“Souvenirs dans les poches”, Andrei Astvatsatourov

Temps de lecture : 2 min

 

Résumé

“Entre Paris, Saint-Pétersbourg et Capri, le narrateur, un jeune intellectuel russe, ironique et léger, construit son histoire. Il nous entraîne dans le dédale des rues, dans des cafés, restaurants et hôtels, où les rencontres se font parmi les aléas de la vie quotidienne. Un voyage qui le plonge toujours un peu plus au fond de son être aussi, pour y analyser l’histoire d’un amour passé.”

 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

« Qui suis-je ? » Telle est la question que se pose Andrei Astvatsatourov dans « Souvenirs dans les poches ». Empruntant à l’autobiographie fiction, l’auteur plonge les mains dans les poches profondes de sa mémoire sélective à la faveur de cette question existentielle aussi urgente que corrosive. Armé d’un style aiguisé, vif, insolent, original, il découpe sa vie, méthodiquement et par fragments que ses réminiscences pérégrines brassent, épurent, ordonnent pour recomposer le puzzle de son histoire, une histoire réconciliée.

Usant du ton badin et irrévérencieux couru des salons français du XVIIIe siècle, l’auteur-narrateur ravive son éducation. L’enfant qui est en froid avec les « m » ; l’adolescent qui se tourne vers la philologie par paresse de l’exactitude orthographique. Puis il dépeint les quatre saisons de sa vie d’adulte, les étapes charnières qui le conduisent à devenir un philologue passionné, seul et désabusé. S’entremêlent alors pensées philosophiques et préoccupations plus prosaïques, avec la complicité débonnaire de collègues universitaires qui rivalisent de truculence, avec en toile de fond l’ombre d’un amour bafoué.

Ce roman porte aussi un regard inattendu sur trois villes qu’Andrei Astvatsatourov se plaît à parcourir au gré de son humeur et de ses obligations. Personnifiées par une plume aux formules inventives et décalées, elles se dévoilent sous des atours audacieux, telle des maîtresses accortes et généreuses. À commencer par Saint-Pétersbourg qui s’étire, plate et rectiligne, sous un ciel gris et bas, sauf en juin quand le soleil écrase les habitudes. Puis Capri, carte postale immuable qui bourdonne dans ses entrailles de langues étrangères. Et Paris dont les plaisirs de bouche débordent jusque sur les trottoirs ou s’émoustillent dans les bars. On y voit le narrateur croquer le fruit défendu, fumer, s’enivrer, draguer, pester, cogner, philosopher… se souvenir aussi, et s’en remettre à la fatalité des passions naissantes, assouvies, refroidies.

“Souvenirs dans les poches” est le troisième roman d’Andrei Astvatsatourov, intellectuel russe et professeur de littérature anglo-saxonne, mais c’est le premier qui est traduit en français. Merci aux éditions Macha Publishing qui nous font découvrir cet auteur qui convoque sa vie avec une telle jubilation, n’hésitant pas à la soumettre à la question, la cajoler, la fustiger, la presser pour en sortir la quintessence, un jus si pur qu’il révélera l’essentiel dans une phrase anodine, frappée d’évidence : « La vie continue… »

 

Éditions Macha Publishing, mars 2016, 220 pages, 18,90€.

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