redemande.

“Un drôle de mariage pour tous”, du rire pour tordre les conventions !

Un drôle de mariage pour tous Henri Guybet Théâtre Daunou

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
L’élégant théâtre Daunou des années trente est, jusqu’à fin juillet, le décor d’une pièce à l’argument inventif, très actuel et délicieusement divertissant. « Un drôle de mariage pour tous » est un boulevard écrit, mis en scène et interprété par l’excellent Henri Guybet, qui a encore de belles idées sous le pied. Davantage qu’une bagatelle truffée de quiproquos et de situations loufoques, c’est aussi le miroir d’une société contemporaine du mariage pour tous, à la fois égalitaire et sectaire. Une contradiction que Henri Guybet a refondue pour la mouler à la louche dans son propre matériau : le rire… sans conventions. Rire sur un mariage pas comme les autres, inédit, qui fait fi de l’amour et des belles promesses qui tombent, avec le temps, dans le lit d’une ou d’un autre, plus accueillant. Mais là, nulle question d’amour, mais d’intérêt, de pragmatisme. Quand le pouvoir d’achat dégringole, il faut de la ressource pour ragaillardir son sex-appeal ! Et Henri Guybet n’en manque pas !

“Mes 15 meilleurs et mes 2 pires”, Irrésistiblement tendre, désarmant, inattendu

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Dans son seul-en-scène « Mes 15 meilleurs et mes 2 pires », Thierry Samitier est irrésistiblement tendre, désarmant, inattendu. Sa naïveté incarnée décale le propos et le tord jusqu’à l’absurde. C’est cette absurdité joyeusement loufoque dans l’authentique émotion qui donne à ce spectacle drôlement bien écrit un regard différent, pris sous un angle insoupçonné, et le fait résonner contre la paroi sensible de notre propre réalité. Cet humoriste se moque du formalisme. Dès l’entrée en scène, son petit sourire en biais, ses yeux malicieux, sa nonchalance crédule nous happe dans son monde cousu main d’irrationalité. Connu pour ses apparitions intempestives sur Canal+ dans « Nulle part ailleurs » et pour le personnage coincé d’Aymeric Dubernet Carton dans la série « Nos chers voisins » (TF1), Thierry Samitier est tout aussi à l’aise et performeur dans les seuls-en-scène. Son humour à la Devos, se jouant des situations ordinaires, nous amène là où il fait bon rire aux éclats, sans retenue, au détour de sketches faussement sérieux, provocants à l’envi. Tellement, qu’on en redemande !

“2 Shows en coloc”, deux voix pour une voie royale

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Une grande première pour le Don Camilo qui s’est invité sur la scène de l’Olympia, le 23 avril dernier, pour un show unique réunissant deux voix à découvrir. « 2 Shows en coloc », produit par Richard Vergnes, directeur du célèbre cabaret découvreur de talents, est un nouveau concept du Don Camilo consistant à réunir deux artistes prêts pour la course à la renommée, dont la case de départ est l’Olympia, le Graal de tout artiste ! L’imitateur Thierry Garcia et la chanteuse québécoise Geneviève Morissette avaient l’insigne honneur de transformer cette soirée-là de lancement en show exceptionnel. À en croire l’ovation du public à la fin des deux heures trente de performance, mission réussie ! Jouant l’un après l’autre leur propre spectacle, les deux artistes ont témoigné d’une signature artistique indéniable, d’une folle énergie, d’un humour à la fois audacieux et loufoque et d’une voix… inimitable. Ces deux alliés vibraient de cette joie à l’unisson, expansive et communicative, d’être sur la scène de l’antichambre sacrée qui donne le la à une carrière.

“Labyrinthe – Les Couloirs de L’Infini”, Pourang, le mentaliste conteur

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« Labyrinthe, les couloirs de l’Infini » n’est pas qu’un show de mentalisme haut de gamme. Ce spectacle allie le mystère à l’humour, la féerie poétique à l’esthétique, les tours de force aux talents de conteur. Car ce show, qui se tient à la Comédie de Paris, est d’abord une belle histoire qui traverse le temps, depuis l’Antiquité avec le mythe du Minotaure jusqu’à nos jours dans le cerveau humain, en passant par l’époque Victorienne qui fut marquée par les meurtres de Jack l’Éventreur en 1888…

“Avant que j’oublie !”, que des maux d’amour !

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Tel Rocky, Sébastien peut mettre le genou à terre sur le ring de la compétition médiatique, il se relève toujours, car le petit Patrick, grâce à son cartable à malices, transforme les maux bleus en maux d’amour. Alors, avant que de tout oublier, de ces années bonheur aux années tristesse, l’inclassable artiste doué pour rallier à son panache clownesque les plus grands talents a décidé de tout balancer “les yeux dans les yeux” avec son nouveau spectacle “Avant que j’oublie !”…

“La Moustâche”, l’irrésistible circonflexe qui fait tache

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Que voilà une moustache bien fournie, au dessin simple et original, une magnifique coupe au carré si ce n’était la symbolique terrifiante qui ne fait plus fureur en ces temps éclairés ! Le circonflexe de la moustache de Sylvain Sabourdin (Arnaud Gidoin) est au centre de toutes les tensions au théâtre du Splendid. Cet homme discret, qui dit oui à tout et à tout le monde, va devoir faire montre d’imagination pour passer inaperçu avec l’ombre noire sous le nez. La rencontre avec son futur beau-père qui se trouve être de confession juive promet d’être mouvementée…

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