Jean-Claude Borelly, de la trompette à la lumière

Temps de lecture : 6 min

 

PORTRAIT PASSION

par Nathalie Gendreau

 

Infatigable  ! L’homme au coffre ample et aux doigts souples ne se lasse pas de courir. D’église en basilique, en cathédrale, il fait résonner ses notes et communie avec un public fidèle, joyeux et reconnaissant. L’homme responsable de cette béatitude laïque n’a d’autre nom que le célèbre trompettiste Jean-Claude Borelly. Ces dernières années, il parcourt villes et campagnes avec son spectacle « Du Chœur à la Lumière » et son dernier album « D’Or de Rêve et de Lumière » qui en est une émanation tangible. Attardons-nous sur la vie d’un artiste à la carrière à couper le souffle  !

 

PochetteCDL’aventure dans les lieux sacrés et historiques a commencé pour Jean-Claude Borelly en 2006, dans la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. Une association caritative l’avait sollicité pour y donner un spectacle. Il avait accepté, tout simplement, lui le trompettiste aux vingt-deux disques d’or, aux dix-neuf albums, aux 2 500 concerts, aux millions de disques vendus dans vingt-trois pays. Et pourquoi pas  ? L’homme est pétri d’expériences très différentes. Une de plus n’était pas sans déplaire à son appétit de travail et de découverte, et bien lui en a pris. Pendant le spectacle de deux heures, ce fut la révélation  ! « J’ai redécouvert le son de la trompette, raconte l’artiste, l’œil pétillant accroché à ce souvenir. L’écho réverbère naturellement. J’ai redécouvert aussi la proximité avec le public qui s’est montré chaleureux. C’était une totale immersion et une réelle communion. »

Depuis cette émotion révélée, Jean-Claude Borelly a renouvelé le plaisir. Il a affiné son programme qu’il a baptisé « Du Chœur à la Lumière ». Destiné au grand public, le concert qui se veut familial et convivial intègre du classique, du gospel, des grands succès populaires et des musiques de film. Comme une rétrospective cinématographique, les airs de trompette se succèdent, faisant voyager à travers les époques et les styles, prenant par la main l’adulte pour le conduire vers son jardin d’enfants. Pour ce faire, la mise en scène est respectueuse des lieux, la lumière est sobre, les vitraux suffisent à sublimer la lumière d’or et le chapelet de notes. L’envoûtement agit bel et bien, pour le ravissement de tous, aussi bien pour le public que pour le trompettiste au cœur d’or qui accepte de jouer dans de très petites églises pour la bonne cause. À Neuffontaines, par exemple, un village de la Nièvre d’une centaine d’habitants, la recette du spectacle va servir à la réfection de l’église.

C’est inspiré de cette aventure de troubadour à la trompette qu’il a l’idée d’enregistrer, en 2014, un album de quatorze titres avec un orchestre et des chœurs. « C’était la première fois, explique-t-il, l’émoi vibrant encore dans sa voix rocailleuse. L’émotion a été si intense que je le referai. » « D’Or de Rêve et de Lumière » bénéficie donc de cette puissance symphonique propre à transporter les âmes et les cœurs dans une même harmonie. Il valse entre des medleys de musiques slaves, des chansons populaires, des airs de classique remaniés, des reprises également, et des compositions personnelles comme « Love to Marilou » qui est dédiée à sa filleule de sept ans. Mais surtout, cet album reflète au travers de son titre des symboles forts qui nourrissent sa passion  : l’or couleur de la trompette, le rêve permis par ces musiques qui transcendent le réel et la lumière qui émane du sacré des lieux de spiritualité. C’est une sorte de fusion d’éléments précieux, une transmutation de l’or en rêve qui est l’expression d’une carrière à la longévité exceptionnelle.

JCBorelly_accoudéLa carrière du trompettiste ne peut se résumer, elle s’écoute. Et dès les premières notes qui s’échappent de l’instrument mélodieux refluent des souvenirs tirés d’une époque que les moins de vingt ans ne peuvent connaître… comme le chante le grand Aznavour. Quarante et un ans séparent l’air mythique de Dolannes Mélodie à l’album mystique « D’Or de Rêve et de Lumière », et la sonorité est toujours aussi vive et évocatrice, prompte à arracher un soupir, un sourire, un battement de cœur, une sonorité qui résonne si bien avec le propre parcours de vie du public.

