ÉVÉNEMENT/ACTU
par Nathalie Gendreau
Dix ans déjà que les Flâneries d’Art contemporain animent les rues et surtout embellissent les jardins privés d’Aix-en-Provence. Dix ans déjà qu’Andréa Ferréol s’est projetée chaque année dans l’édition suivante, imaginant des nouveautés, cherchant les financements, organisant, communiquant et concoctant un programme riche d’artistes du cru, mais aussi de France et d’Europe. L’amoureuse du beau ne ménage ni sa peine ni son énergie pour faire de cet événement, qui se déroule cette année les 18 et 19 juin, deux jours en l’honneur de l’art dans toutes ses diversités et folies. Une nouvelle édition des Flâneries d’Art qui fête sa décennie dans un feu d’artifice de très belles surprises.
Andréa Ferréol est sur tous les fronts. La date des Flâneries d’Art contemporain approchant, avec les derniers préparatifs et son lot d’impondérables, l’effervescence s’intensifie, la pression monte et la passion s’exprime. Et ça lui plaît ! À ce rythme effréné, les 18 et 19 juin, tout sera prêt et au cordeau, pour accueillir les artistes et les visiteurs, après avoir veillé à chaque détail de l’organisation. « Les Flâneries reposent sur mes épaules, confie la comédienne. C’est moi qui ai inventé le concept en 2006. »
L’air de rien, l’idée a cheminé lentement dans l’esprit d’Andréa Ferréol, qui a baigné depuis toujours dans l’art. Douée pour le dessin et le fusain, elle a fréquenté des années l’École des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence, et si les planches d’un théâtre ne l’avaient pas appelée, elle serait peut-être aujourd’hui peintre et exposerait, comme tant d’artistes qu’elle admire. De cette époque, elle en a gardé le goût du beau, de l’art et des artistes.
Et l’amour qu’elle portait pour sa ville, berceau de nombreux artistes qu’elle adorent, dont Paul Cézanne, a fait le reste. En 2002, elle crée l’association Aix-en-Œuvres pour récolter des fonds afin d’offrir à sa ville natale une statue du peintre pour fêter le centenaire de sa mort en 2006. Les quatre années de course aux subventions et aux mécénats pour la financer ont vu leur conclusion par l’organisation d’un événement magistral à la fois privé et public, puisqu’un cocktail a été offert à la population d’Aix sur la place, où près de 5 000 personnes se sont déplacées. « C’était grandiose ! se souvient avec ravissement Andréa Ferréol. Pour l’occasion, j’ai fait écrire une chanson que Michèle Torr a chantée, j’ai organisé un déjeuner pour 600 personnes, avec des officiels et des politiques, et un dîner pour 200 personnes dans un hôtel particulier ».
C’est dans cette effervescence jubilatoire de l’hommage au talent d’un grand artiste que survient une fulgurance. L’idée d’organiser une manifestation unissant l’art et les jardins. Une idée peut-être soufflée par sa grand-mère qui organisait dans son jardin des concerts, dont les fonds récoltés allaient aux plus nécessiteux. Une œuvre de bienfaisance qui a fait son chemin jusqu’à cette réminiscence en 2006. L’acte de naissance venait d’être signé par la descendante d’une lignée de parents investis politiquement dans leur ville et d’artistes comme Frédéric Mistral.
Les Flâneries d’Art contemporain, dont l’entrée est gratuite, vont donc souffler en juin leur dix bougies et une maturité affirmée avec ses 130 000 visiteurs et 160 artistes français et européens. Pour l’occasion, Andréa Ferréol a redoublé de créativité pour faire de cet événement un moment rare et inoubliable. Parlons des jardins. Car la particularité de ces Flâneries, c’est bien à ses jardins qu’elle le doit. Les flâneurs déambulent dans les rues en liesse pour pénétrer dans des jardins de particuliers qui les ouvrent gratuitement pendant deux jours. Andréa Ferréol a réussi ce tour de force de convaincre les propriétaires de lui confier les clés de leur jardin qui sera investi par des artistes talentueux et les visiteurs curieux. « Je suis très contente, car cette année, nous avons six jardins, dont trois nouveaux ! L’Aquabella (n° 3), les Étuves (n° 4) et le Guerrier (n° 5). Le n° 3 conduit à une butte qui offre un panorama extraordinaire, s’extasie André Ferréol, comme si elle y était. Depuis cette butte, on a une vue superbe sur le mur d’enceinte, la tour de Garde et les maisons. » De plus, contrairement aux autres années, les six jardins sont dans un périmètre rapproché, ce qui facilitera la déambulation.
