THÉÂTRE & CO
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Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥♥
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Ce soir-là, pour annoncer sa reprise au théâtre des Mathurins à partir du 7 avril prochain, le spectacle « Dans la peau de Cyrano » fêtait sa 700e représentation dans l’enthousiasme général. Un triomphe largement mérité tant le one-man-show de Nicolas Devort est une performance scénique incarnée. Le comédien campe plusieurs personnages, chacun avec son trait caractéristique qui l’identifie en un quart de seconde. Cette instantanéité provoque l’admiration. Parmi ces personnages, il y a le professeur de français, la psychologue du collège et quelques élèves qui interagissent autour de la pièce d’Edmond Rostand, « Cyrano de Bergerac ». L’histoire met en scène Colin, un élève timide et complexé par son bégaiement, qui va s’affirmer parmi ses camarades de classe grâce à un atelier théâtre auquel il sera inscrit contre son gré. Peu à peu, le personnage de Cyrano qu’il va incarner l’aidera à sublimer ses peurs. Le texte est fin et percutant, les réparties tombent en cascade avec panache et font mouche à tous les coups. À la fois tendre, poétique et comique, « Dans la peau de Cyrano » emporte tous les suffrages.
Colin fait sa rentrée scolaire dans un nouveau collège. Dès les premiers instants, Maxence, un échalas aux poings fermés et au cœur tendre, lui tend la main. Il économise ses mots, mais ceux-ci touchent toujours juste à la fin de l’envoi amical. Il y a Adélaïde qui éveille l’émoi de Colin, avec sa mine coquette et son cœur d’artichaut. Il y a Gérard au rire gras et communicatif. Et le petit ami d’Adélaïde, bête et beau, un prétentieux à la cervelle percée. En face d’eux, un professeur de français à l’écoute et bienveillant. Il les invite à participer à un atelier de théâtre et à étudier « Cyrano de Bergerac », d’Edmond Rostand. Colin préfère jouer de la guitare dans sa chambre, il ne tient pas à s’exposer aux moqueries. Seulement voilà, la psychologue de l’école l’ajoute sur la liste des volontaires pour le confronter à sa timidité. Il se rend donc à l’atelier à contrecœur. Mais la sémillante Adélaïde, telle Roxane, l’attrape dans ses sourires enjôleurs. De séance en séance, Colin prendra confiance et osera assumer sa différence, tout son modèle au nez proéminent.
Ce seul en scène est une rencontre providentielle entre un adolescent mal dans sa peau et un professeur hors norme qui va aider son élève à se révéler au travers d’un texte classique qui parle d’honneur, de courage et d’amour. Au travers de ce texte sensible et si réaliste, qui se calque sur l’exemple littéraire d’Edmond Rostand, « Dans la peau de Cyrano » est un divertissement qui se nourrit de réalité. Inscrit dans une démarche pédagogique, Nicolas Devort s’est documenté sur le thème de la différence à l’école pour construire cette histoire fabuleuse d’une grande poésie. Avec une chaise pour seul accessoire, le comédien revêt les costumes émotionnels de ses nombreux personnages, les rendant plus vrais que nature. Il les mime avec une étonnante acuité, passant de l’un à l’autre à la vitesse supersonique. Cette dextérité rythme les échanges, ce qui donne l’impression qu’ils sont vraiment plusieurs sur scène. L’homme au visage malléable se transfigure à volonté, accentuant les traits juvéniles pour mieux émouvoir ou faire rire. Bien que seul sur le plateau, il occupe tout l’espace et focalise sur lui une attention haletante.
Nathalie Gendreau
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Distribution
Avec : Nicolas Devort
Créateurs
Auteur : Nicolas Devort
Mise en scène : Clotilde Daniault
Collaboration artistique : Stéphanie Marino et Sylvain Berdjane
Lumières : Philippe Sourdive
Du dimanche au mardi jusqu’au 1er juillet 2019, à 19 heures au Théâtre des Mathurins, 36 rue Mathurins, Paris VIIIe.
Attention : exceptionnellement la séance du lundi 15 avril se jouera à 20 h 30.
En province les autres jours : consultez les dates et les lieux sur le site du producteur “Pony-Production“.
Durée : 1 h 20.
Journaliste, biographe, auteure et critique culturel, je partage avec vous mes articles et avis. Si vous aimez, abonnez-vous !