“L’ArnaQueuse”, un cœur à cœur tendre et explosif

Temps de lecture : 2 min

 

THÉÂTRE & CO 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

L’humoriste Thom Trondel signe avec L’arnaQueuse sa troisième comédie, au BO Saint-Martin, à Paris. Le sujet de l’arnaque à la séduction est une corne d’abondance de situations cocasses. D’emblée la pièce accroche toute l’attention par son écriture inspirée, soignée et nerveuse. Les réparties résonnent joyeusement au cœur entre éclats de plaisir et franche hilarité. Les personnages dessinés avec l’outrance nécessaire au ton enlevé sont cependant ourlés d’un rien de pudeur qui prépare le lit du rire et de l’émotion. Marina Gauthier, dont on a découvert la palette de jeux dans “Mascarades“, est pétillante et touchante dans le rôle de Clara, belle trentenaire séductrice qui gère son agence matrimoniale à la tête du client. L’auteur Thom Trondel campe un Luc en mal d’amour, un cadre respectable aux accents naïfs et aux goûts très originaux, et dont le plus grand atout serait un sens de l’humour décalé. Bref, un doux dingue marrant mais au revenu confortable de 8 000 euros mensuels… ce qui ne gâte rien !

Clara et son amie complice Jessica, une comédienne au chômage, ont monté une arnaque aux cœurs errants dans le but de partir en vacances au soleil. Elles ont chacune un rôle bien distinct : Clara ferre le poisson et Jessica le fait mariner tout en le faisant casquer au maximum. Estimant la malhonnêteté comme une compétence indispensable à leur réussite, elles n’hésitent pas à saler l’addition. Alors, lorsque Luc se présente, un peu trop gauche, un peu trop hésitant, Clara sent la bonne affaire. Elle propose à ce chef de vente dans les portemanteaux personnalisés, champion de bilboquet, de le coacher pour séduire son premier rendez-vous. Ce sera Jessica. Mais le trop gentil garçon a des réactions surprenantes, comme entraîner sa partenaire dans un igloo-église pour un enterrement traditionnel esquimau. Soudain, le rapport de force s’inverse, et la victime au grand cœur affirme sa différence qui décontenance la jolie et intéressée Clara. La maîtresse du jeu se laisse alors dépasser par celui qu’elle estimait être un pigeon en or et qui l’initie aux sentiments vrais.

Cette comédie romantique de Thom Trondel est d’une drôlerie renversante, avec des moments d’anthologie comme la danse d’un ventre velu ou les contorsions d’un corps enfiévré. La mise en scène audacieuse et dense de Vanessa Fery est très efficace. Les situations déjantées s’enchaînent avec l’ivresse du rire renouvelé. Les dialogues s’enlacent, dansent lascivement puis s’entrechoquent, mais souvent sur des niveaux de compréhension différents, d’où avalanche de quiproquos et de décalage de sentiments. Si le rire impose sa marque avec constance, de temps à autre il se retire à petits pas derrière le cœur ému. Là devant un Luc comprenant la forfaiture de la gérante de l’agence matrimoniale. Ici devant une Clara réalisant son attachement, tardif et inconcevable, pour ce client à l’originalité attendrissante. De rebondissement en rebondissement, de délire en délire, d’aveu en aveu, les comédiens évoluent avec aisance et en nuances dans ce cadre propice à ce cœur à cœur tendre et explosif.

Nathalie Gendreau

©PrestaPlume


Distribution
Avec : Marina Gauthier ou Elsa Pontonnier, Thom Trondel

Créateurs
Auteur : Thom Trondel
Mise en scène : Vanessa Fery

Production : Cœur de Scène

Le mardi à 20h15 jusqu’au 17 mars 2018.

Au Théâtre BO Saint-Martin, 19 Boulevard Saint-Martin, Paris 75003.

Durée : 1h05.

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