« Les saveurs du parler populaire – Florilège de mots croustillants et festifs », Daniel Lacotte

Temps de lecture : 2 min LITTERATURE
Un ouvrage de Daniel Lacotte, c’est comme une hirondelle qui revient chaque printemps. On l’attend avec impatience parce qu’elle annonce le renouveau. Avec « Les saveurs du parler populaire – Florilège de mots croustillants et festifs », paru chez Christine Bonneton, ce renouveau réside dans les mots et leurs associations qui forment les bons mots, qui nous rappellent, s’il le fallait, que notre langue est belle et vivante. Elle vivra encore longtemps, si on se donne la peine de la conserver au fronton de notre culture. Le français est en constante construction, se bâtissant à coups de néologismes, de dialectes, de patois et même de barbarismes. Parce qu’ils sont trop anciens, certains ont été mis au ban des cours d’école. Parce qu’ils sont trop récents, d’autres font des coudes pour prendre leur place…

“Very Math Trip”, la mission sacrée de Manu Houdart

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Les langues vivantes, on connaît. En revanche, qui aurait accordé du crédit à l’existence des maths vivantes ? Pourtant, le Belge Manu Houdart nous le prouve A + B avec une énergie folle, lors de son spectacle au théâtre du Gymnase. « Very Math Trip » est un voyage ludique et pédagogique à travers le temps et les chiffres pour démythifier cette matière sur lesquels bon nombre d’entre nous ont buté, à un moment ou à un autre de notre scolarité. Que l’on ait été un petit génie ou un cancre, ou même une tête en l’air qui comprenait les maths ou pas selon le prof, ce spectacle est fait pour tous, petits et grands ! Prouesse incroyable de la part de ce prof de mathématique qui s’est donné pour mission d’être un vulgarisateur universel, non pas pour redonner aux maths ses lettres de noblesse, mais bien pour annoncer l’allégresse qu’elle procure et toute la poésie qu’elle recèle. Sous la direction de Thomas le Douarec (metteur en scène du spectacle Les Hommes viennent de Mars et les Femmes de Vénus), et avec une bonne dose d’humour, d’esprit et d’inventivité pour donner du sens à cette matière au premier abord rébarbative, Manu Houdart casse la baraque et nous dispense ses effets « Waooh ! » à foison.

“Nouvelle Babel”, Michel Bussi

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Le roman de Michel Bussi est toujours très attendu. Pour le suspense. Pour la variété des personnages. Pour la complexité de l’intrigue et la fin toujours surprenante. Avec « Nouvelle Babel » (éditions Les Presses de la Cité), le lecteur est royalement servi, avec un petit supplément réjouissant : le voyage ! Géographe de formation, l’auteur s’amuse à nous promener autour de cette belle Terre à coups de téléportation. Est-ce l’heureuse conséquence des confinements successifs ? Quoi qu’il en soit, il nous plonge dans un monde utopique, en 2097, qui ne connaît plus la peur ni la guerre, depuis la nouvelle constitution mondiale établie en 2058, dont la devise est « Une seule Terre, un seul peuple, une seule langue ». Et la téléportation est l’assurance d’une liberté absolue, sans danger, car Panguaïa, la base de données des déplacements, y veille. Mais un jour, dix terriens retraités sur une île paradisiaque sont retrouvés assassinés. Les trois enquêteurs dépêchés sont sidérés par la violence des faits, mais surtout par la manière dont les tueurs ont opéré : froide, consciencieuse. De vérifications en investigations, l’enquête laisse présumer un coup d’État à venir. Ce qui n’arrange pas les affaires de Galileo Nemrod, le chef d’orchestre de ce monde idéal qui s’apprête à parachever la construction d’une tour de presque un kilomètre de haut pour fêter le centenaire de la téléportation. Son ambition ? Y rassembler la totalité de la population mondiale en un clic !

“Times Square”, un quatuor en Majestic

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Manhattan. Un vieux loft new-yorkais. Matt Donovan (Guillaume de Tonquédec), un professeur d’art dramatique tout aussi défraîchi et craquelé que son appartement et qui noie ses illusions dans l’alcool. Robert Donovan (Marc Fayet), un homme mal marié, soumis à une vie trop terne depuis que son frère qu’il vénère refuse tous les scénarios. Sara « sans h » Bump (Camille Aguilar), une pétulante serveuse qui fait appel au professeur Donovan pour préparer le rôle de Juliette dans “Roméo et Juliette”, qui se donnera au Majestic. Tyler (Axel Auriant), un ex-GI au cœur pur qui cache ses troubles de stress post-traumatique dans le costume de Bunny. Ce quatuor improbable, aussi exubérant et loufoque que grave et tendre, a comme points communs une blessure non cicatrisée, le manque ou la perte de confiance en soi et la passion pour le théâtre. À la faveur de l’audition, ces quatre êtres vont se rapprocher, tenter de se tolérer, voire de s’apprivoiser. Merveilleusement soutenue par une écriture exigeante et intelligente, la nouvelle comédie de Clément Koch, « Times Square » (Théâtre Montparnasse) véhicule une puissance et une sensibilité d’égale intensité. Les répliques font mouche, les caractères antinomiques sont ciselés et leurs évolutions progressives. Les solitudes se frottent les unes aux autres avec bonheur, dans la fusion ou la scission, mais toujours avec l’ardeur des passions.

