Prix Régine Deforges : “La Petite Barbare” récompensée

Temps de lecture : 2 min

 

ÉVÉNEMENT/ACTU

par Nathalie Gendreau

 

Le 14 mars dernier s’est déroulée la première édition du Prix Régine Deforges du premier roman au restaurant Macéo, à Paris. C’est Astrid Manfredi, chroniqueuse littéraire du blog Laisse parler les filles, qui s’est vu attribuée le prix pour son romanchoc inspiré du Gang des barbares, La petite barbare*.

Créé en 2015, ce nouveau prix dans le paysage littéraire veut rendre hommage à l’écrivain de La bicyclette bleue, disparue il y a deux ans. Première femme éditrice française en 1968, féministe et avant-gardiste, elle ne craignait ni de s’affirmer ni de choquer, quitte à se voir privée de ses droits civiques pendant sept ans pour avoir vendu des livres érotiques dans sa librairie. C’est cet esprit de femme insoumise et combattante que veut récompenser ce prix instauré par les enfants de Régine Deforges (Camille Deforges-Pauvert, Léa Wiazemsky et Franck Spengler) et Émile-Roger Lombertie, le maire de la ville de Limoges.

Pour Daniel Picouly, l’un des membres du jury, La petite barbare correspond parfaitement à ce qu’on attend d’un livre couronné par le prix Régine Deforges : une jeune femme qui prend sa destinée en main, quoi que la vie lui réserve. Servie par « une plume d’une force phénoménale et des formules magnifiques », dixit Daniel Picouly, l’héroïne de fiction se dévoile dans un journal intime. « J’ai cherché à détricoter le passé et le parcours d’une jeune femme incarcérée pour savoir ce qui a pu l’amener à ce jour fatidique où elle a laissé faire », explique l’auteur Astrid Manfredi.

La petite barbare, c’est une jeunesse morne et froide qui se réchauffe la nuit auprès des livres. En grandissant, la réalité bétonnée l’entraîne dans des virées désœuvrées en bande. C’est une adolescente qui n’a pour toute richesse que sa beauté et le néant pour tout horizon. Sa fascination pour l’argent facile fera d’elle un appât rentable. Elle attirera « des bourges au cerveau et aux pompes cirés » pour leur soutirer de l’argent ou les dépouiller. Le vol ne suffira plus, le chef qu’elle admire veut faire couler le sang. Elle suivra et assistera aux tortures, l’affect anesthésié. En prison, la petite barbare retrouve le chemin des livres et se passionne pour « L’Amant » de Marguerite Duras. Y puisera-t-elle la rédemption ? le pardon ? la force de se reconstruire ?

Le prix, doté d’un chèque de 3 000 euros, sera remis officiellement à Astrid Manfredi le 2 avril 2016, lors du festival “Lire à Limoges” du 1er au 3 avril prochain. Un salon que fréquentait assidûment Régine Deforges, originaire de la région, comme aime à l’évoquer le maire Émile-Roger Lombertie qui se félicite de l’événement : « Ce prix Régine Deforges permet d’honorer la mémoire de l’écrivain, tout en mettant le pied à l’étrier à un jeune auteur ». Un vrai investissement dans l’avenir qui, espère-t-il, aidera au rayonnement de Limoges, qui déjà au XIIe siècle était un centre spirituel, artistique et intellectuel dans toute l’Aquitaine. Une région autrefois régie par une femme insoumise avec laquelle Régine Deforges aurait pu s’entendre : la Duchesse Aliénor.

* Editions Belfond, août 2015, 160 pages, 16 €.

 

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