Cette 10e édition accueillera un florilège d’artistes éclectique. Ils seront treize, de renommée internationale, à exposer (peintres, plasticien, céramiste, sculpteurs, joaillier, parfumeur, photographe, artiste multimédia et des street artists). Dans le jardin des Étuves qui ouvre sur une plaine immense au bout d’un raidillon ombragé par une charmille de tilleuls, un mur de trois mètres de haut, des installations en bois, des cabanes, etc., soit plus de 500 kg de matériels, seront édifiés par les street artists eux-mêmes (Collectif Expopaix). Dans ce même immense jardin, Libelluleart et le peintre tchèque Lukas Kandl exposeront leurs œuvres. Les sculptures monumentales de Francesco Moretti seront disposées dans le jardin Vendôme, celles de Myriam Louvel qui aime sculpter le vide avec du fil du fer, seront dans le jardin Mérindol et Gérard Coquelin qui marie sculptures et mobiliers dans le jardin des Guerriers. Dans le jardin Aquabella, France Cadet exposera ses sculptures multimédia qui s’animent. Attraction garantie ! Et cela, sous des airs entraînants d’un accordéoniste, d’une harpiste, de pianistes, d’un saxophoniste et d’un guitariste…
Andréa Ferréol a donc vraiment prévu grand. En plus de ces treize artistes exposants, ce sont huit musiciens, deux chanteuses lyriques, la compagnie du Ballet national de Marseille et onze comédiens qui s’égayeront dans les jardins pour proposer un moment de grâce, unique et magnifique. Parmi les nouveautés, Andréa Ferréol inaugure un jardin littéraire où des comédiens, comme Pierre Santini ou Jean-Claude Dreyfus, vont lire des textes de George Sand, Victor Hugo, Colette, Marilyn Monroe, etc., de même que des auteurs liront des extraits de leur ouvrage comme Patrick de Carolis, qui ouvrira les festivités, ou Joëlle Garde, l’écrivain local. « C’est un événement très joyeux, les artistes veulent toujours revenir ! Ils trouvent que c’est amical, intéressant ; ils ont beaucoup de rapport avec les gens, ils vendent leurs œuvres », déclare la comédienne, à la fois ravie et un tantinet préoccupée.
C’est que voir grand coûte ! Il y a les dépenses inattendues, comme l’achat d’une seconde licence de spectacle avec la création, en parallèle, en 2015, de l’association Aix-en-Arts. D’autres lignes de dépense augmentent avec le nombre d’artistes plus élevé, et certaines subventions tardent à parvenir à l’association. L’organisation de la dixième édition friserait les 100 000 euros, soit environ 20 000 euros de plus que pour les éditions précédentes. C’est une somme dont Andréa Ferréol ne dispose pas encore totalement. Comme souvent, elle devra attendre la fin de la manifestation pour savoir si les comptes seront à l’équilibre. L’association devrait aussi récupérer 15 % sur les œuvres vendues par les artistes exposants. Les 1 500 borsalinos en paille, signés au nom des Flâneries, seront désormais vendus aux visiteurs à deux euros. Les bars à eau et les friandises restent gratuits. Pour remplacer la timbale en plastique, il a été imaginé un gobelet collector en dur, à l’effigie de l’affiche de l’événement, à un euro. « Le premier prix de la tombola sera un bijou en forme de calisson avec une chaîne en or 18 carats offert par le joaillier Corpace », précise Andréa Ferréol. Parmi les autres prix prestigieux, une œuvre des artistes présents, un foulard et le parfum La Panthère de chez Cartier…
Au regard de l’ampleur des Flâneries d’Art contemporain et de l’esprit qu’elle a su insuffler, Andréa Ferréol peut être satisfaite de son initiative pour consacrer l’art, offrir une tribune verdoyante à des artistes connus ou en devenir, et valoriser sa ville natale à laquelle elle est si attachée. En considérant les dix années qui viennent de s’écouler, elle ne comptabilise que du bonheur. Ce fut l’occasion inouïe de découvertes d’artistes talentueux, de rencontres stimulantes, de concentration d’émotions pures, de joies communicatives. La comédienne s’est même découvert des aptitudes pour certains métiers. « Durant ces années, sans le vouloir, j’ai appris à créer et gérer une entreprise, à solliciter des subventions et des mécénats, à trouver des lieux et des artistes, à animer une équipe de bénévoles, à organiser un événement de A à Z, explique-t-elle. Je maîtrise à la fois l’aspect financier et l’aspect artistique. C’est formidable ! »
On ne peut que se réjouir pour Andréa Ferréol qui s’investit pour le rayonnement de la ville d’Aix-en-Provence, à l’instar de son père qui a été premier adjoint au maire pendant trente ans. Avec un programme si bien calé, que lui souhaiter d’autre pour ce week-end si important ? La clémence du temps, peut-être… Pour cela, quelques jours avant, elle adressera une prière à son père pour que les dix ans des Flâneries d’Art contemporain soient préservées de la pluie… et de la canicule. Seul le champagne devra couler à flot !
Andréa Ferréol signera pendant les journées des Flâneries son livre souvenir “La passion dans les yeux“.
Pour en savoir plus sur l’association, les artistes et leurs œuvres, cliquez sur le lien : Flâneries d’Art contemporain.
Journaliste, biographe, auteure et critique culturel, je partage avec vous mes articles et avis. Si vous aimez, abonnez-vous !