“Titanic, la folle traversée”, une fantaisie immersive qui fera couler beaucoup d’encre !

Temps de lecture : 3 min

Coup de cœur

Une croisière houleuse, loufoque, tanguant entre drame et comédie.

Le suspense est éventé : le Titanic sera éventré par un iceberg dans l’océan Atlantique Nord le 14 avril 1912. Mais qu’importe le suspense, pourvu qu’on ait l’ivresse d’une folle traversée dans « le vaisseau des rêves ». Au théâtre de la Renaissance, la folie musicale de la Compagnie des Moutons noirs commence dès l’arrivée des spectateurs soudain élevés au rang de passagers. Des passagers chanceux qui s’apprêtent à vivre une croisière houleuse, loufoque, tanguant entre drame et comédie, mais surtout divertissante. Ainsi, le capitaine au style vieux loup de mer nous accueille avec bonhomie, accompagné d’un trio de musiciens, et l’équipage – constitué d’hôtesses vêtues à la « moussaillonne » – est fin prêt sur le pont pour nous guider jusqu’à notre place. Il y a comme un air de fête qui flotte. On sentirait presque les embruns sur le visage ! Forcément, cela donne confiance dans l’insubmersibilité de ce projet insensé de transposer le naufrage du Titanic sur une scène de théâtre. Le projet paraît fou. Il est ambitieux et exige des trésors d’inventivité, non seulement pour coller à la réalité, mais surtout pour nous entraîner dans son sillage homérique et burlesque.

La pièce tisse dès l’embarquement un contrat de connivence avec les spectateurs.

Inspiré du film à records (11 Oscars en 1998) de James Cameron, balançant entre fiction et réalité, la pièce tisse dès l’embarquement un contrat de connivence avec les spectateurs. L’histoire de Rose (devenue Lyse) et de Jack (renommé James), deux jeunes gens issus de classes différentes qui vont se défaire de leurs chaînes pour s’aimer d’un amour absolu, se calquerait presque sur celle de Roméo et Juliette. À l’image de ce classique de Williams Shakespeare, le classique contemporain a lui aussi gagné l’éternité comme les cœurs. Ainsi, la traversée imaginée, écrite et mise en scène par Axel Drhey peut-elle se dérouler sans accroc de compréhension. Libéré de ce qui aurait pu être une pesanteur, l’auteur a su donner corps à l’immense chef-d’œuvre cinématographique… à la manière des Moutons noirs. Autrement dit, en se saisissant d’un classique populaire pour le réinventer en le parodiant. « Titanic, la folle traversée » constitue leur septième défi. Un défi relevé haut la main de barreur !

L’immersion est totale et profonde.

La comparaison s’arrête là, car « Titanic, la folle traversée » est une réelle création qui se déploie, magnifique et monumentale, devant nos yeux ébahis. Empruntant aux codes comiques du vaudeville, l’auteur a transformé les dialogues, tout en respectant les intrigues, les personnages et leurs rêves que cette traversée promettait de réaliser. La reconstitution est magique. Même le naufrage, métaphorisé par une chorégraphie faisant penser à la danse des zombies (Thriller/Mickaël Jackson), soulève l’enthousiasme tant elle allie beauté et gravité. L’inventivité de la mise en scène donne aussi un rythme cinématographique au jeu des acteurs. Ainsi, deux couples, situés à tribord et à bâbord, semblent jouer en double, les réparties de l’un répondant à l’autre. On entre à la fois dans l’intimité du couple tout en appréhendant l’universalité de l’amour… L’immersion est totale et profonde. On adore être sur ce paquebot délirant qui sombre corps et biens en chansons. Les neuf comédiens sont complets  : comédie, danse et chant. L’harmonie provient certainement de la complicité de cette troupe unie depuis plus de dix ans, mais surtout de leurs talents scéniques qui leur permettent de jouer sur un fil dramatique tendu à l’extrême tout en revêtant une dimension clownesque. Une réussite indéniable !

Nathalie Gendreau
©


Distribution
Avec : Mathieu ALEXANDRE, Roland BRUIT, Florence COSTE, Camille DEMOURES, Axel DRHEY, Julien JACOB, Jonathan JOLIN, Yannick LAUBIN, Vianney LEDIEU, Bertrand SAUNIER, Paola SECRET et Jo ZEUGMA

Créateurs
Auteur : Axel DRHEY
Metteur en scène : Axel DRHEY
Assistante mise en scène et Chorégraphies : Iris Mirnezam
La Compagnie des Moutons noirs 

Musique : Jo Zeugma 
Création sonore : Thomas Lucé-Pénato
Création lumière : Alice Gill-Kahn et Rémi
Cabaret Son : Aurélien Arnaud, Antoine Cicéron et Samuel
Scénographie : Piergil Fourquié
Décors : Stefano Perocco di Meduna
Costumes : Emmanuelle Bredoux
Coach chant : Claire Demoures et Vianney Ledieu
Graphisme : Olivia Grenez

Du mercredi au samedi à 21 h et en matinée samedi à 16 h 30, jusqu’au 3 septembre 2022.

Au théâtre de la Renaissance, 20 boulevard Saint-Martin, Paris Xe.

Durée : 1 h 30


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