“Les mots s’improsent” et riment avec virtuose

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« Les mots s’improsent », au théâtre des Mathurins jusqu’au 1er avril 2020, est un spectacle de Félix Radu d’une audace artistique inédite, un ovni littéraire en orbite autour du sens de la vie qui se déploie en plusieurs dimensions de compréhension. Son seul-en-scène ne ressemble à rien de connu et pourtant il nous est étrangement familier. C’est peut-être parce qu’il sait nous parler de l’essentiel avec une langue qui châtie bien. Son texte de haute tenue est truffé de traits d’esprit et de réflexions philosophiques. Il émeut, interroge, éclaire, induit des répercussions émotionnelles et intellectuelles. Tout le long de la performance du jeu scénique, revu par le metteur en scène Julien Alluguette, il n’y a pas d’éclats de rire, mais un feu nourri d’éclats de pensée et de sourires intérieurs. Ce n’est ni un récit austère ni un conte fantasque, mais une variation poétique d’un vieux monde que le comédien essaye de comprendre, une introspection élargie à l’univers, avec l’impertinence de la jeunesse et la tempérance de la sagesse. Les mots fusent, se chamaillent, s’entrechoquent ou se confondent, se mettent à nu pour revêtir de nouveaux habits de lumière. Ainsi, la poésie philosophique de Félix Radu surgit d’entre les mots dans un ballet aérien et pétillant d’humour et de sens, pour la plus grande joie d’un public conquis.

“La chute”, un vertigineux Clamence

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Dans la petite salle du théâtre des Mathurins, le verbe d’Albert Camus habite le comédien Yvan Morane, viscéralement, en tension, en éclats, en complexité. En contenu aussi. Le court roman, « La chute », est l’autopsie d’une âme tourmentée en quête d’une improbable rédemption, celle d’un avocat parisien obsédé par les cris d’une femme tombée dans la Seine. C’était une nuit de novembre, il rentrait chez lui par les quais quand il a entendu le bruit d’une chute. Il ne s’est pas retourné ; il aurait voulu, mais il a poursuivi son chemin sans avertir quiconque. Son comportement non glorieux le hante jusque dans le bar sordide Mexico-City à Amsterdam, ville où il s’est réfugié. Comme si l’exil éloignait la honte, la lâcheté, la culpabilité, le dégoût de soi et, en miroir, le dégoût des Hommes et de leurs turpitudes. Là, il a coutume d’aborder un compatriote pour confesser le secret de son âme à vif, non sans ironie et cynisme, ménageant le suspense sur l’horrible faute. Le narrateur se nomme lui-même « juge pénitent » et entreprend son procès dans un monologue dramatique glaçant.

“Dans la peau de Cyrano”, ou la différence en majesté

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Ce soir-là, pour annoncer sa reprise au théâtre des Mathurins à partir du 7 avril prochain, le spectacle « Dans la peau de Cyrano » fêtait sa 700e représentation dans l’enthousiasme général. Un triomphe largement mérité tant le one-man-show de Nicolas Devort est une performance scénique incarnée. Le comédien campe plusieurs personnages, chacun avec son trait caractéristique qui l’identifie en un quart de seconde. Cette instantanéité provoque l’admiration. Parmi ces personnages, il y a le professeur de français, la psychologue du collège et quelques élèves qui interagissent autour de la pièce d’Edmond Rostand, « Cyrano de Bergerac »…

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