“Moi, papa ?”, ou la magie de la paternité

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S’il n’y a pas d’école pour apprendre à être papa, le one-man-show d’Arthur Jugnot est un bel avant-goût humoristique sur cette étape de la vie de couple conjuguée à trois. « Moi, papa ? », au théâtre du Splendid, raconte la transformation d’un jeune adulte libre et bien dans ses baskets d’ado boboïfié en un père responsable et accro à son fils. Mais combien d’épreuves et d’actes d’amour faut-il pour y parvenir ? Arthur Jugnot porte l’enseigne du vécu, tous feux de détresse allumés, derrière chaque trait d’humour et mimique, qui n’est pas sans rappeler l’inspiration du père. À la fin du spectacle, il remercie son fils de quatre ans et demi qui lui a permis d’être un père et un artiste comblé. Pour son premier seul-en-scène, Arthur Jugnot est vraiment à l’aise. Il rayonne, éructe et s’attendrit avec autant d’intensité et de charme. Sa personnalité volcanique au grand cœur fait de ce show une réussite que magnifie l’ingéniosité de la mise en scène de Sébastien Azzopardi et de la scénographie de Juliette Azzopardi.

Avec Madame Marguerite, Stéphanie Bataille donne beaucoup et jusqu’à la folie !

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La pièce Madame Marguerite et l’interprète du rôle-titre produit une rencontre artistique détonante, passionnelle et militante. Après Annie Girardot, c’est au tour de Stéphanie Bataille de la vivre en se mesurant au personnage d’institutrice de CM2, dont l’obsession est l’éducation, sans hypocrisie ni tabou. Madame Marguerite n’occulte rien de la vie, elle ne dit à ses élèves que la réalité et rien que la réalité, aussi crue et violente soit-elle, avec une méthode sans filtre. Créée en 1974, la pièce de l’auteur brésilien Roberto Athayde a été scéniquement actualisée par une mise en scène d’Anne Bouvier plus démonstrative, aux émotions plus extériorisées, soulignant la folie. Comme en 1974, il y a un tableau noir mais les inscriptions sont plus crues. L’extravagance d’une jupe-tailleur assortie de baskets a fait place à la décontraction plus neutre d’un pantalon et d’une chemise blanche.

« Laurent Gerra sans modération », une cuvée très spéciale !

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Les shows de Laurent Gerra se suivent et se réinventent sans cesse. On connaît les voix et les gestes, on reconnaît les personnages, les anciens et les nouveaux, on attend l’humour grinçant et le verbe qui n’a peur de rien, comme une Madeleine de Proust. Bref, on sait ce que l’on va voir. Et pourtant, dès qu’il entre sur scène, c’est comme si on découvrait tout pour la première fois. Mais comment fait-il ? Avec son spectacle « Sans modération », millésimé « inédit », cette magie inexplicable est renforcée par le cadeau que l’artiste fait à son public pour fêter ses cinquante ans et ses presque trente ans de carrière. Il ouvre son album photo familial et livre des anecdotes, comme l’enfant qui ne rêvait que de monter sur scène. Il avait cinq ans en 1972 et déjà il imitait Michel Sardou sur sa chanson Les Bals populaires. Si la cuvée 2018 est exceptionnelle par ce double anniversaire, elle devient aussi mémorable par cette pointe de tendresse qui remonte d’une enfance heureuse, dont il émaille son spectacle. Un Laurent Gerra inattendu, surprenant, émouvant.

“Rendez-vous place Gandhi”, un show tout en voix éco-responsables

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Le mercredi 16 mai 2018, au théâtre de L’Archipel, Xavier Fagnon et Christophe Lemoine vous embarquent dans une aventure écologique décoiffante, onirique et drôle. Dans l’ambiance musicale et colorée d’une Inde du futur, aussi enchanteresse que polluée, l’imitateur vous fera vivre intensément, et non sans ironie, une course de l’extrême façon “Pékin Express”, mais dans une version éco-responsable. Lors de ce jeu de télé-réalité, les participants, quatre binômes de personnalités célèbres, sont censés dépasser leurs limites dans le respect écologique, ce qui n’est pas gagné ! Un contre-la-montre dantesque où Xavier Fagnon emprunte leur voix et parodie leurs chansons, avec la complicité du musicien pince-sans-rire Sébastien Jan qui campe “Ravi”, un impassible hindou au turban chatoyant. Le spectacle démarre le jour de la finale. Mais d’ici la transmission du prime time en direct de l’arrivée des concurrents sur la place Gandhi, il reste une journée et tout peut arriver. Bien entendu, tout arrive ! Pour notre plus grand plaisir !

