Extrait (Page157)
(Olivier Bal)
“- Pour l’Eveillé qui prend le contrôle, je compare souvent cette sensation à celle d’être dans un scaphandre de plongeur. On se sent d’abord lourd, gauche, mais, avec un peu de pratique, on s’y habitue. Il y a d’autres choses aussi que tu découvriras, avec nous, d’autres lieux que cette Grotte, la Nef, que tu as déjà visitée… mais il te faudra être prêt pour cela.
– J’ai déjà visité un autre lieu. Une immense ville remplie de monuments abandonnés et vestiges de temples… un lieu terrifiant. Il y avait un monstre là-bas…”
Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥
Après « Les Limbes », Olivier Bal clôt avec « Le maître des Limbes », aux éditions De Saxus, son diptyque sur cet endroit mystérieux qui n’est pas le séjour des âmes, mais celui des rêves… partagés, substitués, volés, contrôlés, anéantis. Ce thriller à rebondissements est fantastique par l’imagination qui s’y déploie, mais aussi par la fascination qu’il suscite, tant et si bien que les 572 pages se dévorent sans peine. Peut-on être manipulé lorsqu’on est plongé dans nos rêves ? Si tel pouvait être le cas, on imagine ce que des individus mal intentionnés ou des gouvernements en quête de pouvoir absolu pourraient en retirer ! C’est tout le suspense de ce thriller qui met en opposition une multitude de personnages, principalement des adolescents. Il brosse un portrait glaçant de la rapacité individuelle se parant d’intentions bienveillantes. Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, c’est donc dans cet enfer dantesque et dévorant que le lecteur est happé, sans résistance aucune, dans un grand frisson de lecture, jusqu’au dénouement que l’on sent tout de même poindre.
Résumé
James Hawkins revient dans cet opus, qui le projette en 2008 et 2028 et où il est à la tête de l’empire pharmaceutique ONIR. Toujours obsédé par son désir de contrôler les Limbes et de maîtriser les rêves d’autrui, il poursuit des expériences secrètes entamées trente ans auparavant en Alaska. Alors qu’il pensait avoir muselé toutes velléités de fuite ou de rébellion de ses adolescents aux aptitudes incroyables de voyager dans les rêves des autres, il va inviter le loup dans sa bergerie : Gabriel, un narcoleptique surdoué. Croyant l’avoir soumis à son emprise, James Hawkins en fera son meilleur élément. Sans toutefois l’éclairer sur la mort de sa mère, tuée dans un accident de voiture, il va tout lui apprendre sur les Limbes. Peu à peu, l’élève dépassera le maître et va complètement lui échapper. Tous les protagonistes (Clyde, Amy, Gabriel, James, Lee, la CIA et la NSA) sont parvenus à l’aube de l’ultime bataille, qui se joue à deux époques différentes, l’une ayant des répercussions sur l’autre… à moins que ce ne soit l’inverse ? Ce dernier affrontement décidera qui sera le seul à contrôler les Limbes, et par voie de conséquence le monde.
Pour approfondir
« Le Maître des Limbes » d’Olivier Bal n’est pas présenté comme une suite des « Limbes », l’un et l’autre pouvant se découvrir indépendamment sans en perdre la compréhension. Cependant, lire le second sans avoir lu le premier peut susciter un manque, même si les références au premier sont légion. Dans ce volet, James Hawkins – le héros du premier volet – n’est plus le seul narrateur, ils sont nombreux à se faire l’écho des événements traversés. Cet enchevêtrement d’époques et de personnages, certains réunis dans les rêves, d’autres dans la réalité, jette d’ailleurs, en début de lecture, un peu de confusion sur leur identité, leur place et leurs liens complexes. Cette volonté d’immersion dans la tête de chacun permet, certes, de ménager le suspense, mais elle entraîne une répétition des descriptions qui finissent par lasser, comme le chemin menant à la Nef des Limbes dépeint par chaque personnage. Heureusement, ce sentiment de redite est compensé par un style fluide et vigoureux, un suspense bien entretenu, des descriptions précises et saisissantes, laissant à penser que l’auteur s’est lui-même rendu dans les limbes. On finit par s’attacher aux adolescents qui jouent leur partition dans ce monde ambivalent des rêves. Et on espère pour eux le meilleur et le pire pour leurs ennemis. Sauf qu’Olivier Bal s’est fait un malin plaisir à jeter le trouble sur les réelles motivations des personnages, en ce sens que tout se confond, se transforme, se vit, se répète… peut-être à l’infini. Bref, du lourd, du solide, du plaisir.
Nathalie Gendreau
Éditions De Saxus, 11 avril 2019, 572 pages, à 2&,90 euros.
Journaliste, biographe, auteure et critique culturel, je partage avec vous mes articles et avis. Si vous aimez, abonnez-vous !
Humm ! Très prometteur ce « Maitre des Limbes » que nous propose aujourd’hui Presta Plume. J’en rêvais (si j’ose!) depuis que je me suis plongé dans Sigmund Freud et Léon de Saint-Denys. Ce Maitre des Limbes pourrait en être le prolongement imaginatif et l’on sait aujourd’hui à quel point notre imagination se marie à notre réel. Je découvre aussi Les Editions de Saxus. Bref, une belle journée. Merci Nathalie Gendreau !