THÉÂTRE & CO
lll
Avis de PrestaPlume “Coup de cœur“
llll
L’élégant théâtre Daunou est le nouvel écrin de la biographie musicale de Jacques Pessis, « I love Piaf », consacrée à la « Môme » immortelle de Belleville. Une nouvelle version, mais avec un trio différent et de nouveaux talents. Le plaisir est à la fois renouvelé et inédit. Anaïs Delva en est l’interprète remarquable et Maryll Abbas l’accordéoniste complice. Ce soir-là, l’auteur, Jacques Pessis lui-même, est le narrateur heureux de la vie de Piaf, de sa naissance à son trépas. Le sourire rieur, un rien espiègle, il raconte les débuts, les amours, la carrière fulgurante et trop brève de la chanteuse, généreux d’anecdotes et redressant avec humour les erreurs tenaces comme sa cécité, enfant, qui aurait été guérie par la prière. Si Piaf embellissait sa vérité, Jacques Pessis embellit le souvenir d’un être rare qui « ne peut se conjuguer au passé ». Alors, vivons le présent d’une voix unique, laissons-nous bercer par ses belles ritournelles, les plus connues comme les méconnues, et laissons-nous transpercer par l’émotion.
Paris, ville Lumière, a nourri en son sein l’une des plus brillantes étoiles du Music-Hall dont les chansons sont encore suspendues dans l’air, prêtes à tourbillonner et à étourdir le quidam nostalgique et le touriste curieux de cette vie en rose. Cette lumière de carte postale est symbolisée par un réverbère, un banc public et les toits de Paris projetés en fond de scène sous un ciel tourmenté aux nuages mouvants. Une fenêtre sur roulette, ouverte sur la vie d’Édith Piaf, va et vient selon les nombreux chapitres tristes et heureux. Avec peu, le décor est campé pour vous faire voyager en chansons et en souvenirs par-delà le monde, de Shanghaï à New York, de Moscou à Montréal… et à Paris. Son talent a illuminé les façades des plus grands Music-Halls et sa vie de femme marquée par la passion, l’amour et le chagrin est et restera dans toutes les mémoires. Femme de talent, mais aussi de courage et de générosité, « la Môme » s’avéra une grande dame et le piaf, un aigle noir majestueux.
De La Goualante à L’homme à la moto, de Padam, padam à Milord, le répertoire d’Édith Piaf s’est enrichi d’un supplément de modernité musicale entre les mains créatrices de Jacques Pessis, la mise en scène si évocatrice de François Chouquet et la virtuosité de l’accordéoniste Maryll Abbas. Pour renforcer cette audace, l’image de l’icône n’est pas restituée par une tentative de copie, mais par le tempérament de feu et le jeu de scène d’Anaïs Delva qui a, en plus, la belle faculté de faire tournoyer les notes pour les projeter chargées de sens. Sa voix incarne si bien les intentions de Piaf qu’elle fait vriller le cœur d’émotions. Jacques Pessis est lui-même sous le charme de cette voix à la signature si inspirée. Cette grande complicité leur permet de réunir chants et narration avec une fluidité naturelle et bonne humeur. L’auteur et narrateur de cette biographie théâtralisée se pique aussi de chanter pour répondre à sa lumineuse partenaire. Il n’est pas chanteur, mais qu’importe ! Il a osé, et il a bien fait. Car cette voix timide et imparfaitement ronde, mais lestée d’honneur et d’admiration, ressemble à la nôtre, spectateurs d’un soir qui osent, à leur tour, enchaîner les refrains pour gagner le droit d’être heureux, l’espace d’une heure quinze.
Nathalie Gendreau
©Maina Salmon
ll
Distribution
Avec : Jacques Pessis (ou Michaël Msihid), Anaïs Delva (ou Stéphanie Schlesser)
À l’accordéon : Aurélien Noël ou Maryll Abbas ou Rodrigue Fernandes
Créateurs
Auteur : Jacques Pessis
Mise en scène : François Chouquet
Production : A360 – Patrice Albanese
Spectacle sous-titré en anglais.
A partir du 28 novembre, tous les jeudis et vendredis à 19 heures, puis les 25, 26, 27 et 31 décembre à 19 heures et les 2 et 3 janvier à 19 heures.
Au Théâtre Daunou, 7 rue Daunou, Paris IIe.
Durée : 1h15.
Journaliste, biographe, auteure et critique culturel, je partage avec vous mes articles et avis. Si vous aimez, abonnez-vous !
Je confirme en tous points l’écrit de Nathalie Gendreau. Amoureux de Piaf depuis toujours je m’étais déjà précipité au théâtre de la Tour Eiffel quelques jours après la diffusion récente de La Môme à la télévision. Très déçu par le film qui donne une triste image de notre immense Edith j’ai retrouvé l’émotion intacte provoquée par ces textes, ses mélodies et son interprétation. Une mention spéciale au fabuleux “Non, rien de rien, je ne regrette rien” qui fut en son temps l’hymne du million de “pieds noirs” expulsés d’Algérie. J’en ai encore des frissons. Merci Anaïs Delva et merci à Jacques Pessis amoureux des belles choses et de la vérité.