“La vie rêvée des autres”, des si et des voix pour du pur plaisir

Temps de lecture : 3 min

 

THÉÂTRE & CO 

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llAvis de PrestaPlume ♥♥♥♥

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De grands noms en haut de l’affiche de l’Apollo Théâtre pour une voix talentueuse. Luchini, Bacri, Laspalès, Benigni, Gallienne, Devos et d’autres encore non moins prestigieux ! Leur point commun ? Ce théâtre à une seule voix, celle du comédien imitateur Pascal Haumont. « La vie rêvée des autres » est un spectacle d’Olivier Maille et Pascal Haumont sur les destinées et les bifurcations de parcours, balançant entre rire et tendresse. Leur écriture met en scène un Robert Luchini, ambitieux coiffeur qui rêve d’acheter un autre salon de coiffure ; son apprenti, lui, trouve que la vie est belle, il s’appelle Roberto Benigni. Dans ce salon, très prisé de ses habitués, se rencontrent et se confrontent le professeur de français Jean-Pierre Bacri, le philosophe Grand Corps Malade, l’historien Guillaume Gallienne, le comptable Régis Laspalès ou encore le restaurateur Raymond Devos. Inspiré des personnalités connues, le scénario les renferme dans une nouvelle identité, avec l’hypothèse où ils seraient restés dans l’anonymat. Une pure fiction jubilatoire, menée par l’excellent Pascal Haumont à un train d’enfer et avec une dextérité vocale et visuelle maîtrisée.

Robert Luchini tient un salon de coiffure. Les coupes de cheveux, c’est sa raison d’être, même s’il aime les livres. Il a de l’ambition Robert, il rêve d’ouvrir un autre salon, plus « trendy ». « Froid et aseptisé », reprochera le professeur Jean-Pierre Bacri, râleur inconditionnel, quand son ami Robert lui en parlera. Surgit alors Régis Laspalès, le comptable du salon de coiffure qui vient réclamer le K-bis, le document officiel attestant l’existence juridique d’une entreprise. Ils seront bientôt hors délais. Comme un fait exprès, l’imprimante du coiffeur est en panne. C’est alors que commence le périple de ce trio hétéroclite pour trouver une imprimante de toute urgence. Tout le long des trajets à bord du camping-car du comptable, entre des arrêts infructueux chez le libraire, le restaurateur et directeur du parc zoologique, ils philosophent, s’invectivent, se contredisent, s’interrogeant sur leur parcours, sur le bonheur, sur leur manière de penser la vie. Chacun imaginant une autre destinée qu’ils ont peut-être laissée s’échapper, abandonnant cette part d’eux-mêmes qui en rêve encore sans oser se l’avouer. Au plus fort de cette quête d’identité, Robert s’efface peu à peu pour focaliser toute la lumière sur Fabrice. Un fantôme d’une existence qui aurait pu être s’il avait saisi sa chance. Un fantôme qui pourrait bien enfin s’incarner.

Dans ce spectacle de haute tenue, Pascal Haumont campe tour à tour toutes ces personnalités, imitant leur gestuelle et leur voix si distinctives. Mention spéciale pour ce Devos-là attendrissant et toujours aussi poète avec les mots, pour ce Bacri-là exceptionnel dans son nihilisme récurrent et pour ce Gallienne-là particulièrement émouvant sur sa carrière de comédien avortée pour une mauvaise raison. En revanche, si le physique de Luchini se fait évidence, sa voix aurait mérité d’être plus davantage typée. Mais peut-être est-ce recherché, puisque Robert Luchini ne se révélera vraiment Fabrice Luchini qu’au tomber du rideau. La mise en scène est sobre et efficace. Toute la place est donnée aux voix qui se relayent à cent à l’heure. Cette comédie est un pur divertissement, avec des dialogues porteurs de sens, féconds et intelligents, très soutenus en rythme et en finesse qu’il faut aller voir… sans attendre une éventuelle autre vie !

Nathalie Gendreau

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LDistribution

Avec : Pascal Haumont.

Créateurs

Auteurs : Pascal Haumont et Olivier Maille

Mise en scène : Olivier Maille.
Assistante de mise en scène : Marina Gauthier

AWP Production

Tous les mercredis à 21 h 30, jusqu’au 27 mars 2019.
Reprise en septembre.

A l’Apollo Théâtre, 18 rue du Faubourg du Temple, Paris Xe.

Durée : 1 h 30.

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