“Ma cantate à Barbara”, la grande Dame en rouge et noir

Temps de lecture : 3 min

 

THÉÂTRE & CO 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥♥

Sous les toits à l’enchevêtrement de poutres deux fois centenaires du Petit Théâtre des Variétés, une grande dame vêtue de flamboyance chante Barbara. L’intensité de son interprétation, la pointe de fragilité dans le sourire, l’urgence du débit comme l’urgence du répit, la gravité, la passion et l’humour, tout évoque Barbara. Pourtant, on n’entend qu’Anne Peko. L’interprète et la créatrice du spectacle « Ma cantate à Barbara » – avec le pianiste (et poète*) Pierre-Michel Sivadier  – ressuscite magnifiquement la grande Dame brune, tout en la réinventant avec ses propres failles et son énergie contagieuse. Tout en douceur et émotion, ce voyage qu’elle nous propose dans l’univers de Barbara vous invite à entendre ses airs les plus connus, et peut-être en découvrir et/ou redécouvrir d’autres qui le sont moins. Même les moins charmés par l’œuvre de Barbara seront captivés par cette mise en perspective musicale si inattendue.

Avec Sans bagage, la première des vingt chansons de Barbara, ravivant par magie le souvenir d’une voix sensuelle, Anne Peko siffle le grand départ pour un beau voyage ponctué de haltes-titres, comme La Gare de Lyon, Vienne, Marienbad, Nantes, Göttingen, etc. Ainsi, c’est léger qu’on se laisse entraîner dans cette folle sarabande des mots qui s’étreignent, s’élancent, dansent et se balancent sur la scène, racontant la poésie si unique de Barbara. Anne Peko pense chacun de ces mots, elle les prononce comme si leur sens en dépendait. Elle est le meilleur instrument

CD disponible en téléchargement depuis le 23 octobre        et dans les bacs à partir du 23 novembre 2018.

pour leur rendre cette liberté de ton qu’ils avaient dans la bouche de Barbara. On y perçoit la fêlure de la voix derrière la blessure du cœur et l’on reste suspendu – comme si c’était la première fois – aux notes de cette petite cantate, un Si mi la ré… au « si » si cristallin qu’il ouvre les vannes de l’émotion dans un fracas délectable. Qu’il s’agisse de larmes ou de frissons dans son expression, la pureté de ce sentiment est bien là, soulevant la poitrine, et vous devenez un prisonnier volontaire, soumis au bonheur d’assister à un moment unique… et qui en redemande !

« Ma cantate à Barbara » n’est pas qu’un tour de chant, c’est aussi une mise en scène des chansons qui racontent des fragments de vie de Barbara. Également comédienne, Anne Peko sent de façon instinctive les gestes qui donnent de l’épaisseur aux paroles et les habillent de réalité intemporelle. Cet hommage est sublimé par la réorchestration des airs qui, sans les trahir, leur donne un supplément d’âme. Ce soir-là, les deux musiciens – Pierre-Michel Sivadier au piano et Aurélien Guyot au violon – sont simplement parfaits dans leur jeu et la complicité qui s’installe avec Anne Peko. Ainsi soutenue, celle-ci ose cet exercice d’équilibriste de chanter en parlant… ou bien serait-ce l’inverse ? C’est un entre-deux très difficile à tenir sans compromettre la pureté du son et que Barbara réalisait divinement bien. Or la voix d’Anne Peko, chargée de la juste émotion, chemine sur cette crête très étroite de l’entre-deux avec adresse, foi et assurance. Il n’est pas question d’imitation, mais d’une incarnation respectueuse, passionnée et emplie d’humilité.

Nathalie Gendreau

©Photos Laurent Zabulon


À noter, Pierre-Michel Sivadier est l’auteur de “Frondes Etourdies suivi de Ressort des Vagues” – textes poétiques – aux éditions Stellamaris.
“Adam et Bérénice” – fiction pour cinq interprètes – doit paraître d’ici décembre chez le même éditeur.

Distribution

Conception, mise en scène et interprétation : Anne Peko.

Au piano, en alternance : Pierre-Michel Sivadier, Jérémie Henan ou Roger Pouly.

Au violon, en alternance : Jean-Lou Descamps, Sylvain Rabourdin ou Aurélien Guyot.

Créateurs

Lumières : Franck Thévenon

Costumes : Julia Brochier

Le vendredi et le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h 30, jusqu’au 6 janvier 2019.

Au Théâtre des Variétés, 7 Boulevard Montmartre, Paris 75002.

Durée : 1 h 20.

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2 réflexions au sujet de ““Ma cantate à Barbara”, la grande Dame en rouge et noir”

  1. Pâques en novembre ? Merci à Presta Plume de ressusciter Barbara dans le spectacle d’Anne Peko. Manifestement le miracle est là. La grande dame en noir est là transfigurée. C’est en tous cas la promesse qui nous est faite par Nathalie Gendreau qui nous transmet les émotions ressenties au cours de ce spectacle. Merci pour ce moment qui donne envie d’être prolongé au théâtre de Variétés.

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