“L’Éloge de la loose”, Christophe Beaugrand

Temps de lecture : 2 min

 

EXTRAIT  : “Ascenseur émotionnel”

“Théâtre du Châtelet, le 9 mars 1991
Oh là là qu’est-ce qui se passe là-dedans ? Toute l’adrénaline en mode maximal ! Je sens bien que c’est un jour important pour Judith. Je bâts fort. De plus en plus fort ! Ça, c’est de l’émotion. Encore plus qu’un gros orgasme et, croyez-moi, les gars, je m’y connais.
La dernière fois que j’ai battu si fort dans la poitrine de Judith, c’est le jour où elle a embrassé un garçon pour la première fois. Elle devait avoir douze ans, quelque chose comme ça. Et la toute première fois que j’ai failli sortir de sa poitrine tant elle était submergée par ses sentiments, je m’en souviens comme si c’était hier, c’est le jour de ses tout premiers pas sur une scène. Elle avait huit ans et jouait le rôle d’Émilie Jolie à la kermesse de l’école.”

 

Avis de PrestaPlume ♥♥♥

Avec « L’Éloge de la loose », Christophe Beaugrand, journaliste et animateur TV et radio, dévoile deux nouvelles cordes à son arc déjà bien pourvu. Trempant sa plume dans l’ironie et la vivacité, il rassemble dans un ouvrage divertissant trente moments de grande solitude en public d’hommes et de femmes médiatiques. Trente mésaventures, qu’il appelle « loose », tendres, cruelles, émouvantes, détonantes, et toujours drôles voire hilarantes, sont offertes à notre curiosité amusée. Faisant preuve d’autodérision, Christophe Beaugrand se moque également de lui, se mettant en scène dans des situations peu valorisantes. Il nous régale aussi d’un joli coup de crayon satirique qui caricature les personnages sous le feu honteux des projecteurs.

Écoutons feu George Wolinski qui, du Paradis, se gausse de l’erreur sur son patronyme lors de ses funérailles, ou encore le cœur de Judith Godrèche qui s’exprime sur la terrible méprise, à ses dépens, de Vanessa Paradis lors de la remise des Césars. Écoutons encore le décolleté avantageux de Léa Salamé, que celle-ci fait « péter » dans le but d’exploser l’audimat, ou François Hollande, forcé par sa compagne de l’époque de remonter les Champs-Élysées en décapotable sous une furieuse averse.

Il y a comme un goût de trop peu. Seulement trente ! a-t-on envie de s’exclamer une fois parvenu à la « loose » historique du bien connu La Palice. La curiosité n’en est pas la seule raison, ni l’écriture oralisée, mordante à souhait. En fait, une bonne dose d’humour est indispensable pour transformer une honte ou une humiliation en une expérience universelle. C’est aussi les récits très imagés qui incitent à en demander plus. Ces « looses » sont vécues de l’intérieur de ces personnages célèbres, au plus près des émotions et des réflexions intimes qui les rendent plus proches, plus humaines, plus sympathiques… ou pas. Cette proximité, ces failles, ces réactions pas toujours frappées du sceau de la bonne éducation, fendillent le vernis du paraître et les restituent à une juste place, celle d’êtres humains faillibles et vulnérables. Et puis, qui peut se targuer d’être à l’abri de commettre une bévue, un jour ou l’autre ? N’insultons pas l’avenir, s’il vous plaît ! D’ailleurs, pourquoi n’aimerions-nous pas nos gaucheries et étourderies ? Christophe Beaugrand, lui, en a fait un livre, une force, sa philosophie.

Éditions Larousse, 25 octobre 2016, 216 pages, 30 illustrations, 15,90 €.

 

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1 réflexion au sujet de « “L’Éloge de la loose”, Christophe Beaugrand »

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