“Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage”, Promesse tenue !

Temps de lecture : 2 min

THÉÂTRE & CO 

Avis de PrestaPlume  ♥♥♥

Critique éclair

Au théâtre du Marais, Marc Tournebœuf reprend son « Récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage » tous les lundis jusqu’au 30 mars 2020. Un joli minois en stand up n’est pas d’une originalité folle. En revanche, un joli minois incarné où transparaissent candeur et vivacité d’esprit, c’est un excellent début qui — brisons le suspense dès à présent — tient sa promesse  : poétique et pas chiant. L’humoriste nous fait partager son histoire d’amour avec une jeune fille portugaise, rencontrée lors d’une soirée parisienne. C’est le point de départ à croquer la société dans laquelle il vit, avant de nous entraîner au Portugal où il a décidé de rejoindre sa dulcinée un peu distante dans tous les sens du terme. Avec l’espoir attendrissant d’un amour partagé, il s’affranchit courageusement de sa timidité pour rencontrer le père, qui l’écrase de son autorité. Pour plaire, Marc acquiesce à tout, contraint de s’asseoir sur sa dignité. Ce voyage aux couleurs de l’amour fané sera également initiatique, car il découvrira d’autres couleurs, plus vives et plus odorantes, d’un pays où tous parlent français avec l’accent si reconnaissable en « ouèche ». Mais, au-delà de ces blagues comparatives France-Portugal, l’humoriste nous donne aussi à entendre avec passion Fernando Pessoa. Selon l’écrivain et poète, « Aimer, c’est se lasser d’être seul  : c’est donc une lâcheté et une trahison envers soi-même ». Une rencontre qui vaut bien toutes les déclarations d’amour, n’est-il pas ?

Pour approfondir

Beaucoup s’essaient au stand up, avec plus ou moins de bonheur. Souvent, la vulgarité se drape d’esprit qui ne trompe que l’auteur. Marc Tournebœuf fait partie de ceux qui se piquent de vocabulaire précis, de bons mots et de rimes embrassées. Quelques clichés s’immiscent ici ou là, mais sans jamais entacher son approche qualitative du spectacle. Avec lui, nul besoin d’enluminures criardes, la très riche heure de l’amoureux transi brille par le tricotage fin et élégant des mots et de leurs sens pluriels. À cela un zest d’une énergie électrostatique qui fait crépiter les neurones au point de demander grâce. Malgré une diction accélérée, point de dérapage. La maîtrise vocale est parfaite. C’est plutôt la réception qui pèche, ce qui crée un embryon de frustration. Trop de belles choses dites trop vite gâche « un peu » le plaisir. On se surprend à vouloir savourer plus lentement les trouvailles affûtées de ce jeune troubadour en herbe, dont le patronyme est déjà un avant-goût de mots persillés et de sens épicés. Même les adeptes de légumes ne résisteront pas à goûter à cet humour qui donne son comptant d’énergie et de légèreté. Venez donc écouter cet amoureux en voyage qui fait si bien jongler le sens des mots et leur portée émotionnelle, avant qu’il reparte sous d’autres cieux, certainement poétiques et pas chiants !

Nathalie Gendreau
©Gérard Hourdin


Distribution

Avec : Marc Tournebœuf

Créateurs

Auteur : Marc Tournebœuf
Metteur en scène : Grétel Delattre

A2 Productions / Philippe Aris 

Tous les lundis jusqu’au 30 mars 2020.

Au théâtre du Marais, 37, rue Volta, Paris IIIe.

Durée : 1 heure

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