“Les Pâtes à l’ail”, une explosion de saveurs émotionnelles

Temps de lecture : 3 min

 

THÉÂTRE & CO 

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Avis de PrestaPlume “Coup de cœur

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Deux potes de soixante ans se retrouvent pour la première fois sur scène, immortalisant leur longue amitié autour d’une comédie dramatique édifiante dans la justesse du propos et les nuances du jeu. Écrit à six mains avec le scénariste et metteur en scène Jean-Carol Larrivé, « Les Pâtes à l’ail » réunit Philippe Giangreco (acteur, auteur, réalisateur) et Bruno Gaccio (producteur de télévision et scénariste, notamment dans Les Guignols de l’info sur Canal+), deux amis d’enfance qui ont décidé de jouer ensemble. À l’affiche de La Scène parisienne, l’ex-Feux de la rampe bellement repensée et rénovée, « Les Pâtes à l’ail » met en scène une longue amitié mise à l’épreuve face à l’ultime service : celui de donner la mort pour éviter la déchéance. Si la demande de Vincenzo (Philippe Giangreco) paraît surréaliste à son ami Carlo (Bruno Gaccio), elle n’en est pas moins réfléchie et claquemurée dans les certitudes. Vincenzo n’entend pas changer d’avis. Au nom de l’amitié, Carlo devra s’exécuter ! S’ensuit une bataille aussi homérique que drôle sur la fin de vie, entre d’un côté, le désir d’en être le seul maître, et de l’autre, la volonté de s’y soustraire et de convaincre d’y renoncer. L’amitié y résistera-t-elle ? Jusqu’où des amis sont-ils prêts à aller au nom de ce sentiment fraternel cimenté par les souvenirs d’une vie ? « Les Pâtes à l’ail » y répond entre éclats de rire et de tendresse. Un magistral pied de nez à la mort, comme seuls savent le faire les humoristes au cœur intelligent.

Carlo est un photographe toujours en voyage, un éternel célibataire qui n’arrive pas à aimer, croyant toujours « que la prochaine sera la bonne ». Qualifié de « beau branleur » par son ami d’enfance Vincenzo, il n’en est pas moins fidèle en amitié. Il va le prouver de belle manière, lors d’un de ces rituels soirs où ces stéphanois à la culture italienne se retrouvent autour d’un plat de pâtes à l’ail et une bonne bouteille de vin pour refaire le monde. Vincenzo est un restaurateur marié à la femme de sa vie et a deux enfants qu’il adore. Il est persuadé d’avoir été à la hauteur de cet amour et de ses responsabilités de père. Ce soir-là, tout en préparant les fameuses pâtes à l’ail, il souffre et est agité. Il est atteint d’un cancer du pancréas. Il lui reste au mieux six mois à vivre, une échéance qu’il refuse de transformer en déchéance. Il sait que pour convaincre Carlo, il va devoir dramatiser sa situation tout en dédramatisant sa requête. Pas si simple au vu de la réaction de son ami, horrifié par l’annonce et la demande. Alors Carlo choisit la solution que seul un ami, un vrai, peut imaginer : instiller le doute dans l’esprit de Vincenzo sur ses certitudes. Du grand art pour renverser la situation et peut-être repousser l’inéluctable !

Si « Les Pâtes à l’ail » est le prétexte à réunir deux amis d’enfance pour se donner la réplique sur scène (et accessoirement cuisiner réellement des pâtes !), c’est aussi une occasion unique pour les trois coauteurs de convoquer la mort pour s’en jouer. Par la magie d’une écriture aux répliques-chocs et décomplexée, une sorte de catharsis tant libératoire que jubilatoire se met en place progressivement. Tels des équilibristes sur un fil vibrant d’émotion tendu dans une cuisine aux détails si soignés que l’on se croirait chez soi, Philippe Giangreco et Bruno Gaccio interprètent leurs partitions comme si la mort, au bout du compte, était réellement en jeu. Qu’ils soient amis dans la vraie vie, qu’ils aient tout partagé – leur jeunesse, leurs emmerdes, leur goût de vivre –, les aide certainement à rester authentiques sur scène, mais cette complicité palpable est bien accompagnée. Il y a l’éloquence fleurie de plaisanteries décalées qui déplace la gravité et une force immanente des mots, des gestes et des regards qui vient raviver la perte d’un être cher et ébranler les opinions sur le sujet de la mort volontaire assistée. Les convictions des comédiens ont réussi à enfanter une dramaturgie d’une grande humanité qui émeut entre rires et larmes.

Nathalie Gendreau

© Aurore Vinot

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“Les Pâtes à l’ail”

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Distribution

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Avec : Bruno Gaccio et Philippe Giangreco.

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Créateurs

Auteurs : Bruno Gaccio, Philippe Giangreco et Jean-Carol Larrivé

Mise en scène : Jean-Carol Larrivé

Décors : Patrick Farru

Lumières : Philippe Hatte
 


Du jeudi au samedi à 19 heures jusqu’au 31 décembre 2019.


Au Théâtre La Scène parisienne (TLSP), 34 rue Richer, Paris IXe.


Durée : 1h15.

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