“Dîner chez Marlene : De L’Ange bleu au cordon-bleu”

Temps de lecture : 3 min

ÉVÉNEMENT/ACTU

par Nathalie Gendreau

 

Beauté froide à la voix pénétrante. Tempérament affirmé. Talent d’actrice éblouissant. Marlene Dietrich est une étoile qui traverse le firmament du temps sans s’étioler. Aujourd’hui, avec le livre “Dîner chez Marlene”, elle revient sur le devant de la scène éclairer une autre facette de sa personnalité, loin des paillettes. Lili Marlen, dit L’Ange bleu est aussi un parfait cordon-bleu.

François Duplat, éditeur Le Quai
François Duplat, éditeur “Le Quai”

Le 23 mars dernier, la Brasserie Lipp, à Paris, adresse réputée des éditeurs et des écrivains, lui a ouvert ses portes pour le lancement du superbe livre de recettes de cuisine berlinoises que Marlene Dietrich adorait concocter pour ses proches. “C’était un test pour ses amants“, confie François Duplat, producteur et co-éditeur (Le Quai) de l’ouvrage. S’ils n’aimaient pas sa cuisine et particulièrement ses fameux “œufs brouillés à la Marlene”, leur histoire avait de grandes chances de se terminer avec le repas ! Mais la table de Marlene était aussi réputée pour l’excellence et la saveur de ses mets.

Cet aspect de Marlene Dietrich aurait pu rester dans l’ombre encore longtemps si François Duplat, Alsacien et cuisinier à ses heures, n’avait pas trouvé, il y a cinq ans, dans une librairie berlinoise, un livre racontant la vie de Marlene à travers ses recettes préférées. Le journaliste Georg A. Weth y avait rapporté les conversations privilégiées entre Marlene et Markus Auer, chef cuisinier du Vieux Berlin à La Maison d’Allemagne, situé près du 12 rue Montaigne, à Paris, où elle vivait quasi recluse. Pendant deux ans, de 1989 à 1991, ce jeune chef allemand lui a préparé et livré les plats qu’elle lui avait commandés. Ce livre avait été publié en 2001 aux Éditions Aufbau Verlag, en Allemagne.

François Duplat a racheté les droits et s’est associé à Thierry de la Croix (Éditions Michel de Maule). Entre leurs mains, ce livre de recettes s’est transformé en un véritable livre d’art avec de magnifiques photographies, certaines inédites, de Marlene Dietrich. Ils ont réussi la prouesse de décrocher l’étoile Marlene du tableau des célébrités en la rendant touchante et accessible. “Nous avons cherché des photos qui ont un rapport avec la table, signale François Duplat, avec la passion du découvreur, en montrant celle d’une Marlene en tablier de ménagère préparant son légendaire bouillon. Ce trésor a été déniché au Musée du cinéma de Berlin qui consacre trois étages aux documents privés et effets personnels de Marlene Dietrich. Elle ne jetait rien !

Macha Méril
Macha Méril, comédienne.

J’ai une admiration sans bornes pour ce genre de femmes, d’une grande intelligence, qui ont su s’emparer de leur identité à l’heure où l’émancipation des femmes n’existait pas encore.” Macha Méril est intarissable sur Marlene Dietrich. “J’ai été très flattée lorsqu’on m’a demandé d’écrire la préface de ce livre”, poursuit l’actrice en comparant leur double vie. Une vie devant la caméra et une vie devant les fourneaux. Macha Méril a écrit cinq ouvrages de cuisine. Dire qu’elle adore cuisiner est un euphémisme ! Mais elle s’incline devant Marlene qui, contrairement à elle qui aime “laisser entrer le hasard dans sa vie”, pesait tout au gramme près ne laissant aucune chance au hasard d’être la vedette du plat. Macha Méril évoque également le courage d’une Marlene antinazie qui, le cœur déchiré, a dû s’expatrier aux États-Unis pour fuir l’horreur. Selon elle, Marlen cuisinait des recettes allemandes pour ne pas oublier son identité.

Mais que mitonnait-elle donc ? Des plats du nord de l’Allemagne, consistants et familiaux, que sa mère faisait mijoter pendant des heures pour que s’exhalent toutes les saveurs. Leurs noms évocateurs réveillent et émoustillent les papilles de l’enfance. Que diriez-vous de commencer par une Soupe d’oreilles de cochon au parmesan, puis de goûter au Parfait de langouste sur canapés et fines roulades à l’ail, avant d’attaquer le Bœuf Strogonoff et larges pâtes, pour finir avec des Crêpes épaisses à la berlinoise, compote de myrtilles et glace au citron ? Un vrai poème…

Pascal Jounault, chef cuisinier de la Brasserie Lipp
Pascal Jounault, chef cuisinier de la Brasserie Lipp

Et que dire de ce délicieux kouglof, dessert préféré de Marlene (gâteau aux amandes et raisins secs) préparé, pour le lancement du livre, selon la recette de Marlene par le pâtissier Benoît Castel de la Boulangerie-pâtisserie “Joséphine Bakery”. “Nous n’avions ni le four adéquat pour le cuire, explique le chef du Lipp Pascal Jounault, ni le moule spécifique à spirale en cuivre”. Une cuisine donc d’un temps pétri de traditions devant laquelle la cuisine moderne peut s’effacer humblement.

Dîner chez Marlene” est une savoureuse entrée en matière dans l’intimité d’une étoile auréolée de mystères, une hôtesse exemplaire fière de rassembler autour de sa table les fins gourmets qu’elle aimait.

 

Éditions Michel de Maule et Éditions Le Quai, mars 2016, 186 pages, 34,50 €.

 

2 réflexions au sujet de ““Dîner chez Marlene : De L’Ange bleu au cordon-bleu””

  1. Ce merveilleux ouvrage m’a été présenté en avant première lors de ma vente aux enchères , préfacé par Macha Méril au cirque d’hiver Bouglione le 5 Février 2016 .

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Pin It on Pinterest