“La croisière, ça use”, une pêche miraculeuse

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La nouvelle comédie d’Emmanuelle Hamet “La croisière, ça use !” est un voyage au long court chahuté de rires et de surprises. Un skipper de pacotille doit convoyer un voilier de Tanger à Ibiza. C’est ainsi que deux marins d’eau douce et deux passagères aux personnalités bien tranchées se retrouvent sur le Hakuna Matata, en pleine tempête, sans eau, sans vivres et sans radio. Bâtie sur un scénario basique, la pièce prend toute sa valeur avec les réparties qui claquent aux vents contraires. La mer démontée fait chavirer le scénario dans l’enchaînement des catastrophes. Les passagers, chacun arrimé à son objectif de départ, vont traverser la tempête dans un déferlement de situations loufoques et irrésistibles, jusqu’au point de rupture. Une croisière, ça use forcément à ce rythme de tous les diables. Sous une mise en scène énergique et synchrone de Luq Hamett (également Directeur du théâtre), Éric Massot, Marie-Aline Thomassin, Émilie Marié, Lionel Laget souquent ferme et bien, sans perdre le nord. Cette pêche d’enfer tient du miracle. Alors, plus d’hésitation, embarquement immédiat au théâtre Edgar !

Avec Manon Lepomme, c’est du merveilleux à croquer !

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Une boule d’énergie surgit sur la scène du Point Virgule. Elle rougeoie, pétille et claironne en même temps. Elle s’appelle Manon Lepomme, elle est belge et refuse d’aller chez le psy. Pourquoi y irait-elle d’ailleurs ? Le rire ne permet-il pas de tout surmonter, même les galères qui accostent toujours au même port ? Manon Lepomme a le rire bien ancré en elle, et c’est tant mieux, car elle a essuyé bien des tempêtes lorsqu’elle était professeure. Ça vous prépare à toutes les avaries l’Éducation nationale ! Abandonnant la salle de classe, Manon Lepomme a choisi un terrain de jeu plus ludique : la scène ! Bien lui en a pris. Elle se donne à mille pour cent et, visiblement, c’est l’éclate totale pour elle. “Non, je n’irai pas chez le psy !” est un one-woman-show survitaminé, qui redonne la pêche et l’envie de dévorer du merveilleux !

“Ramsès II”, où la perversion sublimée

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Être fou ou ne pas l’être, telle est la question que l’on se pose au sortir de Ramsès II, une pièce tragi-comique qui se donne aux Bouffes Parisiens. La question est claire, les réponses sont troubles. Habitué des scénarios torturés, d’apparence sans queue ni tête, l’auteur Sébastien Thiéry s’est encore surpassé en empruntant au monde de l’absurde une situation hitchcockienne perturbante. Bon sang ! Mais qui est fou dans l’histoire ? Les personnages ? L’auteur ? Ou les spectateurs ahuris, sonnés, désorientés ? Ont-ils vraiment vu ce qu’ils ont vu ? Si oui, pourquoi les personnages font-ils semblant ? Y a-t-il vraiment manipulation ? La perversité qui se dévoile jusqu’à l’outrance est-elle réelle ? On raisonne, on se raisonne, on veut résister à la déraison. Mais le drame familial qui déclenche des émotions contradictoires, entre rires et horreur, arraisonne les évidences, brouille la lucidité, et finit par échouer votre raison sur une plage d’insondables perplexités. Un coup de génie !

“Les Goguettes en trio (mais à quatre) : Merci Macron !”, les mousquetaires du Verbe heureux

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Au théâtre de Trévise, le groupe de chansonniers Les Goguettes en trio (mais à quatre) vous embarque dans un détournement immédiat des plus grands tubes français pour épingler l’actualité et surtout ceux qui la font. “Merci Macron” est la dernière version de la rentrée 2017 ! Les si spirituels Stan, Aurélien Merle, Valentin Vander et la merveilleuse pianiste Clémence Monnier éclipsent le temps dans leurs habits de scène rouges et noirs. Ils ont le geste passionné, l’œil frétillant de malice et la complicité volubile. Ces quatre mousquetaires, prêts à en découdre sous la bannière fédératrice de l’humour, ont affûté leur tranchant à l’actualité, si généreuse en scandales politiques et en attentats aux bonnes mœurs. Sur ce terreau fertile et inépuisable, ces fines lames du verbe touchent juste et bien, jusqu’à mort (de rire) s’en suive.

