« L’absent australien », de Maxime Voiseau (Fauves Éditions)

Temps de lecture : 3 min

Extrait (page 131-132)
“Dans l’extrême calme de la nuit, Adrien ne dormait pas. Perturbé depuis sont rendez-vous avec l’Ecossais, il repoussait le moment du coucher. Dans le silence qui l’enveloppait, lui parvint le son d’un didjeridoo, ce long tube en bois dans lequel soufflent les aborigènes pour leur musique rituelle. Une tribu du Nord devait rendre hommage à leurs croyances. Ils profitaient de ce moment de semi-liberté pour camper loin de leur outstation, là où les Blancs les avaient parqués. Ils repartiraient le lendemain, tristes de leur vie de chasseur, retenus à leurs bases par l’alcool.”

« L’absent australien », de Maxime Voiseau

Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥

Si vous rêvez d’espace et d’aventure, le roman de Maxime Voiseau est une belle entrée en matière pour découvrir ce pays de l’hémisphère sud, aux paysages aussi sauvages que grandioses qu’est l’Australie. Autrefois colonie pénitentiaire anglaise, ce vaste pays peuplé d’aborigènes est aussi empreint de mystère et de mysticisme propre à bâtir un scénario intrigant et foisonnant. L’auteur a choisi l’aventure de l’amour. Son personnage principal n’est donc pas Crocodile Dundee, ce héros fantasque des années 80, mais un homme frappé par la fatalité dans sa chair. Alternant passé et présent, Maxime Voiseau nous donne à comprendre les circonstances qui ont œuvré au malheur de notre héros mélancolique. Il a suffi d’une rupture déchirante et une accusation de vol pour pousser Adrien à s’enfuir à tout jamais – pense-t-il – de la France. Aussi loin que possible pour qu’Elma et cet amour aussi éperdu que perdu ne devienne qu’un triste souvenir, sans conséquence. L’Australie lui semble être la terre providentielle pour l’oublier et se faire oublier. Agréable à lire, on se laisse prendre par l’histoire d’un amour hors du commun qui attend son heure pour exister.

Résumé

Adrien est un jeune homme profondément blessé par le comportement d’Elma, qui joue de sa beauté ravageuse auprès d’autres hommes pour le provoquer. Il n’est pas homme à entrer dans un rapport de force inutile. Les liens se distendent, par erreur, par orgueil l’un et l’autre attendant le premier pas de l’être aimé. Mais Elma tombe enceinte d’un autre. Alors Adrien s’efface. Accusé de vol d’un avion de tourisme, il quitte précipitamment la France. Direction l’Australie. Au terme d’un voyage harassant en dernière classe d’un paquebot, où il a cohabité avec des émigrés comme lui et noué des amitiés improbables, Adrien découvre Sydney, le bush, les aborigènes, une tradition ancestrale. Quinze ans plus tard, il devient l’associé de son mentor, l’homme qui l’a aidé à se reconstruire après un accident d’avion qui l’a défiguré. Il travaille dans une société réputée de publicité. Profitant de la nécessité de s’implanter en Europe pour s’agrandir, Adrien retournera en France où il cherchera à racheter l’entreprise de publicité du mari d’Elma. Par ce subterfuge, il veut la revoir, sonder son amour pour elle. A-t-il une chance de clore définitivement cette histoire une fois pour toutes, afin d’envisager un avenir avec une autre femme ? Ou parviendra-t-il à la séduire avec un visage qui n’est plus le sien ?

Pour approfondir

La reconquête d’une femme n’est pas un thème original en soi, mais c’est le prétexte à Maxime Voiseau de nous faire découvrir une terre lointaine et sa culture plurielle, entre traditions chamaniques et modernité. Homme de voyage, il a passé quinze ans de sa vie à parcourir le monde pour des compagnies de recherches géologiques et minières à la recherche d’or, de cuivre et d’opale, avant de devenir journaliste. Habile et pragmatique, il parvient à nous faire voyager léger et serein. Il nous donne à ressentir les vibrations de ce pays de contrastes, où la puissance des hommes d’affaires s’entrechoque avec les coutumes des aborigènes. On roule avec Adrien et son fidèle bras droit aborigène sur les pistes de la brousse qui entretient l’illusion d’un désert civilisé, alliant danger et solitude. L’Australie se prête avec force et couleurs au scénario de fuite et de reconstruction d’un être meurtri. C’est un pays assez lointain et mystérieux pour imaginer que dans cet ailleurs austral, la douleur serait moins forte. Une chimère de l’esprit auquel le cœur se raccroche désespérément… pour un plaisir de lecture indéniable.

Nathalie Gendreau

Fauves éditions, 30 janvier 2020, 280 pages, à 22 euros en version papier et 16,99 euros en version numérique.

2 réflexions au sujet de “« L’absent australien », de Maxime Voiseau (Fauves Éditions)”

  1. Cette invitation au voyage est bien tentante et je ne ferais pas référence au flm “Crocodile Dundee” que j’aime beaucoup puisque Nathalie Gendreau m’a “grillé” sur ce point. Mais l’Australie n’est pas que le pays des crocodiles et autres animaux effrayants ou attendrissants. Il est surtout le pays des aborigènes qui continuent de lutter pour préserver leurs traditions vieilles de milliers d’années contre la civilisation occidentale que les “envahisseurs”, aujourd’hui au pouvoir, veulent définitivement imposer sur ce continent. Allégorie transparente avec notre situation actuelle.

    Nul doute que le passé riche en aventures de Maxime Voiseau lui a permis d’installer sa toile et peindre le décor original pour y faire évoluer Adrien, son héros, parti au bout du Monde pour fuir un amour déçu… mais inoubliable. L’histoire de l’accident qui défigure Adrien me fait penser a un très bon feuilleton TV d’il y a une vingtaine d’années “La vengeance aux deux visages”. Là aussi le décor est Australien et donnait déjà envie de découvrir ce vaste pays-continent.

    Décidément, Maxime Voiseau a le don de remuer des souvenirs avant même d’ouvrir son livre qui promet, en plus, une belle histoire d’amour qui rebondit sous des cieux différents pour un thème éternel, la reconquête d’une femme. Merci Nathalie Gendreau pour cette pépite exotique et universelle.

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  2. Merci, chère Nathalie pour cette chronique qui me donne envie de retourner à Sydney avec Maxime Voiseau. J’y suis allée, il y a bien longtemps et j’ai aussi rencontré la culture aborigène. Je vais me plonger avec curiosité dans ce livre qui a l’air dense.

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