“Pierre Soulages au fil de l’amitié”, Pierre Duterte

Temps de lecture : 2 min

 

Résumé

“Alors que la notion même d’ami menace de se dissoudre. Pierre Duterte en offre ici une image dessinée (ou peinte) par trente ans de relations amicales avec le peintre, Pierre Soulages et son épouse, Colette. L’idée qu’une œuvre d’art engendre l’amitié pourrait en surprendre plus d’un, mais c’est pourtant à travers le prisme de l’œuvre même que sont nés d’abord la compréhension, puis l’admiration et enfin, le partage de l’affection.”

 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥

Le psychothérapeute et photographe Pierre Duterte croit en l’amitié. Pas celle qui se propage sur les réseaux sociaux, de clic en clic, dévoyée par ce qu’il appelle la “débâcle affective” de nos sociétés. Il veut parler de ce genre d’amitié qui se construit sur des années autour de valeurs et de partages communs. Avec “Pierre Soulages au fil de l’amitié”, le fondateur de l’association “Parcours d’Exil” rend hommage à cette amitié de trente années avec le peintre et, par ricochet, avec sa femme Colette. Une amitié respectueuse et complice, pétrie d’admiration.

Son propos est de questionner la peinture de Pierre Soulages pour déceler la provenance du beau qu’elle suscite en lui, qui lui est si nécessaire pour “retrouver l’énergie qui [le] fait lutter contre l’inhumanité qui mutile ses victimes“. Pour conduire ses réflexions sur l’origine du “miracle” opéré en lui, l’auteur convoque l’Histoire et les assertions de ses penseurs et artistes pour ciseler sa définition personnelle du beau, propre à satisfaire son besoin vital. Cette définition est loin d’être manichéenne, on le verra.

Tout est une question de ressenti, l’ancien galeriste en est certain, puisque “le plaisir ne s’enseigne pas“, et qu’il provient, selon Pierre Soulages, de l’interaction d’un triangle : le peintre, la toile et le regardeur, car il n’est pas question ici de visiteur d’un musée. Le regardeur d’un tableau est celui qui utilise l’un de ses cinq sens pour ouvrir sa conscience et recevoir un choc qui change son équilibre émotionnel.

Pierre Duterte s’oppose à toute interprétation de l’œuvre et à son classement, puisque chacun “la reçoit selon sa sensibilité, son expérience, sa culture”. Dans les toiles, il ne faut rien y voir, car “il ne représente pas, il présente”, selon les propres mots du peintre… Et la lumière du jour qui varie change la perception du regardeur. Pierre Duterte en a fait l’évidente constatation lors de son exposition sur “Les outils du peintre“, en juin 2011 à La Capitale Galerie, à Paris.

Avec cet étonnant petit livre d’introspection, Pierre Duterte met des mots sur l’œuvre “miraculeuse” de Soulages en interrogeant ses propres émotions, tout en consacrant l’amitié, le partage, le langage… et l’art dans ce qu’il a de plus pur sans analyses, ni sous-titres. Cet art qui fait raisonner le sacré en nous. Un regard attendrissant et sincère sur Pierre Soulages, et sur une œuvre qui appelle à n’écouter que soi pour gagner la liberté de ressentir.

 

Éditions Michel de Maule, juin 2016, 102 pages, 17€

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