“Quelque chose dans la tête”, Denis Kambouchner

Temps de lecture : 2 min CHRONIQUE
Voilà un essai qui ne casse pas la tête et ne cherche pas à vous enfoncer ses idées dans… le crâne ! Nul besoin de se mettre martel en tête ou quelque chose dans la tête… Quoi que, si ! Telle est justement la question que se pose Denis Kambouchner dans « Quelque chose dans la tête », aux éditions Flammarion. Ce philosophe et professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, grand spécialiste de Descartes et des questions d’éducation, se fait pédagogue dans cet édifiant essai dédié à la culture, et particulièrement de la mémoire, distillant savamment l’abstrait et le concret. Il s’interroge ainsi sur les « qualités d’une tête bien faite » et se plaît à disséquer les différents usages du mot « tête ». Bille en tête, il annonce la couleur de sa méthode : deux parties composent l’ouvrage. urel que l’on a dans la tête, ce qu’il devrait être et ne pas être, et si nous avons perdu le jugement. La seconde évoque la transmission, c’est-à-dire ce que l’on transmet et la manière de le faire. Ce bagage n’est-il pas constitutif d’un héritage familial mais aussi sociétal ?

“Le Miracle Spinoza”, Frédéric Lenoir

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Frédéric Lenoir, écrivain spécialiste des religions, a percuté de plein fouet l’œuvre de Baruch Spinoza il y a peu. Le choc a été si immense et les répercussions sur lui si positives qu’il a voulu partager cette expérience avec ses lecteurs. Pour cela, il a défriché sa propre voie de vulgarisation de l’œuvre jugée révolutionnaire. Avec une curiosité enthousiaste, l’auteur débroussaille la pensée de ce philosophe juif du XVIIe siècle, qui a construit ses écrits en empruntant un style géométrique et démonstratif, et donc âpre et difficile d’accès. Par un facétieux trait d’esprit, l’essayiste a nommé son traité Le miracle Spinoza, alors même que le précurseur des Lumières, des démocraties modernes et de la psychanalyse ne croyait ni au hasard ni au miracle, mais à la raison. Tout ayant une explication ou en aurait une avec le temps. Mais, le miracle ne serait-il pas cette philosophie révélée, très en avance sur son temps, inédite et renversante, mue par la raison et fondée sur la joie et le désir ?

“Averroès ou le secrétaire du diable”, Gilbert Sinoué

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
Quel délice de se couler dans les romans historiques de Gilbert Sinoué ! L’auteur n’a pas son pareil pour vous immerger dans le monde qu’il a choisi pour exprimer son talent de conteur. Avec “Averroès ou le secrétaire du diable”, aux éditions Fayard, il s’attaque à une immensité oubliée de la pensée musulmane du XIIe siècle. Celui que les jaloux et rigoristes qualifiaient de “secrétaire du diable” a connu la gloire et la haine au gré des sursauts de l’histoire d’Al-Andalous, la future Andalousie. Ce roman évoque un penseur infatigable, célèbre par ses commentaires sur Aristote, formant des théories qui ont ébranlé les théologiens musulmans et l’Église catholique jusqu’aux tréfonds de leur âme corsetée. L’auteur offre une tribune romanesque à cet homme qui a aussi été un fils respectueux, un amant fou amoureux, un mari sage et un père aimant.

“Mythologie et philosophie – Le sens des grands mythes grecs”, Luc Ferry

Temps de lecture : 3 min CHRONIQUE
« La première conviction du crétin, c’est qu’il est intelligent : pourquoi chercherait-il la sagesse ? » (page 481), souligne non sans humour Luc Ferry, le philosophe auteur de « Mythologie et philosophie – Le sens des grands mythes grecs », paru chez Plon. Aussi est-il légitime de s’interroger soi-même : suis-je un crétin ou un philosophe ? La gageure est de taille ! L’audace du lecteur qui ouvre cet ouvrage de 575 pages pour s’y plonger corps et âme peut-elle être une piste pour le déterminer ? Quoi qu’il en soit, s’il ose, c’est une marche à rebours qu’il entreprend, car ce livre réveille les merveilles rêvées de l’enfance et le propulse dans une réalité d’adulte enfin décryptée et qui peut s’appliquer à soi, au quotidien. Le doigt dans l’engrenage des mythes fait tourner les pages sans plus se poser de questions existentielles sur ce temps chronophage qui nous manque tant pour approfondir le temps présent. En vérité, « être dans l’amour du présent, c’est-à-dire la réalité du présent ».

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