Les Darons osent tout, et plus encore !

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Plus de vingt ans d’amitié, ça se célèbre dignement. Avec ces cinq larrons-là… euh pardon ! Avec ces cinq darons-là, elle se fête dans l’insolence comique et l’humeur grivoise. Fred Bianconi, Frédéric Bouraly, Olivier Mag, Emmanuel Donzella et Luc Sonzogni se mettent en cinq pour vous proposer du rire débité en tranches croustillantes et sans interruption. Unis comme les cinq doigts de pied, ils vibrent d’une même excitation pour glorifier l’amitié, solide et stable, qui les a menés vers ce projet à la démesure enivrante. Car, avec Les Darons, leur grain de folie complice, gonflé aux hormones du plaisir, fait craquer toutes les coutures de la bienséance. Tenez-le-vous pour dit ! La bienséance est boutée hors les murs du Café de la Gare. Place nette aux sketches décalés et aux chansons à texte bousculées, à cette profonde irrévérence qui se permet tout, le pire comme le meilleur, et surtout ce pire qui donne toute la saveur au meilleur. Sous la collaboration artistique de Michèle Bernier, la bande des Darons frappe furieusement les esprits et les cœurs emballés, jusqu’à l’insoutenable légèreté des mœurs.

“Les jumelles”, du rire à la paire

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Dans cette récolte automnale record d’humoristes à l’affiche, un duo women show se distingue par l’entrain et le capital sympathie qu’il dégage, mais aussi par une caractéristique inédite. Anne et Sophie Cordin sont jumelles ! Les deux humoristes jouent de leur charme dédoublé et de leurs blagues en stéréo pour conquérir le cœur des spectateurs. Ce sont deux rayons de soleil qui se lèvent tous les lundis dans la petite salle du Gymnase, pour procéder à un effeuillage en règle de notre société grande consommatrice d’éphémère et de superficialité. À coups de blagues et de jeux de mots absurdes, décalés, déjantés, elles en croquent à pleines dents les contours tapageurs et les travers fondamentaux.

“Silence, on tourne !”, Action ! Séduction !

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Installée au Théâtre Fontaine, à Paris, depuis janvier 2017, la pièce Silence, on tourne ! continue de déployer son jeu de séduction avec rires et fracas. Après le succès de Thé à la menthe ou t’es citron, Patrick Haudecœur et Gérald Sibleyras proposent une comédie dans la pure tradition du vaudeville sur le thème du cinéma. Leur écriture impertinente d’une efficacité redoutable permet de dérouler un tapis de névroses chatoyantes : amours déçues ou intéressées, jalousie entre les acteurs, rancœur des abonnés aux seconds rôles, etc. C’est un réjouissant prétexte aux quiproquos, gags et autres acrobaties qui emporte l’adhésion d’un public tortillé de rires, jusqu’au point culminant du comique où un spectateur est invité à jouer le rôle capital de l’amant.

“Adopte un mentaliste”, et la magie tu trouveras !

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Si je devais faire court, je dirais « prodigieux ». Mais je ne sais pas faire court. Encore moins quand le spectacle proposé embarque toute la salle pour un autre monde qu’il serait bien banal de dénommer surnaturel. « Adopte un mentaliste », co-écrit avec Sylvain Vip et maxime Schucht, est le dernier-né de Giorgio qui se produit les samedis 8, 15 et 29 juillet, à l’Apollo Théâtre, dans l’attente d’une nouvelle salle pour la rentrée. Le mentaliste a une grande ambition pour vous, celle de vous faire rencontrer le grand amour, votre moitié qui vous correspond en tous points… ou presque. Et, accessoirement, aux siens car il se dit cœur à prendre… Allez savoir si ce cœur est facile à conquérir, son esprit, lui, est insaisissable ! Et, au bout d’un temps qui file bien trop vite entre les neurones, c’est le public qui est conquis. Giorgio l’Amoroso ? Peut-être bien… Mais s’il subjugue le cœur par sa dextérité à se jouer avec humour de la logique, il chatouille aussi la raison par sa facilité à deviner l’autre. Sans se tromper, en jouant sur le registre du charmeur à l’esprit vif-argent, il déroule son scénario à la vitesse de la lumière, nous enveloppe dans son halo de bienveillance et de merveilleux et nous emmène là où il le désire.