Tout à commencé alors qu’il avait l’âge de raison. À sept ans, il entend Louis Armstrong jouer de la trompette à la télévision, le charme opère. « J’étais fasciné », se remémore Jean-Claude Borelly. Il n’en démord pas. Il veut apprendre la trompette. Cette volonté butée étonne le père mais ravit la mère, qui se rêvait chanteuse. Elle se renseigne pour lui trouver un professeur. La chance veut qu’il se trouvât à quinze minutes en bus de leur logement un trompettiste de l’Opéra de Paris à la retraite. Il accepte de lui apprendre, le soutient et l’accompagne jusqu’au conservatoire et à l’école normale de musique. « En parallèle du lycée, je jouais le soir dans des orchestres de Rhythm and blues dans les discothèques. J’étais le roi du pétrole, car je gagnais déjà de l’argent », se souvient l’artiste. Au grand désespoir de ses parents, il abandonne l’école à dix-sept ans. Il veut faire carrière. « J’avais un tempérament de saltimbanque, je me suis donc dirigée vers la variété. Je me produisais au Cirque d’hiver, aux Folies Bergères avec un orchestre de Jazz. »

Ensuite, la chance frappe de nouveau à sa porte. En 1975, il est remarqué par Paul de Senneville, le compositeur de Dolannes Mélodie, qui le choisit pour enregistrer le morceau qui fait un triomphe international. Il a à peine vingt-deux ans, et il est propulsé sous les lumières des projecteurs de la télévision, à l’émission de Michel Drucker, Les rendez-vous du dimanche. Sur une lancée prodigieuse, Jean-Claude Borelly enregistre en 1976 « Concerto pour la mer », qui enthousiasme de nouveau le public et le trompettiste bascule dans un autre univers. Les propositions de télévisions et de concerts n’en finissent pas. Les voyages à l’étranger se multiplient, Mexique, Amérique du Sud, Japon… « C’était des moments incroyables et une période dingue pour un jeune  ! » s’anime encore le trompettiste.

Cette expérience débordante peut se découper en décades. Dans les années 80, il est chef d’orchestre pour « Cadence 3 », une émission présentée par Guy Lux. Dans les années 90, il part conquérir l’Amérique, ce vaste pays où tout est possible  ! « J’ai été scotché par Las Vegas, les lumières et les spectacles grandioses, les showmen, murmure-t-il, avec des étoiles encore dans les yeux. Là, j’ai eu la chance de rencontrer Tom Jones et beaucoup d’autres. Je voulais être modestement dans le sillage de ces gens impressionnants. » Il rentrait cependant de temps en temps en France pour honorer ses contrats. Les années 2000 ont vu son grand retour en France et à la télévision avec « La grosse émission », de Dominique Farrugia, sur la chaine Comédie. Il rencontre Michel Pruvot avec lequel il compose et coréalise son nouveau CD « La mélodie du Lac d’amour ». Puis un autre qui s’imprègne des influences américaines.

JC_Borelly à son bureauCette longévité de carrière ferait rêver n’importe quel artiste. Jean-Claude Borelly, lui, la rêve et la vit en même temps. Il l’explique simplement  : « L’instrument ne rencontre pas de problème de langue à l’export. La trompette porte une musique universelle. Ma musique est facile à écouter, ce sont des airs populaires, accessibles à tous. Ça passe toutes les modes… » Et il n’envisage pas de s’arrêter tant qu’il sera en bonne santé. « Depuis plus de sept ans, je voyage, je vois des gens. Je fais entre cinquante et soixante concerts par an. Tant que cela marchera, je continuerai, dit-il, affichant un sourire d’une éternelle jeunesse. Prendre ma retraite serait mourir une première fois. »

Qui parle de mourir  ? Un projet est dans les cartons, dont la sortie est prévue pour mars ou avril 2017. Un disque qui compilera les grandes musiques de film. « Jenvisage de réarranger à la trompette “Le Docteur Jivago”, “Exodes, “Rio Bravo”, “Le vent, le cri”, air tiré du Professionnel, et beaucoup d’autres. J’aimerais reprendre le concept des chœurs, ajoute-t-il. Ce sera formidable  ! »

