“Nouvelle Babel”, Michel Bussi

Temps de lecture : 3 min LITTERATURE
Le roman de Michel Bussi est toujours très attendu. Pour le suspense. Pour la variété des personnages. Pour la complexité de l’intrigue et la fin toujours surprenante. Avec « Nouvelle Babel » (éditions Les Presses de la Cité), le lecteur est royalement servi, avec un petit supplément réjouissant : le voyage ! Géographe de formation, l’auteur s’amuse à nous promener autour de cette belle Terre à coups de téléportation. Est-ce l’heureuse conséquence des confinements successifs ? Quoi qu’il en soit, il nous plonge dans un monde utopique, en 2097, qui ne connaît plus la peur ni la guerre, depuis la nouvelle constitution mondiale établie en 2058, dont la devise est « Une seule Terre, un seul peuple, une seule langue ». Et la téléportation est l’assurance d’une liberté absolue, sans danger, car Panguaïa, la base de données des déplacements, y veille. Mais un jour, dix terriens retraités sur une île paradisiaque sont retrouvés assassinés. Les trois enquêteurs dépêchés sont sidérés par la violence des faits, mais surtout par la manière dont les tueurs ont opéré : froide, consciencieuse. De vérifications en investigations, l’enquête laisse présumer un coup d’État à venir. Ce qui n’arrange pas les affaires de Galileo Nemrod, le chef d’orchestre de ce monde idéal qui s’apprête à parachever la construction d’une tour de presque un kilomètre de haut pour fêter le centenaire de la téléportation. Son ambition ? Y rassembler la totalité de la population mondiale en un clic !

“L’Anomalie”, Hervé Le Tellier

Temps de lecture : 4 min LITTERATURE
« L’Anomalie » d’Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020, divise les lecteurs autant qu’il rassemble tant par son histoire dérangeante sur la duplication de soi que par sa structure narrative séquentielle portée par de (trop ?) nombreux personnages. Quoi qu’il en soit, il ne laisse pas indifférent et déchaîne les passions, réconciliant tous les lecteurs sur la question de la finalité d’un texte et des motivations de son auteur. Fidèle aux principes cœur de l’Oulipo (institut littéraire prônant l’innovation par le langage), dont il est membre, Hervé Le Tellier perturbe, surprend, déroute le lecteur, le prend au jeu, le perd aussi un peu pour mieux l’entraîner vers un ailleurs qui le ramène à sa propre condition. Et si vous aviez fait partie des passagers du vol Air France 006 qui relie Paris à New York, ce 10 mars 2021, et qu’un autre que vous, semblable en tout point, ayant vécu une vie identique, surgissait trois mois plus tard croyant être en mars, quelle serait votre réaction ? Ici, l’auteur ne s’amuse pas à supprimer une lettre, comme Georges Perec, lui-même membre de l’Oulipo, dans « La Disparition », il préfère mettre en scène la réapparition – en double exemplaire – d’un avion et de tous ces passagers à la faveur d’un orage bien évidemment violent, mais surtout inexpliqué par sa soudaineté et son imprévisibilité.

“Dernières nouvelles du futur”, Patrice Franceschi

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Vers quels horizons se dirige-t-on ? Si nombre d’auteurs comme Orwell et Huxley les ont déjà imaginés, cette question existentielle demeure prégnante. Alors malade de ses dérives, notre monde se débat à coups de progrès pour devenir meilleur, s’échinant à approcher le bonheur, ce contentement de l’être qui connaîtrait – enfin ! – le Paradis sur terre. Un paradis fiscal, sécuritaire, économique, égalitaire, mais un paradis habité d’hommes et de femmes qui auraient abandonné en contrepartie toute forme de libre arbitre. Hanté par le devenir de l’Homme, l’écrivain baroudeur Patrice Franceschi nous le dépeint en quatorze tableaux uniques qui s’enchâssent sur un peu plus d’un siècle pour constituer un monde réinventé par nos futurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Drôles et tragiques, ironiques et édifiantes, ces nouvelles montrent l’étendue de l’inquiétude de l’auteur qui a vécu cinq années aux côtés des Kurdes de Syrie dans leur lutte contre l’islamisme. Elles puisent si bien leur origine dans notre actualité mondiale, toujours plus sanglante et alarmante, que ces “Dernières nouvelles du futur” ont valeur de réalité.

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