“Mémé Casse-bonbons – Petits arrangements avec la vie”, une grand-mère qu’on adore détester

Mémé Casse-bonbons

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Ça tanguait de rire et d’émotions au « Nez Rouge » ! En tournée dans toute la France avec son « Mémé Casse-Bonbons – Petits arrangements avec la vie », mis en scène par Alexandre Delimoges, Anne Cangelosi a déposé ses valises pour sa dernière date de saison sur le bateau-théâtre de Gérald Dahan. Dès l’apparition de la comédienne en vieille femme acariâtre et caustique, la magie opère. L’accent marseillais, les remarques acerbes, les mimiques tordantes, tout accroche l’intérêt. Sans être inédit, le personnage de Joséphine est unique, attachant et tellement crédible que l’on aimerait grimper sur scène pour la réconforter. Nous aussi, public ému, on veut bien être son amie !

“9 mois de bonheur”, l’humour à haute dose !

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“9 mois de bonheur” est un bonheur qui dure. Après l’Apollo Théâtre, il s’installe désormais au Comedy Club tous les vendredis et samedis soirs, pour une heure trente tendre et tonitruante. C’est un accouchement de pure intensité et de belles surprises. Les deux parents sont des comédiens incroyablement lumineux et sympathiques. Lola Zidi et Oumar Diaw éblouissent par leur énergie comique et par moult autres talents scéniques. Leur jeu funambule évolue, avec grâce, justesse et jubilation, provocant un rire sans fin. Le texte d’Oumar Diaw et Fonzie Meatoug, valorisé par une mise en scène minimaliste et virevoltante de Noom Diawara, revisite le lieu commun des neuf mois de grossesse pour en tricoter une nouvelle version. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers et un petit ton inédit donnent au point mousse de la comédie une élégance « déjantément » neuve…

“Jacqueline… Reviens !”, tout Maillan en truculence

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« Une troupe passionnée et très active ! » promet Corinne Zarzavatdjian, la metteuse en scène de « Jacqueline… Reviens ! », pièce dans laquelle elle joue également avec Laurent Pariente et Jonathan Bouchoucha, à La Comédie Saint-Michel. La passion est de mise, assurément. Cette comédie ultra vitaminée puise dans le répertoire du vaudeville de Feydeau, de Courteline et de bien d’autres, une inspiration et une imagination qui débordent d’une saine nostalgie et d’une pétaradante énergie. L’hommage à Jacqueline Maillan et au spectacle qui venait frapper à notre poste de télévision avec son rituel « Au théâtre ce soir », de 1966 à 1986, est hurlant de vérité et assourdissant de tendresse.

“Ah Tu verras !”, un Nougaro vivant, un Gustin vibrant

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Au théâtre de L’Archipel, Didier Gustin est au top de sa forme. Et il le fait savoir, avec enthousiasme, en inoculant la joie par voix interposées avec son nouveau spectacle musical “Ah Tu Verras !”. C’est drôle, irrésistible et émouvant ! Avec un talent qui ne se dément pas et une forte présence scénique, il invite cinquante artistes, auxquels il emprunte la voix, à interpréter les chansons immortelles de Claude Nougaro. Il fallait y penser ! En écrivant ce spectacle, avec la complicité de ses amis Hubert Drac et Jacques Pessis, il rend un immense hommage au poète qui a été l’un des premiers à l’encourager dans sa voie… ou, pourrait-on dire, ses voix de prédilection. Accompagné des musiciens Hugo Dessauge et Laurent Roubach, l’imitateur parvient dès la première note, dès la première transfiguration, à enflammer le public qui voyage à rebrousse souvenirs dans l’univers du chanteur disparu en 2004. L’alchimie entre l’artiste au pluriel et le public est palpable tant les cœurs palpitent à l’unisson au fil d’un scénario d’une grande poésie. Au-delà des (ré)incarnations étonnantes, c’est une belle histoire que l’artiste nous relate, à laquelle on croit d’emblée, juste pour le plaisir pur d’y croire.

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