“Quand les femmes parlent d’amour – Anthologie de la poésie féminine”, Françoise Chandernagor

Temps de lecture : 2 min

 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

 

Quand les femmes parlent d’amour“, de Françoise Chandernagor, est un superbe ouvrage paru aux éditions du Cherche Midi sur un thème inédit, et non moins hardi, qu’est la poésie féminine. Un genre féminin qui existe depuis des lustres, mais que la prépondérance masculine a conduit à occulter. Cette anthologie très fouillée est d’une richesse stupéfiante et ravit tant par le nombre de femmes poètes talentueuses que par la diversité des sujets traités. L’intérêt provoqué par la découverte d’une poésie féminine foisonnante est décuplé par le traitement de l’écrivain qui ne se contente pas d’égrener le nom de ces femmes poètes francophones de tous horizons sociaux au cours des siècles et ce que l’amour leur  a inspiré. L’écrivain va bien au-delà en interrogeant la place de la femme dans la poésie et en rendant compte de ses réflexions sur d’hypothétiques différences de la forme poétique entre les hommes et les femmes. Pour ces poétesses dignes d’un grand intérêt, l’écrivain retrace aussi leur biographie et livre des anecdotes qui amènent le lecteur à appréhender la difficulté des femmes à exister dans leur art au cours des siècles.

Françoise Chandernagor n’a pas pour habitude d’écrire sur commande, son imaginaire étant assez nourri pour s’en dispenser. C’était sans compter un trait prédominant de sa personnalité que son éditeur a su susciter : la curiosité. La question était ardue et intrigante à la fois. Les femmes poètes des siècles passés sont-elles assez nombreuses et talentueuses pour figurer dans une anthologie qui leur serait entièrement consacrée et qui célébrerait l’amour ? Intéressée par la réponse, l’une des trois membres femmes siégeant à l’Académie Goncourt a donc investi l’histoire de la littérature poétique féminine. Et a exhumé des noms de grandes poétesses oubliées, d’abord par les hommes de lettres, puis par la mémoire collective.

Forcer les portes de la gloire” était pourtant l’une des vocations de l’académie que désiraient créer en leur nom les frères Goncourt. En fait, cette belle phrase est effective en grande majorité pour les hommes. La misogynie en matière de poésie régnerait-elle en maître ? À l’heure où la parité est en marche forcée, où les plafonds de verre explosent à coups de lois et d’évolution de mentalités, la littérature féminine, à commencer par la poésie, est sous-représentée. Un roman sur quatre est signé par une femme. Elle buterait donc contre un « plafond de plomb » sacralisé au travers des manuels scolaires, des anthologies, des études qui voueraient à la femme auteure et poète une part si minime que la place des plus grandes poétesses y est réduite au profit de poètes de seconde catégorie.

Avec humour et impartialité, l’écrivain traite d’un sujet épineux sans revendication, ni féminisme outrancier. L’histoire de la poésie au féminin nous est contée avec justesse et ferveur au travers de ces femmes aux itinéraires littéraires non reconnus. En rétablissant la place de la femme dans l’histoire commune de la poésie, Françoise Chandernagor rend un immense service aux générations futures. Elle entrebâille la voie à une reconnaissance des poétesses contemporaines qui, selon elle, ne peuvent compter que sur une vieillesse très avancée pour être enfin distinguées. Grâce à son anthologie, nul n’est plus censé ignorer l’existence du talent poétique au féminin !

Les Ed. Le Cherche Midi, Collection Espaces, octobre 2016, 256 pages, 19 €.

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