« La Mort en partage », Thierry Rocher

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
On connaît Thierry Rocher comme comédien, chroniqueur et humoriste français, notamment sur Paris Première à La revue de Presse, mais pas encore comme écrivain. Malgré le titre qui peut le laisser supposer, « La Mort en partage » n’est ni un thriller ni un polar. C’est un roman psychologique sur la perte d’êtres chers de manière abrupte, l’itinéraire d’une reconstruction qui en fait détruit. Pierre Chalet a perdu sa femme et sa fille unique lors d’un attentat perpétré par des terroristes islamistes. Lui qui appelait à ne pas faire d’amalgames s’enferre peu à peu dans une position radicale contre les musulmans tout en s’attachant à une musulmane, Jenna, une jeune comique talentueuse qui le pousse dans ses retranchements émotionnels. Pierre Chalet n’est pas à un paradoxe près…

“Benjy Dotti, The Late Comic Show​”, le trublion du rire ultra

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
« En toute simplicité et pour pas cher ! », tel est le mantra de Benjy Dotti dans son dernier spectacle « The Late Comic Show », à l’Alhambra, lieu culte du Music-hall. Seriné à l’envi, repris par un public embarqué dans son délire, cette litanie en clin d’œil annonce les sketchs suivants. Pendant un peu plus d’une heure, l’artiste multicarte tend à prouver – par dérision bien entendu – qu’il peut remplacer les plus grands du showbiz, avec le même effet et à moindres frais ! Ne déviant pas de cette colonne vertébrale, il valse entre imitations et caricatures, chansons et détournements de vidéos, parodiant notamment l’actualité (le pass vaccinal, la Covid-19, la SNCF…). Les vannes sont corrosives, décalées, impudentes, grivoises. On adore rire de tout, mais surtout du pire ! C’est bien connu. Avec Benjy Dotti, on est servi à volonté. L’énergie et le mordant en « open bar », il professe un humour qui n’attente à aucune pudeur, si ce n’est les fausses… quoi que. Les sketchs très variés s’enchaînent en rythme et en rupture, notamment par des adresses aux spectateurs qui en prennent aussi pour leur grade… surtout celui qui a été désigné comme étant le benêt d’un soir qui comprend les blagues à retardement. On ressort content de cette immersion en milieu déjanté. Mais surtout content de ne pas avoir été le bouc émissaire d’un soir, même pour rire !

“Les Écuries de Diomède”, Sylvain Larue

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Avec son sixième tome historico-policier, « Les Écuries de Diomède » (éd. De Borée), Sylvain Larue nous plonge dans l’univers du cirque sous le Second Empire. Le vol d’un étalon, l’enlèvement d’un enfant et trois assassinats amènent nos agents très spéciaux, Léandre Lafforgue, alias le Goupil, et Phèdre du Teil, à infiltrer le milieu du cirque. L’idée est excellente, le résultat passionnant. Le roman prend toute son ampleur et de sa saveur lorsque nos deux héros se muent en saltimbanques pour démasquer le ou les coupables parmi la troupe. Leur efficacité en tant que policiers n’étant plus à prouver, les voici qui s’illustrent avec entrain dans les arts circassiens. À travers eux, l’auteur nous donne à voir et comprendre le quotidien de ces nomades au XIXe siècle. Avec force détails historiques, il nous entraîne dans les coulisses de la vie d’un cirque et soulève le toit du chapiteau, où règnent solidarité et entraide, mais aussi jalousie et coups bas. Fait particulier de cette époque, l’exposition de curiosités humaines (des sœurs siamoises, un homme-tronc, un homme-crocodile, une femme sans bras…) qui faisaient le bonheur des badauds avant le spectacle.

“Les Producteurs”, un grand cru classé Michalik

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Exit « Les Producteurs », le film culte du grand Mel Brooks (1968) ! La version d’Alexis Michalik au Théâtre de Paris est un millésime exceptionnel, qui fait pétiller les yeux et les synapses, incurvant dans le même temps les zygomatiques entre sourire béat et rire franc. Tel un grand cru classé, la comédie musicale se vit avec délectation et ravissement sans un soupir… sinon d’aise ! Que l’on ait vu le spectacle original ou pas, le plaisir est neuf, intense, mémorable, comparable à l’émotion provoquée par « Edmond » (Théâtre du Palais royal jusqu’au 2 juillet 2022). Espérons que ce show musical d’Alexis Michalik reste longtemps à l’affiche, tout comme ses autres créations (Edmond, Le Cercle des illusionnistes, Le porteur d’Histoire, Intra-muros, une histoire d’amour). Même s’il n’a pas écrit le scénario de ce producteur ruiné qui imagine une arnaque à l’assurance en montant la pire comédie musicale, l’artiste a mis un fabuleux grain de sel dans le ballet que forme la mise en scène. Une signature inimitable qui bouleverse et ravit par alternance. Par les temps qui courent, ce petit bonheur de deux heures est un précieux bouclier contre la morosité et le marasme ambiants.

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