“L’Empereur des Boulevards” : Entre maître et sujet de vaudeville

Temps de lecture : 4 min THÉÂTRE & CO
Georges Feydeau est un nom qui résonne aussi fort que les rires qu’il provoque. « Tailleur pour Dames » est la pièce qui le porte aux nues au théâtre de la Renaissance en 1886 et le place sur la plus haute marche du rire, un art non respectable selon sa mère, Léocadie Boguslawa Zalewska… une femme « galante » dans sa jeunesse ! Jouer avec des histoires sordides de cocufiage et de tromperie est le créneau dans lequel il se complaît. Mais qui est vraiment ce farceur au patronyme si respectable ? Son père, Ernest, n’était-il pas un écrivain réputé ? Où peut-il bien puiser son inspiration, semble-t-il inépuisable ? C’est tout l’objet de la dernière création de la « Compagnie des Joyeux de la Couronne », un « biopic » musical écrit par Olivier Schmidt : « L’Empereur des Boulevards », au Théâtre Montmartre Galabru. À travers 26 personnages, l’auteur et comédien met en scène la vie du vaudevilliste depuis ses débuts passionnés jusqu’à sa lente déchéance, rongé par la syphilis transmise par un ange de la nuit. Grâce à sept comédiens talentueux et vitaminés, le Paris festif s’étale sur scène en plusieurs actes, des tranches de vie où s’enchaînent les échecs et les succès du maître des Boulevards, mais aussi sa vie intime qui le transforme en sujet obéissant et vaincu par ses démons, dont le plus prégnant est sans conteste le besoin de reconnaissance. Si l’œuvre de Feydeau taille la part belle à cette pièce, sa vie personnelle et son esprit l’habitent de pied en cap.

« La petite fille vêtue de rose », où l’enfer carcéral au féminin

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
Jusqu’au 27 décembre 2017, le théâtre Montmartre Galabru se réinvente en prison pour une pièce édifiante sur les conditions de détention des femmes aux États-Unis, en 1999. Derrière la candeur du titre, “La petite fille vêtue de rose” s’exprime le monde intérieur des personnages. Si les prisonnières évoluent en survêtements gris dans leur cellule glauque et insalubre, leurs rêves sont colorés d’un camaïeu de rose, entre innocence et ingénuité, imprimant dans les cœurs un désir vigoureux de liberté et une faim dévorante d’amour. Les codétenues Gaëlle (Sevda Bozan) et Nevena (Coralie Miguel), deux femmes au profil différent, doivent cohabiter de gré ou de force. De force, se supportant, de gré s’apprivoisant. Les mois défilent, passant du silence brutal à la complicité mutine, jusqu’à l’amour et la libération. L’une effective, l’autre sublimée. Le texte de Coralie Miguel touche et la mise en scène au souci du détail soigné de Marina Gauthier frappe par son réalisme et sa crudité. Une histoire qui prend au col.

« Mascarades », pour vaincre la solitude !

Temps de lecture : 3 min THÉÂTRE & CO
La pièce “Mascarades”, qui se joue au théâtre Galabru, se distingue par les thèmes abordés, réalistes et toujours d’actualité : la vieillesse solitaire et le poids du mensonge dans une existence. Sur ce sujet ambitieux et lourd de sens, l’écriture ciselée et enlevée de la jeune Marina Gauthier, attisant le froid et le chaud, frappe par sa maturité. Performance à relever, “Mascarades” étant sa première pièce ! Le cadencement entre comédie et drame, qui alterne rires et émotions, ajoute à la puissance du propos narratif. Si l’humour grinçant domine dans ce huis clos intense, venant atténuer les répliques corrosives, la légèreté de la jeunesse et sa joie invasive soufflent sur la scène un vent d’espérance en l’âme humaine. La confrontation passé/présent de deux anciennes amies (Roselyne Geslot et Lydie Rigaud) est explosive et touchante. Et laisse le public pantois devant l’enchaînement des répliques qui se précipitent, inéluctablement, vers le drame final… Quoique !

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