Une radieuse sérénité émane de l’homme à la trompette d’or qui ne cesse de se réinventer, en douceur, baigné dans l’aura d’un son qui ne vieillit pas. Et qui se complaît dans l’apaisement des églises, après les merveilleux tourbillons d’une vie qui l’ont conduit à cette introspection. « J’aime les églises, ce sont des endroits reposants, en dehors des époques et du tumulte de la ville ». Ce retour sur soi le ramène au rivage de sa jeunesse où il connut la chance d’être bien accompagné par un maître. Alors depuis peu, traîne une idée qui s’impose comme une évidence. Il a besoin de transmettre son savoir, son jeu bien sûr, mais aussi son expérience, sa carrière faite de rebondissements et d’opportunités, de risques et de courage. Comme celui de tout quitter pour tenter sa chance outre-Atlantique ou de diriger sa propre carrière depuis vingt ans. Alors oui, il est temps de transmettre son savoir à un jeune. Et il y en a un qui a appelé son attention. « Il a quatorze ans, il est très doué, paraît-il. Il vit au Blanc-Mesnil. Je vais aller l’écouter. Ce serait bien d’être au départ de ce jeune, de lui mettre le pied à l’étrier, ce serait une des plus belles récompenses  ! »

Pour en savoir un peu plus sur Jean-Claude Borelly et son actualité, suivez le lien.

© Crédits photos Nathalie Gendreau.

 

11 réflexions au sujet de “Jean-Claude Borelly, de la trompette à la lumière”

  1. Bonsoir Madame
    Je viens de relire le portrait passion de Jean-Claude Borelly. Je m’y suis attardée assez longuement. C’est toujours un grand plaisir de relire ces lignes de votre plume.
    Jean-Claude Borelly n’a de cesses d’enchanter un public toujours nombreux venant l’ovationner.
    J’ai eu une immense joie d’aller 15 fois à ses concerts depuis novembre 2014.
    C’est comme vous le décrivez, un artiste hors pair avec ses doigts agiles et un souffle toujours surprenant.
    Merci à vous chère Madame.
    J’ai eu le plaisir de le décrire sur mon site perso où je lui ai consacré 4 pages . Description avec de nombreuses photos.
    Je vous souhaite une belle fin de journée et au plaisir.
    Bien cordialement !
    Nicole Buchard

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  2. Bonsoir Madame.
    Tout d’abord je vous présente mes voeux sincères pour cette année 2017.
    Je lis trés souvent le portrait passion de Jean-Claude Borelly . Qui est pour moi une halte délicieuse . Je ne m’en lasse pas . Je suis heureuse du classement de lecture. Premier au top c’est un honneur .
    Merci à vous de l’avoir remit sur la page de Jean-Claude Boelly . J’ai de nouveau partagé !
    Jean-Claude Borelly le mérite profondément .
    Bien cordialement .
    Nicole Buchard

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  3. Bonjour, un grand merci pour ce beau portrait dont nous avons relu le texte plusieurs fois pour bien se rappeler toutes les étapes de la carrière de ce grand trompettiste. Ce que vous avez fait est formidable.
    Merci encore, un grand plaisir à lire ce portrait.
    Evelyne et Gilbert HEREIL

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  4. Bonsoir
    C’est avec un émerveillement sans pareil que j’ai lu le portrait passion de Jean-Claude Borelly . Grand merci pour tout . Je le relirai volontier plusieurs fois pour m’en imprégner. Encore mille mercis
    Cordialement !
    Nicole Buchard

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      • Bonsoir Madame,
        Je vous remercie pour votre réponse qui me va droit au coeur .
        J’ai lu et relu ce beau portrait passion de Jean-Claude Borelly .
        Merci infiniment d’avoir mit à l’honneur cet immense trompettiste de renom .
        Je reviendrai avec plaisir me ressourcer vers ce beau portrait passion
        de ce merveilleux trompettiste .
        Bien cordialement
        Nicole Buchard

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